Comment comprendre ce verset : « Aucun malheur ne t’arrivera- aucun fléau n’approchera de ta tente. » (Psaume 91:10) ? [Etienne]

Tout le Psaume 91 est consacré à la protection que celui qui a mis sa confiance en Dieu peut s’attendre à recevoir de lui. Bien des fléaux, des malheurs, des dangers sont évoqués, avec la promesse que Dieu en délivrera celui qui l’aime.

Bien évidemment, à première lecture, on pourrait douter du réalisme de ce psaume. Si les croyants n’affrontaient aucune épreuve ou souffrance dans leur vie, ça se saurait… Comment comprendre ?

Peut-être en nous inspirant de la citation de ce Psaume… par le Diable ! En effet, en vue d’inciter Jésus à se servir de son identité de Fils de Dieu pour se jeter du haut du temple sans risque, l’adversaire cite habilement le v.11, qui suit : « il donnera des ordres à ses messagers à ton sujet…. et ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre ». Autrement dit : vas-y Jésus, jette-toi en bas du temple, Dieu te rattrapera. Mais le Diable a omis -intentionnellement- un bout du texte : (il donnera des ordres à ses messagers à ton sujet) pour te garder dans toutes tes voies. Or le chemin de Jésus, sa « voie », c’est l’attachement au Seigneur que le Psaume évoque au v.14, le désir de le servir et non pas de se servir de Lui.

Ce que ce Psaume nous assure, ce n’est pas que l’épreuve nous sera toujours épargnée, c’est que le Seigneur nous assistera au moment de l’épreuve, qu’il sera avec nous dans la détresse (v.15). Quand Jésus a été une nouvelle fois tenté de s’écarter de la voie que le Père lui traçait (l’acceptation de la croix), un ange est venu le fortifier (Luc 22,43). Tout comme des anges sont venus le servir après que Jésus a résisté aux pièges que le Diable lui tendait (Matthieu 4,11).

Ce Psaume peut être rapproché de ce que Paul affirme en Romains 8,28 : « tout coopère au bien de ceux qui aiment Dieu ». Ce bien, ce n’est pas une vie tranquille, prospère, la réussite professionnelle, l’épanouissement affectif, la santé, le succès, etc. Ce bien encore plus enviable que tout le reste, c’est que Dieu nous configure, nous recrée à l’image de son Fils (v.29).

Comment reconnaître la ‘voix’ de Dieu et être sur que c’est sa ‘voix’ ? [Massako]

Vous avez pris la précaution, Massako, d’encadrer le mot voix avec des guillemets, car Dieu a bien d’autres moyens de nous parler que par une voix résonnant à nos oreilles ! Un message d’un proche, un signe qui nous frappe, un verset biblique qui me touche, une méditation entendue à la radio, ou à l’Eglise, qui tombe « pile » dans la situation que je traverse…

Les réponses à votre question ont été diverses au cours de l’histoire. A Martin Luther convoqué à la diète de Worms, il a été conseillé de se soumettre à l’autorité établie (de l’Eglise) car c’était, pensait-on, par elle que Dieu parlait aux hommes. Même revendication de certains qui prétendent que l’Esprit Saint parlent par leur bouche, mais cette auto-validation me laisse très sceptique. Luther a rétorqué à Worms qu’il ne reconnaissait que les Ecritures Saintes comme autorité divine. C’est une première réponse : ne peut venir de Dieu que ce qui est conforme à sa Parole. Ainsi, je ne peux pas transgresser un commandement et prétendre que c’est la volonté de Dieu, ni affirmer quoi que ce soit contraire à l’enseignement des Ecritures (même si c’est à la mode).

Bien sûr, cette première réponse ne suffit pas. Comment être sûr que la façon dont je comprends, ou qu’on m’explique, tel ou tel passage de la Bible est fidèle à ce qu’a voulu dire son auteur, ou plutôt ses auteurs (l’écrivain humain, et l’Esprit Saint qui l’a inspiré) ? Comment être sûr qu’un conseil qui m’est donné devant une décision grave à prendre, ou un choix délicat à faire, est conforme à la volonté du Seigneur ?

Une deuxième réponse, ce serait l’appel au bon sens. Le Seigneur nous a doté de raison, de sagesse, et c’est un don précieux. On peut éprouver l’envie de faire des bêtises, de commettre des excès de toutes sortes, ce n’est certainement pas le Seigneur qui nous y pousse ! Il en va de même des interprétations farfelues de la Bible qu’un rigoureux respect des textes interdit (dernier exemple en date : le chiffre de la bête que chacun doit porter sur le front ou la main pour pouvoir acheter ou vendre selon Apocalypse ch.13, v.17, ce serait le vaccin anti-covid !).

L’apôtre Paul nous donne un troisième critère : ce qui n’est pas fondé sur la foi (en Christ) est péché. Autrement dit, si j’agis par soumission aux autres et non pas conformément à ce que je crois, ce n’est plus le Seigneur qui est aux « commandes ». En Romains ch.14, Paul traite la question de ce qu’il est permis ou non à un chrétien de manger… Pour certains chrétiens, consommer des viandes d’animaux sacrifiés aux dieux païens, c’était se souiller. Pour d’autres (y compris Paul lui-même), ce n’était que de la viande, et tout ce que Dieu a créé étant bon, aucun problème pour en manger. Et pourtant, Paul incite ceux qui pensent comme lui à respecter la conviction de ceux qui croient autrement.

Un 4e critère pour laisser Dieu nous parler, par exemple avant de prendre une décision engageante : écouter ce que nous disent nos frères et soeurs dans la foi, ne pas se confier qu’à son propre discernement.

Malgré tout, nous ne serons jamais sûrs à 100% d’avoir bien entendu ce que Dieu veut nous dire. Aucun critère de discernement ne nous dispensera jamais de demander au Seigneur son Esprit pour nous éclairer et nous guider.

Mon mari (qui se dit chrétien catholique) m’impose la polygamie, fait des pratiques occultes. Puis-je divorcer ou je dois supporter parce que Dieu hait le divorce ? [Ana]

Tout d’abord Ana permettez-moi de vous exprimer ma compassion pour ce qui vous est infligé au sein même de votre couple. La polygamie, même si elle est admise dans certaines cultures, n’est pas la vision chrétienne du mariage, loin de là. Quant aux pratiques occultes, nous savons aussi leur nocivité pour ceux qui s’y adonnent et les conséquences indirectes pour leur entourage.

Je n’ai pas à vous dire ce que vous devez faire concrètement, dans la mesure où votre situation nécessite l’accompagnement d’un pasteur ou autre conseiller, des entretiens qui pourront vous aider, vous éclairer dans votre décision (si votre mari se dit chrétien, il peut accepter d’y participer et entendre votre souffrance avec la médiation d’un tiers). Peut-être d’ailleurs avez vous déjà eu recours à ce type d’aide. Je peux simplement vous donner quelques indications sur l’enseignement biblique, sans aucunement chercher à peser sur votre conscience.

Ce n’est pas le divorce en soi qui est haï par le Seigneur, mais ce qui en est la cause : la dureté et l’obstination de notre coeur (Matthieu 19,8; Marc 10,5), à savoir notre incapacité à aimer notre conjoint(e), à le/la respecter, prendre soin de lui/d’elle. Le divorce est un constat d’échec et de mort du couple. L’apôtre Paul encourage la femme chrétienne à rester avec son mari même incroyant parce qu’elle le « sanctifie », mais ajoute que le résultat n’est pas sûr, et ajoute qu’elle n’est pas obligée de vivre un enfer imposé alors que Dieu a voulu que le couple vive dans l’harmonie et dans la paix ! (1 Corinthiens 7,12-16).

Pourquoi le complotisme marche si bien dans certains milieux chrétiens ? [A.]

L’idée que les puissants puissent faire des complots est simplement de l’ordre du bon sens ; toute l’histoire de l’humanité le montre. Et beaucoup d’histoires bibliques confirment cela. Par exemple, le complot de David pour voler Bethsabé à son époux Urie est tout de même assez outrancier.

Le livre de l’Apocalypse renforce aussi l’idée qu’il puisse y avoir des choses qui se passent dans l’invisible, qui modifient le cours de l’Histoire, et ne soient pas immédiatement compréhensibles.

Mais entre accepter que des complots puissent exister et voir des complots partout, il y a un pas gigantesque à ne pas franchir.
Car les complotistes réduisent tout à des complots. Pourquoi ?

L’accès massif à l’information avec Internet semble avoir rendu presque impossible la tâche qui consiste à comprendre « ce qui est en train de se passer ». L’accumulation des vraies et fausses nouvelles, la surinformation, et l’hyper sollicitation des écrans avec la puissance des images auxquelles ils nous exposent ont rendu le monde très stressant. Beaucoup sont addicts aux réseaux sociaux pour se donner le sentiment d’être bien informés et deviennent comme des junkies face à leur smartphone.

Le complotisme réduit le réel à une explication qui va paraître vraisemblable, plausible. Mais surtout, il réduit le réel à des équations qui vont donner aux complotistes le sentiment d’avoir une clé de lecture simple, qui permet de tout expliquer à bon compte : « on nous cache tout on nous dit rien » (et ceci à l’heure à où ne nous a jamais autant informés).

Par cette réduction de la complexité du réel à quelques mécanismes paranoïaques, guidés par la peur, le complotisme constitue ce que certains analystes nord-américains appellent « la revanche des loosers ». L’expression est assez méprisante pour qualifier les distanciés de la société de l’information, mais nous pourrions la rendre plus audible en l’appelant la revanche des simples. La frustration de ne pas comprendre est en quelque sorte réglée par un système d’explication simple, voire même plutôt simpliste.

Alors que le Seigneur nous assure que toutes choses seront révélées (pour ce qu’elles sont), la pastorale de Jésus montre qu’il fait droit à la complexité du réel, en nous invitant à accepter que Dieu le Père, seul, puisse tout maîtriser et tout expliquer.

Face aux crises majeures qui seront la conséquence du réchauffement climatique- comment se positionner en tant que chrétiens ? Faut-il envisager une rupture de mode de vie radicale ? [Marion]

Vous en conviendrez, Marion, les chrétiens sont aussi des… terriens ! Notre avenir est donc étroitement lié à celui de notre environnement terrestre, comme pour tout être vivant, n’en déplaise à ceux qui pensent que la solution serait de coloniser la planète Mars… En outre, nous confessons que sa Création, le Seigneur l’a confiée aux hommes pour la cultiver et la garder, c’est à dire en prendre soin (Genèse ch.2, v.15). Nous ne pouvons donc pas nous soustraire à l’enjeu écologique sous prétexte que notre vraie patrie est le Royaume des cieux. Bien au contraire. Dans sa prière au Père pour nous, Jésus déclare : « je ne te demande pas de les retirer du monde, mais de les garder du Mal (ou : du Mauvais ») (Jean 17,15).

En tant que chrétiens, nous n’avons pas une compétence particulière pour lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences. La Bible ne nous donne aucune recette technique à cet égard ! C’est avec les autres que nous pouvons réfléchir aux changements qu’il convient d’opérer dans nos modes de vie, à l’échelon individuel comme au niveau des choix de société. Mais nous pouvons nous en sentir encore plus responsables devant notre Dieu, et pas seulement devant les générations qui auront à subir les conséquences de nos insouciances et de nos gaspillages. Ou vis à vis de nos contemporains qui en souffrent déjà (victimes des aléas climatiques).

Nous pouvons surtout apporter en tant que chrétiens une espérance., face à ce dérèglement climatique source de tant d’angoisse (ou de cynisme) autour de nous. Celle qui nous est donnée, par la résurrection de Jésus-Christ, d’une Création renouvelée, réconciliée avec Dieu, libérée du mal, du péché et de sa source : la convoitise et l’illusion d’être des dieux. Nous pouvons, sinon la bâtir, du moins en donner des signes, en devenir les témoins actifs, notamment en changeant nos habitudes néfastes de consommation, de transport, de gestion de nos déchets, etc. Bref, par une vie sobre. Et comme l’écrivait Paul, en apprenant à nous satisfaire de ce que nous avons, dans l’abondance ou dans la pénurie (Philippiens 4,11s).

La masturbation est-elle un péché si oui comment ? Si non pourquoi ? [Kauf]

Je ne connais pas de passage biblique qui parle explicitement de la masturbation. De ce silence, je ne peux pas déduire que cela soit « autorisé » ou « interdit » en faisant abstraction de chaque situation concrète. Il me semble utile de se demander pourquoi on la pratique. Il y aura sans doute autant de réponses que de personnes. Il me semble nécessaire que vous puissiez aller interroger un pasteur pour lui présenter votre situation, afin de discerner ce qu’il en est vous concernant.

Comment abandonné le péché pour avoir un cœur libre et ne rien craindre pour vivre en paix du cœur ? [Joseph]

Votre question, Joseph, me semble témoigner de votre désir de trouver la paix dans l’accomplissement de la volonté de Dieu et je ne peux que vous encourager à poursuivre dans cette voie. Car c’est bien d’un chemin qu’il s’agit, me semble-t-il. Si vous reconnaissez qu’en Jésus-Christ, Dieu vous a pardonné, que par sa mort et sa résurrection, vous êtes réconcilié avec Dieu, vous êtes dès lors entré sur le chemin de la sanctification. Cela peut paraître un très grand mot, mais il désigne une avancée progressive, jour après jour, allant de repentance en découverte toujours plus profonde du pardon et de l’amour de Dieu pour vous. Petit à petit, par l’action de l’Esprit Saint, vous verrez une évolution dans votre comportement et votre manière de réagir. Gardez courage et demeurez dans l’amour de Dieu.

Comment vaincre la peur en soi ? [Jo]

Plus qu’être « vaincue », la peur, comme chacune de nos émotions, doit être « maîtrisée ». Est ce que ma peur me paralyse ou me permet elle une juste prudence ?

L’ensemble de la Bible nous enseigne que l’humain veut se gérer lui même sans l’aide de Dieu. Dans le cas de la maitrise de la peur il en est, me semble t il, de même. On voudrait des méthodes simples et réutilisables à souhait.

Or, la Bonne Nouvelle de Jésus Christ c’est que le Royaume/le Règne de Dieu s’est approché. Ce règne de Dieu est un règne de guérison (des paralysies psychologiques notamment) et de paix.

Dans de très nombreux passages bibliques, Dieu déclare « N’ayez pas peur » (il paraîtrait qu’il y en a 365 occurrences…soit une par jour de chaque année).

Cette maîtrise de la peur ne peut donc venir de moi même mais de la venue du Règne de Dieu dans ma situation paralysante. Du coup, peut être que je peux (avec persévérance) demander à Dieu sa venue et lui laisser vraiment le contrôle et l’autorité sur ma propre vie ?

Je vous laisse la paix du Christ.

Dieu aime le monde (Jean 3,16) et nous dit de ne pas l’aimer (1 Jean 2,15). On fait quoi de ça ? [Pierre-Henry]

Effectivement, il peut y avoir un paradoxe quand il nous est dit dans les Écritures à la fois :
– « N’aimez pas le monde ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, il n’aime pas Dieu le Père. » (1 Jean 2,15) et…
– « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. » (Jean 3,16).

Dans la théologie johannique (les écrits attribués à Jean), le monde représente non pas la Création, mais cette Création en tant qu’elle a chuté, dans l’expérience du péché. Le monde est régi par le Prince de ce monde, ce diable qui n’est pas le Roi des Rois, ou le Créateur de l’Univers.

Aimer le monde, pour les humains, c’est adhérer aux appétits d’une vie d’abord physique et psychique, pulsionnelle, libidineuse, ou cupide. Quand les humains aiment le monde, ils le font dans l’ordre du péché, dans l’ordre de la convoitise coupable.

Aimer le monde, pour Dieu, c’est spirituel. Et c’est vouloir le racheter, le reprendre en mains, lui offrir la possibilité du pardon, d’une opportunité nouvelle. C’est un amour qui se donne et qui est tout à fait beau, pur, et indemne du péché.

L’enjeu serait donc pour nous d’arriver, un jour, à aimer le monde avec le cœur et le regard de Dieu, et non pas avec nos envies et nos lubies.
À ce moment-là, nous pourrions aimer le monde comme Dieu l’aime…