Dans 1 Tim 4.16- Paul exhorte Timothée à veiller sur lui-même pour son salut. Quelle part avons-nous pour sécuriser notre salut ? Est-ce contradictoire avec le salut par la foi- pure grâce de Dieu ? [Christophe]

Comme vous le mentionnez dans la question, il s’agit d’une exhortation de Paul, et qui dit exhortation dit conseils, recommandations, ou encore incitations, ce qui dans le contexte d’un débat théologique sur la question de la foi et des œuvres, pourrait être interprété comme allant dans le sens qu’il faille effectivement œuvrer pour notre salut. Hors Paul ne semble pas dans ce chapitre débattre de cette question, mais il semble plutôt mettre en garde Timothée contre des doctrines qui circulent et leurs possibles influences sur la foi des personnes voir de Timothée lui même. Ainsi je ne pense pas que Paul fasse directement référence au salut de Timothée dans cette exhortation, mais qu’il cherche avant tout à préserver sa foi et sa piété. Le verbe sozo en grec souvent traduit par sauver (comme ici), est aussi régulièrement traduit par le verbe « guérir », ou encore le verbe « préserver ». c’est également le mot qui en français a donné « sûr »

Pour répondre à votre question, Il n’y a pour être sauvé, qu’à prendre conscience que l’on a besoin d’être sauvé, et ainsi répondre « oui » à l’appel de Dieu sur nos vies. 

J’ai été choquée d’apprendre que le titre du pape- Vicaire du Christ- signifie le substitut du Christ sur terre. N’est-ce pas le blasphème suprême ? Que pensent les protestants de cela ? [Virginie]

Un « vicaire » est en effet une personne qui en remplace une autre dans l’exercice d’une charge et se substitue à elle. Les protestants pensent que le Christ est irremplaçable. Comme Jésus est toujours là, même invisible, il est vivant et accessible à tous, il n’y a pas lieu de le remplacer. L’église ne peut pas se substituer au Christ. L’église est souvent considérée dans la Bible comme l’épouse du Christ. Lire par exemple : 2 Corinthiens 11, versets 1 et 2, Apocalypse 19, versets 6 à 9. Dans un couple, un des conjoints ne peut pas remplacer l’autre, mais lui fait au contraire toute la place qui lui revient. L’église ou un responsable d’église, doit donc faire toute la place au Christ sans chercher à le remplacer ni à se substituer à Lui. Sur cette question comme vous le dites en effet Virginie, les catholiques et les protestants ont une approche radicalement différente.

Il n’est cependant pas juste devant le Christ de dénoncer les blasphèmes ou les péchés des autres. L’Évangile nous conduit à toujours à voir nos propres fautes. Voir par exemple Luc 13, 1 à 5. Nous pouvons trahir Jésus de bien des manières tout aussi tragiques en prenant par orgueil sa place pour gouverner nos vies, juger les autres, ….

Quelle est la relation idéale entre l’Eglise et l’Etat ? Laïcité ? (Rom 13- 1 Pie 2- Tit 3- Psa 28). Qu’est-ce que cela signifie pour l’Etat de porter l’épée si nous nous opposons à guerre/militaire ? [Dan]

Les passages bibliques que vous citez insistent sur l’exigence de se soumettre aux autorités humaines, dans la mesure où elles remplissent leur office, qui est celui d’encourager le bien, et de réprimer le mal. Celui qui exerce le pouvoir, qu’il soit empereur au 1er siècle ou président de la République de nos jours, d’après ces textes, a reçu du Seigneur une délégation d’autorité pour faire respecter le droit indispensable pour que nous vivions ensemble (cette affirmation est tout à fait compatible avec le principe de laïcité qui ne reconnaît à aucune religion le droit d’exercer le pouvoir politique, et laisse à chacun le soin de croire ou de ne pas croire).

Donc il ne s’agit pas d’une obéissance servile et inconditionnelle, mais, en fait, d’une soumission libre et consciente à l’ordre voulu par le Seigneur. Voilà pourquoi Paul, quand il parle de ce que nous devons à l’Etat (le paiement de l’impôt par exemple), ajoute en Romains 13,8 : « ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ». Si nous payons nos impôts et respectons les autorités, ce ne doit pas être par peur de la répression, mais librement, en conscience, et par amour du Seigneur et du prochain.

Reste la question délicate de l’obéissance à l’Etat quand il nous ordonne ce qui nous semble contraire à la volonté de Dieu. Dans ce cas, « il vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes », comme l’ont déclaré Pierre et Jean devant la plus haute instance des juifs (Actes 4,19). On sait que dans l’antiquité des chrétiens ont payé de leur vie le refus d’adorer l’empereur comme « Seigneur ». Pour ce qui concerne la participation à la guerre, donc à l’ordre de porter les armes et de tuer, les chrétiens débattent depuis toujours, et ce débat n’est pas prêt d’être clos. Certains s’y refusent en conscience. D’autres estiment que parfois la guerre est inévitable, et qu’il n’y a pas d’autre moyen humain que la force face à un pouvoir conquérant, dictatorial, etc.. J’écris au moment où le dernier bastion de l’Etat islamique vient de tomber. Fallait-il ne pas s’opposer par les armes à cette entreprise totalitaire et terroriste ?

Les petits mensonges sont-ils bons- pour éviter d’insulter les gens- par exemple ? Je ne peux pas imaginer Jésus mentir en aucune circonstance. [Ulrich]

Je ne sais pas à quels « petits mensonges » vous faites allusion, Ulrich, mais je crois qu’il faut toujours mieux privilégier la vérité dans les relations. Il est tout à fait possible de dire la vérité en n’insultant pas les gens, en les respectant, voire en étant délicat avec eux parce que l’on sait que ce que l’on va dire pourrait être blessant. Cela s’appelle la communication non violente, qui, à mon avis, est une des outils pour témoigner de l’Évangile dans notre quotidien.

Le feu étrange de Lev 10: 1 signifie-t-il que nous devons adorer Dieu de manière très précise- selon ses règles- pour lui plaire ? [Guy]

Dans le passage que vous citez, ce qui me rejoint surtout est la mention que Nadab et Abihu, les fils d’Aaron, firent ce qu’il ne leur avait pas ordonné. Plus qu’une obéissance au doigt et à l’œil, c’est à une vigilance quant aux surinterprétations, ou à des manières de faire ou de vivre ce que Dieu nous commande dans lesquelles nous prenons nos idées pour celles de Dieu que nous sommes appelés. Il est très tentant d’imaginer que ce que moi j’ai envie de faire correspond à ce que Dieu veut, au prétexte que je suis à son service. Mais ce qui est demandé par Dieu n’a pas être ni modifié, ni étendu de façon téméraire.

Tous les chrétiens devraient-ils aller à l’église ? Pensez-vous qu’il est préférable que les personnes qui préfèrent la solitude lisent la Bible/prient seules (Mat 6.6) et dans la nature (Luc 5.16) ? [Raphaël]

Avant d’être un bâtiment ou une assemblée de croyants, l’Eglise est la réalité qui rassemble tous les chrétiens du monde entier, c’est Jésus-Christ qui l’a fondée par le Saint-Esprit (Voir le livre des Actes des apôtres). Chaque personne qui reconnaît Jésus-Christ comme Seigneur est donc membre de l’Eglise, il fait alors partie d’une immense famille de frères et de sœurs dans la foi !

Si je refuse de créer des liens avec mes frères et sœurs en Christ qui vivent près de chez moi, peut-on vraiment dire que je fais partie de cette famille ? Et donc que j’appartiens à Jésus-Christ ?

Jésus appelle ceux qui le suivent à aller vers les autres, à les aimer et à prendre part à la mission d’annonce de la Bonne Nouvelle au monde entier. Rejoindre une communauté de croyants permet de se soutenir entre frères et sœurs, de grandir dans la foi grâce à l’enseignement de la Parole de Dieu et de prendre part à la mission d’évangélisation et d’aide aux plus démunis.

Dans le passage que vous citez (Matthieu 6.6), Jésus souligne en effet l’importance de prier seul, en cœur à cœur avec Dieu. C’est un aspect très important de la vie chrétienne ! Jésus met pourtant l’Eglise au coeur de son enseignement sur la prière car deux versets plus loin, Jésus enseigne une prière entièrement à la deuxième personne du pluriel : le Notre-Père. Lorsqu’un chrétien prie, même seul dans sa chambre, il s’associe à ses frères et sœurs dans la foi.

Que faire si on se rend compte que son Église locale ne prêche pas la vérité de l’Évangile ? Fuir- rester- subir ? 1 Cor 15:33 dit que les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs… [Antoine]

Le passage que vous évoquez, Antoine, me semble être écrit par Paul pour « réveiller » les chrétiens de Corinthe qui se sont laissés influencer par des tenants de la négation de la résurrection. En est-il de même pour vous ? Craignez-vous de vous faire influencer par les personnes qui, dans l’Église que vous fréquentez, annoncent un message contraire à l’Évangile ? Il me semble important de pouvoir, dans une communauté qui se dit chrétienne, porter le message évangélique, même dans l’adversité, de façon souterraine si nécessaire.

Mon chien bien-aimé est très vieux et malade. Un vétérinaire devra l’euthanasier. Le protestantisme a-t-il des idées sur la moralité de l’euthanasie des animaux de compagnie malades et souffrants ? [Oliver]

Dans la triste situation que vous décrivez, Oliver, il me semble que l’euthanasie porte justement son nom, selon son étymologie de « bonne mort ». Il vaut sans doute mieux abréger les souffrances de cet animal. Je ne crois pas que le Seigneur nous appelle à nous crisper sur nos attachements pour nos animaux de compagnies, au point de le laisser endurer de trop longue période de douleur. Votre tristesse est bien compréhensible, mais je ne crois pas qu’il vous faille alourdir votre cœur avec de la culpabilité.

J’ai vu « Silence » de Scorsese. Que penser du dilemme « Soit je renie ma foi- soit des gens meurent » ? [Marie-Gabrielle]

Le film que vous évoquez, Marie Gabrielle, présente entre autre la situation de missionnaires jésuites au Japon, saisis par des membres de « l’inquisition » bouddhiste japonaise, et sommés de renier leur foi pour sauver des vies de nouveaux convertis japonais. Dans ce cadre précis, il s’agit donc d’une campagne missionnaire, confrontée à un appareil d’état oppressif. La torture psychologique autant que physique fait partie des tribulations que les témoins de Jésus-Christ peuvent avoir à subir (Marc 13. 9-10 par exemple). Il est bien sûr facile de pérorer sur ce genre de problème, assis dans son fauteuil devant son ordinateur. Il s’agit de situations épouvantables, dans lesquelles émettre un jugement abstrait me paraît dangereux. Dieu connaît les cœurs de chacun et je ne me sens pas en mesure de dire a priori quelle attitude (renier ou refuser de le faire) est la « meilleure » quand les vies d’autres personnes sont en jeu. Cela vient surtout montrer combien des êtres humains pris dans des structures de pouvoir peuvent alors se détourner du Dieu vivant et devenir des monstres. Je ne peux aussi que me souvenir que le mot grec traduit par « témoin » veut aussi signifier « martyr ».

Les prémonitions peuvent-elles venir de Satan? Une fois, j’ai eu une vision impromptue de quelque chose de terrible qui s’est réalisé plus tard. Cela ne semblait pas venir de Dieu. [Aurélie]

Le principe de la prophétie dans la Bible, c’est que Dieu alerte son peuple dans le but d’éviter un problème. C’est la différence avec ce que les Ecritures appellent la divination, qui est une sorte de prophétie, mais qui vient effectivement… de l’autre côté de la force. La divination enferme tandis que la prophétie libère.

Il faut donc utiliser aussi son intelligence, comme nous y invite l’apôtre Paul : « Ne méprisez pas les prophéties. Mais examinez toutes choses et retenez ce qui est bon ; abstenez-vous de toute espèce de mal. » (1 Thessaloniciens 5,20-22).