Pourquoi Dieu a-t-il choisi Israël comme peuple élu ? [Marianne]

« Élu » signifie « choisi ». Dieu n’a pas choisi Israël parmi tous les peuples « disponibles » ! Mais Dieu, qui avait tenté de faire alliance avec toute l’humanité qu’il avait créée, puis sauvée du Déluge, a finalement fait alliance avec un homme, Abraham, afin qu’ « en sa descendance toutes les familles de la terre soient bénies » (Genèse 12 / 3 etc., cité par Actes 3 / 25). Les descendants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob (surnommé Israël) sont donc les agents de cette bénédiction, héritiers d’une promesse faite à leurs ancêtres.

C’est à ce titre que le peuple d’Israël est le « peuple élu », c’est-à-dire choisi par Dieu pour cette mission. Celle-ci devait s’accomplir à travers la fidélité du peuple, de ses chefs et de ses membres, à la Loi que Dieu avait donnée par Moïse. Tout l’Ancien Testament montre qu’il n’en a rien été : l’infidélité d’Israël lui a été reprochée par Dieu via ses prophètes, et sanctionnée par l’Exil à Babylone. La bénédiction de toute l’humanité ne pouvait donc pas passer par l’obéissance d’Israël ; mais à travers sa désobéissance, c’est par un seul des descendants d’Abraham : Jésus, seul juste, que des gens de toute nation seront amenés vers le Père (Galates 3 / 16).

Ceci dit, la promesse de Dieu demeure : Israël (comme peuple croyant, pas comme État !) a reçu à travers la Bible tout ce qu’il lui faut pour reconnaître le Christ et adhérer à lui (Romains 9 / 3-4 et le chapitre 11). Il est et reste témoin de l’amour de Dieu pour l’humanité, amour qui a pris corps en Jésus-Christ, fils d’Israël quant à son humanité.

Pourquoi certaines personnes ne disent pas Ancien Testament mais Premier Testament ? [Céline]

Certaines personnes, ayant le souci de (re)valoriser l’Ancien Testament, considèrent l’adjectif « ancien » comme péjoratif. Leur souci peut être lié aux relents marcionites dans l’Eglise (Marcion était un homme influent de l’Eglise ancienne considéré comme hérétique pour son mépris de l’Ancien Testament : selon lui, le dieu dont il est question dans l’Ancien Testament serait un dieu mauvais, tandis que le dieu du Nouveau Testament, dieu d’amour, serait le bon), et surtout à un sentiment de responsabilité ou de culpabilité vis-à-vis de l’antisémitisme dans l’histoire de l’Eglise et des pays de culture chrétiernne.

Quelle que soit la raison invoquée pour cette appellation, sa légitimité est discutable : Jésus est bien venu faire une « nouvelle alliance » (« alliance » et « testament » sont synonymes) d’après Luc 22, 20 par exemple, et ce selon l’attente prophétique que l’on trouve dans l’Ancien Testament (Jérémie 31, 33)…. Cela suppose qu’il y a bien une ancienne alliance. La lettre aux Hébreux parle certes de « première alliance », mais la caractérise comme « ancienne » (Hébreux 8,13).

Il paraît que les noms hébreux ont toujours un sens. Que veut dire « Jésus » ? [Soso]

Les noms hébraïques sont effectivement souvent « théophores » (de theos : Dieu, et phoros : porteur). Ils portent quelque chose de Dieu, qui a rapport à Dieu.

Le nom de Jésus est Yéshouah en hébreu ; de Yah qui est le nom « propre » de Dieu comme dans le nom YHWH révélé à Moïse au Sinaï, et yasha qui veut dire sauver. Mais ce verbe-racine peut aussi se traduire par les verbes défendre, délivrer, secourir, venir à l’aide, retenir la main, protéger, élargir.

Jésus signifie donc « Dieu sauve ».
Et c’est ce bien ce que Dieu a fait en Jésus : sauver l’humanité.

Pourquoi cette complaisance des autorités du protestantisme traditionnel à laisser l’édifice se désagréger en criant « Paix- paix- paix » ? [Stéphane]

La question que vous posez est celle de la capacité des institutions ecclésiales à se réformer, c’est à dire à se conformer à ce que Christ, qui en est le chef déclaré, attend d’elle.

La thèse 92 des fameuses 95 thèses de Luther affirmait : « Qu’ils disparaissent donc tous, ces prophètes qui disent au peuple de Christ : « Paix, paix » et il n’y a pas de paix ! ». Les responsables de l’Eglise d’alors étaient accusées par le réformateur, de faire comme si tout allait bien, alors que l’église se trompait en incitant les gens à se fier aux indulgences plus qu’au Christ.

Luther cite Jérémie 6/14 ou 8/11. A l’époque de Jérémie, Dieu a averti le peuple qu’il désobéissait et qu’il allait subir une grave défaite militaire en conséquence. Les institutions de l’époque étaient accusées de faire comme si tout allait bien. Ces passages avancent deux causes à cet état de fait : la première est la recherche de leur propre profit par les responsables, la seconde est la difficulté à avoir des regrets à se repentir. Toute institution et tout responsable qui y sert n’est-il pas soumis à ces deux difficultés ? Même si nous ne voulons pas servir notre propre personne en servant dans l’Eglise, la position de responsable pousse à défendre l’institution telle qu’elle est, ainsi que ses intérêts. Il ne nous est pas facile de dire que l’institution dans laquelle nous servons ne fonctionne pas, car nous avons peur de la détruire. L’autre difficulté est la repentance. Il n’est facile à personne de remettre en question notre travail, ce que nous avons contribué à bâtir.

Que dire donc ? Qu’il n’est pas question ici d’une église ou d’une époque, mais qu’il est plutôt question du péché, qui se promène dans le coeur de l’humain.

Alors que faire ? ne pas crier « guerre, guerre » en accusant les autres, mais entrer soi-même dans un mouvement de repentance et de service de Dieu, prier avec persévérance dans la foi qu’en Jésus-Christ, le péché de l’église comme le péché de nos cœur sera un jour guéri, pardonné.

« En ces jours, en ce temps-là, dit l’Eternel, On cherchera l’iniquité d’Israël, et elle n’existera plus, Le péché de Juda, et il ne se trouvera plus; Car je pardonnerai au reste que j’aurai laissé. »

Quel est l’âge règlementaire pour avoir un premier rapport sexuel (pour ma fille) ? Qu’a-t-on le droit de faire ou non (sexuellement), en tant que chrétien ? [K]

Définir un âge idéal pour un rapport sexuel, c’est se poser une bonne question, mais je dirais c’est se la poser dans le mauvais sens.
Il faut que votre fille comprenne plutôt deux choses :
– d’abord que la sexualité n’est pas une affaire d’âge, mais plutôt de relation entre un homme et une femme. C’est pour cela que le Seigneur bénit la stabilité du couple homme-femme, en particulier dans le cadre du mariage. Parce que cela sécurise la relation. Donc ce n’est pas une affaire d’âge mais de contexte bon ou mauvais.
– ensuite parce qu’il vous faut expliquer précisément à votre fille l’enjeu, non pas moral, mais spirituel de s’unir à quelqu’un voire à plusieurs personnes successivement. Se crée un lien très fort au niveau de l’âme et de l’esprit, quand on fait « une seule chair » avec quelqu’un. Et donc elle va se retrouvée « liée » à cette personne (à ces personnes si elle essaye avec plusieurs), et ça va l’attacher spirituellement aussi à ces personnes qui ne seront pas son mari. Ce sera tout un travail de défaire ce type de liens.
– enfin, l’enjeu n’est pas « d’avoir un rapport sexuel », car si elle ou vous, vous posez la question de cette façon, ça signifie que vous ouvrez la possibilité juste de l’acte sexuel pour lui-même, avec un garçon qui lui plairait, mais qui ne sera pas nécessairement son mari à terme. On n’a pas « un rapport sexuel », on vit une sexualité dans un projet d’amour et de fidélité au long cours.

S’il vous plaît, aidez votre fille à comprendre ça pour qu’elle ne fasse pas comme bon nombre d’entre nous, plus âgés, qui regrettons que personne ne nous ait expliqué ces choses, et qui avons à les régler dans la douleur, a posteriori ; et parfois n’y arrivons même pas, nous traînant cette histoire comme un boulet.

Naître de nouveau : qu’est-ce que c’est ? Comment on procède ? [Mark]

Naître, c’est être mis au monde… par quelqu’un d’autre ! Sauf à se croire dans Matrix ou dans Kirikou, on est enfanté par quelqu’un, on ne s’enfante pas soi-même, tout comme ensuite on est élevé, on ne s’élève pas tout seul. C’est dire que le rôle principal, ce n’est pas l’homme ou la femme concerné/e qui le tient, mais c’est le Saint-Esprit. C’est lui qui nous fait naître à une nouvelle vie et qui fait de nous, par la foi, des enfants du Père, des frères et sœurs de Jésus voués à la résurrection et à la vie éternelle.

C’est bien ce que Jésus tentait d’expliquer à Nicodème dans Jean 3, notamment au début (versets 3 à 8). Cette nouvelle naissance consiste en la confiance (la foi) en Jésus crucifié, qui par sa mort nous donne la vie (cf. les versets suivants). Ainsi né de nouveau, dans une nouvelle relation avec Dieu le Père, en Jésus, par l’Esprit, je ne suis plus passible du jugement et de la condamnation (que sans cela je mérite toujours). La foi est non seulement une nouvelle qualité de vie, mais vraiment une vie nouvelle : si je suis croyant en Jésus, c’est que j’ai été changé.

Le baptême est le signe donné par Dieu de ce changement que son Esprit opère. « Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit… » Mais ce baptême n’est pas œuvre humaine : la célébration religieuse n’est pas magique et n’obtient rien à personne si Dieu n’y intervient pas ; et on ne convoque pas Dieu ! Donc impossible de « procéder » de quelque manière que ce soit pour naître de nouveau, pour naître à la foi. Tous ceux qui cherchent Dieu en font l’expérience : ils se laissent toujours surprendre… « L’esprit souffle où il veut et tu en entends le bruit, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va… » C’est lorsqu’on est saisi par lui qu’on le reconnaît, et alors on se laisse faire, et c’est bien !

Comment dépasser cette image de « ringardise » que nous colle le monde et faire de l’Evangile un sujet contemporain, audible, surtout pour les jeunes ? [Pierre]

L’expérience nous a appris que les athées, incroyants, agnostiques ont souvent raison. S’ils nous disent que l’Eglise est ringarde, c’est souvent parce que c’est… vrai.

En même temps la préoccupation pour l’apparence n’est pas le cœur, loin s’en faut, du message de l’Evangile. « Être dans le vent est une ambition de feuille morte » disait G. Thibon.

La difficulté de la réponse chrétienne actuelle est dans le fait de ne pas se fourvoyer dans plusieurs mauvaises réponses :
– soigner la forme attirerait durablement des personnes voulant suivre le Christ,
– éviter des sujets qui fâchent (sexe, argent, pouvoir) ferait de l’Evangile un message accessible,
– croire que dire la vérité blesse nécessairement les gens,
– produire un message de rébellion par rapport au système serait la quintessence du message de Jésus.

La solution qu’a choisie Jésus à son époque :
– aimer,
– parler vrai,
– marcher,
– compter d’abord sur Dieu
– prendre des risques,
– mourir pour nous.

Peut-on avoir un plan A (par exemple-relatif à la carrière) et demander à Dieu de le bénir- et assurer/mettre en place également un plan B ? (Que l’on demande également à Dieu de bénir) ? [Yem]

Je crois pouvoir plutôt vous proposer d’avoir un seul plan (appelons-le A si vous voulez) : présenter vos projets de carrière, vos désirs, votre vie toute entière à Dieu, et Lui demander de vous éclairer et de vous bénir pour avoir la force de Le suivre sur le chemin qu’il vous montra. En fait, je crois qu’avec Dieu… il n’y a pas de plan B ! Il y a le plan avec Dieu, et le plan… sans Dieu. Il me semble que l’alternative est là, seulement. Quand vous aurez placé votre vie devant Lui, laissez-le faire un peu… Il y a de fortes chances que vous voyez alors se dessiner un seul chemin devant vous, celui selon et avec Dieu. Mais si jamais il devait se présenter deux pistes (appelons-les alors A1 et A2), continuez de présenter cela à Dieu dans la prière, parlez-en à des frères et des sœurs dans la foi autour de vous…
Les choses se décanteront, soyez-en sûr.

Pouvez-vous m’expliquer pourquoi Dieu dans le Premier Testament a tué autant de personnes (+ de 3.000) par rapport au diable (10 environ) ? [Christophe]

Je peux vous dire que Dieu a fait vivre plusieurs milliards de personnes, le diable aucune !

Car le diable ne peut faire vivre personne, ni d’ailleurs de sa propre autorité faire mourir qui que ce soit. Dans le livre de Job, le satan agit avec la permission de Dieu. Car Dieu seul est celui « qui fait mourir et qui fait vivre » (1 Samuel 2 / 6) : « Voyez que c’est moi, moi seul qui suis Dieu, et qu’il n’y a point d’autres dieux près de moi ; moi je fais vivre et je fais mourir, je blesse et je guéris, et personne ne délivre de ma main. » (Deutéronome 32 / 39).

Dès lors qu’on a bien vu qu’aucun parallèle n’est possible entre Dieu et diable, le second n’étant pas une personne divine, la question se pose de ce qui fait mourir. La réponse constante de la Bible, c’est que la rupture avec Dieu équivaut à la mort et entraîne la mort. « Le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Christ Jésus notre Seigneur. » (Romains 6 / 23) La Bible chrétienne (les deux Testaments) pose donc ce nouveau faux parallèle, bien plus éclairant : tous ceux qui meurent (y compris vous et moi) le méritent, tandis que ceux qui vivent l’ont reçu en cadeau, à plus forte raison ceux qui vivront éternellement en Jésus-Christ !

Les textes que vous évoquez dans l’Ancien Testament sont des illustrations, sous forme de récits, de cette réalité. S’y ajoute l’amour de Dieu pour son peuple, un amour forcément partial : Dieu prend la défense de ceux qui lui appartiennent – et cela peut faire mal à leurs adversaires…

Je viens d’arriver dans une Église qui n’avance pas dans le sens qui me convient. Les gens ne font pas assez et pas assez bien… Que dois-je faire ? [Ursula]

Demandez-vous en premier si cette Église avance dans un sens qui convient… à Dieu ! Car chaque Église particulière est dans les mains du Seigneur, pas dans celles de ses membres ni même de ses ministres (pasteurs ou anciens). La direction que prend une Église dépend de beaucoup de choses, mais notamment de celui qui la dirige : le Christ. Il peut être utile de relire Romains 14 et 15, par exemple, adressé à une Église (que Paul n’ose pas même appeler de ce nom) qui sombre dans les divisions, chaque groupe déplorant que l’autre avance dans un sens qui ne lui convient pas.

Nous avons un autre exemple dans les Actes des Apôtres 15, où des avis très divergents sur la mission de l’Église s’expriment, puis s’articulent. Un(e) chrétien(ne) peut parfaitement – mais fraternellement – dire à ses frères et sœurs ce qu’il trouve de bien ou de pas bien dans la communauté dont il fait partie, par rapport à sa propre compréhension de la mission que Dieu a adressée à cette communauté-là. « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas. » (1 Jean 4 / 20) Dire, mais aussi écouter et comprendre, c’est l’exercice de la communion fraternelle.

Et puis, il faut bien reconnaître que, « les gens », j’en fais toujours partie. Pas vous ? Je dois donc bien me demander ce que moi, je fais dans l’Église, pour elle, pour sa mission, en fonction des dons que j’ai reçus de l’Esprit vivifiant. Est-ce que je fais assez ? Est-ce que je ne fais pas trop ? Est-ce que je ne suis pas à côté de la plaque ? Qu’est-ce que Dieu attend de moi, et en quoi puis-je être utile à mes frères et sœurs dans leur propre mission ? Rappelez-vous de Marthe et Marie (Luc 10 / 38-42), et aussi de ce que Paul écrivait en Romains 12 et 1 Corinthiens 12 sur le corps et ses membres.

Enfin, rendez grâce à Dieu parce que vous êtes de son Église, non pas à cause de ce que vous faites ou pas, mais à cause de ce que Jésus-Christ a fait pour vous comme pour moi.