Pourquoi Adam et Ève ont-ils honte de leur nudité (Genèse 3 7-11)? Qu’est-ce que cela signifie pour nous aujourd’hui? La nudité est-elle un péché pour nous?

La question de la nudité d’Adam et Ève est incompréhensible pour nous sans passer par l’hébreu.

En effet, la racine עֵרֹם (‘rm) veut dire à la fois “nu” et “rusé”.
Ce qui signifie qu’en Genèse 3:1 il est dit que “Le serpent était le plus nu/rusé des animaux des champs”. Et qu’en Genèse 3:10 quand l’Éternel demande à Adam où il est, celui-ci répond : “J’ai entendu ta voix dans le jardin et j’ai eu peur, parce que je suis nu/rusé, et je me suis caché”.

Adam, en effet, a consommé le fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal, et donc désormais il est rusé. Ce n’est pas le fait qu’il soit beaucoup plus intelligent. Il avait l’intelligence que Dieu avait mise en lui, mais désormais il a l’intelligence du serpent. 

Et la conséquence c’est qu’avec l’intelligence du serpent, il a aussi la nudité du serpent…
En effet, le serpent est un animal « nu » au sens où il n’a ni plumes ni poils.
Bref, désormais Adam est de la famille du serpent plutôt que d’être de la famille de Dieu.

Il n’y a donc pas vraiment ici de condamnation de ce que nous appelons la nudité, mais bien plutôt une condamnation de l’alliance avec l’ennemi de nos âmes…

Dieu réprouve/rejette fermement une Eglise tiède (Apoc 3:16). La Bible aborde-t-elle jamais le problème inverse : le fanatisme/extrémisme religieux ? [Caen]

Ce qui est intéressant, c’est que le refus de la tiédeur nous incite dans le verset d’Apocalypse 3:16 à être soit froids soit bouillants, autrement dit radicaux, à défaut d’être extrémistes ou fanatiques.

Je me baserai sur un verset biblique pour la suite : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris. » (Deutéronome 4:2). Il y a un reproche fait aux extrémistes dans la Bible que je regrouperais en deux catégories :
– ceux qui retranchent. C’est le fanatisme libéral souvent. Finalement quand un texte ne m’arrange pas, j’utilise la pirouette de dire que c’était contextuel, que ça ne vaut plus rien aujourd’hui, et que les radicaux sont des quelquechosephobes. Et la Bible se retrouve soumise à mes desiderata, car c’est moi qui suis la norme pour la Bible et pas la Bible qui est la norme pour moi.
– ceux qui ajoutent. C’est le fanatisme intégriste ou religieux. On pousse la logique des lois à l’extrême pour aller dans le légalisme. On met toujours la barre plus haute, la « vérité » avant ou au-dessus de la relation. On cherche à cautionner un système étroit qui nous rassure mais qui la plupart du temps exclue les autres.

Jésus était inclusif dans sa pastorale (avec les adultères, les riches, les lépreux), mais totalement radical dans sa théologie.

Actes 5: 15-16 (la silhouette de Pierre guérissant les gens) confère-t-il une validité à l’idée catholique que les reliques de saints peuvent guérir ? Que faisons-nous de cette histoire biblique ? [Pierre]

Si vous lisez de près ce récit du livre des Actes, notez que l’on plaçait les malades sur le passage de l’apôtre Pierre dans l’espoir que son ombre seule suffirait à les guérir (l’ombre représentait dans l’antiquité l’énergie vitale de la personne). Un peu comme cette femme qui voulait guérir en touchant simplement le vêtement de Jésus (év. de Luc 8,43-48). Ce qui est étonnant… c’est qu’elle a été vraiment guérie ! Mais pas par magie. Parce que Dieu a répondu à sa confiance, sa foi (même naïve et superstitieuse) en Jésus. Le Seigneur n’attend pas pour agir et répondre que notre foi soit parfaitement informée ou mâture. Un manuscrit ancien du Nouveau Testament, le codex de Bèze, ajoute même dans le texte des Actes que tous ceux que l’ombre de Pierre couvraient étaient guéris de toute maladie. Il se peut que ce soit la version du texte original des Actes. On peut faire à ce sujet la même remarque que pour le récit de l’Evangile. Ce n’est pas l’ombre de Pierre qui était porteuse en soi de puissance, pas plus que le manteau de Jésus. Tout comme son Maître qui l’a envoyé, Pierre est témoin de l’amour de Dieu qui seul relève et guérit. Les miracles des apôtres accompagnent le message qu’ils proclament.

De là à penser qu’une Eglise, en conservant des reliques (supposées authentiques) de saints ou d’apôtres, pourrait contrôler et dispenser à ses fidèles la guérison que Dieu accorde librement, par sa Grâce, il y a un grand pas… pour ne pas dire un fossé.

J’étais dans une mauvaise situation et j’ai été victime d’intimidation en milieu de travail. L’intimidateur était mon manager et j’étais impuissant. Quelle réponse chrétienne? [Simon]

Ma première certitude : vous êtes aimé par le Dieu et Père de Jésus-Christ qui a de beaux projets pour vous. Il en est de même de votre ancien manager. Du coup ma première « réponse chrétienne » est : pardon et réconciliation, bénédictions et non malédictions, sont les objectifs quotidiens du chrétien. Je pense, notamment, aux paroles de Jésus au début du Sermon sur la Montagne (en particulier à partir du verset 38 de Matthieu 5).

Ma seconde certitude : l’autorité qui nous est confié par le Dieu et Père de Jésus-Christ, peut être totalement détournée des objectifs qu’il nous avait fixé… en raison du péché qui nous fait croire que nous méritons cette autorité. Du coup ma seconde « réponse chrétienne » est celle concernant la reconnaissance (donc sans naïveté) des incapacités de changer de comportement, malgré nos tentatives de règlement « en esprit » de certaines personnes. Je pense, notamment, aux paroles de Jésus à propos du péché d’un frère en Christ : si un frère refuse d’être repris par toi, par deux-trois frères et par toute l’Eglise alors il doit être considéré comme un non-Juif ou un collecteur d’impôts (c’est à dire dans la bouche de Jésus comme quelqu’un totalement éloigné de Dieu). Cela ne veut pas dire de ne plus avoir de contact (quoique !) mais en tout cas reconnaître que ce n’est pas vous qui arriverez à le changer. Il y a des fois où aimer avec les yeux de Dieu c’est accepter de se détourner totalement.

Que la paix de Dieu demeure en vous et dans le service dans lequel vous étiez.

Comment un chrétien peut-il concilier le Dieu manifesté en Jésus Christ avec le Dieu décrit en Deutéronome 20:10-18 ? [Uowis]

Le passage du Deutéronome que vous citez, pris tel quel apparaît comme une autorisation à commettre pillage et autres exactions, ce qui semble en effet très éloigné de ce qu’annonce Jésus. Mais je crois important de remettre ce passage dans son contexte général qui est celui de la conquête par Israël de la « Terre Promise » par laquelle Dieu a éprouvé l’obéissance de son peuple. Il ne s’agit pas d’une conquête militaire avec toutes les vicissitudes habituelles de la guerre des hommes, mais d’une circonstance très précise où Israël devait témoigner de son obéissance au seul vrai Dieu. Je ne dis pas cela pour justifier dans l’absolu les pratiques décrites, mais pour nous aider à comprendre que le plus important demeure l’obéissance que nous devons au Dieu qui s’est révélé en Jésus-Christ et qui est, pour moi, le même que celui qui parle dans le Premier Testament.

Pourquoi Jésus s’appelle-t-il le bon berger ? [Lucie]

Cela fait référence au Premier Testament où à diverses reprises (Psaume 23, Ésaïe 40.11, Ezéchiel 34…) Dieu se présente ou est vu comme un berger pour le peuple de ses fidèles ; Autrement dit, en affirmant « Je suis le bon berger » Jésus dit d’une certainement manière « Je suis le Dieu ne qui vous pouvez avoir confiance ».

Un chrétien est-il invité à faire de la politique ? [Valentina]

Tout dépend de ce que l’on appelle politique. Il me semble que décider de se rassembler tous les dimanches matins avec des hommes et des femmes d’origines, de conditions sociales et économiques différentes et de s’unir dans un même groupe est déjà en soi un acte politique, très fort à notre époque. Après, s’engager dans un parti quel qu’il soit, peut aussi faire partie de la vie d’un chrétien, à partir du moment où la ligne du parti ne prend pas le pas sur la foi au Christ et si le chrétien demeure libre de témoigner de ses convictions dans son attitude au sein même du parti, par exemple en refusant les critiques injustes à l’égard des membres d’autres partis politiques.

La mise en garde des conséquences de prendre la cène (1 Cor 11) s’adresse à des chrétiens. Pourquoi un non chrétien serait-il privé de prendre la cène si déjà il est au culte ? [Pascal]

La cène n’est pas seulement un repas partagé en mémoire de Jésus, ou parce qu’il nous a dit de le faire. Par ce repas, que l’on appelle aussi communion, Jésus-Christ manifeste mystérieusement sa présence à tous ceux qui croient en lui et reconnaissent qu’il est là, dans le pain et le vin partagé. Je ne me sens pas de demander à un non chrétien qui vient au culte de participer à un repas dont il ne partagerait pas le sens. Cela me semblerait être une contrainte de sa conscience plutôt qu’autre chose.

J’ai lu que des protestants américains voulaient interdire les livres pour enfants de Harry Potter. Cela m’a semblé extrémiste. Etes-vous d’accord ou pensez-vous qu’ils sont sataniques ? [Caen]

Je crois que Christ nous a rendus véritablement libres (c’est à dire en étant attaché à Dieu seul) et capables de juger ce qui est bon pour nous-mêmes, pour notre relation avec les autres et pour notre relation avec Dieu (ainsi la célèbre interpellation de saint Paul « Tout m’est permis mais tout ne m’est pas utile »).

Harry Potter est une série de romans sur la thématique de la sorcellerie. On y rencontre des gentils sorciers, des méchants sorciers et des sorciers plus ambivalents. Ils ont en point commun de tous être sorciers et donc de pratiquer la sorcellerie. Il se trouve que celle-ci est considérée par Dieu comme une oeuvre de la chair et non de l’Esprit (et il est le mieux placé pour nous dire ce qui vient de lui et ce qui ne vient pas de lui !).

Alors la question est : « puis-je lire Harry Potter (ou regarder les films) sans laisser mon esprit être attaché à une pratique condamnée par Dieu ? » Si votre réponse est positive, lisez et regardez. Si vous n’en êtes pas convaincu, peut-être est-il préférable de vous méfier (pour vous-mêmes et pour ceux dont vous avez la charge) de cette lecture.

Quant aux protestants américains, je pense que le traitement médiatique français est malheureusement caricatural…