Si nous sommes sauvés par la foi (Éphésiens 2:8) faut-il tout de même aller jusqu’à la croix (Philippiens 2:8) pour vraiment suivre Jésus ? Est-ce cela le véritable chemin de vie ? [Tiba]

S’agirait-il donc de deux chemins différents : le salut par la foi, et le chemin de la croix ? Jésus a suivi ce chemin, évidemment, le seul à l’avoir fait vraiment, parce que ce chemin est celui de notre salut, de notre communion restaurée avec Dieu au prix de sa mort qui est victoire sur la mort (la sienne et la nôtre). Personne d’autre n’étant à la fois vrai Dieu et vrai homme ne peut suivre un tel chemin, et il n’en est nul besoin. Mais nous sommes tous appelés à suivre le Christ sur son chemin à lui. C’est cela-même qui est la foi. Dans sa traduction de la Bible, Chouraqui traduisait « foi » par « adhérence », donc non pas seulement adhésion intellectuelle, croyance, mais véritablement être « collé » à Jésus, ne plus faire qu’un avec lui : « ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi » (Galates 2 / 20). C’est bien sûr l’œuvre du Saint-Esprit, et non de ma petite volonté infirme…

Entendez bien : il ne s’agit pas de se construire un chemin de pénitence et de sacrifice, comme certaines spiritualités chrétiennes ont pu le penser jadis. Mais de recevoir du « sacrifice unique et parfait » du Christ à la fois la révélation que nous sommes « morts par nos fautes » et que nous sommes vivants avec lui pour toujours. Avec lui, pas pour lui, pas vers lui, pas à condition de… C’est ce que la grâce divine accomplit en moi, c’est ça « suivre Jésus », c’est là que le salut qu’il m’a gagné opère pour moi, « par la foi ». C’est ce chemin qui me transforme (qui me « sanctifie »). Ce n’est pas un autre chemin que celui sur lequel Dieu m’a placé dans le monde (cf. Jean 17 / 15-19). Mais c’est une nouvelle manière de le parcourir, qui se manifeste par l’amour mutuel que la Parole de Dieu fait naître en nous et entre nous.

Ce chemin de foi peut être dit chemin de croix, dans la mesure où l’Esprit de Dieu me « dépouille des œuvres des ténèbres » (Romains 13 / 12), me délivre du souci de moi-même qui me tire vers le bas. Mais n’est-il pas « heureux, celui dont la transgression est remise, et dont les péchés sont pardonnés », même si c’est au prix de ce à quoi il tenait tant avant de connaître Christ ? (cf. aussi 1 Pierre 1 / 14-25)

Vivre le Carême, c’est quoi pour un protestant ? [Pierret]

Le Carême est une période de privation, de jeûne. Alors dans la bible il y a au moins deux indications intéressantes :
– « Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites, qui se rendent le visage tout défait, pour montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. Mais quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, afin de ne pas montrer aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » Matthieu 6,16-18
– Et parce que c’est plus intéressant de dire les choses de manière positive
« Voici le jeûne auquel je prends plaisir : détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens de la servitude, renvoie libres les opprimés, et que l’on rompe toute espèce de joug ; partage ton pain avec celui qui a faim, et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile ; si tu vois un homme nu, couvre-le, et ne te détourne pas de ton semblable. Alors ta lumière poindra comme l’aurore, et ta guérison germera promptement ; ta justice marchera devant toi, et la gloire de l’Éternel t’accompagnera. » Esaïe 58,6-8

Le ou les fruits de l’Esprit , quel est le bon terme ? Car visiblement il y a des discordances. [Jin]

Bonjour. Galates 5,22-24 que vous citez parle du fruit de l’Esprit au singulier, car il forme un tout, la plénitude de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ. Jésus s’est dit être le Cep (Jn 15).

Le cep ne porte pas de fruit.
Il le fait porter par le sarment.
D’où l’importance pour nous de le porter.

Rom 12,19-21 : comment savoir si quand je bénis mon ennemi, ce n’est pas dans le but d’amasser les charbons ardents ? Ne faut-il pas être sincère dans la bénédiction ? J’avoue avoir du mal à « bénir ». [CG]

Paul cite ici des versets du livre des Proverbes (25,21-22) qui soulignent que Dieu récompense celui qui aime, en actes, ses ennemis. Mais ce passage du livre des Proverbes pose des questions d’interprétation…. « Amasser des charbons ardents sur sa tête » correspondrait à un châtiment réservé aux malfaiteurs… Si cette interprétation est la bonne, cela signifierait, en gros, « quelqu’un te fait du mal ? Ne te venge pas, laisse la sanction de l’injustice à Dieu ». Mais l’image des charbons peut aussi renvoyer à un acte de repentance. Si tel était le cas, l’idée serait la suivante « fais du bien à celui qui te fait du mal, ainsi tu l’amèneras à changer d’attitude ».  Assez clairement, Paul, dans le passage que vous citez, semble utiliser la première interprétation, mais la deuxième interprétation peut aussi être présente.

Je crois qu’il serait effectivement un peu pervers de bénir dans le but de punir… Mais faire du bien, dire du bien, prier pour ses ennemis, c’est faire sa part de bien, et laisser à Dieu le « soin » de sanctionner le mal. Une telle invitation demande beaucoup de confiance dans la justice de Dieu, et est clairement un appel à une forme de folie (aux yeux du monde) de la foi.

Aimer ceux qui nous font du mal est difficile, mais Dieu aime, en actes, les Hommes (et donc nous-mêmes) malgré leurs imperfections (Matthieu 5,45-46).
Ne l’oublions pas !

J’ai du mal avec l’idée qu’en se repentant à la fin de sa vie, on puisse être pardonné. Avec Hitler, par exemple ? S’il avait regretté sincèrement, Dieu l’aurait pardonné? Ca ne répare pas les torts ! [Claire]

Si Hitler s’était repenti en pleurant sur ses crimes et en criant à Jésus, je lui aurais prêché la certitude du salut et la vie éternelle aussi sûrement qu’à moi-même. Mais à ce que j’en sais, il est mort comme il a vécu…

Hitler est le cas extrême qui nous fait tous passer pour des gentils… Le pardon d’Hitler nous semble avoir quelque chose de tellement scandaleux qu’on en trouve presque le nôtre normal et évident. Attention aux ruses de l’ennemi ! Si nous étions si propres, qu’avions nous besoin du sang du Christ pour être purifiés ? Ce n’est pas Hitler l’étalon de la justice, c’est Jésus de Nazareth ! « Il n’y a point de juste, pas même un seul » (Romains 3, 10). Le plus gros scandale de l’histoire de la création, c’est la condamnation de Jésus à Golgotha ! Dieu est le seul qui a supporté de sa propre personne le salut des méchants… Au lieu de regarder à Hitler, regardons à Jésus et méditons ce que méritent nos pensées, nos actes ou au contraires nos inactions… Aussi choquant que cela paraisse, je pense que notre nature charnelle a plus en commun avec Hitler qu’avec Jésus-Christ ! Si nous sommes honnêtes avec nous, nous comprenons intimement que le salut est une pure grâce imméritée, pour nous aussi…

La gloire de Dieu se manifeste justement quand les méchants pleurent sur eux-mêmes. Si des dictateurs, même en fin de règne, peuvent se convertir et être encore sauvés de justesse, c’est un jour de joie dans le ciel et sur la terre ! C’est même certainement avec ce genre de conversions que le royaume avance le plus… Tant que nous n’arrivons pas à en faire pour nous un sujet de joie, c’est que nous n’avons pas bien compris de quelle horreur et à quel prix Dieu nous avait Lui-même sauvé. Gloire à Lui seul ! 

N’y a-t-il pas d’autre choix que le mariage pour légitimer un couple devant Dieu ? Qu’en est-il pour les jeunes qui ne peuvent le faire tout de suite, à cause de leur situation financière par exemple ? [Manu]

Je suis toujours très surpris de cette démarche consistant à vouloir « légitimer un couple devant Dieu ». Qui d’entre nous chercherait à légitimer de même tout ce qu’il vit ? On tomberait alors dans ce que Jésus reprochait aux Pharisiens : cette absence de liberté, cette volonté d’être « purs » en toute occasion, comme si Dieu était une instance répressive et non pas un Père plein d’amour, y compris lorsque ses enfants ne le méritent guère. Mais justement, l’amour ne se mérite pas, il se reçoit.

Il en est de même dans un couple : l’amour se reçoit. Le mariage monogame hétérosexuel en est la forme juridique ordinaire, la seule correspondant pleinement à ce que la Bible suggère, parfois implicitement, à propos d’un tel amour, à savoir le don de soi à l’autre dans la fidélité, la durée et la responsabilité, engagement public faisant du couple une unité sociale.

Quelle sorte de « situation financière » pourrait empêcher ou retarder un tel mariage ? Et qu’est-ce qui pourrait le remplacer aux yeux de Dieu comme à ceux des conjoints ou de la société ? Mais bien sûr, c’est à chaque couple de voir ce qui est le mieux par rapport à sa propre conception de son mariage, et il est certain que l’aspect festif (et donc coûteux financièrement) de l’occasion contribue à sa reconnaissance sociale. Dieu ne cherche pas à légitimer un couple, mais à ce que celui-ci, se présentant librement à lui, puisse être heureux et témoigner de son amour gratuit. La célébration publique de son union est aussi un signe de la confiance accordée à Dieu, quelle que soit la situation financière du couple.

Peut-on vivre avec un non-chrétien ? Le couple peut il être sanctifié par un des deux partenaires ? [Pauline]

Concernant les questions conjugales, notre époque diverge profondément des enseignements bibliques. Mais si la vision moderne du mariage avait rendu les couples heureux, on serait au courant, non ? Comment un don de Dieu est-il devenu une usine à malheur ? C’est assez sage de penser ces questions avec Dieu au moins autant qu’avec ses copines…

Interrogé sur ces sujets (1 Corinthiens 7 en particulier), Paul évoque des situations différentes pour le couple déjà marié et pour le chrétien qui ne l’est pas encore. Il fait aussi la différences entre des réponses certaines venant du Seigneur et des réponses personnelles inspirées. Ses convictions reposent entre autres sur : 1° une conception du couple comme don de Dieu (à faire fructifier pour Sa gloire et non seulement à consommer pour son plaisir) ; 2° une conception de l’amour où la décision prévaut sur le sentiment (d’où découlent ses convictions sur le pardon, la persévérance dans la relation…).

Dans le cas d’un mariage déjà acté avec un non-chrétien, Paul répond avec plein d’espérance. Oui, il est nécessaire de persévérer dans cette relation aussi longtemps que le partenaire non-chrétien souhaite rester (dans la fidélité bien sûr !). Cette relation ne peut être que bénéfique spirituellement pour le non-chrétien et Dieu reconnaît et assiste ce mariage légitime.

Dans le cas d’un couple à venir, Paul évoque comme une évidence que ce couple doit être « dans le Seigneur ». Par exemple, il évoque le remariage des veuves en disant : « elle est libre de se remarier avec qui elle veut, à condition, bien entendu, que ce soit avec un chrétien » (1 Co 7, 39). Cette affirmation peut sembler dure à notre mentalité romantique et sentimentale, mais le mariage est à la fois plus compliqué encore que cette réponse et mille fois plus beau qu’un coup de foudre passionné mais éphémère… Que le Seigneur vous comble selon son projet !

Je ne fais que donner des sommes modiques pendant la quête, or je gagne très correctement ma vie. Je sais que c’est ingrat vis-à-vis de dieu. Que me conseillez vous ? Quelle serait la juste part ? [M.]

La question du don n’est pas facile à traiter dans une société comme la nôtre. Ainsi, alors que nous sommes sans cesse invités à nous poser en consommateurs de toutes sortes de choses et de services, Jésus nous appelle à engager à sa suite toute notre vie, ce qui inclut notre vie financière.

Pourquoi donner ?
Parce que Jésus nous appelle à faire des disciples et que l’église a besoin de nous, finances comprises pour accomplir sa mission (Matthieu 28/16-20)
Parce que nous savons que tout nous vient de Dieu, notre argent et notre salut en Jésus-Christ. Le don est ainsi lié à notre reconnaissance pour ce que Dieu donne et nous invite à partager (voir 2 Corinthiens 8/7-15).
Parce que nous mettons notre confiance en Dieu plus qu’en notre argent et que nous décidons de faire un pas de confiance. (Matthieu 6/25-33)

Combien donner ?
La question de la somme est à traiter honnêtement, devant Dieu, dans la prière, sans légalisme. La Bible nous offre quelques jalons en nous parlant de la « dîme » (10 pour cent des revenus). Lévitique 27 : 30-32 ; Deutéronome 14 : 22-29 et 26 : 12-14 ; Matthieu 23 : 23 ; Hébreux 7 : 1-10

Puisse le Seigneur continuer de conduire vos réflexions sur cette question !

La médecine (notamment la psychiatrie) obtient des résultats notables avec l’hypnose thérapeutique. Des réserves sur cette pratique très encadrée, sans rapport avec l’hypnose de spectacle ou de manipulation ? [Mia]

Pour avoir étudié le sujet avec un psychiatre et un neuro-biologiste que je connais, le sujet est moins binaire que ce que vous sous-entendez. D’une part l’hypnose thérapeutique n’est pas si encadrée que cela pour l’instant, bien que tout évolue assez vite en ce moment. Les pratiques sont très différentes entre la France et la Suisse par exemple.

L’hypnose est un phénomène que Dieu a installé dans l’humain. Ainsi nous avons une capacité à l’auto-hypnose, quand nous nous « déconnectons » dans une réunion ennuyeuse par exemple. La mobilisation de notre prénom ou une insistance des autres personnes nous fait sortir de cet état. Comme toute chose créée par Dieu, c’est l’usage qu’on en fait qui peut déraper vers du mauvais.

Dans toutes les sortes d’hypnoses la question est multiple :
– quelle est l’intention profonde et la motivation du thérapeute et du soigné ? S’il y a des jeux de transferts et d’influence, cela fausse le rapport. Si c’est juste mobiliser le cerveau dans ce qui ressemble à un état de conscience modifié, pourquoi pas, si c’est bien cadré.
– le thérapeute est-il sain au niveau psychique et spirituel ? Le cas échéant, si cette personne a été praticienne de l’occultisme ou d’autres phénomènes paranormaux, elle peut devenir contaminante au niveau spirituel, comme dans toute interaction où l’on « donne des droits » à quelqu’un sur sa psychè, son système neurologique, son âme, son esprit.

Maintenant, nous pourrions nous questionner sur l’effet étrange de l’ouverture à d’autres façons de soigner : beaucoup de pratiques sont indistinctement amenées, sans discernement. En tant que chrétiens, nous devons réfléchir à qui et à quoi nous nous soumettons.

Juste quelques mots sur Matthieu 5:38-48 (aimez vos ennemis, tendez l’autre joue etc …) ? Qu’est-ce que çà vous inspire ? 1 ou 2 exemples concrets ? [JMR]

Ce passage me dit que Dieu, en Jésus est venu réconcilier les hommes avec Dieu et les hommes entre eux. Nous sommes invités à entrer dans son sillage en refusant de perpétuer le cycle de la violence et en désirant pour l’autre la réconciliation que Dieu est venue apporter aux humains. Des exemples ? Ma collègue a manœuvré pour que je perde mon travail, parce qu’elle ne m’appréciait pas…au lieu de la traiter de méchante et de l’enfermer dans ce rôle, je décide de faire l’effort de prier pour que Dieu la touche et la conduise. Quelqu’un que je voulais aider a profité de mon aide pour me voler un objet auquel je tenais…au lieu de le détester, de chercher vengeance et de décider que je n’aiderais plus personne, je cherche la meilleure solution pour lui même si cela me coûte, en espérant qu’il se repentira et je continue d’offrir mon aide à ceux qui me le demanderont…Ces exemples fictifs, bien quotidiens et assez anodins, ne sont rien comparés aux témoignages de ceux qui se sont laissé emprisonner maltraiter et même tuer au nom de leur foi chrétienne. Nous en trouvons quelques témoignages dans le livre des Actes, comme dans l’histoire de l’Eglise…Le film qui s’appelle « Mission » traite assez bien, je pense, de ce sujet…