La présentation d’enfant n’est-elle-pas un baptême sec ? [CR]

La question de savoir s’il faut ou non baptiser les bébés (pédobaptisme) traverse l’Eglise ; l’enjeu est plutôt qu’elle ne la divise pas. Dans une Eglise comme l’Eglise protestante unie de France, il y a les deux conceptions.

Les partisans du baptême d’adulte pensent que :
– le baptême est complet quand il y a l’annonce de la grâce, mais aussi la repentance et la confession de la foi « Jésus-Christ est le Seigneur ». Comment un bébé pourrait-il se repentir et confesser sa foi. Les pédobaptistes défendent que c’est la foi des parents qui supplée, et que le baptême serai complété, ou plutôt confirmé, quand le jeune ou moins jeune adulte confessera sa propre foi,
– afin de donner part à l’accueil d’un bébé, les partisans du baptême adulte préconisent une présentation d’enfant. Ce n’est pas la présentation au Temple comme l’a vécue Jésus, une sorte de présentation à Dieu, mais bien une présentation à l’assemblée, afin d’inclure ce petit humain dans la communauté. Vous trouverez une liturgie sur ce site,
– la transmission linéaire de génération en génération est vraisemblablement une donnée du passé. Un christianisme d’adhésion revient désormais, d’où la nécessité de présenter les enfants, les catéchiser, et les appeler à choisir librement le baptême, pour ne pas avoir des hordes de baptisés non-croyants…

Alors attention aux diatribes en Eglise. Le risque est énorme de tomber dans ces deux formulations moqueuses :
– de la part des pédobaptistes : « La présentation est un baptême sec ».
– de la part des adeptes du baptême de confessant : « Le pédobaptisme est une présentation mouillée ».
Ce serait mortifère.

Le baptême de bébés ne met-il pas l’accent sur une foi familiale plutôt que personnelle ? [Gilbert]

Le baptême des bébés prend ses racines dans une haute conception de la famille en tant que cellule communautaire placée sous le regard de Dieu. Cette vision anthropologique est attestée bibliquement dès l’Ancien Testament. Noé, seul juste trouvé sur la terre, monte avec sa famille dans l’arche ; Abraham fait circoncire sa génération avant que ce rite devienne une pratique faite sur les bébés des générations d’après, pour signifier l’alliance de Dieu avec la descendance du patriarche… Les chrétiens qui baptisent les enfants voient dans l’acte du baptême une promesse comparable : Dieu fait alliance avec son peuple. « Cette promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin… » Actes 2, 39.

Dans le Nouveau Testament, il n’y a pas de description de baptême d’enfant, mais pas de restriction explicite non plus. La question centrale sera donc la place de la repentance et de la confession de foi. Des textes bibliques semblent ouvrir la possibilité d’une confession de foi familiale : « et il fut baptisé lui et toute sa maison » (Actes 16, 33). D’autres textes semblent clairement lier le baptême à une repentance et une confession de foi individuelle (1 Pierre 3, 21).

Pour revenir aux luthériens, Martin Luther n’a jamais remis en cause la pratique du baptême des enfants parce qu’il ne voyait pas d’arguments bibliques assez certains pour bouleverser une pratique séculaire. Notons que son combat n’était pas concentré sur les signes extérieurs de la foi mais sur la foi elle-même ! De ce point de vue, il a toujours affirmé l’absolue nécessité de croire pour être sauvé et non seulement d’être baptisé… Il pensait donc qu’un enfant baptisé petit, au nom du Dieu trinitaire avec de l’eau et qui croyait une fois devenu adulte avait tout ce qu’il faut, quel que soit l’ordre…

Pour approfondir encore cette question, saviez-vous que Luther était fermement convaincu que la pratique du baptême devait se faire par immersion totale et non seulement par aspersion ?

Quelle est la réponse de Dieu face aux maladies mentales telles que la schizophrénie et l’aliénation de soi ? Comment fait-on pour entretenir sa foi lorsqu’on en vient à perdre son identité ? [Mina]

Toute vie, quelle qu’elle soit, est aimée de Dieu. Spécialement dans le regard de Jésus.

Dans le rapport à la maladie en général et à la maladie mentale aussi, donc, l’Ecriture présente une multitudes de situations allant de l’acceptation de la maladie à la guérison définitive de la maladie. Le tourment intérieur d’un Paul qu’il qualifiait « d’écharde dans la chair » a trouvé pour seule réponse : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans ta faiblesse. » (2Corinthiens 12,9). A contrario, en Marc 5, un homme gravement atteint par la démonisation, et qui aujourd’hui serait classé dans des catégories psychiatrique de « trouble dissociatif indéterminé », est délivré en quelque minutes par Jésus, de tous ses tourments (y compris de ses comportements d’auto-destruction).

Ce qu’il faut donc chercher c’est la proposition de vie que Dieu propose. Et c’est forcément au cas par cas. Nous aimerions que tous guérissent, mais ce n’est pas le cas. Les guérisons des uns doivent-elles provoquer la colère des autres ou la reconnaissance ? Chacun fait comme il peut pour y réagir.

Du point de vue du malade, je vais vivre au jour le jour, oscillant de l’espérance à la désespérance. N’est-ce pas dans ces moments, en plus de tous les accompagnements, médicaux, familiaux, amicaux, qu’il faut chercher Le compagnon suprême : « Quand je traverserais la sombre vallée de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi. » (Psaume 23,4).

Sur quels passages bibliques s’appuie l’église luthérienne pour justifier le baptême de bébé ? Comment le pasteur peut-il affirmer que le petit bébé fait désormais partie de la famille de Dieu ? [ClaudeW]

Les Églises luthériennes, réformées, anglicanes et méthodistes, tout comme l’Église catholique, baptisent les petits enfants des fidèles lorsque ceux-ci le demandent dans une démarche de foi. Elles baptisent évidemment aussi les adultes qui ne l’ont pas été. Elles ne rebaptisent pas ceux qui l’ont été dans une autre Église chrétienne.

« On doit baptiser les enfants, […] par ce Baptême, ils sont offerts à Dieu et lui deviennent agréables. » (Confession d’Augsbourg, art. 9)
« Or, quoique le Baptême soit un sacrement de foi et de pénitence, néanmoins, parce que Dieu reçoit dans son Église les petits enfants (Matthieu 19 / 14) avec leurs parents, nous disons que, par l’autorité de Jésus-Christ, les petits enfants engendrés des fidèles doivent être baptisés. » (Confession de La Rochelle, art. 35)

Elles se basent sur plusieurs textes. Tout d’abord, puisque l’Église chrétienne est le peuple de Dieu, à l’image et à la suite de l’Israël de l’Ancien Testament, il y a un parallèle avec la circoncision, qui concerne tout enfant (mâle) dans le judaïsme (Genèse 17 / 11-12). Mais surtout, dans le Nouveau Testament, il y a notamment deux textes : dans les Actes des Apôtres et la Première épître aux Corinthiens.

Actes des Apôtres 2 / 39 : « La promesse est pour vous, pour vos enfants… »
1 Corinthiens 7 / 14 : Les enfants d’un couple où l’un des parents est « saint » (= chrétien) sont saints.

Mais sans doute peut-on aussi interpréter différemment ces textes, et aujourd’hui il n’y a plus d’excommunication envers les Églises qui ne baptisent que les adultes. Mais pour les luthéro-réformés, le baptême (quel que soit l’âge du baptisé) reste d’abord une affirmation de la libre grâce de Dieu, un acte de parole de Dieu, et non d’abord une affirmation de la foi du baptisé. « Par le Baptême la grâce divine nous est offerte. » (Confession d’Augsbourg, art. 9)

L’homme a besoin d’un sens à sa vie. Pourquoi Dieu a-t-il créé l’homme ? Quel est le sens ultime de notre existence ? Quel est le projet et en quoi nous concerne-t-il, nous les terriens ? [Pierre]

Même s’il faut bien constater que parfois certaines personnes traversent la vie comme on traverse un supermarché, trouver un sens à sa vie est d’une grande aide.

La question qui se pose alors est quel est ce sens. Dans une perspective chrétienne, en lisant la Bible, on découvre un Dieu qui n’a de cesse de montrer qu’il veut la vie pour le monde. Cela passe entre autres choses par la création, notamment celle de l’homme et de la femme, par la libération du peuple hébreu de son esclavage en Egypte, par la naissance du Christ, par sa résurrection et par le don de l’Esprit saint.

Dieu choisit donc de proposer à l’Homme un projet de vie. Et le sens de sa vie est de chercher quel est concrètement ce projet de Dieu pour lui et de s’y ajuster le plus et le mieux possible.

Dieu parle ainsi dans le premier testament : « j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité, pour aimer l’Eternel, ton Dieu, pour obéir à sa voix, et pour t’attacher à lui. » Dt 30,19 et 20

En Actes des Apôtres 1-23:26 les apôtres ont prié, puis tiré au sort celui qui remplacerait Judas. Est-ce que prier puis tirer au sort est un moyen sûr de connaître la volonté de Dieu ? Merci. [G.]

La première étape a été un rappel historique, donnant le sens des événements. La seconde étape a été de comprendre comment faire ensuite, en se référant aux Écritures bibliques. La troisième étape a été de se donner des critères de sélection. La quatrième étape a été de sélectionner des candidats (2 seulement au final) correspondant aux critères.

Et finalement, c’est seulement la cinquième étape qui consista en prière et tirage au sort entre les deux seuls fidèles retenus. En fait, toutes les étapes sont importantes, et d’autres feraient bien de s’en inspirer ! Tout se passe comme si les premières étapes étaient accessibles à la raison humaine (y compris donc la référence à la Bible). C’est là où on ne sait plus comment avancer, là où deux personnes correspondent parfaitement à ce qui était attendu, qu’interviennent les deux moyens dont vous parlez (qui ne sont pas deux étapes, mais une seule) : le tirage au sort entre deux personnes que rien d’humain ne peut départager, et la prière sur cet exercice afin que ce soit bien Dieu et non pas le hasard qui décide.

Il me semblerait hasardeux d’appliquer cela comme une recette dans d’autres cas ! La Bible n’a guère eu d’affection pour « ourim et toummim », instruments sacerdotaux de divination, qu’elle n’a pas voulu taire, mais sur lesquels elle ne s’appesantit guère. Le tirage au sort ne saurait remplacer la parole de Dieu. Il s’agit ici d’un moyen de sortir d’une situation d’ex æquo… Il ne faut pas oublier que dans le livre d’Esther, c’est l’ennemi du peuple de Dieu qui utilise ce moyen de décision : les « pourim ».

C’était les quatre premières étapes qui étaient importantes (dont je n’imagine pas qu’elles aient pu se passer de la prière, même si ce n’est pas mentionné) : d’où l’on vient, où l’on doit aller selon la Bible, comment y aller, et y aller !

Comment choisir une Eglise et y rester, au milieu de toutes les Eglises protestantes, entre les tendances libérales et pharisiennes qui existent parfois au sein d’une même assemblée ? [Phanie]

Comment choisir une Eglise et y rester, au milieu de toutes les Eglises protestantes, entre les tendances libérales et pharisiennes qui existent parfois au sein d’une même assemblée ? [Phanie]

Les dénominations et différentes assemblées sont l’arc-en-ciel avec ses couleurs, qui une fois rassemblées et synthétisées, forment la lumière. Chaque couleur touche l’autre. Il y a une diversité d’Eglises pour que vous puissiez trouver un lieu où vous soyez le plus à l’aise possible. Dans certains coins de France, c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de choix.

A l’intérieur de chaque Eglise, il y a toute une diversité aussi. Parce que chacun est unique, comme tout le monde. Pas évident. Mais l’Eglise est la famille que nous recevons d’en-haut. Nous avons reçu une famille par le sang et n’avons pas choisi nos parents et nos frères et sœurs. La plupart du temps on fait tout pour les supporter. L’Eglise c’est pareil ; la part du choix est minime car on va toujours trouver une communauté qui ne nous convient pas parfaitement. Mais cette imperfection et ces tendances a cela d’utile qu’elles nous permettent de nous laisser façonner et d’apprendre à aimer ceux qu’on n’aime pas naturellement. Jésus disait : « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous? Les publicains aussi n’agissent-ils pas de même ? » (Matthieu 5,46). Nous recevons les membres de l’Eglise comme des frères et des sœurs qui sont tout aussi dignes et tout aussi indignes que nous d’avoir Dieu comme Père… Ça rend humble.

Après ça restent des critères aussi :
– est-ce que ce qui est porté par la communauté, dans la vie et le message, est bien conforme à l’Ecriture biblique et à la trajectoire de ce que Dieu a proposé ?
– est-ce que Dieu m’appelle vraiment à être dans cette assemblée au-delà de mon confort ?

J’ai un problème avec quelqu’un dans mon Eglise et je ne sais plus quoi faire pour lui expliquer qu’il se trompe [Max]

Jésus nous a montré le chemin pour traverser ce genre de difficultés en Matthieu 18/15-17. Il nous dit ici que nous avons le devoir de dire à notre frère ou à notre sœur ce qui nous apparaît comme un péché, une erreur de comportement ou une fausse idée sur Dieu et d’employer tous les moyens possibles pour qu’il le comprenne. Ainsi sont évoqués la parole individuelle, la parole de deux ou trois et la parole partagée de l’Eglise. Jésus nous dit aussi que cette juste méthode ne parvient pas toujours à faire changer l’autre…il convient alors de cesser d’insister pour considérer cette personne comme un païen ou un collecteur d’impôt : quelqu’un à traiter comme Jésus, avec amour, dans l’espérance que son comportement ou sa manière de penser évolue ce que le Saint-Esprit seul peut accomplir dans les cœurs. Cela veut dire concrètement souvent persévérer humblement dans la prière pour cette personne. Voyez en cela 1 Corinthiens 4/7.

En quoi nos talents respectifs doivent ils être exploités au nom de Dieu? Est-ce qu’ainsi je me fais plaisir ou est ce que je réponds à une mission divine ? [Béatrice]

Disons qu’il y a plusieurs catégories dans l’Ecriture pour dire ce que Dieu dépose en nous :

• Les talents, ce sont des aptitudes que Dieu a mises en nous et qu’il nous faut exploiter. La parabole dite des talents fustige celui qui a enterré et n’a pas valorisé ses biens (Matthieu 25,14-30).

• Les dons, ou charismes, sont des aptitudes temporaires, données par l’Esprit Saint pour l’utilité commune (1Corinthiens 12,7), parfois des aptitudes surnaturelles, qui permettent de faire des choses extraordinaires pour les autres et valorisent la seule gloire de Dieu : nous n’en étions pas capables par nous-mêmes.

• Les ministères sont des formes de reconnaissance et de valorisation par l’Eglise, d’aptitudes pour le service commun. L’appel doit être reçu par la personne, et par les autorités de l’Eglise. Ainsi, Dieu organise la valorisation des ressources de son Eglise (Ephésiens 4,11).

Après, tous sont appelés, à des choses communes : aimer, prier, guérir, libérer, etc. Mais chacun avons un appel particulier, parce que nous sommes uniques, comme tout le monde. Aussi il n’y a aucun mal à se faire plaisir dans le déploiement de nos talents, sinon à quoi servirait-il que Dieu les ait mis en nous. C’est juste que nous devons être vigilants à ce que nos talents ne nous conduisent pas au repli sur nous, en mode narcissique, mais qu’il nous mette, joyeux, en marche vers les autres.

Qu’est ce que le blasphème contre l’Esprit saint dont parle Jésus ? Pourquoi est-il impardonnable ? [Tototte]

Blasphémer, cela veut dire parler en mal de quelqu’un ou de quelque chose.

Le Nouveau testament dans les évangiles selon Matthieu (12, 31-32), Marc (3, 28-30) et Luc (12, 8) parle du blasphème contre l’Esprit.

Blasphémer contre l’Esprit cela revient à dire qu’il n’est pas de Dieu, qu’il n’est pas saint. Qu’il n’est pas Esprit de vie, mais esprit de mort.

Or le Nouveau testament présente l’Esprit comme venant de Dieu et de Jésus, comme Esprit de vie. Il nous permet même de dire que nous sommes enfants de Dieu. C’est-à-dire en relation proche, personnelle avec Lui. « L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » Romains 8, 16.

Donc blasphémer contre l’Esprit c’est dire qu’on n’est pas fils ou fille de Dieu. Ne pas être enfant de Dieu, être hors de sa face, de son alliance, de son amour, c’est être mort.

Blasphémer contre l’Esprit ce serait comme se tirer une balle dans le pied. Et comment être pardonné par le Dieu dans lequel on ne croît pas ?