« Sozo »- ce ministère- apparu chez les NRA (fait-il partie des 5 ?) est une forme d’hypnose et d’auto-hypnose qui semble générer du dégât dans les assemblées. Qu’en pensez-vous ? [Jomo]

Sozo est un ministère lié à l’Eglise Bethel aux USA.

C’est un système d’accompagnement spirituel comme d’autres, à l’américaine, c’est-à-dire qu’il permet de « vérifier » certaines zones de nos vies pour les exposer au Seigneur et vivre des guérisons, des déplacements, des délivrances. Donc Sozo peut être considéré comme un versant du ministère pastoral (soin, cure d’âme), oui, et pourrait être une aide pour vivre le ministère pastoral (parmi les cinq ministères d’Ephésiens).

Sur l’auto-hypnose ou l’hypnose, c’est la critique qui sera faite à toute pratique qui inclut un vécu charismatique, par ceux qui n’agréent pas ce vécu charismatique. Et donc à ce titre, non, Sozo ne génère pas de phénomène d’hypnose, sauf si, là encore, la personne à laquelle vous devez penser a vécu un accompagnement Sozo avec quelqu’un qui y a rajouté de l’hypnose.

Dès qu’on touche à l’être humain, il peut y avoir des dégâts. Soit parce que la personne finalement n’entre pas dans une démarche, fût-elle positive, soit parce que l’accompagnant n’est pas tout à fait assez formé, etc.

C’est plutôt le principe des « check-lists » à vérifier, comme si nous étions des voitures à réparer, qui inquièterait le pasteur que je suis. Ce n’est pas parce qu’on a fait une petite prière sur un sujet qu’il est nécessairement réglé 😉

Certains disent que le nom de L’ETERNEL ne doit pas être traduit car il s’agit d’un nom propre. Qu’en pensez-vous ? [M]

Le nom de Dieu, dévoilé en Exode 3/14 à Moïse est composé de 4 consonnes (YHWH) qui évoquent le verbe « être » et semble signifier « je suis qui je suis » ou « je suis qui je serai ». Il n’est composé, à l’origine, comme tout texte hébraïque ancien, que de consonnes seulement, les voyelles devant être « devinées » en fonction du contexte. Plusieurs solutions ont été utilisées à travers les siècles pour « dire » ce nom :

  • Au moyen âge, les juifs ont ajouté des consonnes pour faciliter la lecture du texte biblique. Ils ont ajouté au nom de Dieu les voyelles du mot qui signifie « Seigneur ». En effet, ne souhaitant pas prononcer le nom de Dieu en vain, ce mot était systématiquement replacé par le mot « Seigneur ». Le nom ainsi lu ne correspond à aucune réalité et n’a aucun sens (Jehovah, en français). Si certains Bible ont pu utiliser le mot « Jehovah », les Bibles récentes préfèrent, en fidélité avec cette tradition, le vocable ‘Seigneur » quand le nom de Dieu doit être traduit.
  • Certains Bibles protestantes ont tâché de traduire le mot à partir de son sens supposé. Le mot « Eternel » est apparu comme à même d’exprimer « je suis qui je suis/serai », en manifestant la plénitude de l’être dans le passé, le présent et le futur. Il s’agit d’un mot qui insiste sur la temporalité et ne permet probablement pas de donner toute la signification originelle de l’être de Dieu.
  • Des Bibles catholiques ont tenté de déduire quelles auraient pu être les voyelles originelles du mot, en fonction du sens que le nom de Dieu pouvait avoir. Cela donne la traduction « Yahwe ».

 

Pour ma part, je considère que Dieu se laisse connaître à nous en Jésus, Emmanuel, Dieu (qui est) avec nous.  Je n’ai donc pas l’habitude de me tracasser pour savoir comment m’adresser à Dieu, même si je préfère, par respect pour ce qui est vécu dans le judaïsme mais aussi par aveu de notre ignorance, traduire le nom de Dieu par « Seigneur ».

Luc 14-27 : Jésus parle de porter sa croix- alors qu’il nous semble que pour nous cette expression fait référence à Jésus crucifié. Est-ce une erreur de traduction ? [Joël]

Je n’avais jamais entendu dire que l’expression « porter sa croix » fasse référence à la crucifixion de Jésus. Lors de sa passion, on nous dit qu’il a porté sa croix jusqu’au calvaire, mais il ne s’agit pas, dans le passage que vous citez, de cela. À plusieurs reprises en effet, cet impératif est mentionné : Porter sa croix pour être le disciple de Jésus-Christ. Cela signifie assumer sa condition, ne pas chercher d’échappatoire aux difficultés que notre foi chrétienne occasionnera. Je vous cite ici un théologien allemand célèbre, Dietrich Bonhoeffer, mort en camp de concentration : « La croix est imposée à tout chrétien. C’est la mort du vieil homme, lors de sa rencontre avec le Christ. Elle (…) est dressée au commencement de la communion avec Jésus Christ. L’appel du Christ, le baptême, placent le chrétien dans le combat quotidien contre le péché et le diable. De sorte que chaque jour, avec ses tentations de la chair et du monde, déverse sur le chrétien de nouvelles souffrances de Jésus Christ. » Nous voilà prévenus…

Quelles sont les forces et les faiblesses des Bibles en version électronique que l’on trouve sur les tablettes et smartphones de nos jours ? [Mark]

Les versions des Bibles électroniques sont simplement les mêmes que les versions papier. Seul le support change. Pour pouvoir avoir une étude comparée intéressante, vous pouvez aller voir sur ce site. Vous y trouverez une description des points forts et des points faibles de chaque traduction.

« Devenu comme l’un de nous ». « Faisons l’homme à notre image ». Que signifie nous quand Dieu parle ? [Joyce]

Question très intéressante mais épineuse ! Les deux citations que vous utilisez se trouvent dans les chapitres 1 et 3 de la Genèse (« Devenu comme l’un de nous » : Genèse 3. 22 ; « Faisons l’homme à notre image » : Genèse 1. 26). Genèse 1 désigne Dieu sous le vocable « Élohim » qui est un pluriel, mais tout le temps conjugué au singulier, sauf là ! Genèse 3 utilise deux noms conjoints : Élohim, précédé du tétragramme imprononçable « YHWH » que l’on traduit par « Le Seigneur » ou « L’Éternel ». Pour les chrétiens, très vite, on a compris ce « nous » comme exprimant la Trinité (Dieu Père, Fils et Saint-Esprit). Ce n’est bien sûr pas écrit en toute lettre, mais cela a le mérite de nous faire comprendre qu’un élément essentiel de la nature humaine, à l’image de Dieu, est d’être relationnelle : l’être humain est homme et femme, et au sein du couple, c’est dans cette altérité là que l’image de Dieu se vit et se comprend.

Est-il possible de lire la parabole des mines (Luc 19) en voyant le prétendant au trône comme l’esprit du mal ? Soit en renversant les rôles ? [Manu]

Lire une parabole en cherchant de nouvelles manières de l’interpréter est toujours intéressant. Le tout est d’être conséquent avec les pistes d’interprétations que l’on suit. Dans le cas que vous proposez, si le prétendant au trône est l’esprit du mal (et pas Jésus, comme manifestement lui-même le pensait…) qui sont ses serviteurs ? Sur quel pays lointain doit-il prendre l’autorité ? Qui sont ses concitoyens ? Vous voyez, cela fait beaucoup de questions, auxquelles il faut répondre pour trouver un nouveau sens à la parabole. Je vous laisse le faire. Pour ma part, j’ai besoin de me rappeler qu’il ne s’agit pas de simples allégories amusantes que Jésus donnait pour nous faire chauffer les méninges. Il s’agit, presque tout le temps, d’appels à la repentance, au retour vers Dieu, en nous reconnaissant dans tel ou tel personnage et en identifiant son comportement au nôtre, pour mieux le modifier si besoin.

Qu’est-ce que le Talmud ? Quelle est sa valeur pour le chrétien ? [Simon]

Le Talmud est le résultat d’un immense travail de compilations de discussions entre rabbins portant sur des questions de mise en pratique de la Torah (la loi juive écrite dans l’Ancien Testament). Sa rédaction s’étale entre le 3e siècle avant et le 5e siècle après Jésus-Christ. Il me semble que sa valeur est avant tout culturelle pour un chrétien. C’est à dire qu’il peut être intéressant d’y faire référence pour mieux comprendre certaines paroles de Jésus (dont on parle d’ailleurs dans le Talmud). Ce très gros recueil (en plus il y a deux éditions différente, mais je n’entre pas dans les détails) obéit à une logique de pensée différente de la nôtre, mais très enrichissante. Ce n’est pas à proprement parler un « commentaire » de l’Ancien Testament, mais cela nous permet de comprendre comment nos frères juifs raisonnent, encore aujourd’hui, car le Talmud est un des piliers du judaïsme actuel.

Apocalypse 14:9 parle de ceux qui ont la marque de la bête sur le front ou la main ; pourriez vous m’éclairer un peu ? [Bodo]

L’Apocalypse a un langage codé, un peu comme les messages de radio-Londres aux résistants français sous l’occupation. Parce que c’est un livre qui proclame la victoire du Christ crucifié et ressuscité sur tous les pouvoirs du mal, et nous appelle à leur résister dans l’espérance. Qui dit code dit décryptage, pas toujours facile. Notons déjà que la « bête » fait partie, avec le Dragon (ch.12) et la « 2e bête » (ch. 13,11, appelée le faux-prophète dans d’autres passages comme 16,13) d’une sorte d’anti-Trinité, et qu’il lui est donné beaucoup de pouvoirs.

La marque (ou signe) de la bête est souvent citée dans l’Apocalypse. Là aussi, c’est une contrefaçon du sceau de Dieu sur le front de ses élus, attestant qu’ils lui appartiennent et qu’il prend soin d’eux (voir Ap. 14,1). Une sorte d’anti-baptême. Le terme grec employé, Charagma, était réservé au sceau impérial ou à l’empreinte d’une monnaie. Ce qui serait donc une allusion à l’empereur Romain et à sa prétention à se faire appeler « Seigneur » et recevoir un culte en lieu et place du seul vrai Dieu. Les chrétiens auxquels Jean, l’auteur de l’Apocalpyse, écrit, en refusant ce culte-là, allaient s’exclure de la société -et donc du système économique, ce qu’annonce 13,17 : personne ne pouvait acheter ou vendre sans cette marque.

Au passage, tordons le cou à une actualisation farfelue. Certains, sur la base de ce verset, identifient la marque de la bête au code-barre servant à identifier en caisse les articles achetés dans un commerce. Ils y ont même repéré le chiffre de la bête, le fameux 666. Leurs démonstrations savantes omettent simplement que ledit code-barre n’est pas posé sur notre main ou notre front (13,16). Il y a d’autres façons d’être fidèles à Jésus-Christ que d’embêter une caissière en lui refusant de scanner notre paquet de nouilles…

Comment expliquer la mort d’Ananias et Saphira (Actes 5, 1-11) ? Est-ce la conséquence d’un « blasphème contre le Saint-Esprit » (Marc 3, 29) ou d’un « pouvoir spécial » donné à Pierre (Matt 16, 19)? [Kristina]

Le rapport avec le Saint-Esprit est clair dans le récit de l’histoire d’Ananias et Saphira. Le premier a menti à l’Esprit (v. 3) et la seconde l’a provoqué, tenté ou défié (v. 9). Et comme vous le soulignez, le blasphème contre l’Esprit Saint est le seul dont on ne peut être délié.

Le mensonge est une question spirituelle… et mortelle si on s’y abandonne. La division qu’il apporte (le texte parle de Satan, celui qui divise) nous empêche d’être un. Et comme c’est contre l’Esprit que le couple s’est placé, ils se sont empêchés d’être un avec Dieu. C’est cela qui est mortel.

Et je crois donc que ce texte n’est pas là pour présenter un pouvoir spécial qui serait donné à Pierre, mais pour nous mettre en garde contre ce qui divise et nous monte contre l’Esprit et in fine nous tue.

J’ai entendu dire que des pasteurs Attestants « chasseraient l’esprit de Marie » de gens qui en seraient possédés ? Vous m’expliquez ? [Anonymous]

L’ennemi du Christ est le prince du mensonge. Evidemment, ceux qui vous ont dit cela ont fait des raccourcis et se sont glissé quelques confusions, au point que ce qu’ils vous ont dit n’a plus aucun rapport avec le réel.

Premièrement, tous les Attestants ne pratiquent pas la délivrance, et certains sont simplement confessants ou orthodoxes théologiquement, ils ne sont pas charismatiques et ne vont pas sur ce terrain-là.

Deuxièmement pas mal d’Attestants, comme beaucoup de croyants protestants ou évangéliques pensent que Marie étant la mère de Jésus, la figure de l’Israël véritable, la première chrétienne de l’histoire. Ils croient qu’elle sera, au dernier jour, la première ressuscitée (puisque nous ne croyons pas à son assomption et que nous pensons donc qu’elle attend le dernier jour dans la paix du séjour des morts). Nous avons donc grande révérence pour sa mémoire et son témoignage, mais ne nous adressons pas à elle puisque nous ne nous adressons qu’à Dieu et ne communiquons pas avec les morts.

Troisièmement, il est probable que la confusion vienne du fait suivant : les Attestants qui pratiquent la délivrance pensent que, derrière une mariologie idolâtrique (mariolâtrie) se cache une réalité spirituelle. L’entité qui « répond » à certaines prières, dans différentes expériences mystiques de par le monde, est plutôt ce que le livre de Jérémie (ch. 7 et 44)  appelle une puissance démoniaque qu’il nomme ‘Reine du Ciel » (ou Astarté, Ashera, etc.) et qu’en France on appelait dans le paganisme pré-chrétien la Dame Blanche (ou Marianne aujourd’hui 😉 !).
Alors oui, nous pratiquons la délivrance de ceux qui sont démonisés par la Reine du Ciel, mais nous savons que cette dernière n’a aucun rapport avec Marie de Nazareth ! Elle peut se déguiser pour tromper des croyants pas assez instruits des choses de l’Esprit, mais en aucun cas nous ne les assimilons !

Enfin, du fait d’une lecture trop restrictive de passages comme Apocalypse 12, certains groupes mariolâtres affublent à mauvais escient Marie du titre de Reine du Ciel, en ajoutant à la confusion.
Marie de Nazareth est admirablement nommée comme « humble servante » par les Ecritures, et c’est le plus beau nom qu’on puisse jamais lui donner.

Ce sujet est très complexe et donne lieu à beaucoup de souffrances dans le corps du Christ, alors nous demandons pardon par avance à toute personne qui serait troublée par notre réponse. Gardons ensemble les yeux tournés vers Christ afin que toute son Eglise reste unie.