Les catholiques et les évangéliques adorent-ils le même Dieu ? [Roland]

Oui ! Catholiques et évangéliques sont chrétiens, ils confessent le même Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.

Ces deux traditions chrétiennes perçoivent Dieu de la même manière. Ce qui les distingue, c’est une façon différente de vivre la foi, de comprendre ce qu’est l’Eglise et d’apréhender la bible.

Comme le reste des protestants, les évangéliques ont les écritures bibliques pour seule autorité en matière de foi et de vie, croient au salut par la grâce au moyen de la foi et à une relation sans intermédiaires entre le croyant et Dieu.

La spécificité des évangéliques concerne principalement le baptême. Les catholiques et les protestants luthéros-réformés baptisent les bébés, tandis que les évangéliques ne baptisent que les personnes en mesure de confesser leur foi publiquement.




Tout l’Ancien Testament est-il une prophétie qui pointe vers Jésus ? [Armand]

Je ne pense pas pouvoir dire les choses comme ça, Armand. Quand le Christ, ressuscité, a accompagné deux de ses disciples vers le village d’Emmaüs, il leur a fait une étude biblique personnelle : « « … en commençant par les écrits de Moïse et continuant par ceux de tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait. » (Luc 24.27) Cela ne veut pas dire que tout, dans le Premier Testament, parle de Jésus ou est une prophétie qui pointe vers Jésus. Il y a, certes, bien des passages que nous recevons comme des annonces de la venue de Jésus, mais ce serait, je crois un immense contresens que de prétendre que tout le Premier Testament est une prophétie pointant vers Jésus. En tant que chrétien, j’essaie plutôt de lire la première partie de la Bible avec « les lunettes Jésus-Christ », c’est-à-dire en essayant de les comprendre sur la base de la vie, du message, de la mort et de la résurrection de Jésus, qui n’est pas venu abolir ces textes mais les accomplir, leur donner le sens que Dieu a toujours voulu qu’ils aient.

Pourquoi les protestants ne se confessent-ils pas à un prêtre ? Cela semble biblique (Jacques 5:16). [René]

Non seulement se confesser est « biblique », René, mais aussi hautement important, puisque ce passage de l’épître de Jacques y voit un chemin de guérison personnelle et communautaire (délivrance du poids pesant sur la conscience, réconciliation, etc). Mais le protestantisme, dans la perspective du sacerdoce universel, conteste que le pardon de Dieu ne puisse être accordé que par l’intermédiaire d’un prêtre ou autre ministre consacré.

A la lumière du texte que vous citez ou d’autres (év. selon Matthieu 18,18) on peut affirmer que le Seigneur remet ce pouvoir de pardonner et d’attester la grâce et la miséricorde de Dieu entre les mains de chaque disciple. Même si, bien entendu, tout chrétien n’a pas forcément le charisme ou la compétence nécessaire pour écouter un récit de vie avec empathie et discernement. Un tel accompagnement, que l’on appelle parfois la « cure d’âme », ne s’improvise pas et exige équilibre personnel, mâturité spirituelle et bien sûr confidentialité absolue. Il fait normalement partie de la formation des pasteurs.

Comment gérer conjointement Romains 10:13 et Matthieu 7:21 ? [Ella]

Cher Ella, si je dis qu’un verre est à moitié vide et si je dis encore que ce même verre est à moitié plein, je semble dire deux choses différentes et opposées, et pourtant je commente la même réalité avec un regard positif ou avec un regard négatif. Il se passe la même chose entre les deux phrases que vous citez. Elles semblent s’opposer, mais l’une dit en creux, ce que l’autre dit en plein. Je m’explique :

En Matthieu 7, 21, Jésus dit : « Ce ne sont pas ceux qui me disent ‘Seigneur ! Seigneur !’ qui entreront dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux ». L’apôtre Paul écrit dans l’épître aux Romains : « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (10,13).

Ces deux phrases semblent contradictoires en apparence. Mais en regardant de près le contexte de Matthieu 7, nous voyons que Jésus dénonce dans tous ce passage l’hypocrisie des religieux. Juste avant, il parle des loups déguisés en moutons et des arbres qui portent de mauvais fruits. L’être humain peut chercher à tromper les autres. C’est l’usage que nous faisons souvent de la parole. Nos mots servent à déguiser nos pensées, des paroles aimables cachent parfois de la médisance, des paroles de piété affichée peuvent recouvrir des vies détournées sans honte de Dieu. Jésus rappelle ici que si nous pouvons abuser les hommes, nous ne pouvons pas tromper Dieu. Au delà des paroles prononcées avec nos lèvres, Dieu regarde au cœur. Il n’exauce pas des paroles flatteuses, sans foi véritable. Dans la parabole qui suit Jésus prolonge cet enseignement : c’est notre vie tout entière qu’il faut construire sur la Parole de Dieu et pas simplement manifester une adhésion superficielle.

Dans l’épître aux Romains, si on regarde le contexte comme nous l’avons fait chez Matthieu, nous voyons que Paul est parfaitement fidèle à l’enseignement de Jésus. La parole que vous citez est précédée de plusieurs phrases sur la parole de la bouche et les dispositions du cœur qui doivent être cohérentes (v.8 et 9). A partir du verset 16, Paul précise son propos toujours dans la même ligne : Entendre la Parole de Dieu ne suffit pas, il faut vouloir lui obéir et Paul développe longuement l’exemple d’Israël. C’est ce qui entre dans notre cœur et qui vient de Dieu qui est décisif pour transformer nos vies et pas ce qui sort de notre bouche. Dieu exauce les cœurs vides et repentants qui se tournent vers lui mais il n’exauce pas les paroles vides qui en réalité se tournent vers nous !

Un appel hypocrite à Dieu n’obtient aucune réponse, un appel sincère du fond du cœur obtient toujours une réponse. Il n’y aucune contradiction mais au contraire une grande cohérence !

Que le Seigneur Ella, garde votre cœur et vos pensées en Lui !

Dieu dit de ne pas faire d’images- mais dans Nombres 21- Moïse fait le serpent en bronze. Pourquoi faire un signe de Satan? Cela représenterait Jésus (Jean 3) ? [Harry]

J’aimerais Harry distinguer dans votre question deux sujets : celle du serpent fabriqué en contradiction avec le deuxième commandement et le serpent comme représentation de Satan.

Sur le premier point je vous adresse mes compliments, car vous êtes un lecteur attentif. Pour ma part, je n’avais jamais fait le rapprochement entre le fait que Moïse fabrique un serpent en bronze et le commandement qu’il a lui-même reçu de ne pas faire d’image sculptée de tout ce qui vit sur la terre. Nous sortons de la contradiction que vous relevez me semble-t-il, en observant que Dieu lui-même a ordonné la représentation du serpent (Nb 21,8). Dieu a donné un commandement général et perpétuel qui est bon pour l’homme dans les Dix Commandements et il a donné un autre jour un autre commandement particulier, ponctuel qui était bon également et auquel il était juste d’obéir.

J’ajoute d’une manière générale que ce que nous vivons parfois comme des contradictions dans la Bible échappe à nos raisonnements, mais croire en Dieu, lui faire confiance, c’est espérer qu’un jour ce qui échappe à notre compréhension sera éclairé et la contradiction sera résolue.

A propos du deuxième aspect de votre question. Il est exact que le serpent dans le livre de la Genèse représente le Tentateur, dangereux et sournois qui conduit l’humanité à pécher. Mais je dirais deux choses : 1) les serpent ne sont pas des animaux diaboliques. Ce sont des créatures que Dieu aime. Le bâton de Moïse est devenu un serpent devant Pharaon pour manifester la puissance de Dieu. Jésus donne même une fois les serpents en exemple à ses disciples (Mt 10,16). Ceci dit, il faut être prudent, car le serpent est silencieux, il se cache facilement et sa morsure peut être venimeuse, d’où la peur qu’il inspire généralement. 2) Dans Jean 3, Jésus parle de lui qui sera élevé pour donner la vie éternelle comme le serpent de métal a jadis été élevé par Moïse pour guérir les israélites mortellement mordus par des serpents réels. Jésus parle de son élévation sur la croix et de cette croix, Dieu va faire jaillir une puissance de vie et de guérison pour toute l’humanité. La parole de Dieu à la fois nous condamne et nous sauve. Elle a toujours ces deux aspects. Nous pouvons aussi méditer ce qu’écrit Paul : « Le Christ était sans péché, mais Dieu l’a chargé de notre péché, afin que par lui, nous ayons part à l’œuvre salutaire de Dieu » (2 Co 5,21).

Quelle attitude devons-nous avoir face à l’homosexualité ? Que dit la Bible et de quelle façon expliquer l’homosexualité d’un point de vue chrétien ? [Cathy]

Tout d’abord Cathy, il me semble important de ne pas faire des débats théoriques et abstraits sur des réalités humaines qui sont toujours complexes et singulières. Vous ne rencontrerez jamais l’homosexualité face à face et je vous invite à refuser par avance tout projet de l’expliquer. Les homosexuels que vous rencontrerez auront besoin comme tous les autres êtres humains, de votre générosité évangélique, de votre confiance et de votre amour fraternel sans réserve.

Il faut réfléchir au sens de la sexualité. La relation conjugale qui inclut la sexualité est le reflet de la relation entre Dieu et l’humanité. Cette relation est celle d’une radicale altérité, en elle-même source de joie et de difficultés. Dans cette relation, Dieu donne la liberté et la fidélité. Cette relation entre Dieu et l’humanité permet la fécondité spirituelle de la vie humaine sous l’influence du Saint-Esprit. Ainsi dès le début de la Bible jusqu’à l’enseignement de Jésus, la relation entre deux personnes de sexes opposés inclut dans cette altérité radicale, la possibilité de la fécondité. Ce qui n’est pas le cas d’une relation entre deux personnes de même sexe. La relation entre deux personnes de sexes opposés rappelle donc d’une manière éminente que la vocation de l’humanité est de grandir dans l’amour et la fécondité de l’amour et la transmission de la vie. Voilà pourquoi les relations sexuelles entre deux personnes de même sexe n’ont pas de sens positif dans la pédagogie biblique, comme d’ailleurs les relations hétérosexuelles contraintes, ou sans lendemain ou avec adultère ou dans le cadre de la prostitution.

Votre question me permet aussi de rappeler que tous les êtres humains sans exception sont pécheurs. Il est injuste d’isoler un comportement particulier pour le condamner. La médisance, l’orgueil peuvent menacer aussi ceux qui critiquent et jugent les personnes homosexuelles. Ce qui est tout aussi contraire à la volonté de Dieu pour ses enfants. Enfin, il ne faut jamais réduire une personne à un seul aspect de sa vie. Une grande tentation à notre époque est d’enfermer les autres ou de s’enfermer soi-même dans une identité sexuelle affichée et réductrice de notre personne. Nous sommes tous appelés à progresser dans notre vie, à prendre conscience de notre vocation et de nos errements, et à reprendre pied sur le chemin où Dieu nous appelle. Certains ajustements sont plus difficiles que d’autres et ce qui sera aisé pour les uns sera très difficile pour d’autres. Mais Dieu ne nous abandonne jamais. Il est patient. Il nous aide à accomplir notre vocation, parfois d’une manière inattendue et stupéfiante. C’est un travail intérieur qu’il accomplit en nous. Nous pouvons lui faire confiance.

Nous vivons dans une société très contradictoire, où tout se dit et le contraire de tout aussi. Mon conseil est de s’en remettre à Dieu pour notre vie entière y compris la sexualité, aux frères et aux sœurs plus anciens dans la foi avec discernement et garder l’espérance qui se muscle dans la prière.

Que Dieu vous garde et vous fortifie !

Que veut-on dire par « se préparer pour la sainte-cène » ? [Annie]

L’enseignement principal sur la manière de recevoir la Sainte-Cène se trouve en 1 Corinthiens 11/17-34. Voilà les éléments qui devraient nous permettre de nous préparer à ce moment.
1-1 Co 11/17-22, met l’accent sur la Sainte-Cène comme repas de communion de l’Eglise corps du Christ. Se préparer à ce repas, c’est considérer ceux qui vont le prendre avec moi comme des frères et des soeurs en Christ, ce qui implique le désir de partage et de réconciliation (voir Matthieu 5/23-24, même s’il n’est pas question, dans ce passage, de la Cène).
2-1 Co 11/23-26, rappelle le sens de ce repas, institué par Jésus. Se préparer à le prendre, c’est se souvenir de la mort et de la résurrection de Jésus pour le salut du monde.
3-1 Co 11/27-32 nous invite à la prendre en discernant dans ce qui est pris, le corps et le sang de Jésus. Nous sommes donc invité à accueillir la vie du Christ, dans notre vie, notre péché, nos maladies, nos infirmités, pour le laisser nous relever, nous transformer.

Puisque Dieu est bon et aimant- pourquoi le monde de la nature est-il parfois si dur et cruel (tuer ou mourir- manger ou être nourriture- survie du plus apte- etc.)? [David]

« Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché… » nous dit la Bible en Romains 5/12. Ce « seul homme » dont il est question, c’est Adam, désigné en Genèse 2 et 3 comme le premier humain. Ainsi, le premier homme et sa femme ont péché. Ils n’ont pas écouté Dieu, ils ont préféré faire comme ils voulaient plutôt que de vivre la vie que Dieu avait crée bonne pour eux. Ils ont voulu penser qu’ils étaient leurs propres adieux et agir ainsi en prenant du fruit que Dieu leur avait défendu. Le mal, le péché et la mort sont alors entrés dans le monde, qui n’est plus tel que Dieu l’a voulu. En effet, dés qu’Adam et Eve ont mangé du fruit, la Bible montre que les ennuis commencent : les humains se cachent devant Dieu, l’homme accuse sa femme, qui accuse le serpent (Genèse 3), puis vient le premier meurtre (Genèse 4). Avant la chute, même les animaux étaient végétariens (Genèse 1/29-30), le péché étant advenus, la violence s’étend à notre régime, l’humain mangera de la viande (Genèse 9/3). Bref, le péché, le mal et la mort touchent toute la création, elle marque l’existence de tout être depuis la chute. Et pourtant, nous avons une espérance, en Christ, qui ôte du monde le péché qu’Adam y avait amené. Ainsi, en Romains 5/15, nous lisons : »Mais il n’en est pas du don gratuit comme de l’offense; car, si par l’offense d’un seul il en est beaucoup qui sont morts, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don de la grâce venant d’un seul homme, Jésus-Christ, ont-ils été abondamment répandus sur beaucoup. » Depuis la résurrection de Jésus, nous pouvons bénéficier de son oeuvre si nous l’accueillons. Il nous offre le pardon de nos péchés et l’assurance d’une vie libre du péché, la vie éternelle. Elle se manifestera pleinement à la fin des temps, il n’y aura alors plus de souffrance, ni de malheur (Romains 8/19-20, Apocalypse 21/1-4).

Puisque les protestants rejettent la transsubstantiation- comment comprenez-vous l’eucharistie ? Est-ce un mémorial de Jésus- symbolique- ou le Christ est-il vraiment présent d’une manière autre ? [René]

Vieille question qui soulève depuis le siècle des Réformes d’innombrables polémiques, y compris entre les Réformateurs ! Luther estimait qu’au moment où les paroles de Jésus sont rappelées, le pain et le vin de la Cène quoique toujours pain et vin, deviennent aussi corps et sang du Christ. Zwingli n’y voyait qu’un mémorial, le Christ étant au ciel. Calvin aurait pu peut-être les réconcilier en expliquant qu’en mangeant le pain et en buvant la coupe, nous avons réellement communication par l’Esprit Saint, à ce qu’ils nous représentent, et sommes unis au Christ. Jésus nous a promis que là ou deux ou trois sont réunis en son nom, il est au milieu d’eux.

Jésus lui-même n’aurait peut être pas compris grand chose aux considérations sur la « substance » et les « espèces », catégories philosophiques plus grecques que juives. Quand Jésus déclare « ceci est mon corps… faites ceci (en mémoire de moi) », le pronom ceci renvoie non au pain en lui-même mais au geste que Jésus a accompli en le rompant. Jésus a voulu dire : mon corps, mon sang, bref ma vie, ils sont rompus, brisés, donnés pour vous.