J’ai entendu un pasteur dire que Marthe et Marie (Lazare) étaient déjà ressuscitées ? Qu’a priori nous aussi ! Pouvez-vous m’expliquer ce qu’il a voulu dire ? [Aline]

Dire que Marthe et Marie étaient déjà ressuscitées ? J’imagine que dans le fil de son message, le pasteur qui prêchait sur Jean 11 a voulu insister sur la centralité de la Résurrection dans l’Evangile de Jean. Et le chapitre 11 étant le chapitre central de l’évangile, il est clair que Lazare y ressuscite, Jésus y est dévoilé comme celui qui peut dire « Je suis la résurrection et la vie ». Symboliquement, on peut aussi dire que Marthe et Marie sont ramenées vers la vie, alors qu’elles étaient rentrées dans le deuil et la morbidité liée à la mort récente de leur frère. Donc j’imagine que le pasteur a voulu insister sur la construction littéraire de Jean 11 qui nous incite à voir une résurrection qui « relève » tout le monde.

Maintenant… Marthe et Marie sont mortes quelques années après. Et Lazare aussi !
Seul Jésus, premier-né d’entre les morts, est déjà ressuscité aujourd’hui.

Pensez-vous que Matthieu 24 parle de la destruction du temple en l’an 70 de notre ère ou de ce qui doit encore arriver? [Daniel]

La difficulté de Matthieu 24 est que la prophétie de Jésus semble associer la destruction du temple de Jérusalem (qui semble depuis avoir eu lieu) et le retour du Christ (qui semble ne pas avoir eu lieu).

Or Jésus répond à deux questions des disciples (24,3) : quand le temple qu’ils voient sera-t-il démoli ? Et quel signe annoncera la venue de Jésus et la fin des ères ?

Jésus prévient ses disciples d’éventuels égarements, disant que la bonne nouvelle sera prêchée dans le monde entier avant que ne vienne la fin (24, 4-14).

Puis il revient à l’épisode de destruction du temple, que les disciples verront (cela aura lieu dans « cette génération », voir 24,34), pour les prévenir qu’ils ne doivent pas croire les faux messies, puisque le retour du Christ vrai Messie sera un évènement frappant et évident (24,27), dont personne ne connait la date, même pas le Fils (24,36).

La difficulté principale de ce passage, laissant pensant que les deux évènements se suivront immédiatement, se trouve dans la traduction de la formule grecque « eutheos de meta » en 24,29, souvent traduit « aussitôt », ou « immédiatement après ».

Or dans certains contexte, eutheos renvoie bien à l’idée d’immédiateté, mais dans d’autres contextes, il renvoie à l’idée d’une succession dans le temps, qu’on peut traduire par « par la suite ».

Eutheos est également utilisée en Jean 6,21. Si eutheos signifiait « immédiatement », alors cela signifierait que la barque aurait accosté miraculeusement immédiatement sur l’autre rive, la barque étant au milieu du lac quand les disciples voient Jésus marchant sur l’eau (Jean 6,19). Or un tel bond de la barque sur les eaux du lac n’est pas décrit dans les récits de Marc 6 et Matthieu 14 de la traversée du lac.

Ainsi, en Matthieu 24,29, la traduction « par la suite, mais après » plutôt que « immédiatement après » colle mieux au contexte de Matthieu 24 où Jésus décrit l’enchainement de deux événements dont il souligne qu’il faut les dissocier dans le temps, ce pour encourager ses disciples à veiller avec patience et à rester ferme dans la foi.

Clairement, c’est la destruction du temple de Jérusalem reconstruit par Hérode que Jésus prophétise ici (reprenant la prophétie de Daniel 9,27), d’où la note du narrateur au verset 15 « que le lecteur comprenne ». Prophétie accomplie avec la profanation du temple de Jérusalem par l’occupant romain en 70.

En tant que chrétien- j’ai peur de Dieu quand je lis Matthieu 25.31-46- c’est à dire d’être un mauvais serviteur sans m’en rendre compte- ce qui sera révélé au jugement. Que faire ? [Christophe]

Votre angoisse était celle de Luther avant la Réforme. Celui-ci en est libéré par la Bonne Nouvelle qui nous est transmise par la Bible. En Jésus-Christ, liés à lui par la foi, nous sommes acquittés par Dieu qui ne regarde pas à notre péché, mais à la justice de Christ.

En effet, la Bible dit :
Romains 8/1 : « Il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. » Jean 5/25 : « En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement; mais il est passe de la mort à la vie. » Voir aussi, Éphésiens 2/1-8, Romains 8 etc…

Forts de le certitude de notre salut dans la foi, nous devons néanmoins considérer les appels que Dieu nous adresse dans la Bible (la loi) avec sérieux. Ils nous disent notre péché et nous permettent d’apprendre à compter toujours plus sur lui, en lui demandant pardon et aide.La loi nous indique une voie sur laquelle, reconnaissants pour ce que Dieu a accompli pour nous en Christ, il est bon de marcher.

N’angoissez donc pas quant à ce que vous n’avez pas fait ou ce que vous avez fait. Demandez plutôt à Dieu de vous montrer ce qu’il vous appelle à changer dans votre vie, demandez lui pardon et tâchez de compter sur lui pour vous donnez de le servir toujours mieux dans l’écoute et l’obéissance à sa Parole vivifiée par l’Esprit.

« La tristesse selon Dieu produit une repentance à salut dont on ne se repent jamais, tandis que la tristesse du monde produit la mort. » 1 Corinthiens 7/10

Qu’est-ce qu’un « mauvais esprit envoyé par Dieu » (1Sam 16:14) ? [Laura]

Avez-vous remarqué qu’avant que Jésus n’arrive, aucun esprit mauvais n’est chassé ?
L’esprit mauvais dans l’histoire que vous évoquez est juste calmé par la harpe de David. Et à part l’esprit mauvais (venant aussi de l’Eternel) qui était en Pharaon, on n’en parle pas beaucoup, des démons…
Tout simplement parce que seuls le nom et la présence de Jésus les fait trembler et décamper. Il est le seul à avoir la victoire sur eux.
C’est une nouveauté du Nouveau Testament dont on prend peu la mesure !
Dans les mille pages du Premier Testament, il n’y a pour ainsi dire aucune conscience de l’existence de ces puissances mauvaises, on les appelle plutôt les dieux, ou faux dieux, etc.

Dans ce récit, dire « un esprit mauvais envoyé par Dieu » évoque le fait qu’il y a une souveraineté de Dieu, et que sa loi fait que, normalement, le croyant devrait être indemne de toute forme de démonisation. Pourtant, dans sa justice, l’Eternel autorise Satan à « embêter » les humains (voir l’histoire de Job). C’est souvent à la mesure de leur iniquité. Par cette expression, en disant que l’esprit mauvais est envoyé par Dieu, il est affirmé qu’il n’est pas injuste que Saül soit embêté par cet esprit. Comme Paul avec son « écharde » qui lui valut pour réponse : « Ma grâce te suffit » (1 Corinthiens 12,9).

Comment concilier « aucune condamnation en Jésus-Christ » et les condamnations des paraboles : vierges folles- mauvais serviteur- etc . Et Matt.7.23 ? [Midosi]

Romains 8 commence ainsi : « Il n’y a plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » et poursuit par « car la loi de l’Esprit qui nous donne la vie en Jésus-Christ t’a libéré du péché et de la mort ». Ainsi, être en Jésus-Christ, ce n’est pas seulement dire qu’on l’est, comme en Matthieu 7/23. C’est bien plutôt accueillir sans cesse et à nouveau l’action transformatrice de Dieu, par le Saint-Esprit, ce qui va peu à peu modifier notre manière de penser et d’agir. Les paraboles que vous désignez parle de la manière dont nous pouvons tenter de nous soustraire à ce que Dieu veut accomplir en nous. Or, si nous ne laissons alors pas Dieu faire de nous des chrétiens, nous ne le sommes  par vraiment. Voir en cela aussi Matthieu 25/31-46 qui suit justement les paraboles que vous avez désignées ici.

Dans certaines Bibles, Joël 2,28-32 est numéroté 3,1-5. Quelqu’un pour éclairer ma lanterne ? [Joëlle]

Le découpage des textes bibliques en chapitres et en versets -qui est particulièrement pratique pour nous repérer- n’était pas prévu lors de la rédaction de ces textes : Ce découpage a eu lieu entre les XIII° et XVI° siècles !

A cette époque-là déjà, plusieurs éditions de la Bible étaient répandues.

Pour nombre d’historiens et théologiens ce sont les principales raisons de ce découpage actuel différent : les Bibles s’inspirant plutôt de la Vulgate latine auraient trois chapitres (avec 32 versets pour le chapitre 2) et celles s’inspirant plutôt de la Bible hébraïque auraient quatre chapitres (avec 27 versets pour le chapitre 2 et 5 versets pour le chapitre 3).
Pourtant cette argumentation ne fait pourtant pas l’unanimité parmi les intellectuels.

Alors: A trois ou quatre chapitres, ce qui importe c’est le message délivré par le prophète Joël et notamment la promesse de l’effusion d’esprit, proclamée à nouveau par Pierre.

Que penser des coloriages chrétiens, finalement inspirés des techniques de mandala ? [Anonym]

A la différence de ce que nous vivons en Occident, la séparation entre le sacré et le profane, le spirituel et le culturel est très floue en Orient. Dès qu’il s’intéresse à une pratique ou à une pensée orientale, le chrétien occidental est donc appelé à la vigilance.

Les mandalas bouddhistes sont faits pour méditer en lien avec une divinité, pour aider à la procuration de certaines émotions, comme peuvent le faire un chant, une position du corps ou la décoration d’un lieu de rassemblement. D’ailleurs, le rôle de certaines décorations (telles que les rosaces) d’églises catholiques ressemble fort à celui des mandalas pour les bouddhistes. Si un coloriage est fait dans le but d’aider à la relation avec le Dieu unique adoré par les chrétiens, cela peut être un support comme un autre à la spiritualité chrétienne.

Toutefois, je crois que l’on peut sérieusement s’interroger sur une certaine fascination des chrétiens occidentaux pour des pratiques orientales, et plus généralement liées au mouvement New Age. Est-ce qu’il y a une carence dans les pratiques des églises occidentales pour accompagner à la croissance en Christ ? Ou bien cet attrait est-il (au moins potentiellement) idolâtre ?

Quelle est cette crainte dont parle Paul dans Romains 8-15 ? Est-ce la même que dans le Psaume 111-10 ? La bonne crainte découle-t-elle de cet esprit d’adoption ? [Chris

Dans l’Antiquité, voir ou entendre Dieu est à la fois un émerveillement et une frayeur : la crainte dont il est question dans tout l’Ancien Testament est de cet ordre. Par exemple lorsque Jacob lutte avec Dieu (Genèse 32), il commence par s’étonner de ne pas être mort dans ce face-à-face. C’est aussi pour cela que si souvent Dieu s’adresse à son interlocuteur en lui disant « n’aie pas peur »… Et l’on retrouve aussi cette attitude dans les évangiles lorsque les disciples prennent conscience qu’ils sont face à un mystère qui les dépasse (par exemple Marc 10,32). On peut comprendre cette notion de crainte comme étant la distance qui sépare Dieu et l’humain, distance qui signifie aussi bien le respect, la différence, le mystère insondable, la peur…

C’est en s ‘appuyant sur cette compréhension que Paul déclare que le changement radical opéré en Christ est la réduction de cette distance. Grâce au Christ nous n’avons plus peur de Dieu. Comme vous le dites, effectivement « l’esprit d’adoption » reçu dans la foi n’abolit ni le mystère, ni le respect, ni la différence… Mais bannit la peur.

Pour que Jésus soit de la branche de David ne fallait-il pas que Joseph soit son VRAI père ? [Guillaume

Tout est dans les majuscules que vous utilisez pour écrire VRAI père : c’est quoi au juste un « vrai » père ? Est-ce celui qui transmet son patrimoine génétique, ou celui qui élève et aime un enfant ? Concernant Jésus, peut-on vraiment mettre Dieu et Joseph sur le même plan ???

Il me semble que quelles que soient les réponses que nous pouvons apporter à ces questions sur la paternité, Jésus est de toute façon doublement de la lignée de David : par sa filiation divine, sur un plan spirituel, il est choisi pour accomplir le projet de Dieu pour l’humanité, comme David l’avait été en son temps; par sa filiation humaine à travers Joseph, il est héritier de la foi et de l’espérance davidique qui se sont transmises à travers les générations.

Et parce qu’il est le Christ, il nous fait participer à cette filiation ! 😉

Quelqu’un m’a blessée dans l’Eglise – et j’ai pardonné. Cependant, j’éprouve toujours un grand malaise avec cette personne. Du coup, ai-je vraiment pardonné ? [Isabelle]

L’expérience se charge bien souvent de nous montrer que le pardon n’est pas à notre portée et que nous avons décidément vraiment besoin de la grâce que le Seigneur donne, par son Saint-Esprit.

Alors qu’il nous est donné, de voir que nous devons pardonner, puis de décider de pardonner, puis d’être libéré de la rancœur qui nous pesait tant, nous devons encore, après cela, continuer à nous ouvrir à l’oeuvre que le Seigneur veut accomplir en nous en lui demandant patiemment de restaurer nos relations avec la soeur ou le frère qui nous a blessé. Nous devrons alors, encore, lui faire confiance, et nous laisser conduire. Parfois, une rupture nécessaire advient, parfois, la confiance est rétablie…

Puisse le Seigneur vous éclairer et vous donner joie et paix !