Le « Jesus Seminar » est-il digne de confiance ? Certains théologiens nient que Jésus a été ressuscité corporellement/physiquement. La résurrection n’est-elle qu’un mythe ? [Sophie123)

Le « Jesus Seminar » est un groupe d’historiens anglo saxons cherchant à établir l’historicité de la vie de Jésus. En tant que démarche scientifique, ce travail ne me paraît ni plus ni moins digne de confiance que n’importe quel autre. Mais comme souvent en ce qui concerne les sciences, il s’agit de ne pas considérer que les résultats auxquels ces chercheurs sont parvenus soient la vérité ; au prétexte qu’ils utiliseraient des méthodes « objectives » de recherches. Les méthodes utilisées en histoire sont toujours critiquables et permettent souvent à leurs utilisateurs de dire ce qu’ils ont envie de dire, tout en prétendant ne faire qu’observer leurs sources de façon neutre. Ainsi, nier la résurrection corporelle de Jésus est une opinion historique, procédant d’une interprétation particulière des sources, les évangiles. Que des personnes affirment que Jésus n’est pas ressuscité des morts est leur droit le plus absolu, qu’elles prétendent le faire en s’appuyant sur une démarche scientifique également. Il faut simplement qu’elles acceptent alors qu’elles ne sont pas ou plus chrétiennes, car la résurrection physique de Jésus est un élément central de la foi chrétienne (relire I Corinthiens 15). Délimiter l’espace de sa foi à ce qui est seulement démontrable ou même concevable est en fait une façon de n’avoir confiance qu’en sa raison… Ce qui est une des formes de l’idolâtrie.

Melchisédek est-il une prophétie de Jésus ? La similitude entre eux dans la Genèse est stupéfiante. Hébreux appelle Jésus un prêtre de l’ordre de Melchizédek- mais qu’est-ce que cela signifie réellement ? [Pil]

La question est d’une portée immense, plus grande que mes capacités de réponse. Cependant, une lecture d’Hébreux 7 (le chapitre auquel vous faites référence) me semble pouvoir aboutir à certaines conclusions :

Le verset 3 (« On ne lui connaît ni père, ni mère, ni aucun ancêtre ; on ne parle nulle part de sa naissance ou de sa mort. Il est semblable au Fils de Dieu : il demeure prêtre pour toujours ») me semble clairement faire un parallèle entre le Melchisédek qui est décrit et le Fils.

Melchisédek est supérieur à tout autre prêtre, car même les prêtres d’Israël lui sont inférieurs (versets 9 et 10 : « quand Abraham a payé le dixième de ses biens, Lévi l’a payé aussi, lui dont les descendants reçoivent le dixième de tout. Car bien que Lévi ne fût pas encore né, il était en quelque sorte déjà présent dans son ancêtre Abraham quand Melkisédec vint à sa rencontre. »)

Régulièrement le texte d’Hébreux cite le psaume 110 verset 4 pour l’appliquer à Jésus et ainsi signifier qu’en lui, le Fils est venu accomplir définitivement le rôle de grand prêtre, après lequel plus aucun sacrifice n’est nécessaire.

Pour moi donc, ce texte de la lettre aux Hébreux établit clairement le lien entre le Melchisédek de la Genèse et Jésus. Peut-être cela peut-il aussi être rapproché de Jean 8. 56 (« Abraham, votre père, s’est réjoui à la pensée de voir mon jour ; il l’a vu et en a été heureux. ») même si cela semble davantage faire référence à Isaac, auquel Jésus s’identifie.

Comment peut-on expliquer le geste de Séphora dans Ex4:25? Est-ce Dieu voulait mettre son amour à l’épreuve ? Ou était-ce comme Jacob à Béthel- un lieu sacré dont ils n’avaient pas connaissance ? [Jin]

Le geste de Séphora est à replacer dans le contexte des versets autour de celui que vous citez. Il est écrit : « Pendant le voyage, à l’endroit où ils passaient la nuit, l’Éternel l’attaqua et chercha à le faire mourir. » (celui que l’Éternel cherche à faire mourir est Moïse. Il faut noter que le verbe traduit par « attaquer » peut aussi se traduire par « rencontrer »). (Exode 4. 25) Que s’est-il passé ? Qu’est-ce que cela signifie ? La Bible reste muette là-dessus dans ce passage. Exode 4. 24-26 constitue un des passages les plus obscurs de la Bible. Il n’en reste pas moins que cela à avoir avec la circoncision du fils de Moïse (Guershom ou Éliézer). La tradition rabbinique propose l’interprétation la plus convaincante à mes yeux : Moïse n’avait pas fait circoncire son fils, ce qui était grave, au regard du fait que ce geste signifie l’appartenance au peuple de l’Alliance. Dieu s’est opposé à ce que le retour de Moïse vers l’Égypte se fasse sans que cet acte soit accompli. C’est Séphora qui aurait alors circoncis elle-même son fils, pour éviter la mort de Moïse. Son cri provient de la violence du geste accompli au regard de l’enjeu, et donc de la colère de Séphora à l’encontre de Moïse.

Est-ce dans l’esprit biblique et de l’enseignement du Christ que de dénoncer régulièrement- au détour d’une prédication- les impôts (« racket légal »)- la sécu (« produit l’assistanat »)- l’Etat….? [Pep’s]

Je suppose que votre question évoque des prédications que vous avez entendues. Je ne prétends pas juger le prédicateur qui a tenu les propos que vous rapportez ici, mais il me semble en effet problématique d’exprimer des convictions socio-politiques, surtout de façon régulière, dans une prédication. Ceci dit, entendons nous bien : la prédication, en tant qu’annonce du royaume de Dieu et appel à la repentance et à la conversion, ne peut pas ne pas avoir de répercussions sociales, voire politiques, sur les fidèles. Mais c’est à chacun de mesurer, à l’aune de ce qu’il lit dans la Bible et de la cohérence avec le message qu’il a reçu, ce qu’il convient de faire dans sa vie pour rendre témoignage à la Seigneurie du Christ.

Du fait de la dureté de la vie- est-ce qu’un chrétien peut pratiquer un art martial ou activité liée à l’auto-défense ? [Stefan]

La pratique d’un art martial ne rend pas la vie moins dure (sinon, il faudrait aller tous vivre en Chine ou au Japon, car vu les arts martiaux qu’ils pratique, la vie devrait y être très facile!) Si l’on se fait agresser, il ne me semble pas contraire à l’Évangile de tenter de se défendre, que l’on fasse des arts martiaux ou pas. La non-violence évangélique ne signifie pas que le chrétien soit une limace. Mais il faut toujours chercher à régler ses problèmes avant tout par des moyens n’impliquant pas la mise en cause de l’intégrité physique des personnes, ne serait-ce que parce qu’en agissant ainsi, nous donnerons déjà un témoignage de l’espérance qui nous habite en tant que chrétien.

Peut-on prendre la Sainte-Cène chez soi (seul ou en famille) si l’on considère que le pasteur n’a pas d’autorité particulière pour la donner- et que l’on ne reconnaît pas la transsubstantiation ? [Julien]

La Cène n’est pas un simple repas commémoratif (comme le rallumage de la flamme au pied du tombeau du soldat inconnu). C’est aussi un acte par lequel, en communauté, nous accueillons la réalité vivante du Christ dans l’assemblée réunie et ouverte à sa présence par l’action du Saint-Esprit. C’est donc un acte communautaire vital pour l’Église. Ce n’est pas parce qu’il n’est pas nécessaire qu’une personne particulière préside ce moment qu’on peut le vivre tout seul ! Par contre, célébrer une Sainte Cène chez soi, avec sa famille ou ses proches, ou encore aller la partager avec des malades qui ne peuvent pas se rendre au culte me semble être bien sûr un acte communautaire tout à fait possible et même utile dans bien des circonstances.

Pourquoi nos prières ne sont parfois pas accomplies- même lorsque nous demandons de bonnes choses au nom de Jésus ? [Elodie]

Cette question renvoie à des situations souvent douloureuses relatives au non exaucement de prières que nous faisons en exprimant des besoins ou des désires très forts à notre point de vue. On peut alors avoir l’impression que Dieu nous rejette, ne nous aime pas, ou que notre péché est trop fort pour que le Seigneur ait de la considération pour nous. Je crois avant tout important de refuser de rentrer dans de telle considération. C’est souvent une ruse de l’adversaire, même s’il n’est jamais mauvais de relire régulièrement sa vie à l’aune de ce qu’implique l’Évangile, et au besoin de remettre certaines choses en ordre. Mais il ne faut jamais oublier que la prière est une manière de se tenir devant un Autre. Quelqu’un qui n’a pas le même point de vue que nous sur notre vie. Quelqu’un que nous appelons le Seigneur. C’est-à-dire que ce n’est pas lui qui a à agir selon nos désirs. C’est bien le contraire qui doit se passer ! Je pense à ce moment où Jésus a guérit un homme possédé par un esprit impur appelé légion (Marc 5. 1-20). Cet homme n’avait rien demandé et Jésus lui a fait un grand bien puisqu’il l’a rétablit dans « son bon sens ». Pourtant, quand cet homme, sans doute débordant de joie et de reconnaissance pour Jésus, le supplie de le prendre avec lui pour l’accompagner, Jésus refuse. Quelle frustration ! Mais c’est que Jésus a un autre projet pour cet homme, qui lui permettra d’être vraiment le disciple qu’il avait envie d’être : « Va dans ta maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi, comment il a eu pitié de toi. » Pour nous comme pour cet homme, Dieu n’accède pas toujours à nos demandes selon notre point de vue. Mais sa vision des choses dépasse de loin la nôtre, et c’est tout de même pour le bien que parfois nous pouvons éprouver des frustrations.

Que faisons-nous de Gandhi ? Est-il sauvé ? Il a vécu une vie plus chrétienne que la plupart des chrétiens mais sans l’être. Il respectait grandement Jésus mais ne le reconnaissait pas comme Seigneur. [Loui]

Que faisons-nous de Gandhi ? On lui fiche la paix, il est mort, pauvre homme ! Je ne me torture pas l’esprit pour savoir ce que le Seigneur fera de Gandhi et de tant d’autres car j’ai déjà bien assez à faire avec l’entretien de ma relation personnelle au Christ. La vie que Gandhi a menée était indiscutablement plus vertueuse au regard des enseignements du Christ que celle de beaucoup de chrétiens. Il a été très sensible à ce dit enseignement. Mais le christianisme n’est pas d’abord, à mes yeux, un enseignement, une série de règles de sagesse à mettre en concurrence avec d’autres systèmes sur le marché du religieux. C’est le fruit d’une rencontre personnelle avec Jésus-Christ, la Parole de Dieu, vivante et vivifiante. Gandhi a lui-même reconnu qu’il n’avait pas fait cette rencontre. Je ne vais pas me mettre à la place du Seigneur pour le juger, mais je vais utiliser la vie de Gandhi pour m’en inspirer dans ma recherche d’une vie plus cohérente avec la rencontre que mon Seigneur m’a fait la grâce de vivre avec Lui.

Est-ce que le jeu est un péché s’il n’est fait que socialement pour de petites sommes d’argent ? [CCJB]

En quoi l’argent mis en jeu contribue-t-il au lien social entre les personnes qui jouent ? Quand je joue (moi en général, ce sont plutôt des jeux de société coopératifs, mais chacun son truc) je n’éprouve pas le besoin de mettre de l’argent en jeu pour que ce soit intéressant. Le problème ne me semble pas être dans la quantité d’argent mais dans le fait même qu’il y ait de l’argent ! Paul nous dit (1 Timothée 6. 10) que l’amour de l’argent est une racine de tous les vices, et Jésus nous dit bien que nous ne pouvons pas servir Dieu et Mamon (la personnification de l’argent) en même temps. Car l’argent est un outil économique permettant l’accès aux bien de consommation. Quand il devient autre chose (par exemple, facteur de socialisation dans les jeux) il ouvre la porte au péché (rivalité, envie, compétition vaine…)

Combien les chrétiens devraient-ils retirer du monde ? Combien devrions-nous retirer de la culture et des gens du monde et combien devrions-nous engager ? Quelles étapes devrions-nous prendre ? [Aaron]

Les questions que vous posez ne peuvent pas, me semble-t-il recevoir de réponse absolue, valable pour chacun de nous. Les réponses dépendent de notre rapport personnel au monde. Dans sa prière avant de mourir, Jésus (Jean 17. 14-19) nous fait comprendre que les disciples de Jésus ne sont pas du monde, c’est-à-dire qu’il ne fonctionne pas selon la logique sans Dieu que le monde adopte spontanément, mais qu’ils sont toutefois envoyé dans le monde, afin d’être témoins de l’amour que le Père a pour ce monde. Nous devons être « à part » (c’est le sens du mot « sanctifiés » ou « consacrés » des versets 17 et 19), c’est-à-dire signifier par notre attitude et nos paroles un décalage avec le monde ambiant. Selon les situations, ce décalage prendra la forme d’un retrait plus ou moins grand. Si je sens qu’aller en boîte de nuit sera pour moi une trop grande source de tentations (consommation d’alcool, amours sans lendemains…) je ne dois pas aller en boîte. Si je suis assez solide et que j’ai à cœur de témoigner auprès des gens qui fréquentent ces lieux, alors je dois y aller ! Si les conversations à la machine à café de mon boulot tournent à la médisance sur tel ou tel collègue et que je sens bien que je me laisse aller moi-même à médire, autant ne plus fréquenter la machine à café quand il y a du monde. Mais si Dieu me rend assez fort pour ne pas rentrer dans ce jeu-là, autant aller à la machine et témoigner.