Peut-on se dire protestant si l’on considère le Christ comme un homme d’une sagesse exceptionnelle, véritablement en lien direct avec Dieu, sans pour autant le considérer comme « divin » ? [Jacques]

A-t-on besoin d’une étiquette pour se (faire) reconnaître ? La réponse est non. Les pensées sont libres…

Mais si on y tient pourtant, alors il faut considérer le sens des mots. Furent « protestants » les princes et villes de l’Empire qui, en 1529, protestèrent de leur foi chrétienne devant le parlement impérial. Sont donc protestants ceux qui, comme eux, arguent de leur foi chrétienne, telle que la Confession d’Augsbourg la définira fort classiquement l’année suivante, et depuis toutes les autres confessions de foi de la Réforme. C’est à savoir que Dieu est un en trois personnes, que Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, « mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification ».

Pour le dire de manière différente, se reconnaîtront comme protestants ceux qui confessent l’autorité souveraine des Saintes Écritures pour la foi et pour la vie (lesquelles confessent justement que Jésus est « Fils de Dieu »), et que l’être humain est « sauvé par grâce, par la foi en Jésus-Christ ». On peut bien sûr le dire avec d’autres mots que ceux-ci (encore que moi, je ne sache pas le faire)… Mais cette confession de foi, ecclésiale et personnelle, est intimement liée à la définition du protestantisme.

Il est vrai que certaines personnes se disent protestantes sans cette définition religieuse, par attachement culturel ou sociologique, ou en pensant que le protestantisme est un ensemble de « valeurs », un christianisme libéral, sans dogmes, sans hiérarchies, sans Écritures. Bien. Je n’en suis pas…

Pourquoi Dieu semble avoir le peuple d’Israël comme petit chouchou ? [Léa]

Parce que Dieu est amoureux !

La Bible nous dit d’abord que le projet de Dieu est la bénédiction de « toutes les familles de la terre ». Après le refus répété de l’humanité de recevoir et de vivre d’un tel amour, « Dieu a choisi Israël pour fils » afin qu’à travers l’obéissance de ce peuple, tout le monde puisse reconnaître dans le Dieu d’Israël le vrai Dieu unique et bon pour tous. Cela a abouti au « seul juste », Jésus-Christ, en qui les paroles prononcées sur Israël ont été accomplies. C’est en lui, et non en un peuple particulier, que le salut est offert à tous « sans les œuvres de la Loi ».

Par ailleurs, l’amour implique de choisir. On n’est pas amoureux de tous les gens, mais d’un(e) en particulier. Pour dire l’amour de Dieu qui n’est pas théorique mais réel, la Bible utilise ces images-là, qui supposent donc un amoureux partial, jaloux, protecteur, qui ne se satisfait pas des infidélités de son peuple, mais lui renouvelle pourtant sans cesse son amour exigeant. Ainsi m’aime-t-il moi aussi…

Comment doser ce qui est humain et ce qui est divin dans la Bible ? [Etienne]

Malheureusement il est difficile de dire quelle est la part de l’humain et quelle est la part du divin, même si on part du principe que le texte est inspiré. C’est la rencontre de l’humain et du divin qui produit le texte biblique.

C’est pour cela que nous soulignons souvent que le texte arrive dans un contexte culturel précis. Il n’est pas non plus seulement le produit d’une culture puisqu’il vient contredire parfois des impératifs de la culture dans laquelle il a été produit.

C’est aussi une question de foi. La spiritualité de Jésus n’est pas seulement un rationalisme ou une sagesse philosophique où tout est établi, presque scientifiquement. Au-delà de l’étude de la Bible, au-delà de la compréhension de l’histoire, au-delà de l’intelligence du texte, il y du « tout-autre » qui vient nous étonner et nous émerveiller. Seule la foi peut faire dire à l’un ou à l’autre que ce lieu est le lieu de Dieu, et que le texte, mélangeant le divin et l’humain par le processus de l’inspiration, est bien un texte qui « fait foi ».

Pourquoi appeller Dieu « Dieu » ? [Anne]

Le mot « Dieu » du latin, « Deus », qui veut dire dieu, sans majuscule, un dieu. Parmi d’autres. Et ce mot latin vient lui même d’une racine indo-européenne qui est « DEI », et qui veut dire « briller ». On retrouve ce mot dans de nombreuses langues : THEOS en grec, ZEUS aussi, et c’est cette même racine qui a donné le mot DIURNE en français (qui a rapport avec la lumière du jour).

Dieu serait donc celui qui est lumière. D’ailleurs Jésus a dit : « Je suis la lumière du monde » (Jean 9:5) ou « Je suis venu comme une lumière dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres » (Jean 12:46). A l’inverse, ça ne veut pas dire que la lumière soit Dieu, ou que le soleil serait une divinité ! 🙂
A ne pas oublier à Noël où, maladroitement ou pas, chacun en jugera, on a plaqué la naissance de Jésus, le Soleil de Justice, sur une date qui célébrait le Dieu soleil proche-oriental, Mythra. D’où les problèmes de confusions sur le sens de Noël.

J’aurais bien envie de lire la Bible mais on m’a dit qu’il ne fallait surtout pas commencer par le début… Ca veut dire quoi ? [Saïd]

Je trouve que c’est exagéré de dire « surtout ne pas commencer par le début »… Ca dépend d’où vous en êtes avec Dieu, de votre arrière-plan. C’est vrai que même si les deux premiers chapitres de la Bible sont très positifs et réjouissants, l’histoire se gâte rapidement par la suite… bien que le début de la Bible est riche d’enseignements et d’interpellations, il peut paraître un peu démoralisant de commencer par là.
Commencer par un des évangiles (Evangile= « bonne nouvelle »), qui parlent de Jésus (qui est finalement la clé de toute la Bible), est peut-être plus enthousiasmant pour une première approche !