Les dons de Dieu dans notre vie (que je lui reconnais très humblement) ne dépendent-ils (nous concernant) que de notre foi en lui ? [Guillaume]

Les dons sont des dons. Le mot « charismata » qui est souvent traduit par charismes (dons), vient de « charis », qui veut dire grâce. Si c’est par grâce, c’est par grâce seule. La foi n’est que le réceptacle de la grâce. Et donc elle n’est pas à l’initiative des dons !

Au pire elle peut un peu les freiner si elle n’y croit pas vraiment…

Est-ce normal qu’après avoir pardonné à un parent, on ressente un désarroi ? Le pardon unilatéral, comment faire pour ne plus être en attente que l’autre reconnaisse ses torts ? Que dit Jésus ? [Kym]

Jésus est radical en Matthieu 18. Dieu nous pardonne quand on regrette (c’est la parabole du serviteur indigne). Mais en plus, il nous dit de pardonner soixante-dix fois sept fois, autant dire, pardonner à la folie ! Parce que ça consiste à pardonner quelqu’un toutes les trois minutes durant une journée où on ne dormirait même pas !!!

Donc pour notre esprit, nous pouvons trouver la satisfaction de juste pardonner, comme Dieu a pardonné, totalement et radicalement.
Ceci dit, pour que le pardon soit pleinement satisfaisant pour notre âme, nous avons aussi besoin de la repentance de l’autre en vis-à-vis. Et là c’est plus dur. Car il nous faut accepter qu’il n’y ait parfois pas de retour. Souvent c’est même parce que l’autre n’a pas compris, ou pas voulu comprendre qu’il nous avait blessé.

Le désarroi peut venir du fait qu’on fait une vraie démarche qui a pour but la restauration complète de la relation, mais que là il manque quand même quelque chose si la restauration n’est pas vraiment activée du côté de l’autre.

La Bible est-elle plus violente que le Coran ? [Anna]

La Bible plus violente que le Coran ? Voici une proposition de non-réponse en deux trajectoires :

1. D’abord ces deux livres sont des objets avec des textes. Ils peuvent raconter des histoires violentes et comporter des textes qui appellent à la violence.
Mais c’est surtout la lecture qu’on en fait et l’usage pour lesquels on s’en sert qui peut être violent.

2. La Bible comporte pas mal de récits violents, parce que la vie est violente. Elle comporte aussi des paroles dures où des humains appellent à la violence, et des passages où l’on peut voir que Dieu se comporte d’une façon que nous pouvons considérer comme violente vue d’aujourd’hui. Mais la Bible, contrairement au Coran comporte une mise en ordre radicale, avec un premier et un nouveau testaments. Le Nouveau, avec les évangiles à son commencement, nous offre par la parole de Jésus un changement radical, qui consiste en particulier par le refus total de la violence. Ce qu’on entend derrière le « Aimez-vos ennemis » de Jésus en Matthieu 5,44, l’affirmation de l’apôtre Paul « Non, ce n’est pas contre des êtres humains que nous devons lutter. Mais c’est contre des forces très puissantes qui ont autorité et pouvoir. Nous devons lutter contre les puissances qui dirigent le monde de la nuit, contre les esprits mauvais qui habitent entre le ciel et la terre. » en Ephésiens 6,12. La mort de Jésus sur la croix se veut « dernier sacrifice » comme le décrit l’épître aux Hébreux, afin que justement les violences s’arrêtent.

En quoi consiste la nouvelle réforme apostolique et quel est votre sentiment à ce sujet ? [André]

La Nouvelle Réforme Apostolique (NRA) est un mouvement interne au courant évangélique charismatique. Son principe est simple, il faut restaurer les cinq ministères évoqués par l’épître de Paul aux Ephésiens (4,11), apôtre, prophète, évangéliste, pasteur et enseignant. Cette structure du ministère de l’Eglise ne serait pas seulement propre aux débuts du christianisme mais serait pour toujours. Du fait de la pratique charismatique, les Eglises de la NRA ces ministères sont donnés à l’Eglise, comme le sont toujours les dons décrits en 1Corinthiens 12 (parler en langue, prophétie, guérison, etc.). Ce concept a eu pour but de mettre au défi les Eglises protestantes et évangéliques qui s’étaient polarisées sur le pasteur comme centre du ministère, contrairement aux idées de bases de la Réforme sur le sacerdoce universel et la diversité des ministères.

Après cela, une partie de ces Eglises a pu aller dans d’autres courants de pensée qui font que des déviances ont entâché l’ensemble de ce mouvement, alors que les idées présentées plus haut sont quand même bonnes, non ? Il faut donc discerner entre les bons groupes NRA et les mauvais ; et faire attention en creusant quand on les rencontre, notamment sur les questions suivantes :
– théologie de la prospérité, et rapport passionnel à l’argent,
– niveau requis d’allégeance au pasteur ou à l’apôtre,
– redevabilité de l’apôtre à un autre ministère,
– une conception parfois très théocratique (d’où un soutien aveugle aux pouvoirs politiques),
– les révélations extra-bibliques ou contraires à la Bible,
– une obsession maladive pour le surnaturel ou les démons.

Quelles sont les raisons de notre séparation avec les orthodoxes ? [Andria]

Notre séparation d’avec les orthodoxes ; je ne sais pas qui est ce « nous ». Ce qui est clair c’est que le christianisme a toujours été très morcelé d’une communauté à l’autre, et ceci dès l’apôtre Paul. En tout cas en 1054 un clivage profond s’est opéré par excommunication entre les christianismes d’orient et d’occident. C’était le fruit d’un processus durable qui avait deux origines :
– une origine politique, à savoir que l’empire romain s’était étiolé et que l’écart se creusait entre l’est et l’ouest, notamment à cause de la volonté des papes d’interférer dans la politique.
– une origine théologique, notamment sur la question de la nature du Christ. Est-il 50% homme et 50% Dieu ou bien 100% homme et 100% Dieu, pour faire court. Ce que la mémoire chrétienne a aussi beaucoup gardé, c’est notamment la querelle iconoclaste, avec la division entre les deux camps avec, d’un côté, ceux qui pensaient que Dieu pouvait s’exprimer au travers des images saintes, et à contrario ceux qui pensaient que c’était un tabou (lié au 2ème commandement).

Ce serait très long de vous en expliquer le détail. Vous pouvez cliquer ici pour avoir une explication plus savante, et que nous trouvons assez équilibrée.

L’Ange de l’Eternel dans l’Ancien Testament est-Il Dieu ? ou un ange comme les autres ? (Juges 13:18; Gen 32:29; Gen 31:11-13; Exode 3:2-6; Josué 5:13-15). [Joyce]

Les anges, je n’y connais pas grand chose.
La seule chose que je sais, c’est que ce sont des messagers de Dieu. Il faut laisser tomber les angelots de la peinture du XVIIIème siècle, les taureaux ailés de Babylone, et toutes ces représentations de la culture.
L’ange, c’est le facteur. Il porte un message. L’ange est toujours Ange de l’Eternel. Car les anges sont soumis au Père. Mais la compréhension de ce que sont les anges a beaucoup évolué au fil des siècles. Entre Abraham (-1900 av. J.-C.) et Daniel (-300 av. J.-C.), les images ont beaucoup, beaucoup évolué. Et la Bible recèle de plusieurs représentations très différentes.

La Trinité résumerait Dieu à un Père, un Fils et un Esprit-Saint ? Dieu est plus grand que ça, on ne peut pas capter sa nature ; c’est dur de le diviser en trois. Jésus serait Dieu et Fils de Dieu ? [Sarah]

Oui on ne peut pas limiter Dieu dans des définitions.

Mais en même temps on a besoin d’éléments pour le comprendre.

Dire qu’il est Père est un langage pour nous exprimer qu’il est un Dieu relationnel et pas seulement un « étant ».
Dire qu’il est Fils nous dit que quand on regarde Jésus, on voit le Père.
Dire qu’il est Saint-Esprit nous explique que Dieu n’est pas seulement créateur (début), sauveur (milieu), mais qu’il est aussi actuel.

Et dire que Dieu est un et trois à la fois, c’est aussi nous dire qu’il ne faut pas rêver de comprendre parce que c’est mathématiquement impossible. Définir avec de l’incompréhensible, c’est justement dire que ça dépasse nos capacités de perception.

La Trinité est donc un langage.
Ce n’est pas une définition de l’être de Dieu.
C’est une pédagogie.

Comment parler de Dieu le Père à ceux qui ont une relation conflictuelle (conflit, absence, traumatisme…) avec leur père terrestre ? [Philippe]

Si Dieu s’est présenté à nous comme un père, c’est bien parce que la paternité était supposée être une valeur positive, faite de réassurance et de tendresse, de sécurité et de douceur, de normativité et d’amour.
Si Dieu s’est présenté à nous comme un père, il est logique que l’ennemi du Christ ait envie de nous démontrer que la paternité ne tient pas la route, qu’elle n’est que lâcheté ou violence.

Alors plutôt que de regarder la paternité de Dieu à partir de nos expériences toujours imparfaites de la paternité terrestre, la Bible ne nous appelle-t-elle pas à regarder plutôt dans l’autre sens : jeter un regard de bonté et de miséricorde sur les pères terrestres, peu capables d’incarner ici-bas cette superbe paternité d’en-haut, celle de Dieu le Père. Nous n’avons pas à juger la paternité de Dieu sur la base des paternités abîmées de ce monde, mais plutôt à regarder les pères terrestres comme étant appelés à s’inspirer de la Paternité de Dieu pour vivre leur autorité et leur amour d’une façon différente ici-bas. S’ils sont lâche, qu’ils soient inspirés à être courageux. S’ils sont absents qu’ils apprennent à se rendre présents. S’ils sont violents, qu’ils se convertissent à la tendresse.

Renversons les représentations.

Dans Luc 16,9 Jésus a dit : « Faites-vous des amis avec les richesses injustes ». Quel rapport entre richesse et les tabernacles éternels ? [Unkn]

Les richesses sont de ce monde. Les tabernacles éternels évoquent la Vie éternelle.
Toute richesse dans ce monde livré à Mammon est en quelque sorte injuste. Si nous comptions sur l’Esprit de Dieu conformément aux béatitudes, nous ne manquerions de rien, nous n’aurions pas peur de manquer et donc pas besoin d’épargner. L’argent, à part comme moyen de faire circuler la richesse, ne sert à rien. Et nous n’emporterons rien dans la tombe.

S’opposent ici la logique du monde et celle du Royaume.
Si je cherche à capitaliser l’argent de ce monde j’investis dans les espoirs vains du monde.
Si je cherche à investir sur le Royaume, je suis prêt à tout utiliser de ce monde dans le seul but de gagner les uns et les autres pour le Royaume, de les gagner pour le Salut et la vie éternelle. Il n’y a plus que ça qui compte.

En français on dit que l’argent n’a pas d’odeur, ce qui signifie, paradoxalement, par antinomie, qu’il est toujours sale.
L’argent sale ce sont les ressources utilisées pour moi de façon narcissiques.
L’argent nettoyé c’est celui qui est, même d’origine injuste, investi dans le Royaume de Dieu et sa justice.

Comment utilisons-nous nos bien ?

L’EPUdF a-t-elle donné un avis sur la célébration des anniversaires de naissance ? Quels légitimité ou bien-fondé, ou quelle réprobation, au regard des Ecritures, notamment des Evangiles ? [Jean]

L’EPUdF n’a à notre connaissance jamais traité de cette question.
Et je pense qu’il n’y a aucun argument biblique pour.
Et d’ailleurs aucun argument biblique contre.
Certains diront que l’Eglise est une famille et qu’on peut souhaiter les anniversaires en famille.
D’autres penseront que ça peut devenir l’activité principale et que ça doit rester secondaire.

Joyeux anniversaire à Jésus en cette belle année 2017 de la manifestation de sa grâce !