Comment les pasteurs s’impliquent-ils dans la préparation au mariage ? Se sentent-ils une responsabilité ? Assurent-ils un suivi ? [Mathieu]

Il y a beaucoup de modalités d’implication de la part des pasteurs dans une préparation au mariage. Les situations sont très diverses mais d’une manière constante, les pasteurs ont toujours en vue que leur responsabilité est d’aider un couple à préparer sa vie à deux dans la durée et pas seulement de préparer la cérémonie du jour « J ». Les préparations généralement durent plusieurs séances et abordent les questions dont les couples sont porteurs et aussi des sujets comme la communication, la gestion du temps et de l’argent, les projets, la vie spirituelle, la fidélité, la vérité, le pardon, la famille au sens large, les enfants, … Tout cela demande du temps, du tact et une réelle disponibilité. Il peut arriver que les pasteurs ne soient pas toujours au mieux de leur forme et il peut arriver aussi que des couples aient parfois du mal à entrer dans certaines de ces questions. Pour ces raisons, les préparations collectives me paraissent de beaucoup préférables aux entretiens en particulier, même si selon les lieux, elles sont plus difficiles à mettre en place : une équipe de préparation dont le pasteur fait partie et plusieurs couples en même temps. Pour le suivi des couples, il me semble que là aussi l’offre de suivi, tellement importante, sera plus dense et prometteuse si elle repose sur une équipe de l’église et non pas sur une seule personne.

Le jeu de rôle (à « la sauce chrétienne » ou non) est-il une activité pouvant pleinement participer à une vie sain(t)e et équilibrée ? [P.]

Tout dépend, me semble-t-il, de ce que vous vivez dans ces temps de jeu : un temps convivial d’interaction sociale, dans lequel les limites claires sont posées entre la fiction et la réalité et où ne prend pas de plaisir à la souffrance ou à l’impiété, même imaginaires ? Alors je ne vois pas ce qu’il y a à redire. On peut même imaginer expérimenter là des attitudes vraiment chrétiennes, même si elle restent fictives. Mais si ces frontières ne sont pas bien définies… Comme dit le proverbe : « Quand c’est flou, il y a le loup ».

Que faire- étant mariée légalement devant Dieu et les hommes- lorsque son époux voit d’autres filles et couche avec elles ? [Christine]

La situation que vous décrivez, Christine, me semble être grave, difficile et très douloureuse, avant tout pour vous. Je ne sais pas où vous en êtes dans le dialogue avec votre mari, mais il me semble absolument nécessaire de parler avec lui pour le mettre en face de cette contradiction : il est marié avec vous, il a donc officiellement fait le choix de votre personne pour être une seule chair avec lui et pourtant il vous trompe. Vous auriez grandement besoin, je crois, de consulter un thérapeute de couple chrétien, pour vous aider. Je ne peux, quoi qu’il en soit que vous encourager à ne pas rester dans le silence et une résignation qui n’est pas favorable à la vie que Dieu veut pour vous et votre couple. En dernier recours, vous savez que pour le protestantisme, le mariage n’est pas un sacrement, il n’est donc pas indissoluble. Mais cette issue ne saurait être envisagée que si vraiment aucun autre moyen n’apporte de solutions. Que le Seigneur vous garde et vous bénisse.

Matt 26-52 signifie-t-il que tous les chrétiens sont appelés à être pacifistes ? [Madeleine]

Il s’agit là d’un verset propice à de nombreuses interprétations. Pour ma part j’aurais tendance à ne pas trop l’extraire du reste du récit au risque de faire des contresens. Par exemple ce verset peut être lu comme un appel pacifiste, mais d’autres pourraient s’appuyer sur ce verset pour justifier une opinion en faveur de la peine capitale. 

Effectivement je suis de ceux qui estiment que dans ce passage, le Seigneur condamne expressément la violence et la persécution en faveur de Sa cause. Son règne, spirituel, ne saurait s’étendre par de tels moyens mais seulement par amour. 

En revanche je ne suis pas tout à fait à l’aise avec la notion de pacifisme, car celle-ci est trop souvent vécu comme de la passivité. Au contraire le Christ nous met en marche, et exprimer son amour tout autour de nous n’est pas toujours confortable ni paisible. 

Comment vivre le confinement en tant que chrétien ?

La foi chrétienne nous encourage à vivre notre quotidien dans la connexion à Dieu. Loin d’être un obstacle à cela, je crois que l’isolement et le repos que le confinement implique peut nous y aider.

Depuis notre maison, dans notre chambre même (Matthieu 6/6) nous pouvons prier. Les sujets ne manquent pas. Alors que nous nous sentons parfaitement incapables de faire quoique ce soit par nous-mêmes face à la situation que nous affrontons, nous pouvons prier pour le monde qui nous entoure, le personnel soignant, les malades et leurs familles, les personnes fragilisées par le confinement,  les autorités,  ceux qui sont obligés de travailler mais aussi  pour que de bons choix de société soient fait pendant et après cette crise majeure. Alors que nous sommes inquiets, nous pouvons prier pour nos proches et pour nous-mêmes, afin que nous soyons gardés, dans la paix qui est en Christ. Nous pourrons présenter à Dieu particulièrement ceux qui ne mettent pas encore leur confiance en lui, pour que Dieu se révèle à eux. Enfin, alors que l’isolement  peut faire remonter en nous des rancœurs, des blessures, des péchés, nous pouvons remettre tout cela à Dieu, afin qu’il s’en charge, en Christ, selon sa promesse.

Voilà pour la prière. Maintenant, parlons de l’amour que nous sommes, comme chrétiens appelés à partager avec les autres. Depuis notre maison, nous pouvons penser aux personnes qu’on oublie, en temps normal, par manque de temps. La vieille tante, l’amie d’enfance. Nous pouvons leur passer des coups de téléphone, leur écrire des lettres et des mails. Nous pourrons ainsi leur montrer notre intérêt, leur dire notre espérance, et témoigner  de l’amour de Dieu en ce temps troublé. Nous pouvons aussi, si nous sommes en famille, prendre plus de temps pour nos proches, en organisant des jeux ou en prenant le temps d’avoir des conversations plus profondes.

Enfin, notre confinement nous donne une occasion unique de mieux connaître Dieu. Nous n’avons plus l’excuse du métro et du boulot pour ne pas lire notre Bible et méditer la Parole. Le Guide en ligne propose des méditations quotidiennes. https://www.leguideenligne.com/inscription/

La faculté de théologie Jean Calvin offre des cours en ligne.https://www.facultejeancalvin.com/22115-2/?fbclid=IwAR1lgDzX-8WDiO3FmSZo3Y0qaOcxgYhwMre4Y81xyFsGqk3jOwdC3lcV0UE

« Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées en Jésus-Christ. » Philippiens 4/6-7

Je suis en relation avec une fille musulmane pas vraiment pratiquante. Elle accepte mes principes chrétiens. Devrais-je arrêter avec elle à cause de cette différence ? [Dimitri]

La question me semble être : Est-ce que vous aimez vraiment cette personne ? Sentez-vous que vous pourriez passer votre vie avec elle ? Êtes-vous prêt, comme futur époux à essayer d’aimer « votre femme comme Christ a aimé l’Église. Il s’est donné lui-même pour elle afin de la conduire à la sainteté après l’avoir purifiée et lavée par l’eau de la parole, pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable » (Éphésiens 5. 25-27) ? Si c’est le cas, je ne vois pas pourquoi vous devriez vous interdire de poursuivre l’aventure de votre couple avec elle, d’autant plus que vous me dites qu’elle accepte vos principes chrétiens.

Un rassemblement chrétien devient un foyer de contamination au Coronavirus ; pourquoi Dieu permet-il cela ? [Jack]

Voici la première chose qui me vient à l’esprit, alors que je lis cette question : Dieu n’a jamais dit que l’Eglise et ses membres seraient épargnés par les malheurs qui sévissent dans le monde. Jésus lui-même ne l’a pas été. (Matthieu 27,40). Il a dit à ses disciples qu’il en serait de même pour eux (Jean 15,20, Jean 16,33). Ainsi, depuis plus de 2000 ans, les croyants subissent des persécutions à cause de leur foi. De la même manière, puisqu’ils vivent dans le monde, où sévissent toutes sortes de malheurs et de maladies, depuis que le péché y est entré, ils n’en sont pas exemptés.  Vous pouvez lire, à ce sujet, Romains 8,18-25, dont je cite ici quelques versets :

« Nous le savons en effet, la création tout entière gémit et souffre jusqu’à ce jour dans les douleurs de l’enfantement. Elle n’est pas la seule : nous aussi, qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons intérieurement dans l’attente de notre adoption et de la rédemption de notre corps. Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance. »

Les chrétiens sont des humains, dans un monde pécheur, voilà pour le « pourquoi ? ». Réfléchissons maintenant au « pour quoi ? » et tâchons de laisser Dieu conduire son Eglise. Confions-lui ce moment difficile, afin d’en faire un temps de retour à Dieu, de témoignage et d’espérance. Ainsi, nous pourrons montrer au monde avec lequel nous souffrons, qu’il y a un salut  en le Christ, Jésus.

Jean 14,1 « Que votre cœur ne se trouble point. Croyez en Dieu et croyez en moi » dit Jésus.

Comment lors d’une prédication amener à une sincère remise en question- sans toutefois donner un sentiment de jugement et de « mauvaise culpabilité » ? [Ilotiana]

Martin Luther et la théologie luthérienne après lui ont mis en avant un principe très simple à suivre lorsque nous prêchons. Ce principe nous invite à articuler ce qui dans l’Ecriture relève de la loi : les règles de vie et ce qui relève de l’Evangile :  la Bonne Nouvelle du salut en Christ.
Ainsi, nous devons dire la loi afin de permettre aux auditeurs de comprendre qu’ils sont pécheurs et qu’ils ont besoin de Christ pour changer. Nous devons aussi dire l’Evangile et annoncer que le pardon est donné en Christ, qui, aujourd’hui encore nous relève et nous transforme.

En revanche, nous ne devons pas nous contenter de prêcher la loi, ce sans quoi nous risquerions de laisser entendre aux optimistes que nous pouvons nous sauver nous-mêmes en suivant des règles et aux pessimistes qu’ils sont coupés de Dieu à jamais. De la même manière nous ne devons pas prêcher l’Evangile sans la Loi. En effet, cela  laisserait entendre que nous ne sommes pas pécheurs et que nous n’avons pas besoin du Sauveur et de la transformation qu’il apporte.

« Nous tous aussi, nous étions de leur nombre [les fils de la rébellion], et nous vivions autrefois selon les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres. Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus vivants avec Christ – c’est par grâce que vous êtes sauvés. » (Éphésiens 2.3-5)

J’ai eu un enfant avec une femme- nous sommes toujours ensemble mais pas marié- que devons nous faire désormais jusqu’au mariage ? [Pat]

Si je comprends bien ce que vous écrivez, Pat, vous avez donc prévu de vous mariez avec la mère de votre enfant. Je ne sais pas exactement sur quoi porte votre question, mais il me semble que si vous avez ce projet de mariage et que vous le préparez avec l’accompagnement d’un pasteur (par exemple) vous faites l’essentiel. La sexualité est un des fondements de la vie de couple, une des ces choses (pas la seule) par lesquelles Dieu dit que l’homme et la femme ne feront plus qu’une seule chair. Que votre préparation au mariage soit pour vous l’occasion d’approfondir toutes les réalités que ce « une seule chair » signifie pour vous et votre future femme : le respect, la fidélité, l’écoute, le dialogue, etc.

La pratique de la « pleine conscience » (mindfulness)- dérivée de la méditation- est-elle compatible avec le christianisme ? [Louis]

Comme vous le soulignez, Louis, la pratique de la pleine conscience est dérivée de la méditation. C’est même un terme que l’on retrouve dans le bouddhisme, « l’attention juste » (samyak-smriti en sanskrit) étant considérée comme une des étapes nécessaires vers la libération, ou éveil, pour les bouddhistes. Il me semble donc évident que du point de vue chrétien, une pratique de ce type, avec ce but, ne saurait être à encourager. Le message chrétien est ici aussi radical que peut-être, désagréable à entendre : il n’y a pas de chemin qui mène vers l’éveil, le bonheur, la justice, ou encore même Dieu qui soit autre que Jésus-Christ, c’est-à-dire Dieu lui-même ! Par nos propres forces, notre méditation, nos pratiques religieuses ou morales, nous ne pouvons pas plaire à Dieu. C’est par l’ouverture de notre foi à son amour que nous laissons Dieu entrer au plus profond de nous-mêmes et nous sauver en Jésus-Christ.

Maintenant, l’occident se faisant une spécialité de mal comprendre ce que disent les sagesses orientales, la pratique de la méditation en pleine conscience est aujourd’hui souvent vue comme un moyen de faire « baisser son stress » en se recentrant sur un objet particulier. Si c’est pour s’aider à entrer en prière, en se concentrant sur une Bible ouverte à la page d’un passage que l’on aime, cela ne me paraît pas plus méchant que ça.