Quelle est la relation idéale entre l’Eglise et l’Etat ? Laïcité ? (Rom 13- 1 Pie 2- Tit 3- Psa 28). Qu’est-ce que cela signifie pour l’Etat de porter l’épée si nous nous opposons à guerre/militaire ? [Dan]

Les passages bibliques que vous citez insistent sur l’exigence de se soumettre aux autorités humaines, dans la mesure où elles remplissent leur office, qui est celui d’encourager le bien, et de réprimer le mal. Celui qui exerce le pouvoir, qu’il soit empereur au 1er siècle ou président de la République de nos jours, d’après ces textes, a reçu du Seigneur une délégation d’autorité pour faire respecter le droit indispensable pour que nous vivions ensemble (cette affirmation est tout à fait compatible avec le principe de laïcité qui ne reconnaît à aucune religion le droit d’exercer le pouvoir politique, et laisse à chacun le soin de croire ou de ne pas croire).

Donc il ne s’agit pas d’une obéissance servile et inconditionnelle, mais, en fait, d’une soumission libre et consciente à l’ordre voulu par le Seigneur. Voilà pourquoi Paul, quand il parle de ce que nous devons à l’Etat (le paiement de l’impôt par exemple), ajoute en Romains 13,8 : « ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres ». Si nous payons nos impôts et respectons les autorités, ce ne doit pas être par peur de la répression, mais librement, en conscience, et par amour du Seigneur et du prochain.

Reste la question délicate de l’obéissance à l’Etat quand il nous ordonne ce qui nous semble contraire à la volonté de Dieu. Dans ce cas, « il vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes », comme l’ont déclaré Pierre et Jean devant la plus haute instance des juifs (Actes 4,19). On sait que dans l’antiquité des chrétiens ont payé de leur vie le refus d’adorer l’empereur comme « Seigneur ». Pour ce qui concerne la participation à la guerre, donc à l’ordre de porter les armes et de tuer, les chrétiens débattent depuis toujours, et ce débat n’est pas prêt d’être clos. Certains s’y refusent en conscience. D’autres estiment que parfois la guerre est inévitable, et qu’il n’y a pas d’autre moyen humain que la force face à un pouvoir conquérant, dictatorial, etc.. J’écris au moment où le dernier bastion de l’Etat islamique vient de tomber. Fallait-il ne pas s’opposer par les armes à cette entreprise totalitaire et terroriste ?