Comment comprendre l’enlèvement de l’Eglise évoqué dans 1 Thessaloniciens 4-17 ? [Henri]

L’idée d’un « enlèvement » de l’Eglise, des croyants, est effectivement surtout évoquée en 1Thessaloniciens 4,13-18 (voir aussi Matthieu 24,40-41, même si ce n’est pas le même mot grec qui est utilisé pour décrire cette sorte d’ « enlèvement »).

Dans ce passage, Paul souhaite encourager (1Thessaloniciens 4, 13 et 18) les croyants quant à la destinée de ceux qui sont morts dans la foi, leur attestant qu’ils ne seront pas lésés par rapport à ceux encore vivants lors de l’avènement du Christ (1Thessaloniciens 4,15).

Il s’agit très clairement d’un événement prévu lors du retour du Christ (comparer avec Matthieu 24,30-31), au moment de la résurrection des morts pour le jugement. Paul affirme que les croyants vivants lors de la résurrection seront « enlevés », « pris » avec les morts tout juste ressuscités pour rencontrer le Seigneur (1Thessaloniciens 4,17).

On peut comparer ce passage avec 1Corinthiens 15,51-52. Ce que Paul souligne, ce n’est pas tant la description d’une réalité physique, que l’idée fondamentale d’une union et d’une transformation du croyant pour être avec Christ loin des difficultés du temps présent. Ce pour quoi le croyant lutte (1Thessaloniciens 4,1-12) dans ce temps et ce corps encore marqués par le péché et la mort sera alors pleinement accompli (voir Philippiens 3,12 ; 1Corinthiens 9, 24-25).

Apres lecture de vos réponses je vois les enjeux du mariage mixte chrétien-musulman- mais rompre ne serait il pas cruel après 2 ans de vie de couple ? Nous comptons nous marier bientôt. [Ana]

Si cela fait deux ans que vous vivez en couple et que vous pensez vous marier bientôt, j’imagine que c’est parce que votre vie de couple vous rend heureuse; ou en tout cas je l’espère pour vous ! Dans ce cas, je pense que votre expérience de couple plus encore que les quelques lignes publiées sur ce site vous permettent de mesurer les enjeux d’un couple dont les deux ne sont pas de la même religion… Cette différence vous paraît-elle féconde pour approfondir votre propre foi ? Echangez-vous souvent sur la question de la foi avec votre conjoint ? En quoi pensez-vous que le fait que votre compagnon n’ait pas la même foi que vous puisse être un obstacle à votre vie de couple ? Autant de questions dont les réponses doivent éclairer votre choix. Et si à la fin vous pensez que cela peut vous empêcher de construire cette vie de couple que vous espérez, ce sera un choix certes difficile mais que vous pourrez expliquer et qui en sera d’autant moins cruel. Mais il se peut aussi que votre réflexion commune vous conforte dans votre amour…

Comment se libérer bibliquement de l’impudicité ? Comment prier pour que Dieu nous exauce ? [Yehoudi]

L’impudicité (impureté sexuelle) est quelque chose qui se situe dans la chair, c’est-à-dire à la croisée du physique et du psychique. Et dans le psychique, c’est le champ de bataille entre les pensées et les émotions, les désirs et les pulsions, la volonté et le découragement. Pourquoi dire cela ? Parce que la lutte contre l’impudicité est bien une lutte contre la chair, notre propre chair. Les désirs de la chair doivent être soumis à la loi de l’Esprit. C’est donc une bataille que NOUS avons à mener. Ce n’est pas à Dieu de la mener à notre place. Nous pouvons, comme le psalmiste (psaumes 42, 43, 103), donner l’ordre à notre âme (notre psychisme), de se soumettre. C’est un combat à mener dans la consécration à Dieu, certes, mais c’est nous qui le menons et pas lui.

Il peut y avoir deux exceptions. Si notre désir sexuel est démesuré, il peut s’agir :
– d’une problématique hormonale qu’un médecin (généraliste, psychiatre, urologue, sexologue…) peut accompagner afin qu’elle soit régulée chimiquement,
– d’un enjeu spirituel si c’est lié à une pratique occulte ou sorcière. Alors il faudra mener un combat spirituel avec l’aide de frères et sœurs. Mais attention à ne pas mettre trop vite sur le dos des sorciers ou des démons des responsabilités qui sont d’abord les nôtres : se repentir pour la consultation de la pornographie, demander pardon pour l’infidélité et la luxure, ne pas se laisser dominer par le péché, etc.

Un chef d’état prétend avoir « le droit absolu » de « se gracier lui-même » ? Un éclairage biblique ? Quelles conséquences spirituelles ? [PCaf]

Ce chef d’Etat a aussi prétendu être chrétien mais n’avoir jamais eu besoin de se repentir de quoi que ce soit…
Un droit absolu serait un droit divin, obtenu de Dieu au-delà de la constitution. La constitution américaine ne permet pas à un président de se gracier lui-même. Il s’agit donc d’un fantasme de toute-puissance.

Ultimement, c’est bien Dieu qui pardonne et qui gracie.

Nous pouvons être amenés à nous pardonner nous-mêmes pour des choses dont nous nous accuserions sans cesse, mais se gracier de ce que la justice des hommes aurait condamné en nous, quand on sait que toute autorité vient de Dieu, c’est une façon de… se mettre à la place de Dieu.

Conséquence spirituelle : quand on craint si peu Dieu qu’on se met à sa place, on risque de le rencontrer. A savoir comment. Dans la conversion ? Alleluia. Dans le jugement ? Ca peut être plus chaud…

Est ce qu’être Rotarien ou Lion’s est compatible avec la foi chrétienne? [Koko]

Le Rotary ou le Lion’s sont des « clubs service » qui ont pour vocation d’associer leurs membres pour des buts éducatifs ou humanitaires (par exemple octroyer des bourses d’études à des jeunes défavorisés), en fonction de valeurs communes. Les chrétiens y ont leur place, tout comme dans les partis politiques, les syndicats, et autres associations véhiculant une certaine vision de l’homme et de la société. Ils peuvent y rendre témoignage en actes de leur amour du prochain, de leur foi et de l’espérance qui leur est donnée en Jésus-Christ. Bien sûr, on pourra soupçonner parfois tel ou tel membre d’un club de ce genre de se servir du réseau de relations auquel il a ainsi accès à des fins personnelles, mais c’est à chacun d’être au clair sur ses intentions !

La piété fait-elle vraiment partie des sept dons de l’Esprit ? Cf. Esaie 11 duquel la piété est exclue alors qu’elle est comprise par l’Eglise dans la liste des dons. [Manu]

Je n’ai jamais lu Ésaïe 11 comme l’établissement de la liste exhaustive des dons de l’Esprit. D’autant que ce passage ne correspond pas exactement à des versets comme Galates 5,22, Éphésiens 5,9, 1Corinthiens 12, etc. Les dons de l’Esprit sont très divers, et le but de notre vie chrétienne n’est d’abord, me semble-t-il d’établir une liste de 7, 12 ou 40 dons. La piété, la ferveur, la foi, il me semble difficile de ne pas voir l’Esprit de Dieu derrière.

Que penser de la pratique spirituelle de la coupure des liens générationnels en vogue dans certains milieux charismatiques ? [Jack]

L’idée qui se trouve derrière cette pratique c’est de mettre en œuvre, d’activer une réalité spirituelle décrite par Ezéchiel et Jérémie : quand les temps messianiques seront accomplis, il n’y aura plus la fatalité de subir les conséquences de ce qu’on fait les générations précédentes. Dans leur langage : on ne dira plus que les parents ont mangé des raisins verts et que ce sont les enfants qui ont eu mal aux dents (Jérémie 31,29 et Ezéchiel 18,2).

Dans le même sens, Jésus lui-même a pris le temps de couper avec Joseph dans l’expérience au Temple à douze ans (Luc 2,49) et avec Marie pareillement à trente ans (Jean 2,4).
Il s’agit que la malédiction évoquée dans les dix commandements (Exode 20 et Deutéronome 5), puisse être levée par le Seigneur : on ne sera plus maudit jusqu’à la troisième et quatrième génération de ceux qui haïssent Dieu.

Pour autant, quand cela devient une théologie à part entière à l’intérieur de la théologie biblique, il faut se questionner. Ce n’est pas parce qu’on prononce des phrases tous azimuts qu’on est libre des problématiques ancestrales. C’est sous l’inspiration du Saint-Esprit que la mobilisation des ces réalités devient pertinente.

Est ce que suivre Christ nécessité forcément le baptême par immersion- un païen ne peut-il pas vivre une vie pleinement en Christ sans passer par ce baptême ? [Vincent]

Non, je ne crois pas. Les évangiles ne racontent nul baptême des premiers disciples et des premiers personnages qui se sont mis en route derrière lui comme par exemple l’aveugle Bartimée. La foi n’est pas donnée par un rite, quel qu’il soit, mais par une disposition intérieure à accueillir le Christ dans sa vie. Pour plagier Jésus dans les évangiles, j’ai envie de dire que le baptême a été fait pour l’Homme et pas l’Homme pour le baptême !

Ce qui n’enlève en rien la force de moment lorsqu’il est vécu et partagé avec des frères et des sœurs, par immersion ou pas d’ailleurs. Ce n’est pas le baptême qui permet la vie en Christ, mais il la construit et l’enrichit considérablement, c’est indéniable. Il existe sur ce site (et ailleurs !) d’autres articles qui vous permettront de creuser plus avant le sens du baptême.

Je voudrais connaître la position précise des protestants sur les interdits concernant le sang dans la Bible (transfusions- dons- consommation- greffes etc.). [Carole]

Difficile de répondre pour « les protestants » en général sur cette question. Mais penchons-nous sur la Bible, autorité en matière de foi et de vie pour les protestants. Si la question de l’usage du sang humain ou animal pose question, c’est parce que le sang est associé à la vie (à « l’âme » dans certaines traductions) en Genèse 9,4-5 notamment, idée que l’on retrouve dans la description des rites sacrificiels (Lévitique 17,11). L’interdiction de verser le sang de l’Homme (Genèse 9,5-6) renvoie à l’interdit du meurtre : ainsi le sang apparait comme une métaphore de la vie, pas comme la vie elle-même. Le sang symbolise la vie (ce qui est logique puisque faute de sang, pas de vie !), d’où la symbolique dans l’eucharistie du Christ qui donne sa vie par son « corps » et son « sang » à ses disciples. Pour en revenir aux animaux, cette idée selon laquelle le sang est associé à leur vie qu’il est demandé aux Hommes de ne pas consommer est vraisemblablement liée à un souci de Dieu que l’animal soit ainsi respecté par l’Homme.

Sur les questions médicales, les époques de rédaction de la Bible n’étaient pas confrontées à des questions telles que celles de la transfusion sanguine ou des greffes. Il me semble que le bon sens de l’amour du prochain nous encourage à l’ouverture sur ces pratiques médicales (voir 1Jean 3,16), le « sang » étant un symbole de la vie non le lieu de la vie ou de l’être lui-même.

S’agissant de la consommation du sang des animaux, la question est plus complexe. En Lévitique 11-17, il est prescrit aux Israëlites un certain nombre de règles alimentaires, dont celles de ne pas consommer de sang. Mais, en continuité avec Genèse 9,4, il est également demandé aux étrangers d’Israël qui adorent Dieu de ne pas consommer le sang des animaux (Lévitique 17,10). On retrouve logiquement cette prescription en Actes 15,29. Toutefois, Paul légitime dans ses communautés la consommation de toutes les viandes qui se vendent au marché (1Corinthiens 10,25), y compris donc des viandes non saignées, ce afin que le plus grand nombre soit sauvé (1Corinthiens 10, 33). Il est clair que le Nouveau Testament ne pose pas d’interdit alimentaire, hors problématique de scandale potentiel du prochain (Romains 14,15), et qu’un contexte nouveau a fait évoluer la pratique alimentaire du peuple de Dieu. La question peut éventuellement se poser en termes d’idéal : si on peut s’abstenir de la consommation de sang, n’est-ce pas légitime, au regard de Genèse 9,4 et Actes 15,29, de s’en abstenir ? Rien de bien important toutefois, me semble-t-il : «…De tout ce qui vient du dehors et pénètre dans l’homme, rien ne peut le rendre impur… » (Marc 7,18-19).

 

 

Comment les protestants d’Alsace font-ils les enterrements ? [Josée]

En Alsace ou hors Alsace, selon la tradition réformée, luthérienne ou évangélique, les cultes d’enterrement sont centrés sur la Parole de Dieu. L’assemblée se met à l’écoute de ce que la Bible dit de la mort, de l’espérance du deuil et de la consolation que Dieu apporte en Christ aux croyants. Elle prie aussi pour les proches du défunt ainsi que pour ceux qui traversent les mêmes difficultés Le service protestant d’enterrement a donc la particularité d’être tourné vers les vivants et non sur le défunt, qui est remis à la seule grâce de Dieu.

Dans la tradition luthérienne, majoritaire en Alsace, le corps du défunt est disposé dans l’église au moment du culte. Le célébrant, souvent un pasteur, accueille les personnes présentes, puis appelle la présence de Dieu sur l’assemblée réunie. Vient ensuite un temps pendant lequel la vie du défunt est rappelée par le pasteur qui a élaboré ce « chemin de vie » à partir de ce que les proches en deuil lui ont raconté. Il n’est pas ici question de vanter les mérites de la personne décédée, mais de rendre grâce à Dieu pour ce qu’il nous a donné à travers elle.  Après avoir demandé à Dieu d’éclairer sa Parole par le Saint-Esprit, vient alors un temps de lectures bibliques. Une tradition alsacienne veut que le verset que la personne décédée a reçu lors de sa confirmation soit parmi ces lectures. Le pasteur commente alors la Parole, en tâchant de l’appliquer à ce qu’il a perçu de ce que la famille du défunt traverse. Enfin, après la lecture du symbole des apôtres qui dit la foi de l’Eglise et un temps d’offrande pour permettre à l’église d’assurer son service, une prière pour les endeuillés est dite par le pasteur. La célébration s’achève par une parole de remise à Dieu adressée au défunt et la bénédiction de l’assemblée. Les pompes funèbres viennent chercher le corps de la personne défunte qui est suivi par le pasteur, ses proches et l’assemblée jusqu’au cimetière où le corps est déposé dans la tombe. Après un court temps de prière, les proches se retrouvent pour partager un verre de l’amitié, souvent composé de spécialités locales. Il m’est aussi arrivé de voir à l’un de ces occasions, une cigogne, sur le parvis de l’église !