Que signifie le terme « onction » que les Eglises charismatiques d’aujourd’hui emploient sans cesse ? [Andry]

L’onction des descendants d’Aaron pour être prêtres pour Israël est définie en Exode 40,14-15 : « Tu feras approcher ses fils, tu les revêtiras des tuniques, et tu les oindras comme tu auras oint leur père, pour qu’ils soient à mon service dans le sacerdoce. Cette onction leur assurera à perpétuité le sacerdoce parmi leurs descendants. »

Etaient oints (aspergés d’une huile ou d’un parfum), les prêtres, les prophètes et les rois. D’où l’idée d’une onction sacerdotale, d’une onction prophétique et d’une onction royale. « Oint » en hébreu a donné le mot Messie en français, et « oint » en grec a donné le mot Christ. Jésus est celui qui est « oint » par excellence, il est le Christ et le Messie, celui qui a reçu sur une seule et même personne la triple onction sacerdotale, prophétique et royale.

Ceux qui sont chrétiens sont donc de « petits oints ». C’est aussi ce que suggère 1 Jean 2,27 : « Pour vous, l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n’avez pas besoin qu’on vous enseigne; mais comme son onction vous enseigne toutes choses, et qu’elle est véritable et qu’elle n’est point un mensonge, demeurez en lui selon les enseignements qu’elle vous a donnés. »

Dans certaines théologies néo-pentecôtistes, l’onction fait référence à l’expérience du baptême du Saint-Esprit, où l’Esprit Saint descend pour oindre ses présents apôtres. Mais un abus de ce qui est depuis Jésus une image (Jésus n’a pas été oint d’huile), fait que les leaders se désignent parfois comme spécialement inspirés, spécifiquement choisis et revêtus d’une autorité sacerdotale, prophétique ou de leadership. Ainsi ils doivent, pour certains, passer l’essentiel de leur temps à essayer de manifester ou signifier qu’ils auraient plus d’onction, plus de puissance, plus d’Esprit-Saint que les autres.

Comme si l’Esprit n’était pas souverain, entre les mains du Père, pour se donner lui-même, et nous conduire dans l’humilité du service.

Comment discerner nos pensées de celles de l’Esprit en nous ? [Marie]

Chaque chrétien né de nouveau se pose cette question car nous restons des pécheurs même après la régénération. Pourtant c’est aussi fondamental d’échapper à l’orgueil que d’échapper au doute. Trois choses très concrètes nous mettent dans la bonne direction : Continuer la lecture de « Comment discerner nos pensées de celles de l’Esprit en nous ? [Marie] »

Avons-nous, humains, autorité pour combattre les démons ? Ou sommes nous passifs aux attaques et seulement libérés par la volonté divine ? [Christine]

Jésus a manifesté une importante activité personnelle de délivrance comme en témoignent les évangiles. Par ailleurs, il a lui-même commandé aux disciples lorsqu’il les a envoyés en mission « guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons» (Matthieu 10, 8 ). A la fin de l’Évangile de Marc, on trouve encore : « Et ceux qui croiront, voici comment ils montreront la gloire de Dieu : en mon nom, ils chasseront les esprits mauvais, ils parleront des langues nouvelles…» (Marc 16, 17). Enfin, les actes des apôtres témoignent que les chrétiens ont effectivement poursuivi le ministère de Jésus en acceptant cette autorité qu’il leur avait donné et qui fut scellée lors de l’événement de Pentecôte où ils reçurent le Saint-Esprit (exemple en Actes, 16, 18).

Mais la question de l’autorité par laquelle sont faites ces délivrances est une question de la plus haute importance. On ne s’improvise pas ennemi des puissances mauvaises. Je partage trois points qui me semblent essentiels, mais ne constituent pas pour autant un enseignement suffisant :

  • Les disciples ont reçu le Saint-Esprit et entretenaient leur foi. La prière, l’enseignement biblique et la vie communautaire rythmaient leur vie. Relisez aussi régulièrement Ephésiens 6, 10-20 et puisse le Saint-Esprit être bien vivant en vous ! En Actes 19 , 13 à 17, des exorcistes non convertis essayent de s’opposer à un démon mais celui-ci les attaque et les blesse… Ce combat est dangereux !
  • Les disciples travaillent pour Jésus en communion avec Lui dans l’Église que l’Esprit-Saint dote de différents charismes parmi lesquels la foi ou le discernement des esprits (relire 1 Corinthiens 12, 4ss). La communion dans l’Église est nécessaire pour exercer l’autorité de Jésus car nous ne sommes pas des travailleurs indépendants mais une équipe à son service. Cette équipe est également votre couverture spirituelle !
  • Priez avant toute chose et dans chaque nouvelle situation car Jésus a aussi enseigné que le retour de l’esprit mauvais pouvait provoquer une situation pire que la précédente (Matthieu 12, 43-45). On ne peut agir au nom de Jésus que si la conviction de sa volonté s’est bien installée en nous, sinon on risque de s’opposer à tout et à rien et de faire n’importe quoi spirituellement. Prendre autorité ne doit pas devenir un réflexe charnel.

Doit on baptiser « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », ou « au nom de Jésus », comme le faisaient les premiers chrétiens ? [Juan]

En fait les premiers chrétiens avaient les deux pratiques, soit au nom de Jésus, soit au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

La preuve en est, la mention faite des deux dans l’Ecriture sainte :
• « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. » (Actes 2,38), et
• « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » (Matthieu 28,19).

L’habitude de l’Eglise au fur et à mesure de sa pratique a été de privilégier le deuxième usage, trinitaire.

Pourquoi seulement deux évangiles parlent de Noël ? [Jeanne]

Deux évangiles parlent de la naissance de Jésus avec une narration qui pourrait être celle d’un journaliste aujourd’hui. Ce sont les évangiles de Matthieu et de Luc. Mais en réalité, chacun des quatre évangiles a un langage sur l’advenue du Fils de Dieu que nous reconnaissons dans Jésus, le Messie, le Christ, le Sauveur, le Seigneur.

Matthieu nous parle des rois mages, insistant sur Jésus comme roi, et même roi des rois. Ces personnages importants (pas décrits comme rois par le texte) viennent devant le bébé de l’étable de Bethléem et faire plier le genou à leur sagesse (mages), leur richesse (l’or), leur piété (l’encens), et leur destinée (la myrrhe). Jésus est bien le Sauveur d’Israël et même des nations qui n’attendaient pas de Messie.

Marc n’évoque pas la nativité, mais commence son évangile par le baptême de Jésus par Jean-Baptiste. C’est aussi un langage sur la naissance, une façon d’insister sur le fait que Jésus naît en tant que Sauveur et Messie véritablement au moment où il déploie sa destinée, c’est-à-dire à l’âge de trente ans. Il nous faut donc, nous aussi, naître d’en haut, naître de nouveau, comme Jésus le suggèrera à Nicodème dans l’évangile de Jean.

Luc nous parle des anges et des bergers, autrement dit de ceux qui sont le plus haut (anges) et ceux qui sont le plus bas (bergers). Ces derniers étaient mal vus à l’époque. Bref, c’est toute la création qui doit venir adorer le Seigneur, sur la terre comme au ciel.

Jean ne parle pas de la nativité, comme Marc. Mais son prologue nous dit que Jésus est la Lumière du monde, et qu’il est la Parole présente dès le commencement. Alors pour de la naissance, c’est de la naissance ! Il dit finalement que la deuxième personne de la Trinité, que nous appelons aussi le Fils (de Dieu) et qui s’est incarnée en Jésus de Nazareth, était présente à la naissance du monde. Rien que ça !

Alors pour vous qui est Jésus ?
Est-t-il en train d’advenir dans l’étable de votre cœur ?

Jésus a-t-il mangé de la viande ? [Isabelle]

La Bible dit que l’homme est conçu pour manger « tout herbe verte » (Genèse 1/30). La première fois que Dieu dit à l’humain de manger de la viande se situe après le déluge (Genèse 9/3). Entre ces deux passages se trouve Genèse 3 qui raconte comment l’état originel de l’homme a été gâté par son péché. Ainsi, peut-on penser que si l’homme ne mangeait pas de viande avant d’être pécheur, Jésus, qui est sans péché, pourrait ne pas avoir mangé de viande (cf 1 Pierre 2/22). Ce raisonnement ne tient pas debout  pour plusieurs raisons.

1-Le régime omnivore de l’homme n’est pas présenté dans la Bible comme un péché. Il correspond à la loi de Dieu qui le commande en Genèse 9/3. Il est bien plutôt la conséquence du péché, liée à la condition humaine au même titre que la mort, la souffrance ou le travail. La Bible nous dit que Jésus, loin d’avoir fuit notre condition, l’a traversée en devenant comme un homme (Philippiens 2/6-11).

2-Si Jésus avait eu un régime très différent des personnes de son entourage, la Bible l’aurait assurément mentionné. Ainsi, nous pouvons supposer que comme juif, Jésus se nourrissait, entre autres, de viande « casher », c’est à dire d’animaux déclarés purs selon la loi juive et tués selon la règle que Dieu avait donnée à son peuple. De même, lorsque Jésus parle de nourriture, c’est souvent pour dire qu’elle a peu d’importance par rapport à l’amour que nous devons manifester aux autres humains (Matthieu 15/11).

3-Les règles alimentaires concernant la première Eglise, confirment cette manière de voir les choses. Alors que la question de manger casher et de s’abstenir des viandes sacrifiées aux idoles se posait, l’Ecriture nous dit que la relation que les humains ont à Dieu et aux autres a plus d’importance que ce qu’ils avalent. Voir sur ce sujet, Romains 14/1-4, Actes 10. Il n’est en tous cas nulle part question d’un appel au végétarisme, qui aurait probablement été de règle si Jésus avait suivi un tel régime durant sa vie sur terre.

Notre régime omnivore a quelque chose de triste : Il nous met en face de cette mort et de cette souffrance que nous n’aimons pas. La Bible promet en Christ, à toute la création, la fin de la violence et de la souffrance. Nous pouvons espérer cela de Dieu, en vivant aujourd’hui la foi l’espérance et l’amour que Dieu donne, dans le monde tel qu’il est.

« Nous le savons en effet, la création tout entière gémit et souffre jusqu’à ce jour dans les douleurs de l’enfantement. Elle n’est pas la seule : Nous aussi, qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons intérieurement dans l’attente de notre adoption et de la rédemption de notre corps. Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance. » (Romains 8/18-25)

« La cabane » (livre et film) est-il un bon outil pédagogique pour parler du Dieu véritable avec d’autres (qui ne le connaissent pas encore/souhaitent apprendre à le connaître) ? [P]

J’ai vu le film mais n’ai pas lu le livre. Mon opinion est donc sans doute incomplète. J’ai trouvé que ce film était un bon moyen de secouer notre représentation de Dieu (par exemple, à un moment du film, Dieu le Père se montre sous les traits d’un vieil indien… pour la culture américaine, cela fait pas mal réfléchir…). Il pose également une question très importante, pas seulement pour le christianisme, à savoir la possibilité et les conditions du pardon. Il me semble donc que ce n’est peut-être pas le film le plus indiqué pour quelqu’un qui ne connaît pas encore le Dieu véritable, car il vient avant tout remettre en question des manières de se représenter Dieu.

Je m’inquiète de ce qu’une partie de mes proches, catholiques, puissent intercéder auprès de « Marie » (ou autres)… Que faire, que dire ? [Marie]

Il semble que vous soyez protestante ou évangélique. Vous savez donc que selon les Ecritures, Marie est morte, et qu’elle est donc dans le séjour des morts dans l’attente de la Résurrection, au dernier jour. Par ailleurs vous n’ignorez pas que Marie fut la première chrétienne. Un exemple de foi pour nous.

Chrétienne, elle n’est pas préoccupée de nuire à qui que ce soit.
Morte, elle ne répond pas aux prières.

Donc il est probable que ce qui vous fait peur c’est que des démons répondent à sa place ? Mais que peuvent les démons contre vous ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? (Romains 8,31). A moins que vous n’ayez vraiment des choses à redresser de votre côté, cette intercession, quand bien même elle serait faite à des démons, ne peut en rien interférer sur vous.

Vous devriez certainement en revanche vous questionner sur le fait que la peur ait tellement de droit sur votre foi, non ? Courage Marie, n’ayez pas peur… Une fois que vous serez sans peur vous pourrez être un très bon témoin pour prêcher le Christ vainqueur !

« Sozo »- ce ministère- apparu chez les NRA (fait-il partie des 5 ?) est une forme d’hypnose et d’auto-hypnose qui semble générer du dégât dans les assemblées. Qu’en pensez-vous ? [Jomo]

Sozo est un ministère lié à l’Eglise Bethel aux USA.

C’est un système d’accompagnement spirituel comme d’autres, à l’américaine, c’est-à-dire qu’il permet de « vérifier » certaines zones de nos vies pour les exposer au Seigneur et vivre des guérisons, des déplacements, des délivrances. Donc Sozo peut être considéré comme un versant du ministère pastoral (soin, cure d’âme), oui, et pourrait être une aide pour vivre le ministère pastoral (parmi les cinq ministères d’Ephésiens).

Sur l’auto-hypnose ou l’hypnose, c’est la critique qui sera faite à toute pratique qui inclut un vécu charismatique, par ceux qui n’agréent pas ce vécu charismatique. Et donc à ce titre, non, Sozo ne génère pas de phénomène d’hypnose, sauf si, là encore, la personne à laquelle vous devez penser a vécu un accompagnement Sozo avec quelqu’un qui y a rajouté de l’hypnose.

Dès qu’on touche à l’être humain, il peut y avoir des dégâts. Soit parce que la personne finalement n’entre pas dans une démarche, fût-elle positive, soit parce que l’accompagnant n’est pas tout à fait assez formé, etc.

C’est plutôt le principe des « check-lists » à vérifier, comme si nous étions des voitures à réparer, qui inquièterait le pasteur que je suis. Ce n’est pas parce qu’on a fait une petite prière sur un sujet qu’il est nécessairement réglé 😉

Certains disent que le nom de L’ETERNEL ne doit pas être traduit car il s’agit d’un nom propre. Qu’en pensez-vous ? [M]

Le nom de Dieu, dévoilé en Exode 3/14 à Moïse est composé de 4 consonnes (YHWH) qui évoquent le verbe « être » et semble signifier « je suis qui je suis » ou « je suis qui je serai ». Il n’est composé, à l’origine, comme tout texte hébraïque ancien, que de consonnes seulement, les voyelles devant être « devinées » en fonction du contexte. Plusieurs solutions ont été utilisées à travers les siècles pour « dire » ce nom :

  • Au moyen âge, les juifs ont ajouté des consonnes pour faciliter la lecture du texte biblique. Ils ont ajouté au nom de Dieu les voyelles du mot qui signifie « Seigneur ». En effet, ne souhaitant pas prononcer le nom de Dieu en vain, ce mot était systématiquement replacé par le mot « Seigneur ». Le nom ainsi lu ne correspond à aucune réalité et n’a aucun sens (Jehovah, en français). Si certains Bible ont pu utiliser le mot « Jehovah », les Bibles récentes préfèrent, en fidélité avec cette tradition, le vocable ‘Seigneur » quand le nom de Dieu doit être traduit.
  • Certains Bibles protestantes ont tâché de traduire le mot à partir de son sens supposé. Le mot « Eternel » est apparu comme à même d’exprimer « je suis qui je suis/serai », en manifestant la plénitude de l’être dans le passé, le présent et le futur. Il s’agit d’un mot qui insiste sur la temporalité et ne permet probablement pas de donner toute la signification originelle de l’être de Dieu.
  • Des Bibles catholiques ont tenté de déduire quelles auraient pu être les voyelles originelles du mot, en fonction du sens que le nom de Dieu pouvait avoir. Cela donne la traduction « Yahwe ».

 

Pour ma part, je considère que Dieu se laisse connaître à nous en Jésus, Emmanuel, Dieu (qui est) avec nous.  Je n’ai donc pas l’habitude de me tracasser pour savoir comment m’adresser à Dieu, même si je préfère, par respect pour ce qui est vécu dans le judaïsme mais aussi par aveu de notre ignorance, traduire le nom de Dieu par « Seigneur ».