Pourquoi parle-t-on si peu du Saint-Esprit dans les Églises ? [Valérie]

Le Saint-Esprit est peu évoqué dans certaines Églises (pas toutes !) pour plusieurs raisons :

  1. D’abord parce que le Premier Testament parle surtout du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, Dieu de Moïse et d’Israël, celui qu’on appelle depuis le baptême de Jésus : Dieu le Père.
  2. Ensuite parce que le Nouveau Testament parle essentiellement de Jésus (le Fils), bien que les Actes et les autres épîtres parlent aussi de l’Esprit. Mais disons qu’on parle surtout des actes des apôtres qui sont portés par l’Esprit. On aurait pu appeler ce livre les Actes de d’Esprit.
  3. Aussi parce que l’Esprit travaille au travers des gens et donc nous sommes amenés à évoquer leurs aventures et leurs actions à eux, quand ils sont mus par l’Esprit. Ainsi, quand nous voyons les feuilles bouger, les arbres ballotter, la poussière se lever, nous parlons des feuilles, des arbres, de la poussière, pour conclure brièvement par : « Il y a un vent fou ».
  4. Enfin certainement parce que les théologies du Saint-Esprit sont un lieu de grandes divergences dans les Églises, entre ceux qui pensent :
    – qu’il n’agit que par la médiation des Écritures,
    – qu’il continue à faire des miracles mais uniquement dans le cadre de la « charte » de 1 Corinthiens 12,
    – qu’il est actif en offrant de nouveaux types de dons qui pouvaient ne pas être listés dans la Bible,
    – voire pour certains (qui à mon avis dépassent les bornes), qu’il peut apporter des doctrines nouvelles non limitées par le texte biblique.

Voilà donc plusieurs raisons qui font qu’on en parle trop peu.
Mais grâce à votre question, peut-être que certains se sentiront exhortés à en parler plus.

Comment on accompagne quelqu’un qui parle toujours à une personne morte et qui ne peut pas entendre que c’est un choix de mort ? [Léa]

Vous avez certainement partagé vos convictions avec cette personne et vous lui avez certainement donné des arguments bibliques. Elle ne les entend pas. Vous avez fait votre part et c’est maintenant le moment de constater que Dieu seul, par son Esprit, peut ouvrir les cœurs. Persévérez dans la prière et tenez-vous prête à échanger de nouveau avec cette personne si l’occasion se présentait. Croyez-moi, les ressources de Dieu sont immenses !

Jésus demande de rester simples- mais lire la Bible est super compliqué. Pourquoi ? [Jeanne]

Jésus a appelé à sa suite des gens sans instruction, comme des pêcheurs, Pierre, par exemple. Il a aussi appelé des gens très instruits, comme Paul, qui avait étudié les Ecritures juives. Nous croyons que s’il nous appelle, il saura nous donner d’accueillir sa Parole, de la comprendre, par son Esprit (Jean 16/13). Ainsi, lorsque nous lisons la Bible en demandant à l’Esprit-Saint de nous éclairer, nous pouvons être certains que nous recevrons ce que nous devons en recevoir. Alors même que nous pouvons parfois avoir l’impression de ne comprendre que peu de choses, il nous est possible de saisir ce qui nous est donné et le mettre en pratique. Puis, mois après mois, années après années, aidés par les enseignements entendus à l’Eglise, pas des Bibles commentées et par le partage avec nos frères et sœurs, notre connaissance grandira et nous percevront des choses que nous ne percevions pas avant. La pire des choses serait certainement, en cette matière, de croire que nous aurons un jour assez étudié pour ne plus avoir quelque chose de neuf à recevoir de Dieu.
« La crainte de l’Eternel est le commencement de la science; Les insensés méprisent la sagesse et l’instruction. » Proverbes 1/7

Faut il « prier en langue » si on arrive pas à formuler nos prières ? Qu’est-ce exactement ? Le Saint-Esprit doit il être présent ? [Ludivine]

La prière ou le « parler en langues » n’est pas décrit dans les épîtres de Paul (notamment la 1ère aux Corinthiens, au ch.12, voir les verset 10 et 30) comme une exigence mais comme un don du Saint-Esprit, un charisme (terme qui vient d’un mot grec signifiant « grâce », c’est à dire un cadeau, une faveur !). Donc, il ne « faut » pas prier en langues, et surtout pas pour compenser notre difficulté à formuler une prière. Il traduit non pas une carence mais au contraire une surabondance de joie, de communion avec le Seigneur qu’aucun mot humain ne saurait exprimer.

L’erreur (que Paul dénonce précisément dans le passage cité) serait de faire de l’exercice de ce don le seul signe que l’on a reçu le Saint-Esprit, du fait de son caractère extraordinaire, voire apparemment surnaturel. Il n’est pas donné à tous. Et Paul rappelle qu’il faut privilégier les dons qui édifient et servent les autres, notamment l’amour, ce qu’il développe aux chapitres suivants (13 et 14) que je vous encourage également à relire !

Faut-il avoir le Saint-Esprit pour être sauvé ? [Jean]

Cher Jean, d’une certain façon votre questionnement pourra trouver quelque satisfaction dans des réponses déjà formulées sur ce site, je vous invite à entrer « salut » dans la barre de recherche par exemple.

Cependant j’apporterai ici deux éléments de réponse supplémentaires. D’abord votre question est pertinente dans le sens où elle rappelle que le Saint-Esprit est celui qui nous uni au Christ de façon efficace, il nous parle de Christ, il nous offre Christ, il nous permet de jouir des bienfaits de sa vie, de sa mort et de sa résurrection salvatrice. Le Saint-Esprit en effet nous offre de communier immédiatement au Christ, en ceci il est pleinement agent du salut.

Maintenant je crois qu’il est aussi pertinent de rappeler l’harmonie parfaite qui règne entre l’œuvre du Père, l’œuvre du Fils, et l’œuvre de l’Esprit. C’est le Père qui planifie le salut, et le Fils l’accompli par grâce.

« Par grâce » c’est à dire qu’il nous faut éviter ce piège qui consiste à penser qu’il faille faire quelque chose ou obtenir quelque chose. Donc pour répondre à votre question « faut-il… » non il n’y a rien à faire sinon ouvrir ses mains et son cœur pour recevoir le Salut et l’Esprit. Il ne faut pas « avoir » le Saint-Esprit au sens ou on l’obtiendrai ou le possèderai. Mais vous êtes sauvé, le Saint-Esprit se donne à vous et il vous parle du Christ.

« Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. » (Eph 2,8).

Comment reconnaître la ‘voix’ de Dieu et être sur que c’est sa ‘voix’ ? [Massako]

Vous avez pris la précaution, Massako, d’encadrer le mot voix avec des guillemets, car Dieu a bien d’autres moyens de nous parler que par une voix résonnant à nos oreilles ! Un message d’un proche, un signe qui nous frappe, un verset biblique qui me touche, une méditation entendue à la radio, ou à l’Eglise, qui tombe « pile » dans la situation que je traverse…

Les réponses à votre question ont été diverses au cours de l’histoire. A Martin Luther convoqué à la diète de Worms, il a été conseillé de se soumettre à l’autorité établie (de l’Eglise) car c’était, pensait-on, par elle que Dieu parlait aux hommes. Même revendication de certains qui prétendent que l’Esprit Saint parlent par leur bouche, mais cette auto-validation me laisse très sceptique. Luther a rétorqué à Worms qu’il ne reconnaissait que les Ecritures Saintes comme autorité divine. C’est une première réponse : ne peut venir de Dieu que ce qui est conforme à sa Parole. Ainsi, je ne peux pas transgresser un commandement et prétendre que c’est la volonté de Dieu, ni affirmer quoi que ce soit contraire à l’enseignement des Ecritures (même si c’est à la mode).

Bien sûr, cette première réponse ne suffit pas. Comment être sûr que la façon dont je comprends, ou qu’on m’explique, tel ou tel passage de la Bible est fidèle à ce qu’a voulu dire son auteur, ou plutôt ses auteurs (l’écrivain humain, et l’Esprit Saint qui l’a inspiré) ? Comment être sûr qu’un conseil qui m’est donné devant une décision grave à prendre, ou un choix délicat à faire, est conforme à la volonté du Seigneur ?

Une deuxième réponse, ce serait l’appel au bon sens. Le Seigneur nous a doté de raison, de sagesse, et c’est un don précieux. On peut éprouver l’envie de faire des bêtises, de commettre des excès de toutes sortes, ce n’est certainement pas le Seigneur qui nous y pousse ! Il en va de même des interprétations farfelues de la Bible qu’un rigoureux respect des textes interdit (dernier exemple en date : le chiffre de la bête que chacun doit porter sur le front ou la main pour pouvoir acheter ou vendre selon Apocalypse ch.13, v.17, ce serait le vaccin anti-covid !).

L’apôtre Paul nous donne un troisième critère : ce qui n’est pas fondé sur la foi (en Christ) est péché. Autrement dit, si j’agis par soumission aux autres et non pas conformément à ce que je crois, ce n’est plus le Seigneur qui est aux « commandes ». En Romains ch.14, Paul traite la question de ce qu’il est permis ou non à un chrétien de manger… Pour certains chrétiens, consommer des viandes d’animaux sacrifiés aux dieux païens, c’était se souiller. Pour d’autres (y compris Paul lui-même), ce n’était que de la viande, et tout ce que Dieu a créé étant bon, aucun problème pour en manger. Et pourtant, Paul incite ceux qui pensent comme lui à respecter la conviction de ceux qui croient autrement.

Un 4e critère pour laisser Dieu nous parler, par exemple avant de prendre une décision engageante : écouter ce que nous disent nos frères et soeurs dans la foi, ne pas se confier qu’à son propre discernement.

Malgré tout, nous ne serons jamais sûrs à 100% d’avoir bien entendu ce que Dieu veut nous dire. Aucun critère de discernement ne nous dispensera jamais de demander au Seigneur son Esprit pour nous éclairer et nous guider.

Est-ce que la « gouvernance partagée » (sociocratie, holacratie…) serait une solution aux conflits en Eglise ? [Bennivo]

La « gouvernance partagée » est un principe de management des entités humaines, avec pour fondement l’idée d’un système maléable et fortement réformable, un fonctionnement par cercles de travail, avec un accent sur le consentement et la redevabilité, et enfin des outils comme l’élection sans candidat. Il s’agit de managements très souples, mais très codifiés où il s’agit de toujours argumenter les décision, et renforcer des redevabilités horizontales, d’égal à égal, pour quitter à tout prix le pharaonisme des systèmes pyramidaux, où pour ne plus être esclave la seule solution serait de devenir maître.

Il y a donc dans cette proposition managériale plusieurs registres qui plaisent au pasteur réformé qui vous répond, car ils semblent bibliques et font droit à des démarches hyper collaboratives et participatives, non hiérarchiques.

J’y vois pourtant plusieurs limites :
– la nécessité d’avoir des personnes hyper formées, avec une haute compréhension de la méthode, pour que ça marche,
– la tentation de glisser du « semper reformanda » à la révolution permanente, en changeant tout le temps les cercles de structuration,
– un risque de dilution des objectifs dans la fascination pour le moyen,
– un manque de simplicité biblique dans le fait de trouver une inspiration vraiment extérieure au groupe, qui pourra aboutir à l’éviction du Saint-Esprit, et d’autres outils comme la prière, la référence biblique, etc.
– incidemment aux deux points précédents, une accentuation exponentielle de la fascination pour l’Eglise, plutôt que du centrement sur Christ.

Je lui préfère le fonctionnement prébytérien-synodal, auquel j’ajouterai le principe conciliaire. J’explique les enjeux en précisant les termes (tout en essayant de faire court) :
– le presbytéral : un collège d’ancien est très utile pour prendre des décisions dans un système qui est différent d’une entreprise (où chacun peut avoir le même niveau d’implication en termes de temps, et où il n’y a pas la lutte des classes entre permanents et bénévoles, laïcs et clercs).
– le synodal : la mise en commun des ressources permet de penser « l’au-delà de soi-même », et le fait que l’Eglise est un cercle dont le centre n’est pas au milieu d’elle-même. Tout ce qui peut être mutualisé est facteur d’ouverture d’esprit, d’économies d’échelle, et d’humilité locale, de régulation consentie.
– le conciliaire : le système presbytérien-synodal ne peut fonctionner à mon sens que s’il est confessant, fondé sur une foi en l’activité du Saint-Esprit, l’autorité des Ecritures, et donc une méthode qui en découle : nous débattrons et prierons jusqu’à pouvoir dire : « Le Saint Esprit et nous avons décidé… » (Actes 15,28).
Ce système ne cherche pas à diluer l’autorité, la responsabilité ou la redevabilité. Il ne dénie pas la nécessité de combiner le participatif avec parfois aussi une autorité réelle, si possible jamais unipersonnelle, mais quand même incarnée dans un système de ministères (plutôt que sacerdoce), où le risque de l’abus de pouvoir est très limité.
C’est pour cela qu’il a ma préférence.

Quelle est la différence entre la vision de Calvin et Zwingli sur la Sainte Cène ? Sur cette question les attestants sont de quel bord ? [Kny]

Merci Kny de nous inviter à revoir nos classiques ! En effet, la question de la Cène a été centrale au 16e siècle, non seulement entre catholiques et protestants, mais au sein même de la Réforme. Luther confessait la présence réelle du Christ au moment où les paroles de Jésus sont rappelées (lors d’un débat avec Zwingli, il aurait commencé par écrire sur la table, dans la version latine : « ceci est mon corps ». Bonjour l’ambiance !). Pour Zwingli, Christ est au ciel depuis son ascension, il n’est plus sur la terre, donc le pain et la coupe sont des symboles, un mémorial. Il faut donc comprendre: « ceci représente mon corps ». Calvin, auteur d’un Petit Traité sur la Sainte-Cène, aurait peut-être pu réconcilier les deux positions. Pour résumer la sienne : « ceci présente mon corps ». Ce n’est que du pain, ce n’est que du vin, mais avec ces signes, et par l’Esprit Saint, le Seigneur nous atteste que nous avons réellement communication à son corps, son sang, en un mot à sa vie.
Jésus lui-même n’aurait -peut-être- pas compris grand chose aux débats philosophiques concernant la « substance » véritable des éléments de la Cène. Quand Jésus déclare « ceci est mon corps », ceci renvoie d’abord à la fraction du pain, plus qu’au pain lui-même (c’est à ce geste de la fraction du pain que les disciples d’Emmaüs l’ont reconnu, Luc 24,35). Puisqu’il ajoute « faites ceci en mémoire de moi. Il nous dit : mon corps, ma vie, c’est cela : un don partagé, offert pour vous, pour la multitude.
Quant à vous dire de quel bord sont les Attestants sur cette question… je n’en sais rien ! Peut-être de bords divers. L’essentiel est que nous discernions que le Seigneur est présent lorsqu’il nous invite à sa table, et qu’il a donné son corps et son sang pour nous.

Que faire pour recevoir le Saint-Esprit ? [Jean]

Je pense que si vous êtes chrétien et que vous vous posez cette question, Jean, c’est que le Saint-Esprit agit déjà en vous. Il est peut-être utile que vous vous interrogiez sur votre représentation de l’action du Saint Esprit. S’agit-il de parler en langues ? De pratiquer des guérisons ou des miracles ? Si vous ne faites pas ces choses, je ne pense pas que cela signifie que le Saint Esprit ne soit pas en vous. Il y a une grande diversité de dons dans le Saint Esprit et nous sommes souvent à son bénéfice sans même nous en rendre compte, ceci afin que nous ne tombions pas dans le piège de l’orgueil spirituel.

Comment savoir si Dieu nous aime vraiment ? [Max]

Les questions les plus courtes sont parfois les plus fondamentales ! L’amour de Dieu n’est pas vraiment de l’ordre d’un « savoir » qui s’imposerait à nous. C’est une assurance intérieure. Pensez à une personne qui vous aime. Comment êtes-vous sûr de son amour ? C’est une conviction intime, une joie d’être avec elle, un sorte d’évidence.

Cette assurance est un don de l’Esprit. L’Esprit de Dieu, on le reçoit parfois sans le chercher mais il nous faut néanmoins le demander : « Si donc, tout mauvais que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent » (Luc 11, 13). Cette phrase de Jésus nous enseigne que Dieu aime aussi, les personnes mauvaises. Même nos fautes et nos péchés n’éloignent pas de nous Son amour, au contraire, « à plus forte raison » !

L’Esprit nous permet de comprendre que Jésus a donné sa vie par amour pour nous personnellement et « il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean 15,13).

Maintenant Max, je me risque à ajouter autre chose bien que je ne vous connaisse pas : se poser cette question comme vous le faites, c’est déjà connaître la beauté et le prix de l’amour de Dieu pour vous. Votre question traduit peut-être la crainte de voir un jour cet amour disparaître, de l’attrister. Peut-être que jamais aucun amour vivant et ardent n’est donné ou reçu sans que cette crainte ne se réveille dans notre cœur. Paradoxalement, cette crainte exprime aussi la force de notre amour pour Celui qui nous a aimé en premier.