Un homme peut-il donner une prophétie à une personne unique ? Est-ce pratiqué dans la Bible ? [Véronique]

Une prophétie, c’est à dire une parole transmise de la part de Dieu et en son Nom, peut s’adresser à plusieurs personnes, voire pour ce qui concerne l’Ancien Testament à un peuple tout entier, Israël ou une nation voisine. Cela vaut pour les oracles qui ont été conservés par écrit (voir les recueils des livres d’Esaïe, Jérémie, Ezéchiel, Amos, etc…). Mais on trouve aussi, que ce soit dans les livres historiques ou dans les recueils prophétiques, des paroles qui s’adressent à une personne isolée (cf par exemple Nathan au Roi David en 2 Samuel 12, ou Esaïe au roi Akhaz en Esaïe 7,10ss).

Il en est de même dans le Nouveau Testament, la prophétie fait partie des dons accordés à Dieu à l’Eglise et elle peut concerner toute la communauté ou une personne en particulier. Par exemple, le prophète Agabus, éclairé par le Saint-Esprit, annonce aux chrétiens d’Antioche qu’une famine est imminente, ce qui les pousse à envoyer un soutien financier à l’Eglise soeur de Jérusalem (Actes 11,27ss). Le même Agabus prédira à Paul sa captivité par un geste symbolique (Actes 21,10ss).

Les prémonitions peuvent-elles venir de Satan? Une fois, j’ai eu une vision impromptue de quelque chose de terrible qui s’est réalisé plus tard. Cela ne semblait pas venir de Dieu. [Aurélie]

Le principe de la prophétie dans la Bible, c’est que Dieu alerte son peuple dans le but d’éviter un problème. C’est la différence avec ce que les Ecritures appellent la divination, qui est une sorte de prophétie, mais qui vient effectivement… de l’autre côté de la force. La divination enferme tandis que la prophétie libère.

Il faut donc utiliser aussi son intelligence, comme nous y invite l’apôtre Paul : « Ne méprisez pas les prophéties. Mais examinez toutes choses et retenez ce qui est bon ; abstenez-vous de toute espèce de mal. » (1 Thessaloniciens 5,20-22).

Melchisédek est-il une prophétie de Jésus ? La similitude entre eux dans la Genèse est stupéfiante. Hébreux appelle Jésus un prêtre de l’ordre de Melchizédek- mais qu’est-ce que cela signifie réellement ? [Pil]

La question est d’une portée immense, plus grande que mes capacités de réponse. Cependant, une lecture d’Hébreux 7 (le chapitre auquel vous faites référence) me semble pouvoir aboutir à certaines conclusions :

Le verset 3 (« On ne lui connaît ni père, ni mère, ni aucun ancêtre ; on ne parle nulle part de sa naissance ou de sa mort. Il est semblable au Fils de Dieu : il demeure prêtre pour toujours ») me semble clairement faire un parallèle entre le Melchisédek qui est décrit et le Fils.

Melchisédek est supérieur à tout autre prêtre, car même les prêtres d’Israël lui sont inférieurs (versets 9 et 10 : « quand Abraham a payé le dixième de ses biens, Lévi l’a payé aussi, lui dont les descendants reçoivent le dixième de tout. Car bien que Lévi ne fût pas encore né, il était en quelque sorte déjà présent dans son ancêtre Abraham quand Melkisédec vint à sa rencontre. »)

Régulièrement le texte d’Hébreux cite le psaume 110 verset 4 pour l’appliquer à Jésus et ainsi signifier qu’en lui, le Fils est venu accomplir définitivement le rôle de grand prêtre, après lequel plus aucun sacrifice n’est nécessaire.

Pour moi donc, ce texte de la lettre aux Hébreux établit clairement le lien entre le Melchisédek de la Genèse et Jésus. Peut-être cela peut-il aussi être rapproché de Jean 8. 56 (« Abraham, votre père, s’est réjoui à la pensée de voir mon jour ; il l’a vu et en a été heureux. ») même si cela semble davantage faire référence à Isaac, auquel Jésus s’identifie.