D’où vient le mot Parabole, puisqu’on dit que Jésus parlait tout le temps en paraboles ? [Seb]

C’est un mot qui vient du grec signifiant comparaison. Une parabole est une courte histoire qui s’appuie sur des éléments de la vie courante pour parler et présenter quelque chose de plus essentiel, de plus profond.

Et effectivement Jésus a souvent parlé en paraboles. Il a même répondu à ses disciples qui lui ont demandé pourquoi il parlait aux gens en paraboles (Matthieu ch. 13, verset 12 et suivant). Dans ce texte il a dit à ses disciples que Dieu leur donnait à eux de connaître les vérités cachées venant de Dieu. Eux qu’il a appelé.

Alors Jésus parlait en parabole pour aider chacun à comprendre qui est Dieu. Et soit nous nous situons comme un de ses amis, soit comme un de ses détracteurs. Il y a là un vrai choix et la réponse que nous y apporterons nous permettra ou pas de comprendre.

C’est à travers la proximité avec Jésus que nous pouvons appréhender ce qu’il dit et recevoir ce qui vient de Dieu.

L’expression « judéo-chrétien » n’est-elle pas un pléonasme ? Quand on est chrétien, on est forcément « judéo-chrétien », n’est-ce pas ? [Antoine]

A mon sens, cette expression n’est en rien un pléonasme. On appelait « judéo-chrétien » le juif devenu chrétien par sa conversion au message de Jésus-Christ, et « pagano-chrétien » le non juif devenu chrétien également par la conversion. On peut penser que cette distinction était faite au début du christianisme pour signifier que toutes celles et tous ceux qui croyaient à l’Evangile n’étaient pas tous (toutes) d’origine juive. Bien entendu, cela n’enlève rien au fait indéniable que le christianisme a ses origines dans le judaïsme.

Mais dans l’imaginaire journalistique, judéo-chrétien est presque toujours associé au concept de « Morale judéo-chrétienne » qui est une aberration, confondant la morale puritaine de la seconde moitié du XIXème siècle avec les préceptes de l’Evangile. Quand on voit Jésus, on se demande s’il était très préoccupé par la morale de son époque, passant son temps à la transgresser…

Je n’ai jamais très bien compris pourquoi Dieu avait agréé l’offrande d’Abel mais pas celle de Caïn. [Nivernaise]

Dans ce passage (Genèse, ch. 4), le personnage principal est Caïn, c’est avec lui que le lecteur est censé s’identifier. Donc, la question devient : « pourquoi Dieu n’a-t-il pas agréé mon offrande ? », et en plus « comment est-ce que je réagis à ça ? »… C’est ainsi la suite de l’histoire qui est importante ! Dieu veut me voir grandir dans une confiance (en lui et en moi) qui, en tant que telle, se passe de preuves ; dans une religion qui se passe de sacrifices.

Si l’on veut faire de la lecture « psychologique », on remarquera bien sûr l’importance de la naissance des deux personnages pour leur identité. Caïn est aimé et même plus : approprié par sa mère ! Abel n’est pas même nommé par elle ni par qui que ce soit d’autre que le narrateur, et son nom évoque la buée, l’inconsistance. On peut alors penser que Dieu a voulu rétablir un équilibre qui en avait besoin, faire un clin d’œil d’amitié à celui qui n’était pas considéré, l’autre n’en ayant pas besoin.

On peut aussi remarquer qu’Abel est berger, que cette image royale dans l’Ancien Testament s’applique au Christ. Le sacrifice d’Abel est alors une figure de celui du Christ, agréé par le Père, et qui consiste en la mort de Jésus « Agneau de Dieu ». Cette histoire (tout comme celle de la « ligature d’Isaac », Genèse, ch. 22) est ainsi une prophétie de la mort de Jésus qui correspond à la volonté bonne de Dieu.

L’exégèse libérale fera par ailleurs remarquer qu’on a là la trace de la difficile coexistence entre agriculteurs et éleveurs dans une société semi-nomade… sauf que d’habitude ce sont les agriculteurs sédentaires qui en souffrent, pas les éleveurs ! Lecture non pertinente, semble-t-il donc.

Comment se fait-il que la notion d’amour de Dieu ne soit même pas présente dans le Symbole des apôtres, première confession de foi des chrétiens ? [Frédérique]

L’amour de Dieu est effectivement une notion centrale puisque la Bible dit que « Dieu est amour » (1Jean 4,8). Mais c’est une notion difficile qui prête lieu à des malentendus. Sans doute les premiers chrétiens ont-ils considéré que l’amour de Dieu était induit par la nature de Dieu confessée dans le symbole des apôtres :

-Dieu  est un Père qui nous a créé, prend soin de nous, dirige, gouverne et agit
-Il s’est fait proche de nous en Jésus Christ, a connu la souffrance et la mort, et les a vaincu
-Dieu, par Jésus, jugera le monde… le monde n’est pas abandonné au mal, mais la justice triomphera
-Dieu est Esprit que se communique à nous, Dieu nous partage donc Sa puissance.
-Dieu se forme un peuple pour que nous puissions déjà vivre collectivement son Royaume, pour Le servir et pour témoigner de Lui
-Dieu pardonne et promet la vie éternelle à ceux qui lui font confiance

Il me semble que le symbole des apôtres définit justement l’amour de Dieu, l’amour étant un mot très galvaudé dans bien des discours…

Quel sens a la nativité pour les protestants puisque Marie n’a pas un caractère sacré ? Est-ce uniquement les conditions de son avènement dans une étable qui fait le message biblique ? [Cathia]

J’avoue ne pas être sûr de comprendre vraiment la question, mais essayons de cheminer ensemble. 🙂

La nativité est l’événement central des Ecritures puisque c’est l’advenue à la vie terrestre de Jésus. C’est énorme ! Noël est une fête très célébrée par les protestants, avec chants et joie.
C’est la simplicité de Marie qui en fait justement le caractère exceptionnel : elle est l’humanité qui est rendue apte à accueillir le Messie, un modèle de foi pour nous tous en somme ! Ah, si seulement nous étions tous capables aujourd’hui d’accueillir le Christ vivant à l’intérieur de notre être !

Sinon, il n’y a de sacré que Dieu en fait. Marie n’est pas sacrée pour le dogme catholique non plus.
En revanche Marie est sainte, pour nous tous, car elle a été mise à part pour Dieu, pour un rôle central dans l’incarnation de Dieu : elle est le réceptacle concret du Verbe fait chair. Et c’est une très bonne nouvelle pour tous les chrétiens, protestants, catholiques, orthodoxes, etc.

Comment faire une prière efficace dans le nom de Jésus pour qu’un proche qui n’a pas vraiment la foi puisse être touché puissamment par Sa grâce et trouver le Salut ? [Tiba]

Toute prière faite dans le Nom de Jésus est efficace. Mais qu’est-ce que ça veut dire, « efficace », et qu’est-ce que ça veut dire, « dans le Nom de Jésus » ?

La seconde question est la plus importante. Prier dans le Nom de Jésus, ce n’est pas prier « en son nom » au sens courant du terme, comme s’il suffisait de dire « au nom de Jésus » à la fin d’une prière pour que « ça marche ». La relation avec Dieu n’est pas de l’ordre de la magie ! Il s’agit plutôt de se tenir en Jésus, d’être tellement uni à lui dans la prière que c’est lui qui prie pour nous, comme Paul le dit de l’Esprit qui « intercède par des soupirs inexprimables » (Romains 8). Être uni au Christ crucifié, comme Paul encore écrit que « ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi »… Prier dans le Nom de Jésus, c’est aussi prier en Église qui est son Corps : « là où deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis au milieu d’eux »…

La prière sera-t-elle alors « efficace » ? Elle le sera si j’en sors transformé. Moi ? Oui, le sujet n’est pas celui pour la conversion de qui je prie (et auprès de qui je ne peux que témoigner de ce que Christ est ma vie et veut être la sienne). Le sujet, c’est moi qui prie. Dans la prière, c’est moi qui suis devant Dieu, c’est moi qui suis écrasé par sa majesté et redressé par son amour. C’est moi qui, en Christ, peux dire « mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » et terminer en reconnaissant que « tu m’as répondu » (Psaume 22).

On dit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal qu’il est la métaphore du libre-arbitre. N’est-il pas plutôt la métaphore d’un « Tu ne chercheras pas à savoir ! » et une diabolisation du doute ? [Anna]

Les textes de la Bible nous sont offerts pour chercher toujours la volonté de Dieu. Réduire le sens d’un passage à une interprétation unique serait vain, mais vous le savez puisque votre question évoque déjà plusieurs options interprétatives.

Je vous propose de voir simplement dans cet arbre l’image de quelque chose dont on veut se saisir (tenir son fruit), comme quelque chose qui va nous nourrir. Nous avons un profond désir de connaître ce qui est bien et ce qui est mal.
Mais l’interdit que Dieu avait posé sur la consommation de ce fruit pourrait exprimer tout simplement notre incapacité ultime à savoir ce qui est bien et ce qui est mal, puisque, comme le suggère Paul, nous faisons le mal que nous ne voulons pas faire et ne faisons pas le bien que nous voudrions faire.
Cet arbre, c’est une limite à notre toute-puissance, car Dieu seul est tout-puissant.
En Eden, tout était permis, un seul interdit.
Depuis cette transgression, des tas d’interdits et une quête passionnelle et obsédante de compréhension et de maîtrise. Et ce fruit ne nous laissera aucune satiété. Seule la présence de Dieu, le fait de rester dans l’alliance avec Dieu, comme Jésus, permet d’être satisfaits.

Quel est le sens de la vie, selon vous ? (question peu originale, mais finalement essentielle, non ?) [Nath]

Le sens de la vie c’est de gauche à droite.
Parce que la vie est quelque chose qu’il faut lire.

Le sens de la vie c’est du début à la fin.
Parce que le temps de Dieu va du premier jour de la Genèse au dernier jour du Jugement.

Le sens de la vie c’est de la mort à la vie.
Même si pour les non-chrétiens c’est le contraire.

Le sens de la vie c’est du non-sens vers le sens.
Parce que Dieu nous fait grâce de donner du sens à nos vies.

Le sens de la vie, c’est que la vie fasse sens.
De plus en plus.
Par Christ

Pourquoi dit-on « Il vaut mieux s’adresser à Dieu qu’à ses saints » ? Est-ce une référence biblique ? [Stéphane]

Dans la tradition catholique on ne prie pas toujours que Dieu, et il arrive qu’on demande des choses à des Saints, c’est-à-dire des personnes mortes que l’Eglise a reconnues comme saints, en les canonisant.
La première chose à dire c’est que le mot « saints » dans la Bible, évoque tous les croyants, notamment dans les Ecrits de Paul, sachant que ce mot veut dire « ceux qui ont été mis à part » pour Dieu. Tous les chrétiens sont mis à part du monde pour Dieu, pour croire et être sauvés.
Cette phrase n’est surtout pas très spirituelle en soi, et elle n’a pas d’ancrage biblique. Elle veut juste dire que plus on vise haut dans une hiérarchie, plus on a de chance d’être exaucé.
L’Ecriture dit notamment au Psaume 118:8 : « Mieux vaut se réfugier près du Seigneur que compter sur les hommes ! ». Ce à quoi Jésus ajoute : « Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. (Matthieu 6:6)
Mais on pourrait se faire une réappropriation très protestante de ce proverbe en disant tout simplement qu’il n’est souhaitable de prier… que Dieu ! 🙂

Peut-on se dire protestant si l’on considère le Christ comme un homme d’une sagesse exceptionnelle, véritablement en lien direct avec Dieu, sans pour autant le considérer comme « divin » ? [Jacques]

A-t-on besoin d’une étiquette pour se (faire) reconnaître ? La réponse est non. Les pensées sont libres…

Mais si on y tient pourtant, alors il faut considérer le sens des mots. Furent « protestants » les princes et villes de l’Empire qui, en 1529, protestèrent de leur foi chrétienne devant le parlement impérial. Sont donc protestants ceux qui, comme eux, arguent de leur foi chrétienne, telle que la Confession d’Augsbourg la définira fort classiquement l’année suivante, et depuis toutes les autres confessions de foi de la Réforme. C’est à savoir que Dieu est un en trois personnes, que Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, « mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification ».

Pour le dire de manière différente, se reconnaîtront comme protestants ceux qui confessent l’autorité souveraine des Saintes Écritures pour la foi et pour la vie (lesquelles confessent justement que Jésus est « Fils de Dieu »), et que l’être humain est « sauvé par grâce, par la foi en Jésus-Christ ». On peut bien sûr le dire avec d’autres mots que ceux-ci (encore que moi, je ne sache pas le faire)… Mais cette confession de foi, ecclésiale et personnelle, est intimement liée à la définition du protestantisme.

Il est vrai que certaines personnes se disent protestantes sans cette définition religieuse, par attachement culturel ou sociologique, ou en pensant que le protestantisme est un ensemble de « valeurs », un christianisme libéral, sans dogmes, sans hiérarchies, sans Écritures. Bien. Je n’en suis pas…