Cette question renvoie à des situations souvent douloureuses relatives au non exaucement de prières que nous faisons en exprimant des besoins ou des désires très forts à notre point de vue. On peut alors avoir l’impression que Dieu nous rejette, ne nous aime pas, ou que notre péché est trop fort pour que le Seigneur ait de la considération pour nous. Je crois avant tout important de refuser de rentrer dans de telle considération. C’est souvent une ruse de l’adversaire, même s’il n’est jamais mauvais de relire régulièrement sa vie à l’aune de ce qu’implique l’Évangile, et au besoin de remettre certaines choses en ordre. Mais il ne faut jamais oublier que la prière est une manière de se tenir devant un Autre. Quelqu’un qui n’a pas le même point de vue que nous sur notre vie. Quelqu’un que nous appelons le Seigneur. C’est-à-dire que ce n’est pas lui qui a à agir selon nos désirs. C’est bien le contraire qui doit se passer ! Je pense à ce moment où Jésus a guérit un homme possédé par un esprit impur appelé légion (Marc 5. 1-20). Cet homme n’avait rien demandé et Jésus lui a fait un grand bien puisqu’il l’a rétablit dans « son bon sens ». Pourtant, quand cet homme, sans doute débordant de joie et de reconnaissance pour Jésus, le supplie de le prendre avec lui pour l’accompagner, Jésus refuse. Quelle frustration ! Mais c’est que Jésus a un autre projet pour cet homme, qui lui permettra d’être vraiment le disciple qu’il avait envie d’être : « Va dans ta maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi, comment il a eu pitié de toi. » Pour nous comme pour cet homme, Dieu n’accède pas toujours à nos demandes selon notre point de vue. Mais sa vision des choses dépasse de loin la nôtre, et c’est tout de même pour le bien que parfois nous pouvons éprouver des frustrations.
Auteur/autrice : Michel Block
Que faisons-nous de Gandhi ? Est-il sauvé ? Il a vécu une vie plus chrétienne que la plupart des chrétiens mais sans l’être. Il respectait grandement Jésus mais ne le reconnaissait pas comme Seigneur. [Loui]
Que faisons-nous de Gandhi ? On lui fiche la paix, il est mort, pauvre homme ! Je ne me torture pas l’esprit pour savoir ce que le Seigneur fera de Gandhi et de tant d’autres car j’ai déjà bien assez à faire avec l’entretien de ma relation personnelle au Christ. La vie que Gandhi a menée était indiscutablement plus vertueuse au regard des enseignements du Christ que celle de beaucoup de chrétiens. Il a été très sensible à ce dit enseignement. Mais le christianisme n’est pas d’abord, à mes yeux, un enseignement, une série de règles de sagesse à mettre en concurrence avec d’autres systèmes sur le marché du religieux. C’est le fruit d’une rencontre personnelle avec Jésus-Christ, la Parole de Dieu, vivante et vivifiante. Gandhi a lui-même reconnu qu’il n’avait pas fait cette rencontre. Je ne vais pas me mettre à la place du Seigneur pour le juger, mais je vais utiliser la vie de Gandhi pour m’en inspirer dans ma recherche d’une vie plus cohérente avec la rencontre que mon Seigneur m’a fait la grâce de vivre avec Lui.
Est-ce que le jeu est un péché s’il n’est fait que socialement pour de petites sommes d’argent ? [CCJB]
En quoi l’argent mis en jeu contribue-t-il au lien social entre les personnes qui jouent ? Quand je joue (moi en général, ce sont plutôt des jeux de société coopératifs, mais chacun son truc) je n’éprouve pas le besoin de mettre de l’argent en jeu pour que ce soit intéressant. Le problème ne me semble pas être dans la quantité d’argent mais dans le fait même qu’il y ait de l’argent ! Paul nous dit (1 Timothée 6. 10) que l’amour de l’argent est une racine de tous les vices, et Jésus nous dit bien que nous ne pouvons pas servir Dieu et Mamon (la personnification de l’argent) en même temps. Car l’argent est un outil économique permettant l’accès aux bien de consommation. Quand il devient autre chose (par exemple, facteur de socialisation dans les jeux) il ouvre la porte au péché (rivalité, envie, compétition vaine…)
Combien les chrétiens devraient-ils retirer du monde ? Combien devrions-nous retirer de la culture et des gens du monde et combien devrions-nous engager ? Quelles étapes devrions-nous prendre ? [Aaron]
Les questions que vous posez ne peuvent pas, me semble-t-il recevoir de réponse absolue, valable pour chacun de nous. Les réponses dépendent de notre rapport personnel au monde. Dans sa prière avant de mourir, Jésus (Jean 17. 14-19) nous fait comprendre que les disciples de Jésus ne sont pas du monde, c’est-à-dire qu’il ne fonctionne pas selon la logique sans Dieu que le monde adopte spontanément, mais qu’ils sont toutefois envoyé dans le monde, afin d’être témoins de l’amour que le Père a pour ce monde. Nous devons être « à part » (c’est le sens du mot « sanctifiés » ou « consacrés » des versets 17 et 19), c’est-à-dire signifier par notre attitude et nos paroles un décalage avec le monde ambiant. Selon les situations, ce décalage prendra la forme d’un retrait plus ou moins grand. Si je sens qu’aller en boîte de nuit sera pour moi une trop grande source de tentations (consommation d’alcool, amours sans lendemains…) je ne dois pas aller en boîte. Si je suis assez solide et que j’ai à cœur de témoigner auprès des gens qui fréquentent ces lieux, alors je dois y aller ! Si les conversations à la machine à café de mon boulot tournent à la médisance sur tel ou tel collègue et que je sens bien que je me laisse aller moi-même à médire, autant ne plus fréquenter la machine à café quand il y a du monde. Mais si Dieu me rend assez fort pour ne pas rentrer dans ce jeu-là, autant aller à la machine et témoigner.
Est-ce que les âmes des morts nous observent (Hébreux 12-1- Apocalypse 6-9-10- Luc 16-19-31) ? [Laureline]
Reprenons les citations bibliques que vous évoquez :
Hébreux 12.1 : « Nous donc aussi, puisque nous sommes entourés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée. » La nuée de témoins dont parle l’auteur de la lettre aux Hébreux ne m’a jamais semblé être l’ensemble des âmes de personnes évoquées dans le chapitre 11 (Abel, Noé, Abraham…) qui nous observeraient, mais bien plutôt leur exemple, leur témoignage ,qui doit et peut nous encourager sur le chemin de notre foi.
L’apocalypse est une vision que Jean a eu et qu’il a mise par écrit. Il y a beaucoup de choses dans ce texte que je ne prends pas « pour argent comptant » (ainsi je ne pense pas que quand Jésus reviendra dans sa gloire, il ressemblera à un agneau égorgé). Quand Jean écrit : « Quand il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été mis à mort à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu’ils avaient rendu » je pense qu’il tente de traduire par des mots une expérience de vision, qui ne doit pas nécessairement être comprise comme une vérité dogmatique.
Enfin, Luc 16. 19-31 est une parabole que Jésus emploie pour souligner l’importance du don et de l’action en faveur des démunis. Elle décrit peut-être la façon dont les choses se passent après la mort, mais je ne suis pas sûrs de m’accorder avec toutes les représentations de l’enfer et du paradis que l’on a fait découler de cette seule histoire. La question que vous posez est un problème important, pour lequel je n’ai pas une réponse tranchée. Voilà où j’en suis pour ma part :
Quand nous mourrons, tout ce que la Bible appelle notre « chair » (corps et âme) est détruit. C’est l’esprit que Dieu a envoyé en nous pour nous rendre vivant qui revient à lui et c’est par l’action de son esprit que nous reviendront à la vie, créés nouveaux, selon la promesse de la résurrection en Jésus-Christ.. (Genèse 2. 7 ; Psaume 104. 29-30)
Comment devrions-nous comprendre Ananias et Saphira dans Actes 5 ? Frapper des personnes de mort ça ne ressemble pas au Dieu révélé en Jésus. On dirait une histoire de l’Ancien Testament. [Aaron]
Je ne comprends pas Ananias et Saphira. Je ne comprends pas que l’on s’engage dans un mouvement en pensant dissimuler des choses qui devraient être mises au clair. Mais aussi, dans ce passage, je ne lis pas que c’est Dieu qui les met à mort. Leur mort intervient comme une conséquence inévitable de leur mensonge, qui entraîne une blessure dans la communion de la première Église ; Je reçois ainsi ce que Pierre dit bien plus comme une plainte quant à ce qu’ils ont fait que comme l’énoncé d’une sentence. Cela fait en moi écho à I Corinthiens 11 (particulièrement les versets 27 à 30) qui explique qu’en raison de leur manque de communion, les Corinthiens ont parmi eux beaucoup de malades, et que certains même sont morts.
Matt 8:5-13 est difficile pour moi. Un chef de la force d’occupation brutale (tueries- atrocités) qui aurait juré allégeance au culte impérial (idolâtre). [Jean]
Si je comprends bien ce que vous dites, ce qui vous est difficile dans ce passage de Matthieu c’est le fait que Jésus ait accepté de guérir un centenier romain. Il est clair que ce que vous dites pour le décrire est vrai. Il avait beaucoup de choses contre lui… Mais n’en est-il pas de même pour chacun de nous ? Dans sa lettre aux Romains (3. 9-24), Paul écrit : « En effet, nous avons déjà prouvé que Juifs et non-Juifs sont tous sous la domination du péché, comme cela est écrit: Il n’y a pas de juste, pas même un seul; aucun n’est intelligent, aucun ne cherche Dieu; tous se sont détournés, ensemble ils se sont pervertis; il n’y en a aucun qui fasse le bien, pas même un seul; (…) En effet, personne ne sera considéré comme juste devant lui sur la base des œuvres de la loi, puisque c’est par l’intermédiaire de la loi que vient la connaissance du péché. Mais maintenant, la justice de Dieu dont témoignent la loi et les prophètes a été manifestée indépendamment de la loi: c’est la justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux qui croient. Il n’y a pas de différence: tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, et ils sont gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la libération qui se trouve en Jésus-Christ. » La fin de ce passage est déterminante : La justice de Dieu par la foi… Ce que dit le centenier à Jésus est l’expression par excellence de sa foi, sa confiance dans l’autorité que Jésus a sur la maladie. Cette foi est sans rapport avec ce que nous avons fait ou pas. Nous ne savons pas ce que cet homme est devenu ensuite. Mais il me paraît difficile de l’imaginer continuant sa vie absolument comme si de rien était. Une foi comme celle qu’il a exprimé ne peut que renouveler celui en qui elle habite.
Question étrange : la nudité non sexuelle est-elle un péché? Par exemple- la culture mixte de sauna nu en Allemagne/Scandinavie. Qu’en est-il du modèle posant nu pour photo (non-porno) ? Luxure ? [Fred]
Je suis d’accord avec vous pour trouver cette question étrange ! Le péché est ce qui me sépare de Dieu ou relève de ma séparation d’avec Lui. Dès lors, la nudité, qu’elle soit sexuelle ou non, doit être considérée dans le cadre des relations à Dieu et aux autres. Aller dans un sauna mixte… si c’est avec mon conjoint seulement, à mon sens, je ne vois pas le problème (même si, je vous l’accorde, dans la Bible, ce qui peut se rapprocher le plus du sauna… c’est la Géhenne du feu!). Si c’est avec d’autres personnes, il me paraît légitime de se poser des questions quant à la tentation qui peut naître et aux raisons qui me font y aller. S’il y a déjà une habitude de la nudité dans la civilisation à laquelle j’appartiens, cela peut aussi ne pas être de nature à me détourner de Dieu. Je crois que c’est la même chose pour le nu.
Jésus leur dit : Gardez-vous avec soin du levain des pharisiens et des sadducéens. Qu’est-ce que le « levain des Pharisiens » signifie-t-il ? [Mark]
Cette phrase se trouve dans les trois premiers évangiles (Matthieu 16. 6 ; Marc 8. 15 et Luc 12. 1). C’est sur cette dernière référence que je m’appuie car nous trouvons la réponse à votre question : « Pendant ce temps, les gens s’étaient rassemblés par milliers, au point de s’écraser les uns les autres. Jésus se mit à dire à ses disciples: «Avant tout, méfiez-vous du levain des pharisiens, qui est l’hypocrisie. » L’hypocrisie agit comme un levain en ceci que son action est cachée, mais que cela « fait monter » une atmosphère de défiance entre les personnes parmi lesquelles elle circule.
Le mal est il en nous ? [Valérie]
Je ne sais pas exactement ce que vous appelez mal. Ce qui se passe en moi est de l’ordre du conflit entre des impulsions diverses. Paul dit, dans sa lettre aux Romains (7.18-23) : « En effet, je sais que le bien n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma nature propre: j’ai la volonté de faire le bien, mais je ne parviens pas à l’accomplir. En effet, je ne fais pas le bien que je veux mais je fais au contraire le mal que je ne veux pas. Or, si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui le fais, mais le péché qui habite en moi. Je découvre donc cette loi: alors que je veux faire le bien, c’est le mal qui est à ma portée. En effet, je prends plaisir à la loi de Dieu, dans mon être intérieur, mais je constate qu’il y a dans mes membres une autre loi; elle lutte contre la loi de mon intelligence et me rend prisonnier de la loi du péché qui est dans mes membres. » Mais il poursuit : « 24 Malheureux être humain que je suis! Qui me délivrera de ce corps de mort? J’en remercie Dieu, c’est possible par Jésus-Christ notre Seigneur. » Dans cette lutte, je découvre donc heureusement que l’Esprit de Dieu intervient, que sa Parole peut m’aider, et que la prière est une ressource très précieuse. Je ne suis pas seul à lutter, et je n’ai pas non plus a m’engluer dans une conscience de moi qui me condamnerait à n’être qu’un mauvais.Le mal prend peut-être racine en moi à cause de ma séparation d’avec Dieu (mon péché) mais je ne suis pas condamné à être malfaisant.