La Bible dit vrai parce que la Bible dit qu’elle dit vrai. Que faire… ? [Michele]

Que faire pour éviter ce raisonnement circulaire et auto-validant ? Bonne question Michèle !

Quelques précisions tout d’abord. Plutôt que « La Bible », il faudrait plutôt parler des auteurs bibliques puisqu’ils sont nombreux, et les genres littéraires qu’ils ont utilisé très divers. La question de leur « véracité » se pose pour certains d’entre eux : conformité aux faits pour les récits historiques, solidité des affirmations (par exemple sur la nature divine de Jésus) pour les textes doctrinaux, fiabilité des prophéties, etc.

Pour ce qui concerne les récits ayant trait à l’histoire d’Israël, du ministère de Jésus et des débuts de l’Eglise, nous n’avons aucune « preuve » déterminante de leur véracité. Les Evangiles ne sont pas des biographies critiques au sens moderne, mais des témoignages. On ne demande pas à un témoin d’apporter les preuves de ce qu’il rapporte, on lui demande de témoigner. Et quand Paul explique dans ses lettres le plan de Salut de Dieu, il revendique une autorité qui lui vient de sa rencontre personnelle avec le Christ, de sa découverte bouleversante de l’identité de celui dont il persécutait auparavant les disciples. Là aussi, il se pose en témoin.

La Bible ne s’est pas constituée en un jour. On peut la considérer comme le recueil progressif de tous les écrits qui ont été reçus par Israël, puis par les premiers chrétiens, comme le dépôt, l’écho fiable de l’Alliance entre Dieu et ses partenaires humains. Tout comme les livres de l’Ancien Testament, Les 27 livres qui constituent le Nouveau Testament n’ont pas été choisis par une commission qui a décidé un beau jour d’arrêter la liste des textes chrétiens inspirés par le Saint-Esprit ! Ils se sont imposés d’eux-mêmes, et l’Eglise a écarté bon nombre d’Evangiles plus ou moins fantaisistes ou marqués par des philosophies non-chrétiennes comme el gnosticisme, en ne retenant que ceux de Matthieu, Marc, Luc et Jean.

« La preuve du pudding, c’est qu’on le mange », a dit avec humour quelqu’un sur cette question. Finalement, c’est en lisant soi-même la Bible qu’on se rend compte de la force transformatrice de son message, un message que Dieu nous adresse personnellement, avec une surprenante continuité à travers les siècles couverts par l’histoire biblique, révélant une profonde unité dans sa diversité. Des millions de vies ont été éclairées, transformées par ce qu’elle nous rapporte de la grande aventure de Dieu parmi les hommes, qui culmine dans la mort et la résurrection du Christ.. et qui ne finit pas. C.S. Lewis, un philosophe et écrivain chrétien du XXe siècle, a bien résumé l’enjeu : Ou bien le christianisme est faux et sans aucune importance ou bien il est vrai et tellement important. Ça ne peut pas être moyennement important. Le témoignage que la Bible rend au Dieu qui se révèle en Jésus-Christ nous amène à choisir entre foi et incrédulité.

Pourquoi dans l’AT- Dieu ordonne à son peuple de tuer- massacrer même d’autres peuples ? Ont-ils eu l’occasion de connaître Dieu ? [Elykia

Cette question sur la violence de Dieu dans l’Ancien Testament a déjà été posée à l’équipe de 1001questions.fr. Ce n’est pas étonnant, elle préoccupe beaucoup de lecteurs de la Bible. Tapez « violence » dans la case de recherche et vous retrouverez des réponses, les 30 et 31 janvier 2019. Voici quelques éléments en complément :

Au risque de choquer, il faut d’abord rappeler que Dieu est souverain et n’a pas de comptes à rendre à l’être humain. On peut -et on doit- lutter pour les droits de l’Homme, à commencer par le respect de la vie humaine ! Mais il s’agit des devoirs des humains envers leurs semblables. C’est nous qui avons des devoirs envers Dieu, et non le contraire. Dieu n’a pas à se justifier d’être le Dieu Saint et d’avoir en horreur le péché de sa créature. Cette « sainte horreur » s’exprime notamment à travers le récit de la conquête de la Terre promise, où, effectivement le Seigneur ordonne la destruction entière de villes et de leurs populations (par exemple Jéricho en Josué ch.6, v.17). Israël, peuple choisi, se voit appelé, à travers ces récits historiques, à se garder de toute contamination de l’idolâtrie des peuples cananéens.

Je me rappelle que certains étaient choqués de lire, sur un mur, du côté gauche de la chaire d’un des temples où j’officiais autrefois : « le salaire du péché, c’est la mort ». C’est pourtant biblique ! (Romains 6,23). Nous ne vivons et n’échappons au néant que par l’amour de Dieu, sa libre décision. C’est un cadeau, une faveur, et pas un dû.

Oui, pour répondre à votre deuxième question, tout être humain a l’occasion de connaître Dieu. On peut même dire, avec Paul, que ce que l’on peut connaître de Dieu, sa gloire de créateur, est manifeste (relisez Romains ch.1, versets 18 et suivants). Un athée, au sens propre, cela n’existe pas. Chaque homme sait au fond de lui-même qui est Dieu, mais il le rejette, le refuse, s’enfermant dans son mensonge. Le péché, fondamentalement, c’est cela. Refuser Dieu et se forger d’autres dieux que lui, les idoles qui encombrent nos esprits et nos coeurs. Et cela nous barre le chemin vers Dieu, source de notre vie.

Bien entendu, il ne nous est pas demandé d’exterminer les pécheurs autour de nous ! (sinon il faudrait commencer par nous-mêmes…). La vraie « guerre sainte » se mène contre le péché, et non pas contre le pécheur. Sur le mur du temple dont je parlais, à droite de la chaire, était écrite la suite du verset de Romains ch. 6 : « mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus-Christ ». Toute les Ecritures sont tournées vers Jésus-Christ, c’est lui le dernier mot de Dieu sur le péché et le mal pour tout être humain qui se repent et croit. Il est à rappeler que cette universalité du Salut offert à tout homme en Jésus-Christ est déjà présente, en germe, comme une promesse, dans l’Ancien Testament.

Quelques exemples entre beaucoup d’autres : à Jéricho, Rahab la prostituée a été épargnée, elle et sa famille, pour avoir mis sa confiance dans le Dieu d’Israël (elle figure d’ailleurs dans la généalogie de Jésus, lire Matthieu ch.1, v. 5. Malgré l’interdiction faite aux israélites des mariages avec les femmes étrangères, toujours pour éviter la contagion des religions païennes, Booz, petit-fils de Rahab, épousera Ruth, qui venait pourtant de Moab !). Et au psaume 87, on lit que Jérusalem est finalement la vraie patrie de tout être humain. Ceux qui se disputent cette ville aujourd’hui devraient méditer ce psaume, mais c’est une autre histoire…

Pourquoi l’argent serait-il l’unique racine de tous les maux ? [Anne]

Vous évoquez un verset de 1 Timothée 6,10.
Mais il ne dit pas que l’argent est la racine de tous les maux, mais que c’est l’Amour de l’Argent qui est la racine de tous les maux.
Bref, c’est dans notre rapport à l’argent que peut se nicher le péché.
Car pour ce qui est de l’argent (monétaire ou métallique) ou de l’or, ils appartiennent à Dieu d’après Aggée 2,8 dans le Premier Testament.

Beaucoup de choses ne sont pas intrinsèquement mauvaises mais c’est notre rapport à elles qui peut le devenir. A nous de considérer si nous sommes bien calés, et comme on le dit de façon proverbiale, que l’argent reste un bon serviteur, car sinon il risque de devenir un mauvais maître !

Maintenant, on peut agrée au fait qu’il soit racine de la quasi totalité des maux en référence aux dix commandements :

  1. Il peut prendre la place de Dieu
  2. Il est un attribut visible de pouvoir
  3. Il peut être objet d’idolâtrie
  4. Il peut nous faire travailler le dimanche 😉
  5. Il peut nous faire laisser dépérir nos parents
  6. Il occasionne beaucoup de meurtres
  7. Il est le coeur de la problématique du vol
  8. Il contribue à l’adultère
  9. Il nous pousse à mentir
  10. Il est la base de la convoitise…

En quoi vraiment l’avènement du Christ est pour tous une bonne nouvelle? Qu’est-ce qui change concrètement par rapport à l’AT ? [Pedrimenat]

L’avènement du Christ constitue l’ouverture du salut, l’accès à la vie éternelle et l’établissement définitif du sens de l’existence pour tout être humain qui le reconnaît comme le seigneur, le Fils de Dieu, Dieu lui-même venu jusqu’à nous. C’est la plus merveilleuse des nouvelles qui puissent être annoncée. Ce que cela change fondamentalement par rapport au Premier Testament est la révélation que le salut n’est pas une récompense obtenue en échange d’une mise en pratique rigoureuse de la Loi, mais l’expression du don gratuit (la grâce) de Dieu, que l’être humain exprime par sa foi. Bien sûr, c’est une très mauvaise nouvelle pour mon orgueil qui veut me faire croire que tout dépend de moi et que c’est à moi seul que devrait revenir tout le mérite de mon existence devant Dieu. Mais c’est en fait une très bonne nouvelle pour mon être profond, que je découvre aimé de Dieu, ce qui me libère de toute tentative d’avoir des choses à prouver.

N’est-ce pas désobéir à un commandement majeur que de ne pas célébrer le sabbat le samedi ? [Olivier]

Ne peut-on pas considérer que désormais le dimanche nous célébrons la résurrection du Maître du Sabbat, Jésus, justement parce qu’il en est le maître, en assumant de ne pas nous reposer exactement sur le jour du samedi à proprement parler ?
C’est très bien que certains chrétiens préfèrent le samedi, d’autres le dimanche, mais que surtout le Seigneur soit honoré par le fait qu’on ait sanctifié Son jour.

Si j’étais plus insolent, je dirais que j’espère que ceux qui sont « choqués » par le repos du dimanche respectent aussi le commandement de ne pas porter de tissu avec un mélange de fibres de différentes origines (Lévitique 19:19 et Deutéronome 22:11).

Comment discuter avec quelqu’un qui pense que Trump était un Cyrus moderne ? – [Stephie]

La comparaison du précédent président des Etats-Unis d’Amérique avec le roi de Perse Cyrus a été faite par des chrétiens qui voulaient justifier leur préférence pour sa candidature à l’élection présidentielle. Tout en admettant qu’à l’instar de Cyrus qui n’adorait pas le Dieu d’Israël, Trump n’affichait pas un comportement ou des propos correspondant à des convictions chrétiennes, ces chrétiens américains estimaient que certaines de ses prises de position (par exemple contre l’avortement) montraient qu’il exécutait la volonté de Dieu. De même que, sans le savoir, Cyrus, en permettant aux juifs de revenir de leur exil dans leur pays et de rebâtir Jérusalem et son temple, fut serviteur du Seigneur, aux dires du prophète Esaïe (voir 44,28, 45,1,13, etc).

Il n’y a pas lieu ici d’évaluer le mandat et l’action politique de Donald Trump. Je note seulement qu’il a consciemment voulu rallier les voix de l’électorat chrétien, et en particulier évangélique, dont le poids est important aux USA. Jusqu’à se faire photographier Bible en main devant le panneau d’une Eglise, au nom de sa conception de la loi et de l’ordre (les responsables de ladite Eglise n’ont pas apprécié cette instrumentalisation symbolique et l’ont fait savoir). Cyrus pour sa part n’avait pas conscience de la portée de ses décisions pour le peuple de Dieu. Il ne cherchait à séduire personne à coups de fake-news ou autres « faits alternatifs », ni à gagner des suffrages, il avait déjà tout pouvoir.

Quant au résultat de la dernière élection présidentielle, ceux qui avaient prophétisé le choix de Dieu en faveur de « son élu Donald-Cyrus » s’en sont repentis, et pour cause !

La dîme est-elle toujours d’actualité ? [Amassagou]

La dîme fait partie des prescriptions données à Israël par la Loi de Moïse. Chacun devait consacrer 10% de ses revenus au service du Seigneur (notamment pour l’entretien des Lévites, qui assuraient ce service). Les pharisiens au temps de Jésus allait jusqu’à donner la dîme des herbes aromatiques de leur jardin ! (Matthieu 23,23). Qu’en est-il pour les chrétiens ? Nous ne sommes plus « sous la loi ». Ce n’est plus elle qui régit notre relation à Dieu mais sa grâce manifestée en Jésus-Christ. Tout doit être vécu dans la liberté qu’il nous donne. Cela signifie-t-il que nous n’avons plus à donner de nos moyens pour l’Eglise, les oeuvres chrétiennes, la mission ? Certes pas. Comme l’écrivait Jacques Ellul, donner la dîme, c’est montrer que l’on est encore sous le régime de la loi. Mais la grâce… c’est de donner plus ! Pour le dire autrement : le don (d’argent, notamment) est un test spirituel. Est-ce que je donne par obligation (donc 10% minimum… mais aussi maximum), par peur, pour acheter quelque chose, ou comme un simple geste de reconnaissance, un joyeux « merci », dans la confiance que le Seigneur pourvoira à mes besoins ?

Comment prendre leçon du « confinement » de Noé dans l’Arche ? [Amina]

Le « confinement » de Noé dans l’Arche n’est qu’un élément de l’histoire du déluge. Il n’est pas très juste sur le plan de la méthode d’étudier ainsi un texte biblique en projetant une préoccupation de notre actualité qui ne se trouve pas développée en tant que telle dans le texte. L’enfermement de Noé, de sa famille et de tous les couples d’animaux pendant environ une année dans l’arche n’est donc pas un confinement comparable à ce que nous vivons. On ne peut comprendre la valeur de cette vie dans l’arche sans ce qui précède et ce qui suit : l’histoire de la folie et de la violence des hommes à qui Dieu a voulu redonner un autre commencement. Ce qui est remarquable, c’est que la colère de Dieu n’est pas totale. Elle permet un nouveau départ. Ce qui est rarement le cas de la colère humaine. La fin du récit se termine sur l’échec de ce second redémarrage. Les hommes sont toujours aussi méchants. Dieu décide alors de changer de méthode (Genèse 8, 21 et 22). Il promet de ne plus détruire la terre (Genèse 9, 11 à 17). Il transformera le cœur humain, non par la force, mais par l’intérieur, par la confiance et l’écoute de sa Parole. Commencé avec Abraham (Genèse 12), cette histoire trouve son dénouement avec Jésus et le don de l’Esprit. Le confinement que nous vivons peut utilement être l’occasion de méditer sur Le projet de Dieu pour sa création. L’arche a été le lieu où s’est expérimenté la providence de Dieu pour sauver toute sa création. Dans notre vie, nous pouvons faire la même expérience en toute circonstance. C’est la foi de Noé qui nous enseigne (Hébreu 11, 7). Pour Jésus lui même quand il parle de Noé, c’est le fait d’obéir à Dieu qui est important (Luc 17, 26 et 27). Faites confiance Amina en la parole de Dieu, là est la vie, non pas confinée mais libérée !

Doit-on prier pour les nations ? [Cathy]

Certains courants chrétiens prônent de « prier pour les nations ». Mais souvent cette théologie se fonde une erreur théologique due au passage du texte biblique de l’hébreu > grec > français.
Les « nations » en hébreu, ce sont les peuples non-Juifs, les goyim. Quand Dieu bénit les « nations », c’est qu’il bénit les non-Juifs maintenant de la même façon qu’il avait béni les Juifs.

Le mot nation, depuis le 16ème siècle est devenu un référentiel politique : les entités nationales, les Etats nationaux.
Quand nous prions pour Israël, ce n’est pas l’Israël politique refondé en 1948, c’est bien pour le peuple d’Israël, répandu parmi les nations.
Quant à prier pour « La France », c’est un peu étonnant. La France est multiforme, elle a tellement évolué au travers des siècles. La France, c’est avant tout des gens, surtout à l’heure de l’hypermondialisation. Connaissez-vous beaucoup de gens dans la paroisse dont les huit arrière-grands-parents étaient « des vrais français » ?
Bref, cette vision « post-Yalta » (la conférence qui a découpé le monde après la guerre) est une conception théologique tordue, parce qu’elle est un anachronisme : on y prend un mot qui n’avait pas le même sens qu’à l’époque. C’est comme quand Aristote parle de la « Science », il ne parle pas du tout des scientifiques, des labos, des ordis, de la méthode scientifique fondée par des Pascal ou Descartes.

Prions pour les personnes, pour les groupes de personnes.

Pourquoi lors du deuxième jour de la création du monde (Gen 1:6-8)- Dieu ne dit pas que « c’était bon » ? [Franck]

Permettez-moi Franck une légère correction dans votre question. Dans le récit de la Genèse, l’expression « Dieu dit » introduit les paroles créatrices de Dieu au début de chaque journée. En fin de journée, il n’est pas précisé que Dieu dit quelque chose mais il est noté que : « Dieu vit que cela était bon ». Dieu nous apparaît ainsi dans la contemplation aimante et l’émerveillement devant sa création mais le texte biblique ne nous précise pas que Dieu dise quelque chose.

Sur le fond, je ne sais pas répondre à votre question ! Vous avez finement observé que ce deuxième jour et lui seul, ne mentionne pas cette vision de bonheur à la fin de la journée. Je ne doute pas que nos frères Juifs aient élaboré un grand nombre d’hypothèses pour expliquer cette bizarrerie. Pour ma part, je vous félicite pour votre lecture attentive. Le texte biblique nous surprend souvent par ses contenus, ses répétitions, ses silences, ses étrangetés. Cela nous stimule pour réfléchir, comparer, étudier. J’attire votre attention sur le fait que l’Ancien Testament en langue grecque appelée la Bible d’Alexandrie ou encore la Septante fait cependant au verset 8, la mention : « Dieu vit que cela était bon ». Pourquoi cette mention qui existe bien dans la version grecque du III° siècle avant J.-C. ne figure-t-elle pas dans le texte hébreu (Massorétique) qui nous est parvenu et qui serait plus récent selon les historiens, en tout cas dans sa forme actuelle ? Il y a parfois des questions qui restent sans réponse. Cela nous invite à l’humilité et à distinguer ce qui est vraiment utile pour une vie de foi et ce qui est secondaire. Je vous souhaite beaucoup de joie dans votre étude de la Bible !