Quelle est la place et/ou le sens des fiançailles dans la Bible ? [Eve]

Comme de beaucoup d’autres sujets, la Bible n’aborde celui des fiançailles que comme image empruntée à la vie quotidienne et utilisée pour parler de la relation qui unit l’humain à Dieu dans la foi. Il n’y a pas dans la Bible de « traité des fiançailles » (pas plus que du mariage d’ailleurs).

La première chose que l’on peut dire est que, dans la Bible et selon les coutumes en vigueur à l’époque, le temps des fiançailles désigne celui qui sépare le moment où un homme et une femme s’engagent l’un vis à vis de l’autre de celui où ils sont liés l’un à l’autre par le mariage. Ce temps pouvait parfois durer plusieurs années, par exemple lorsqu’une fille était promise à un homme très jeune. C’est donc un temps d’attente, de préparation, mais surtout un temps pendant lequel le seul lien qui unit les deux personnes est la confiance qu’ils se font l’un à l’autre. Fort logiquement c’est donc un grand malheur qu’un homme s’autorise à coucher avec la fiancée d’un autre (cf Deut 30,28).

La seconde chose que l’on peut dire est que cette image des fiançailles est employée pour illustrer la force du lien qui unit Dieu à son peuple, image de son amour inconditionnel et patient, confiant et nous appelant sans cesse à un engagement plus entier (cf. Jérémie 2,2). De même que l’horizon des fiançailles est l’engagement par le mariage, celui de la foi est l’union parfaite avec Dieu en Christ (Ap 21,9 par exemple) source de joie et de plénitude.

Sauvés… mais de quoi ? [Mireille]

La Bible, ainsi que notre expérience quotidienne à tous, croyants, nous disent la rupture profonde (l’aliénation) entre Dieu et nous, et par suite la rupture entre nous et les autres, et entre nous et nous-mêmes. C’est de cette aliénation que Jésus-Christ nous sauve, à travers la foi, c’est-à-dire la confiance que nous accordons à ce salut. Par la mort et la résurrection de Jésus, nous sommes restaurés dans la communion avec le Père, réunis à nous-mêmes et trouvons des frères et sœurs dans nos prochains.

On peut dire les choses autrement (la Bible tente plusieurs approches pour mieux cerner la question).

On peut dire qu’à cause de cette rupture, nous sommes en dette à l’égard du Dieu juste, nous qui « transgressons tous les jours et de plusieurs manières ses saints commandements, attirant sur nous, par son juste jugement, la condamnation et la mort » (confession des péchés de Calvin et Bèze). Dans cette manière de dire, c’est donc de cette condamnation, et même de ce jugement, que nous sommes sauvés.

On peut dire aussi que par cette rupture nous appartenons au mal / aux ténèbres / au diable qui se met en travers de nous-mêmes, de nous et des autres, de nous et de Dieu. C’est alors de cet « esclavage du péché » que nous sommes sauvés, « rachetés à grand prix », tout comme les Hébreux avaient été sauvés de leur esclavage en Égypte.

Dans toutes ces manières de dire, et quelle que soit votre propre manière de dire cette aliénation, c’est d’elle que nous sommes sauvés, c’est donc quelque part de nous-mêmes en tant que nous vivons sans Dieu ou contre lui. En Christ, nous sommes devenus libres, et c’est son Esprit qui nous fait vivre cette liberté au quotidien.

 

Qui est sauvé ? [Monique]

Il y a plusieurs interprétations du salut dans le christianisme, que je résumerai comme suit :

universel : tous sont sauvés parce que Dieu l’a voulu,
très large : Dieu veut sauver tout le monde, mais certains refusent, et il ne cherche pas à les sauver contre leur gré,
large : Dieu sauve selon certaines modalités, ceux qui croient en Christ étant sauvé par grâce (leur foi est le signe qu’ils ont accueilli le salut, justement), et ceux qui n’y croient pas sont sauvés selon le critère de l’obéissance à la loi, les autres ne sont pas sauvés,
restrictif : seul un petit nombre serait sauvé, soit parce que Dieu l’aurait décidé ainsi, soit parce que les humains ne voudraient pas vivre jusqu’au bout le plan de salut.

C’est à dessein que je donne ces quatre alternatives, simplifiées ; car l’ensemble de ces positions peut être étayé par des textes bibliques et de façon assez cohérente, si on veut bien être honnête intellectuellement. Il y a à l’intérieur même de la Bible plusieurs conceptions, mais une même certitude : Jésus-Christ est venu pour ouvrir le salut aux humains, et tous en ont besoin ! “C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu.” (Ephésiens 2,8).

Personnellement, je pense que Dieu veut en sauver un maximum. Mais j’attends là-haut de voir… Ce dont je suis sûr c’est que la foi, c’est l’assurance du salut, la certitude d’être déjà sauvé par Dieu en Christ !

Finalement, la création est parfaite, ou pas ? D’où vient le bug ? [Steph]

Une création parfaite ? C’est vrai. Mais c’est encore plus compliqué que ça je crois…
« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide : il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. » (Genèse 1,1-2).
L’expression informe et vide est le mot hébreu Tohu-(w)Bohu qu’on utilise en français pour dire un grand bazar. Donc la création telle que l’humain la découvre doit être qualifiée d’autre chose que « parfaite » à mon sens. Elle est plutôt mise en ordre. Dieu dit à la lumière de se distinguer de la ténèbre, et ça arrive (v. 3), et tout ce qui est confusion, brouillon, mélangé, est mis en ordre. Ce n’est pas la perfection au sens premier du terme, c’est-à-dire sans aucune ombre. C’est l’ombre d’un côté et la lumière de l’autre. Reste la part de l’ombre, le « mauvais côté de la force », mais il n’est plus question que ce soit mélangé, c’est soit l’ombre, soit la lumière. Et le Serpent, futur prince du mensonge, est du côté de l’ombre…

Si je comprends bien, en sus de notre nature pécheresse, il y a également des puissances spirituelles qui veulent notre perte. Qui sont elles ? Pourquoi l’Eglise est aussi peu prolixe à leur sujet ? [Didier]

Les évangiles nous transmettent que le ministère de Jésus comportait un enseignement accompagné de guérisons et d’actes de délivrance.
Dans l’évangile de Marc, le ministère de Jésus commence par une délivrance (Marc 1:21-28). Lorsque Jésus envoie les 12 disciples, il leur donne autorité sur les esprits impurs (Matthieu 10:1).
On trouve déjà quelques mentions de puissances spirituelles mauvaises dans l’Ancien Testament mais c’est seulement avec le ministère de Jésus que nous trouvons le témoignage de délivrance d’esprits mauvais. Cette activité est l’un des signes les plus manifestes de la venue du Royaume de Dieu . Jésus ne libère pas du pouvoir temporel de l’occupant romain mais il libère de ces puissances qui oppriment les humains (Luc 11:20-22). Il n’a pu commencer son ministère qu’après avoir été confronté au diable et l’avoir rejeté par la parole (Luc 4:1-14).

Il ne nous est rien dit concernant l’origine de ces puissances spirituelles. C’est une réalité qui est révélée à travers le ministère de Jésus et que l’on peut expérimenter dans la prière. La bible nous enseigne cependant l’essentiel : ce sont des créatures qui ne peuvent résister au Seigneur. Elles prennent autorité sur la vie des hommes s’ils les laissent entrer ou même les appellent volontairement. Leur pouvoir a été vaincu par Jésus mort et ressuscité pour nous. Par la foi en Christ, nous avons autorité sur elles.

Nous avons vécu (mais c’est en train de changer) dans une culture qui a placé la raison humaine et la science comme critère absolue de vérité. Or la dimension spirituelle échappe au regard de la science. Elle ne peut pas plus observer le St Esprit que les esprits impurs. Ce n’est pas une réalité « objectivable ». Certains courants de l’Eglise ont estimé qu’il fallait soumettre le témoignage biblique au critère de la raison et ont proposé des interprétations uniquement existentielles ou psychologiques. Si l’on admet que le spirituel échappe à l’observation directe de la science pour des raisons méthodologiques, alors le ministère de délivrance de Jésus reprend tout son sens et il est important de proposer une prière de délivrance à certaines personnes qui peuvent en avoir besoin . Jésus est venu aussi pour ce faire, nous rendre libre de tout mal, de notre péché mais aussi des puissances qui cherchent à nous rendre esclaves.

Que signifient les 144 000 élus dont parle l’Apocalypse ? [FP]

En Apocalypse 7,14 et 14,1 on parle des élus, des sauvés, qui sont au nombre de 144.000.

Les Témoins de Jéhovah prennent ce chiffre à la lettre. Il semble que l’Apocalypse soit plutôt un livre codé. Qui aurait pu comprendre que « Les sanglots longs des violons de l’automne… » puisse être le code de lancement de la libération de la France à la fin de la deuxième guerre mondiale ? Sous l’oppression romaine, il fallait utiliser certains langages pour évoquer la lutte contre l’Empire.

144.000 c’est 12 fois 12 fois mille.
12 peut évoquer les tribus d’Israël ; mais aussi les disciples/apôtres
1000 veut traditionnellement dire la multitude.

Il est donc probable que ce chiffre veuille dire qu’Israël et l’Eglise, ainsi que la multitude (reste à savoir s’il s’agit du monde entier ou seulement d’un grand nombre…), seront sauvés par Christ à la fin des temps.

Si un « pasteur » rejette le Credo (divinité, naissance virginale, expiation, résurrection de JC) est-il chrétien ? Si il rejette les Sola (autorité Bible, Jésus seul,..) est-il encore protestant ? [Nicolas]

Dans la Bible (Actes 18, 24-28), Apollos avait déjà commencé à prêcher avec enthousiasme plein de bonnes choses, alors qu’il lui manquait des éléments de connaissance importants concernant le baptême. Après l’avoir écouté, Priscille et Aquilas ont comblé ce qui manquait à sa connaissance et il fut encouragé par les chrétiens à poursuivre son ministère. Il aimait Jésus, il avait soif d’en savoir plus, il poursuivit l’œuvre du Seigneur en progressant toujours davantage dans la grâce et la connaissance de Dieu.

Être chrétien, c’est d’abord appartenir à Jésus et lui avoir dit « oui » à Lui. La doctrine vient en second et une compréhension fine de celle-ci demande du temps, de l’étude et beaucoup d’humilité devant Dieu. Maintenant, le Credo et les articles que vous mentionnez (naissance virginale, expiation, résurrection…), c’est quand même élémentaire… L’Église qui a ordonné un pasteur qui rejette ces articles manque cruellement de discernement ! Effectivement, un tel pasteur n’est pas encore chrétien et il est donc gravement en danger à exercer une telle charge. Priez pour lui, mais fuyez ses prédications.

Une sœur que j’aime beaucoup de mon Eglise m’a dit qu’elle est lesbienne et qu’elle ne veut pas se repentir, en tant qu’enfant de Dieu que dois-je faire ? Car dans Rom 1:26 je lis que c’est un péché. [Fafa]

La vie chrétienne est un chemin. Nous commençons par y entrer en découvrant qui est Dieu, le salut qu’il nous offre en Jésus-Christ et souvent dans un second temps, et petit à petit tout au long de notre vie, son autorité et les changements qu’il veut, par le Saint-Esprit, opérer en nous. Nous sommes tous appelés à des changements que le Seigneur ne manquera pas de conduire en nous au fur et à mesure que notre confiance grandira et que nous le laisserons faire. A nous, donc, de nous encourager les uns les autres, dans la foi, la lecture honnête de la Bible et la prière dans la confiance en ce que le Saint-Esprit opère.

Tu as partagé avec cette sœur ce que la Bible dit et tu pries pour elle ? Tu as bien conscience que tu as aussi à te soumettre à la Parole, à laisser Dieu agir dans ta vie et tu sais, d’expérience, que cela n’est pas facile ? Tu es prêt(e) à discuter de cela avec elle si elle te sollicite, à prier avec elle ? Concrètement, je crois que c’est là tout ce que le Seigneur te demande. Aller plus loin, forcer les choses risquerait d’être une source de découragement dans sa marche avec le Dieu qui connait les cœurs et sait agir en nous, avec juste rigueur et juste douceur.

« C’est pourquoi encouragez-vous les uns les autres et aidez-vous mutuellement à grandir dans la foi, comme vous le faites déjà. »
1 Thessaloniciens 5/10

« Nous vous en prions aussi, frères, avertissez ceux qui vivent dans le désordre, consolez ceux qui sont découragés, supportez les faibles, usez de patience envers tous. » 1 Thessalonicien 5/14

L’Écriture dit que Dieu interdit le meurtre (Ex 20,13) et aussi qu’il commande de tuer (Dt 18,20). Comment cela est-il possible ? Est-ce Dieu qui commande de tuer ou est-ce une interprétation humaine ? [Muriel]

La réponse sera en deux parties : l’opposition que vous soulignez, et le commandement de tuer.

L’opposition que vous relevez n’en est pas une, pas plus dans la Bible que dans le droit des sociétés humaines. L’interdit porte effectivement sur le meurtre, ou plus précisément sur l’assassinat. Il n’appartient à personne de se faire justice lui-même (sous peine que ça dégénère, comme en Genèse 4 / 23-24). Ni à plus forte raison de tuer qui il veut quand il veut ! Mais la société peut exercer la peine de mort envers un coupable reconnu tel et qui en est passible selon la loi. Il y a la même chose dans l’Ancien Testament, qui faisait loi pour l’ancien Israël. La question de savoir aujourd’hui si la peine de mort est utile et légitime dans une société est une autre question.

À la lumière de Matthieu 5 / 21-22 et de Jean 8 / 3-11 notamment, les chrétiens ont considéré que le « commandement de tuer » était irréalisable et aboli. Irréalisable car alors il faudrait l’appliquer à tout le monde ! L’apôtre Paul considère ainsi que le but de la loi biblique est de convaincre tout le monde de péché, afin que dans la foi ceux qui adhèrent à Jésus-Christ puissent recevoir le pardon du péché et vivre de sa vie et non plus de leurs œuvres. On peut le lire dans toute l’épître aux Romains, mais en particulier 5 / 21-23 et tout le début du chapitre 7…

Le commandement de tuer nous révèle simplement que telle ou telle faute mérite la mort, et qu’ainsi, aux yeux de Dieu, vivre ainsi, c’est être mort. Dans le « Sermon sur la montagne », Jésus rend extrême cette vision, afin que personne ne pense pouvoir y échapper. Mais c’est afin que tout un chacun puisse entendre l’Évangile, parole de grâce, de vie, de liberté : en Christ, nous qui ne le méritions pas, nous sommes réconciliés avec Dieu. L’Ancien Testament, dans sa rigueur, préparait ainsi le Nouveau ! C’est donc bien au Christ qu’il faut s’attacher (en lequel il n’y a pas de condamnation à mort, mais un appel à vivre renouvelé par l’Esprit) et non aux commandements de l’Ancienne alliance qui ne trouvent sens et aboutissement qu’en lui.