Que pensez-vous des « étapes du pardon » selon Monbourquette ? [Laure]

Ces 12 étapes sont le fruit d’une expérience d’un prêtre et psychologue ; elles apportent une sagesse sur différents aspects du pardon.

C’est une approche principalement psychologique. Ces 12 étapes sont intéressantes à ce titre, et peuvent aider celui qui a du mal à pardonner à discerner sur quel aspect il bute dans sa démarche. Dans une approche plus théologique, on peut rajouter les points suivants :
Le pardon est présenté par Jésus comme une démarche indispensable : « Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi, mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes. » Matthieu 6,14-15.
Mais inversement, ce qui nous rend possible de pardonner aux autres, c’est le fait d’avoir reçu le pardon de Dieu pour notre propre vie. Ainsi, tout pardon s’enracine dans le pardon accordé par Jésus et en lui : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » Luc 23,34.

Si je n’arrive pas à pardonner, il me faut revenir à ce pardon initial.

Le fondement de tout pardon se trouve ainsi en Jésus qui s’est donné lui-même pour chacun de nous et qui a pris nos fautes sur lui. Si j’ai été ainsi aimé et pardonné, je puis et je dois pardonné à mon prochain. Et comment pourrais-je retenir la faute d’une personne pour laquelle le Christ lui-même a donné sa vie ! (voir la parabole en Matthieu 18,21-35). On comprend alors que le pardon est à la fois une décision que je prends et une grâce que je reçois du Christ.

 

L’expression « Dieu trois fois saint » est-elle biblique et a-t-elle un sens théologique ? D’où vient-elle en réalité et que signifie-t-elle ? [Geroges]

Le début du chapitre 6 d’Ésaïe le prophète dans le premier testament donne à voir une vision du prophète de la présence de Dieu dans le temple. Au verset 3 on peut lire qu’il y avait des séraphins (des anges en forme de lions ailés) : « Ils criaient l’un à l’autre, et disaient : Saint, saint, saint est l’Éternel des armées ! toute la terre est pleine de sa gloire ! ».

C’est de ce verset que vient l’expression.

Les théologiens chrétiens, après avoir repris notamment la finale de Matthieu 28 dans ce qu’on appelle la doctrine de la Trinité, ont souvent voulu voir la sainteté du Dieu trois et un à la fois : il est Dieu, l’Unique, mais aussi il est Père, Fils et Saint-Esprit.

Pourriez-vous me dire la différence entre péché et iniquité. Merci. [MumCh]

Dans les deux testaments, les mots « péché » (repli sur soi) et « iniquité » (injustice) sont utilisés comme des synonymes renforçant l’idée que le peuple de Dieu s’est éloigné de lui, lui a été infidèle et n’a donc pu pratiquer la juste justice.

Jérémie, par exemple, utilise ce procédé à plusieurs reprises: « Reconnais seulement ton iniquité,reconnais que tu as été infidèle à l’Eternel, ton Dieu […] et que tu n’as pas écouté ma voix » (3, 13), « C’est à cause de la multitude de iniquités, du grand nombre de tes péchés, que je t’ai fait souffrir ces choses » (30, 15)…
Paul dira (Romains 4, 7): « Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées, et dont les péchés sont couverts !« 

Cette proximité des deux mots « péché » et « iniquité/injustice » vient du fait qu’être dans le péché c’est être éloigné de Dieu et donc de sa justice. Par nature, nous ne vivons pas selon la justice de Dieu.

Les conséquences en sont que, naturellement, nous ne pratiquons pas la juste justice de Dieu: nous n’aimons que ceux qui nous aiment, nous n’invitons que ceux qui nous ressemblent et nous ne voulons travailler qu’avec ceux qui pensent comme nous.

La vie chrétienne est une vie de relation avec Dieu, dans l’attention à sa volonté et les paroles que nous lui adressons. Tu es appelé(e), cher MumCh, à écouter la justice que Dieu t’a offerte, par la vie, la mort et la résurrection du Christ. Tu es appelé(e), cher MumCh, à vivre de cette justice et selon cette justice. Ainsi, tu peux suivre la juste justice de Dieu (les commandements résumés par Christ en Matthieu 22, 37-40 : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu [..] Tu aimeras ton prochain comme toi-même« ).

Que penser de la « catéchèse du bon berger » ? [Lara]

J’ai découvert grâce à vous cette catéchèse, merci ! De ce que j’ai pu lire, l’intérêt de cette méthode est qu’elle s’appuie sur une pédagogie où l’enfant est acteur de ses apprentissages (inspirée des travaux de Maria Montessori), par opposition à des « leçons » où l’adulte transmet une connaissance à sens unique. En cela c’est intéressant. Mais visiblement, cette méthode fait beaucoup de place aux temps et symboles liturgiques : en cela je pense qu’elle est sûrement plus adaptée à un contexte catholique. Dans le monde protestant, il existe des recherches similaires qui s’appuient sur les mêmes recherches mais sont centrées sur les récits bibliques. Elles sont en train d’arriver en France, et si cela vous intéresse je vous conseille de lire le très bon livre de Richard Gossin « L’enfant théologien : Godly play une pédagogie de l’imaginaire » (Lumen Vitae) où il explique très bien cette méthode.

Comment évoquer avec les parents de l’école biblique la question de la prière en famille ? [Aude]

Les familles de nos Églises sont très diverses, il y a celles où la prière familiale est adressée par obligation traditionnelle à un Dieu moraliste, celles où la prière est adressée tour à tour à Dieu et à d’autres divinités, celles où papa prie trop longtemps et ennuie tout le monde, celles qui n’ont pas de temps pour ces choses, celles où on ne sait tout simplement pas comment s’y prendre…

Forcément, quand on a les enfants le dimanche et qu’on leur parle de choses qu’ils ne peuvent pas expérimenter dans leurs familles, c’est triste… Rappelons-nous déjà la grâce d’avoir ces enfants, ne serait-ce qu’une heure par semaine ou par mois pour leur partager la Bonne Nouvelle ! Mais comment aller plus loin ?

En ce qui concerne les familles chrétiennes, elles seront sûrement heureuses de pouvoir participer à des programmes types « journée des parents et des enfants », le parcours « Alpha parents », etc. Pour les familles, c’est l’occasion de mieux se comprendre en interne, non seulement dans leur fonctionnement spirituel, mais également dans leurs petites habitudes, leurs rythmes, les aspirations respectives des différents membres… Partager avec d’autres familles, c’est aussi l’occasion d’échanger des « recettes qui marchent ». Par contre, il faudra être extrêmement vigilant face à la tentation de faire de la famille piétiste, la famille modèle à imiter et admirer… Pas la peine de culpabiliser les familles et de leur imposer des schémas extérieurs, alors que Dieu a un plan précis et unique pour vivre une foi vivante adaptée à chaque situation familiale.

Si à l’école biblique, tu es aussi avec des parents qui ne connaissent tout simplement pas Jésus-Christ personnellement, alors il faut peut-être déconnecter les questions de l’école biblique et de la prière en famille… Certes, l’école biblique est une occasion, mais il faut considérer les parents comme des cibles de vos actions d’évangélisation, même s’ils sont vaguement « protestants ». L’Église, les anciens et le pasteur doivent prendre conscience que l’on ne peut plus simplement compter les familles sympathisantes du protestantisme comme des familles chrétiennes collaborant avec nous à la transmission de la foi pour la génération d’après… Difficile de transmettre ce dont on ne vit pas.

Avant donc de parler de la prière à ces familles, il faudra leur parler de Celui qui est prié, car sinon, on prendra simplement le problème par le mauvais bout… Peut-être que ces familles découvriraient en priant qui est ce Dieu vivant qui vient leur répondre… Mais nous ne pouvons pas seulement compter sur ces exceptions pour ne pas faire notre travail : annoncer l’Évangile par le commencement, aux parents et aux enfants !

La présentation d’enfant n’est-elle-pas un baptême sec ? [CR]

La question de savoir s’il faut ou non baptiser les bébés (pédobaptisme) traverse l’Eglise ; l’enjeu est plutôt qu’elle ne la divise pas. Dans une Eglise comme l’Eglise protestante unie de France, il y a les deux conceptions.

Les partisans du baptême d’adulte pensent que :
– le baptême est complet quand il y a l’annonce de la grâce, mais aussi la repentance et la confession de la foi « Jésus-Christ est le Seigneur ». Comment un bébé pourrait-il se repentir et confesser sa foi. Les pédobaptistes défendent que c’est la foi des parents qui supplée, et que le baptême serai complété, ou plutôt confirmé, quand le jeune ou moins jeune adulte confessera sa propre foi,
– afin de donner part à l’accueil d’un bébé, les partisans du baptême adulte préconisent une présentation d’enfant. Ce n’est pas la présentation au Temple comme l’a vécue Jésus, une sorte de présentation à Dieu, mais bien une présentation à l’assemblée, afin d’inclure ce petit humain dans la communauté. Vous trouverez une liturgie sur ce site,
– la transmission linéaire de génération en génération est vraisemblablement une donnée du passé. Un christianisme d’adhésion revient désormais, d’où la nécessité de présenter les enfants, les catéchiser, et les appeler à choisir librement le baptême, pour ne pas avoir des hordes de baptisés non-croyants…

Alors attention aux diatribes en Eglise. Le risque est énorme de tomber dans ces deux formulations moqueuses :
– de la part des pédobaptistes : « La présentation est un baptême sec ».
– de la part des adeptes du baptême de confessant : « Le pédobaptisme est une présentation mouillée ».
Ce serait mortifère.

Le baptême de bébés ne met-il pas l’accent sur une foi familiale plutôt que personnelle ? [Gilbert]

Le baptême des bébés prend ses racines dans une haute conception de la famille en tant que cellule communautaire placée sous le regard de Dieu. Cette vision anthropologique est attestée bibliquement dès l’Ancien Testament. Noé, seul juste trouvé sur la terre, monte avec sa famille dans l’arche ; Abraham fait circoncire sa génération avant que ce rite devienne une pratique faite sur les bébés des générations d’après, pour signifier l’alliance de Dieu avec la descendance du patriarche… Les chrétiens qui baptisent les enfants voient dans l’acte du baptême une promesse comparable : Dieu fait alliance avec son peuple. « Cette promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin… » Actes 2, 39.

Dans le Nouveau Testament, il n’y a pas de description de baptême d’enfant, mais pas de restriction explicite non plus. La question centrale sera donc la place de la repentance et de la confession de foi. Des textes bibliques semblent ouvrir la possibilité d’une confession de foi familiale : « et il fut baptisé lui et toute sa maison » (Actes 16, 33). D’autres textes semblent clairement lier le baptême à une repentance et une confession de foi individuelle (1 Pierre 3, 21).

Pour revenir aux luthériens, Martin Luther n’a jamais remis en cause la pratique du baptême des enfants parce qu’il ne voyait pas d’arguments bibliques assez certains pour bouleverser une pratique séculaire. Notons que son combat n’était pas concentré sur les signes extérieurs de la foi mais sur la foi elle-même ! De ce point de vue, il a toujours affirmé l’absolue nécessité de croire pour être sauvé et non seulement d’être baptisé… Il pensait donc qu’un enfant baptisé petit, au nom du Dieu trinitaire avec de l’eau et qui croyait une fois devenu adulte avait tout ce qu’il faut, quel que soit l’ordre…

Pour approfondir encore cette question, saviez-vous que Luther était fermement convaincu que la pratique du baptême devait se faire par immersion totale et non seulement par aspersion ?

Quelle est la réponse de Dieu face aux maladies mentales telles que la schizophrénie et l’aliénation de soi ? Comment fait-on pour entretenir sa foi lorsqu’on en vient à perdre son identité ? [Mina]

Toute vie, quelle qu’elle soit, est aimée de Dieu. Spécialement dans le regard de Jésus.

Dans le rapport à la maladie en général et à la maladie mentale aussi, donc, l’Ecriture présente une multitudes de situations allant de l’acceptation de la maladie à la guérison définitive de la maladie. Le tourment intérieur d’un Paul qu’il qualifiait « d’écharde dans la chair » a trouvé pour seule réponse : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans ta faiblesse. » (2Corinthiens 12,9). A contrario, en Marc 5, un homme gravement atteint par la démonisation, et qui aujourd’hui serait classé dans des catégories psychiatrique de « trouble dissociatif indéterminé », est délivré en quelque minutes par Jésus, de tous ses tourments (y compris de ses comportements d’auto-destruction).

Ce qu’il faut donc chercher c’est la proposition de vie que Dieu propose. Et c’est forcément au cas par cas. Nous aimerions que tous guérissent, mais ce n’est pas le cas. Les guérisons des uns doivent-elles provoquer la colère des autres ou la reconnaissance ? Chacun fait comme il peut pour y réagir.

Du point de vue du malade, je vais vivre au jour le jour, oscillant de l’espérance à la désespérance. N’est-ce pas dans ces moments, en plus de tous les accompagnements, médicaux, familiaux, amicaux, qu’il faut chercher Le compagnon suprême : « Quand je traverserais la sombre vallée de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi. » (Psaume 23,4).

Sur quels passages bibliques s’appuie l’église luthérienne pour justifier le baptême de bébé ? Comment le pasteur peut-il affirmer que le petit bébé fait désormais partie de la famille de Dieu ? [ClaudeW]

Les Églises luthériennes, réformées, anglicanes et méthodistes, tout comme l’Église catholique, baptisent les petits enfants des fidèles lorsque ceux-ci le demandent dans une démarche de foi. Elles baptisent évidemment aussi les adultes qui ne l’ont pas été. Elles ne rebaptisent pas ceux qui l’ont été dans une autre Église chrétienne.

« On doit baptiser les enfants, […] par ce Baptême, ils sont offerts à Dieu et lui deviennent agréables. » (Confession d’Augsbourg, art. 9)
« Or, quoique le Baptême soit un sacrement de foi et de pénitence, néanmoins, parce que Dieu reçoit dans son Église les petits enfants (Matthieu 19 / 14) avec leurs parents, nous disons que, par l’autorité de Jésus-Christ, les petits enfants engendrés des fidèles doivent être baptisés. » (Confession de La Rochelle, art. 35)

Elles se basent sur plusieurs textes. Tout d’abord, puisque l’Église chrétienne est le peuple de Dieu, à l’image et à la suite de l’Israël de l’Ancien Testament, il y a un parallèle avec la circoncision, qui concerne tout enfant (mâle) dans le judaïsme (Genèse 17 / 11-12). Mais surtout, dans le Nouveau Testament, il y a notamment deux textes : dans les Actes des Apôtres et la Première épître aux Corinthiens.

Actes des Apôtres 2 / 39 : « La promesse est pour vous, pour vos enfants… »
1 Corinthiens 7 / 14 : Les enfants d’un couple où l’un des parents est « saint » (= chrétien) sont saints.

Mais sans doute peut-on aussi interpréter différemment ces textes, et aujourd’hui il n’y a plus d’excommunication envers les Églises qui ne baptisent que les adultes. Mais pour les luthéro-réformés, le baptême (quel que soit l’âge du baptisé) reste d’abord une affirmation de la libre grâce de Dieu, un acte de parole de Dieu, et non d’abord une affirmation de la foi du baptisé. « Par le Baptême la grâce divine nous est offerte. » (Confession d’Augsbourg, art. 9)