Comment faire une prière efficace dans le nom de Jésus pour qu’un proche qui n’a pas vraiment la foi puisse être touché puissamment par Sa grâce et trouver le Salut ? [Tiba]

Toute prière faite dans le Nom de Jésus est efficace. Mais qu’est-ce que ça veut dire, « efficace », et qu’est-ce que ça veut dire, « dans le Nom de Jésus » ?

La seconde question est la plus importante. Prier dans le Nom de Jésus, ce n’est pas prier « en son nom » au sens courant du terme, comme s’il suffisait de dire « au nom de Jésus » à la fin d’une prière pour que « ça marche ». La relation avec Dieu n’est pas de l’ordre de la magie ! Il s’agit plutôt de se tenir en Jésus, d’être tellement uni à lui dans la prière que c’est lui qui prie pour nous, comme Paul le dit de l’Esprit qui « intercède par des soupirs inexprimables » (Romains 8). Être uni au Christ crucifié, comme Paul encore écrit que « ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi »… Prier dans le Nom de Jésus, c’est aussi prier en Église qui est son Corps : « là où deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis au milieu d’eux »…

La prière sera-t-elle alors « efficace » ? Elle le sera si j’en sors transformé. Moi ? Oui, le sujet n’est pas celui pour la conversion de qui je prie (et auprès de qui je ne peux que témoigner de ce que Christ est ma vie et veut être la sienne). Le sujet, c’est moi qui prie. Dans la prière, c’est moi qui suis devant Dieu, c’est moi qui suis écrasé par sa majesté et redressé par son amour. C’est moi qui, en Christ, peux dire « mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » et terminer en reconnaissant que « tu m’as répondu » (Psaume 22).

On dit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal qu’il est la métaphore du libre-arbitre. N’est-il pas plutôt la métaphore d’un « Tu ne chercheras pas à savoir ! » et une diabolisation du doute ? [Anna]

Les textes de la Bible nous sont offerts pour chercher toujours la volonté de Dieu. Réduire le sens d’un passage à une interprétation unique serait vain, mais vous le savez puisque votre question évoque déjà plusieurs options interprétatives.

Je vous propose de voir simplement dans cet arbre l’image de quelque chose dont on veut se saisir (tenir son fruit), comme quelque chose qui va nous nourrir. Nous avons un profond désir de connaître ce qui est bien et ce qui est mal.
Mais l’interdit que Dieu avait posé sur la consommation de ce fruit pourrait exprimer tout simplement notre incapacité ultime à savoir ce qui est bien et ce qui est mal, puisque, comme le suggère Paul, nous faisons le mal que nous ne voulons pas faire et ne faisons pas le bien que nous voudrions faire.
Cet arbre, c’est une limite à notre toute-puissance, car Dieu seul est tout-puissant.
En Eden, tout était permis, un seul interdit.
Depuis cette transgression, des tas d’interdits et une quête passionnelle et obsédante de compréhension et de maîtrise. Et ce fruit ne nous laissera aucune satiété. Seule la présence de Dieu, le fait de rester dans l’alliance avec Dieu, comme Jésus, permet d’être satisfaits.

Quel est le sens de la vie, selon vous ? (question peu originale, mais finalement essentielle, non ?) [Nath]

Le sens de la vie c’est de gauche à droite.
Parce que la vie est quelque chose qu’il faut lire.

Le sens de la vie c’est du début à la fin.
Parce que le temps de Dieu va du premier jour de la Genèse au dernier jour du Jugement.

Le sens de la vie c’est de la mort à la vie.
Même si pour les non-chrétiens c’est le contraire.

Le sens de la vie c’est du non-sens vers le sens.
Parce que Dieu nous fait grâce de donner du sens à nos vies.

Le sens de la vie, c’est que la vie fasse sens.
De plus en plus.
Par Christ

Pourquoi dit-on « Il vaut mieux s’adresser à Dieu qu’à ses saints » ? Est-ce une référence biblique ? [Stéphane]

Dans la tradition catholique on ne prie pas toujours que Dieu, et il arrive qu’on demande des choses à des Saints, c’est-à-dire des personnes mortes que l’Eglise a reconnues comme saints, en les canonisant.
La première chose à dire c’est que le mot « saints » dans la Bible, évoque tous les croyants, notamment dans les Ecrits de Paul, sachant que ce mot veut dire « ceux qui ont été mis à part » pour Dieu. Tous les chrétiens sont mis à part du monde pour Dieu, pour croire et être sauvés.
Cette phrase n’est surtout pas très spirituelle en soi, et elle n’a pas d’ancrage biblique. Elle veut juste dire que plus on vise haut dans une hiérarchie, plus on a de chance d’être exaucé.
L’Ecriture dit notamment au Psaume 118:8 : « Mieux vaut se réfugier près du Seigneur que compter sur les hommes ! ». Ce à quoi Jésus ajoute : « Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. (Matthieu 6:6)
Mais on pourrait se faire une réappropriation très protestante de ce proverbe en disant tout simplement qu’il n’est souhaitable de prier… que Dieu ! 🙂

Peut-on se dire protestant si l’on considère le Christ comme un homme d’une sagesse exceptionnelle, véritablement en lien direct avec Dieu, sans pour autant le considérer comme « divin » ? [Jacques]

A-t-on besoin d’une étiquette pour se (faire) reconnaître ? La réponse est non. Les pensées sont libres…

Mais si on y tient pourtant, alors il faut considérer le sens des mots. Furent « protestants » les princes et villes de l’Empire qui, en 1529, protestèrent de leur foi chrétienne devant le parlement impérial. Sont donc protestants ceux qui, comme eux, arguent de leur foi chrétienne, telle que la Confession d’Augsbourg la définira fort classiquement l’année suivante, et depuis toutes les autres confessions de foi de la Réforme. C’est à savoir que Dieu est un en trois personnes, que Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, « mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification ».

Pour le dire de manière différente, se reconnaîtront comme protestants ceux qui confessent l’autorité souveraine des Saintes Écritures pour la foi et pour la vie (lesquelles confessent justement que Jésus est « Fils de Dieu »), et que l’être humain est « sauvé par grâce, par la foi en Jésus-Christ ». On peut bien sûr le dire avec d’autres mots que ceux-ci (encore que moi, je ne sache pas le faire)… Mais cette confession de foi, ecclésiale et personnelle, est intimement liée à la définition du protestantisme.

Il est vrai que certaines personnes se disent protestantes sans cette définition religieuse, par attachement culturel ou sociologique, ou en pensant que le protestantisme est un ensemble de « valeurs », un christianisme libéral, sans dogmes, sans hiérarchies, sans Écritures. Bien. Je n’en suis pas…

Pourquoi Dieu semble avoir le peuple d’Israël comme petit chouchou ? [Léa]

Parce que Dieu est amoureux !

La Bible nous dit d’abord que le projet de Dieu est la bénédiction de « toutes les familles de la terre ». Après le refus répété de l’humanité de recevoir et de vivre d’un tel amour, « Dieu a choisi Israël pour fils » afin qu’à travers l’obéissance de ce peuple, tout le monde puisse reconnaître dans le Dieu d’Israël le vrai Dieu unique et bon pour tous. Cela a abouti au « seul juste », Jésus-Christ, en qui les paroles prononcées sur Israël ont été accomplies. C’est en lui, et non en un peuple particulier, que le salut est offert à tous « sans les œuvres de la Loi ».

Par ailleurs, l’amour implique de choisir. On n’est pas amoureux de tous les gens, mais d’un(e) en particulier. Pour dire l’amour de Dieu qui n’est pas théorique mais réel, la Bible utilise ces images-là, qui supposent donc un amoureux partial, jaloux, protecteur, qui ne se satisfait pas des infidélités de son peuple, mais lui renouvelle pourtant sans cesse son amour exigeant. Ainsi m’aime-t-il moi aussi…

Pourquoi Moïse est-il souvent représenté avec des cornes ? [Zoulou]

En Exode 34:29-30 on voit Moïse descendre du Sinaï et il est dit qu’il rayonnait à cause de son exposition à la présence de Dieu. Il semble qu’une erreur s’est faite durant la traduction en latin (par Saint Jérôme ? par des copistes plus tardifs ?) : on a parlé de cornes à cause du mot « coronatus » qui veut dire « couronné de lumière » et qui est devenu « cornutus » (avec des cornes).
Et l’erreur a été dupliquée jusqu’à devenir un classique dans l’art occidental latin.

Rien à voir avec le bouc émissaire, la vache de l’étable, ou le cocu des vaudevilles, donc…

Avec qui Caïn a-t-il pu se marier puisqu’il était le seul avec Abel et qu’il l’a tué ? [Sophie]

Question piège ? Non ! Mais deux sortes de réponses possibles (et pas contradictoires).

Si vous tenez à lire le texte comme un récit historique, alors vous pouvez appliquer le principe d’éclairer l’Écriture par l’Écriture… et constater ainsi qu’Adam « engendra des fils et des filles » (ch. 5, v. 4), dont il n’est pas dit que c’était seulement après Abel, Caïn et Seth.

Mais vous pouvez aussi considérer que les auteurs (humains et divin) ont voulu s’adresser à vous (et à tout être humain) à travers cette histoire d’un meurtrier pardonné mais point repentant, et qui se hâta de faire le contraire de la volonté bonne de Dieu pour lui. Caïn est ainsi la figure de ce qui, en nous, s’opposera toujours à Dieu et nous mènerait au Déluge… s’il n’y avait pas une autre figure qui nous soit donnée pour dire la grâce de Dieu pour les pécheurs.

Comment doser ce qui est humain et ce qui est divin dans la Bible ? [Etienne]

Malheureusement il est difficile de dire quelle est la part de l’humain et quelle est la part du divin, même si on part du principe que le texte est inspiré. C’est la rencontre de l’humain et du divin qui produit le texte biblique.

C’est pour cela que nous soulignons souvent que le texte arrive dans un contexte culturel précis. Il n’est pas non plus seulement le produit d’une culture puisqu’il vient contredire parfois des impératifs de la culture dans laquelle il a été produit.

C’est aussi une question de foi. La spiritualité de Jésus n’est pas seulement un rationalisme ou une sagesse philosophique où tout est établi, presque scientifiquement. Au-delà de l’étude de la Bible, au-delà de la compréhension de l’histoire, au-delà de l’intelligence du texte, il y du « tout-autre » qui vient nous étonner et nous émerveiller. Seule la foi peut faire dire à l’un ou à l’autre que ce lieu est le lieu de Dieu, et que le texte, mélangeant le divin et l’humain par le processus de l’inspiration, est bien un texte qui « fait foi ».