La croyance dans le Karma est-elle compatible avec la foi chrétienne ? [Manu]

L’idée du Karma vient de l’hindouisme et du bouddhisme et elle part du principe que nos actions influencent le jeu de nos supposées réincarnations successives. Nos mauvaises actions nous font perdre des points et nos bonnes actions nous font gagner des points en quelque sorte. Pour pouvoir être dans une meilleure prochaine vie ou l’inverse.

La croyance dans le Karma est indissociable de la croyance en la réincarnation, qui est elle-même totalement incompatible avec la foi en la résurrection, qui se trouve être le centre de la spiritualité chrétienne. Ainsi l’épitre aux Hébreux 9,27 (PDV) affirme : « Les êtres humains meurent une seule fois, ensuite Dieu les juge. » Sur cette terre on ne meurt qu’une fois, on ne se réincarne pas. La résurrection se joue à la fin des temps, quand la grâce de Dieu nous ouvre à une vie éternelle par le salut que donne Jésus le Christ. L’épitre aux Ephésiens 2,8-9 (NFC) poursuit en affirmant : « C’est par la grâce de Dieu que vous avez été sauvés, au moyen de la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu ; il n’est pas le résultat de vos efforts, et ainsi personne ne peut faire le fier. » Nous n’avons donc aucun impact par nos œuvres sur ce qu’il adviendra pour nous après la mort.

Le Karma est donc une projection de l’humain qui aspire à se sauver lui-même.

Mener « une guerre culturelle » fait-il partie du « Grand Mandat » que Jésus-Christ a confié à ses disciples ? [Nic]

Nic, par « Grand Mandat » vous entendez, j’imagine, ce qui est dit à la fin de l’évangile de Matthieu (28,16-20). Dans ces quelques versets il s’agit de faire des non-juifs des disciples du Christ ressuscité. Le verbe faire_des_disciples est un seul mot formé à partir du… mot disciple justement. Le « Grand Mandat » consiste donc à montrer aux non-chrétiens, qui est le Christ et comment ils peuvent le suivre, recevoir son enseignement et devenir à leur tour des disciples. Il faut noter qu’au verset 17 quand les disciples voient le Christ ils se prosternent devant lui : le disciple est celui qui se soumet au Christ, à son autorité.
Je ne vois là aucune « guerre culturelle » à mener. Et j’ajoute que même avec des « guillemets » le Christ n’a jamais envoyé ses disciples pour mener « une guerre ». Il les a même envoyés comme des agneaux au milieu des loups (Mt 10,16) : si des agneaux font la guerre aux loups, ils terminent en côtelettes, gigots… Et enfin dans les autres envois en mission des 4 évangiles, je ne vois pas non-plus d’engagement du Christ à mener une telle « guerre ».
Mais toujours est-il que ce « grand mandat » reste et ouvre à un engagement fort du chrétien dans le monde pour y témoigner du Christ.

Quand j’entends Israël dans l’actualité, j’ai souvent l’impression que ce n’est pas la même chose qu’Israël dans la Bible. Qu’en penser finalement ? [Ben]

Effectivement, Israël dans l’actualité c’est l’état d’Israël, créé au milieu du XXème siècle après la deuxième guerre mondiale et la Shoah. Cet état a été créé pour (re)donner une terre au peuple que l’Occident n’a pas su protéger de la folie hitlérienne. L’état d’Israël a été fondé essentiellement sur la base du sionisme politique et de ses leaders qui souhaitaient un état laïc, pour différencier cet état du « peuple d’Israël » qui est plutôt l’appellation du Premier et du Nouveau Testaments.

Ainsi, appliquer les vérités bibliques terme à terme qui parlent d’Israël sur l’état actuel d’Israël est faux. Car Israël est d’abord le nom donné par Dieu à Jacob après qu’il se soit battu avec Dieu (ce qui est le sens de ce nom en hébreu). Les « fils (et filles) de Jacob » sont donc d’abord une filiation non seulement du sang mais aussi et surtout spirituelle, liée à la fidélité au Dieu biblique.

Que penser du concept de « parent spirituel » pour désigner le lien entre un chrétien et une personne qui l’aurait amené à la foi et l’accompagnerait ensuite ? [Ed]

Je pense que ce concept a toute sa légitimité. L’apôtre Paul n’hésite pas à appeler son jeune collaborateur Timothée, son « enfant bien aimé » (2 Tim 1,1) et Tite, même, son « enfant véritable selon notre foi commune »(Tite 1,4, voir aussi 1 Timothée 1,2). Ce lien de filiation spirituelle que Paul souligne avec les destinataires de ses lettres suggère bien que, tout comme la vie, l’éducation, se transmettent de parent à enfant, la foi vient de ce que l’on entend d’un autre : un témoignage. Elle ne nous « tombe pas dessus » sans une ou plusieurs personnes qui nous ont amenés à Jésus-Christ par leurs paroles, leurs actes.

ChatGPT va-t-il finir par remplacer les répondants de « 1001 questions » ? [Nico]

Bonjour Nico. Votre question suppose peut-être que les réponses que vous lisez sur notre site sont à ce point stéréotypée qu’un outil conversationnel comme Chat GPT pourrait faire le boulot. Je crois que le meilleur critère que vous pourrez appliquer pour être sûr que la réponse ne vient pas d’un robot, ce sont les blagues à deux balles qui émaillent un certain nombre de réponse (souvent les miennes d’ailleurs!) Chat GPT a soit un humour beaucoup plus fin, soit pas d’humour du tout. Mais il ne sait pas faire des blagues aussi nases (même mon correcteur orthographique ne connaît pas le mot « nase » !) Seul un pauvre pécheur qui sait que Dieu l’a justifié en Jésus peut oser répondre comme il le fait sur 1001 questions !

Des protestants disent que la lecture individuelle de la Bible prime. N’est-ce pas plutôt la lecture collective ? [Christophe]

Christophe, votre question met le doigt sur un risque de dérive de la spiritualité protestante. A force de rappeler que l’on appartient à l’Eglise parce que l’on a une relation personnelle (la foi), avec le Seigneur, et non le contraire… A force d’insister sur la primauté de cette relation individuelle avec le Christ, qui peut certes se vivre dans la méditation personnelle de la Bible, on peut oublier que nous sommes chacun, chacune membre d’un même corps, dont le Christ est la tête, et qui s’appelle l’Eglise. On peut oublier que si nous croyons en Jésus-Christ, c’est parce que d’autres nous ont parlé de lui. Qu’il s’agisse de notre entourage (parents, amis..), ou de ceux qui nous ont précédés dans la foi. Ne dit-on pas, par exemple, que nous sommes vis à vis des Pères de l’Eglise comme des nains montés sur des épaules de géants ?

La Parole de Dieu n’est pas donnée à des individus isolés seulement, mais d’abord à une communauté qu’elle rassemble. Dans le livre des Actes, au chapitre 8, un éthiopien lisait seul le livre d’Esaïe et Philippe est monté dans son char pour l’aider à comprendre ce qui y était annoncé au sujet de Jésus-Christ. Notons également que l’éclairage des Ecritures, que seul permet ultimement le Saint-Esprit, n’est pas toujours à sens unique. Ainsi, ne pensons pas qu’une assemblée ne peut comprendre un texte que si le pasteur ou autre théologien de service en donne l’interprétation. En tant que pasteur, il m’arrive plus que souvent, lors d’une réunion autour d’un texte de la Bible que j’ai pourtant bien étudié, d’y découvrir une richesse de sens jusqu’alors inconnue de moi, grâce aux remarques, voire aux questions des autres participants.

Pourquoi les gens aiment-ils tant chanter des cantiques pleins d’approximations théologiques ? (Sylvie)

Il n’est pas sûr que l’attachement que nous portons à tel ou tel cantique soit lié à son contenu théologique, encore moins au fait que ce contenu soit doctrinalement suspect. Mais parce que sa mélodie nous berce depuis notre jeunesse, réveille des souvenirs, parce qu’il crée en nous, comme tout ce qui atteint nos sens, une émotion d’ordre esthétique, nous aimons l’entonner. Un chant, une musique ne nous rejoint pas seulement au niveau du cortex, siège de la pensée raisonnante, mais aussi et d’abord au niveau de notre sensibilité profonde ! Et ce n’est pas un mal en soi. Le Psaume 150 nous invite à louer Dieu et à le chanter avec tous les instruments possibles ; le chant, la musique rendent gloire à Dieu dans la grandeur, et la beauté de sa création, reflets de sa propre beauté, de sa propre grandeur… Et en concluant « que tout ce qui respire loue le Seigneur », le psalmiste rappelle que la louange n’est pas seulement cérébrale.

Voilà pourquoi nous pouvons entonner sans sourciller des contre-vérités bibliques, inscrites noir sur blanc dans des recueils aussi honorables qu’Arc-en-Ciel, Alléluia !, ou Jeunesse en Mission qui nous feraient réagir si elles étaient formulées dans un discours. Un chant de louange à Jésus-Christ prétend lui « apporter la couronne », tout en reconnaissant, heureusement, qu’il l’a conquise lui-même sur la croix… La Cévenole, fameux cantique de Ruben Saillens par ailleurs fort édifiant, commence ainsi : « Salut montagnes bien-aimées, pays sacré de nos aïeux »… et semble oublier que rien n’est sacré en dehors de Dieu lui-même.

C’est d’autant plus gênant que les paroles d’un chant, voire une mélodie, peuvent avoir, précisément de par l’émotion que la musique suscite, beaucoup plus d’impact sur notre théologie, sur notre conception de la foi et de la vie chrétienne qu’un précis de doctrine ou un sermon même percutant. Le philosophe athée et nihiliste Cioran, lui-même, reconnaissait que la musique de Jean-Sébastien Bach le faisait douter de son athéisme !

Alors oui, peut-être, serait-il bon de modifier les paroles de certains cantiques, voire de les éviter si ce n’est pas possible pour des raisons de rythme ou de rime. Pasteur en terre cévenole, j’ai osé demander à l’assemblée de chanter le cantique de Ruben Saillens en remplaçant « sacré » par « chéri ». Je ne me suis pas fait lyncher …

Est-ce que Dieu pardonne à un homme ou une femme qui a trompé son ou sa partenaire étant marié- et ce à plusieurs reprises ? [Past]

Il n’y a pas d’offense, de faute, voire de trahison aussi grave que l’adultère que Dieu ne puisse pardonner. Et ce, même si cette faute a été commise plus d’une fois. Une belle confession du péché de la Réforme, celle de Jean Calvin, nous rappelle notre propension à réitérer le mal : « Nés dans l’esclavage du péché, enclins au mal, incapables par nous-mêmes de faire le bien, nous transgressons tous les jours et de plusieurs manières tes saints commandements, attirant sur nous, par ton juste jugement, la condamnation et la mort ». Si nous condamnions tel ou tel péché en le déclarant impardonnable, nous nous condamnerions nous-mêmes.

Ce que j’entends aussi derrière votre question, c’est : jusqu’à quand le conjoint trompé devra-t-il pardonner à son mari ou à sa femme adultère ? Jésus exhorte l’apôtre Pierre qui se trouvait déjà très généreux en envisageant de pardonner jusqu’à 7 fois à ne pas donner de limite à son pardon (voir le ch. 18 de l’Evangile selon Matthieu, les versets 21 à 35).

Y a-t-il une condition à ce pardon ? Oui : que l’offenseur accepte d’être repris et entre dans un repentir sincère (voir toujours dans Matthieu 18 les vv.15 à 18). Je crois qu’une personne qui multiplie les aventures, les liaisons extra-conjugales peut changer, prendre la mesure du mal qu’elle a infligé, et s’engager sur un chemin nouveau de fidélité, et de retrouvailles avec son conjoint. En clair, la miséricorde de Dieu ne doit pas devenir un prétexte pour persévérer dans le péché. Ce serait se moquer de Dieu et de sa Grâce.

Un.e chrétien.ne fête ou ne fête pas la Saint-Valentin ? [Val]

Déjà, Valentin était un chrétien et c’était même un martyr qui s’est fait couper la tête pour la radicalité de sa foi. Ce qui n’est pas le cas de la fête du même nom qui se joue le 14 février, date dans la religion romaine païenne préchrétienne des Lupercales, fêtes où l’on célèbre la nature et notamment l’accouplement des oiseaux. Bref, pas besoin de vous dire que c’est d’abord une fête païenne.

D’ailleurs si l’on en juge aux contenus sur les réseaux sociaux, il est assez clair qu’il y a là une célébration de l’accouplement bien plus qu’un éloge de l’amour chrétien 😉
Alors ce n’est pas parce que nos frères et soeurs catholiques mentionnent Valentin, le martyr, à cette date, que spirituellement il s’agit d’une fête chrétienne. On vous laisse en juger.

En revanche c’est un jour certainement où l’on peut méditer que Valentin, le prêtre, contre la religion romaine, a voulu garder sa foi en Christ coûte que coûte, jusqu’au martyr et la décapitation. Ce qui refroidit sérieusement l’érotisme au programme de ce jour.

Et n’oubliez pas de googliser Saint Valentin pour voir sa… tête.

Est-il vrai que Sinter Klaas (Père Noel) a été inventé par des Huguenots réfugiés aux Pays-Bas pour séculariser le catholique Saint-Nicolas ? [Jean]

Une brève recherche sur internet vous fera reconstituer facilement l’évolution historique qui a mené à la figure du Père Noël telle qu’elle envahit aujourd’hui notre mois de décembre, dans un sens bien éloigné du vrai sens de la fête ! Elle remonte à la vénération populaire de Nicolas de Myre, un évêque Turc qui vécut aux 3e et 4e siècle de notre ère, grand adversaire d’Arius au concile de Nicée, confondu à partir du 10e siècle avec une autre figure vénérée, Nicola de Sion. Les légendes abondent sur ses miracles et hauts-faits. Trois innocents défendus par le Saint auraient été par la suite confondus avec des enfants, et c’est de là que se serait développée la coutume d’une fête pour les enfants sages le 6 décembre, jour de la Saint-Nicolas, notamment en Europe du Nord et dans l’Est de la France.

La Réforme en Europe (pas seulement les Huguenots) voulut mettre fin au culte des Saints au 16e siècle, mais celui-ci perdura en se « laïcisant ». Saint-Nicolas, fêté le 6 décembre, devint en Hollande Sinter Klaas (équivalent de St-Nicolas), puis Santa Klaus chez les émigrés néerlandais aux Etats-Unis au 19e siècle. En 1821, un conte écrit par le Pasteur Clement Clarke Moore, et qui connut une énorme diffusion, en fit un petit bonhomme sympathique et rondouillard qui distribuait des cadeaux la veille de Noël, sur un traineau emmené par des rennes. Il fut domicilié au pôle nord par le dessinateur Nast en 1885. Il ne restait plus au dessinateur Sundblom qu’à habiller le personnage aux couleurs rouge et blanc de la firme coca-cola, à des fins publicitaires, en 1931.

Moralité : ce n’est pas une bonne idée de canoniser des disciples de Jésus-Christ dont la foi et à la vie furent remarquables, même si leur exemple peut nous inspirer ! Pas seulement pour ces dérives que la piété populaire, sa soif de merveilleux (et de figures médiatrices entre Dieu et nous) peut entraîner, mais parce que tout croyant justifié par grâce reste pécheur, et appelé à la sanctification. Nous n’avons qu’un seul médiateur : Jésus-Christ.