La mise en garde des conséquences de prendre la cène (1 Cor 11) s’adresse à des chrétiens. Pourquoi un non chrétien serait-il privé de prendre la cène si déjà il est au culte ? [Pascal]

La cène n’est pas seulement un repas partagé en mémoire de Jésus, ou parce qu’il nous a dit de le faire. Par ce repas, que l’on appelle aussi communion, Jésus-Christ manifeste mystérieusement sa présence à tous ceux qui croient en lui et reconnaissent qu’il est là, dans le pain et le vin partagé. Je ne me sens pas de demander à un non chrétien qui vient au culte de participer à un repas dont il ne partagerait pas le sens. Cela me semblerait être une contrainte de sa conscience plutôt qu’autre chose.

Aide toi et Dieu t’aidera. Qu’est-ce que ça veut dire ? [Laurent]

En général, ça veut : Débrouille-toi ! C’est une façon de renvoyer une personne soit à ses propres responsabilités, soit de la laisser en plan par ce que l’on ne veut pas l’aider. Le problème me semble être d’impliquer Dieu là-dedans. Bibliquement je pense que nous pouvons plutôt entendre : « Aide ton prochain et Dieu t’aidera… À l’aider ! » Car il ne faut surtout pas penser que ce que je peux faire sera « récompensé » d’une façon ou d’une autre par Dieu. Il nous a déjà donné les plus important, le vital, l’essentiel, en Jésus-Christ, par sa mort et sa résurrection.

Jésus est Dieu ou un prophète ? [LamieKone]

Jésus est prophète et il est Dieu.

Il est prophète au sens où un prophète est quelqu’un qui parle de la part de Dieu le Père, le créateur du ciel et de la terre.
Et il est aussi Dieu, parce que Dieu a considéré qu’il était son Fils, d’une part, et d’autre part, parce que traditionnellement Jésus est considéré comme le Christ, le Messie, l’Elu, l’Oint, la Parole présente au commencement du monde, la deuxième « personne » de la Trinité (la troisième étant le Saint-Esprit).

Vous retrouvez un peu tout ça en un seul verset :

Dieu [le Père] dit : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le !”
(Marc 9:7)

Est-ce correct de prier Dieu en l’appelant « Papa » ? [Simone]

Jésus est très innovant et révolutionnaire en appelant Dieu « Père ».
C’est nouveau de faire cela, pour deux raisons :
– dire que Dieu est son père était vu comme une preuve d’arrogance dans le peuple Juif et quasiment aucune mention n’est faite du mot Père pour parler de Dieu dans le Premier Testament, sinon dans des expressions évoquant la paternité de Dieu (Exode 4,22-23 – 1Chroniques 17,13 – Proverbes 3,12) ou parlant de Dieu étant “comme un père » ; voyez Esaïe 63,16 : « C’est toi, Éternel, qui es notre père ».
Mais on n’appelle jamais Dieu “Père » directement.
– la deuxième raison c’est que Dieu ne devient père que quand… il a un Fils. Et même si Israël a été son fils premier-né, en tant que peuple (voir la citation d’Exode plus haut), il n’a un vrai Premier-né que quand advient le Fils unique venu du Père, à savoir au moment du baptême de Jésus : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection » (Matthieu 3,17).

Le terme Abba n’est employé que trois fois dans le Nouveau Testament, bien que Jésus nous apprenne à prier Dieu en tant que Notre Père (Matthieu 6,9). Ce terme se trouve en Marc 14,36 – Romains 8,15 – Galates 4,6. Abba est un mot araméen, qui veut dire “Père“ mais avec une forme renforcée. Il est un peu à mi-chemin entre “Papa » et “Père », simplement parce qu’il est accessible dans le babillage de l’enfant. Pour autant, le choix de Marc et de Paul est bien particulier. A chaque fois, il est fait mention de “Abba, Père”. Abba n’est jamais employé seul. Le mot “Abba” est araméen, laissé tel quel, et le deuxième est en grec, la langue du Nouveau Testament. Comme il n’y a pas de ponctuation dans le grec de l’époque (koinè) on pense que l’interprétation la plus juste serait : “Abba [c’est-à-dire] Père ». Or, le mot grec qui est utilisé pour “Père » en grec n’est justement pas le mot “Papa” (mpampas) mais bien “Père” (pater). Matthieu et Paul expliquent comment on dit “Père » en araméen, et le traduisent pour leurs lecteurs grecs.

Certains voudraient y voir un langage affectueux ou de proximité. Je ne crois pas que cela soit le cas. C’est un langage intense d’implication, certes. Mais je pense que ces trois textes ne nous incitent pas à jouer aux enfants de cette façon qui nous ferait utiliser le mot “Papa”. En effet, le fait de devenir enfants de Dieu (Jean 1,12) n’est pas une infantilisation, une forme de régression en arrière vers l’enfance, mais une adoption d’adultes consentants. Quand Jésus nous fait prier “Notre Père”, il ne choisit pas le terme “Papa” et il insiste sur le collectif, bref : sur la révérence et l’aspect communautaire de la paternité de Dieu qui nous crée comme famille.

C’est pour cela que je prie Dieu en lui disant : “Père” ou “Notre Père” ou “Père Éternel”.

 

Une interprétation intéressante : Moïse ne peut pas entrer dans la terre promise (Deut 32) car il incarne la loi et la loi ne peut pas nous sauver ? [Caen]

Je ne connaissais pas cette interprétation ,qui a le mérite de l’originalité, je trouve. Je reste un peu mal à l’aise avec l’expression «  Moïse incarne la loi ». Je ne pense pas trouver cela dans la Bible. Si la loi, en tant qu’expression de la parole de Dieu, a été incarnée par quelqu’un c’est par Jésus-Christ, qui l’a même accomplie. En cela il nous a délivrés de la malédiction que la loi représentait comme faux moyen d’être sauvé. Dieu seul nous sauve en effet. Pour ma part, ce que nous dit la Bible au sujet de la raison pour laquelle Moïse n’a pas pu entrer en terre promise (Nombre 20. 1-13 ; 27.14) me suffit comme explication.

Croyez-vous en la « révélation progressive » ? Par exemple- une progression de la violence de l’Ancien Testament en 1 Chron 22-9 jusqu’à la déclaration de Jésus dans Matt 5-9 [Luc]

Parler de révélation progressive de Dieu, notamment à travers l’histoire du peuple d’Israël, semble juste, si on considère le simple fait que la rédaction des écrits bibliques s’étale sur plus d’un millénaire !

Vous évoquez à ce sujet la question délicate de la violence dans le Premier Testament. En effet, on peut s’étonner, voire être choqué, entre autres, par certains ordres donnés par Dieu ou en son nom : dans les récits de la conquête de la terre Promise (voir le ch. 6 de Josué par exemple, et l’anéantissement des populations de Canaan) ou encore de l’idolâtrie d’Israël au désert (Exode 35,25-29). Il s’agit pour les auteurs d’insister sur le rejet absolu du mal, que Dieu a en horreur. Israël, peuple mis à part pour manifester la sainteté de Dieu, ne doit rien laisser subsister en son sein, et autour de lui, qui pourrait y porter atteinte. On peut évoquer aussi certaines imprécations dans les psaumes, mais là, elles expriment souvent la souffrance et la colère du croyant opprimé, persécuté, qui appelle au secours, demande justice et délivrance (voir par exemple le dernier verset du Psaume 137).

Il faut y insister cependant : dès les origines, Dieu se manifeste comme celui qui ultimement fait grâce. Comme le dit un autre  Psaume (117), la bonté du Seigneur pour nous est la plus forte (et sa « colère », ajouterais-je, n’est que l’expression de son amour blessé). Moïse, en intercédant pour Israël, a pu « fléchir » le Seigneur et l’amener à renoncer à anéantir le peuple rebelle. La violence n’est pas le dernier mot de Dieu. A la croix de Jésus-Christ, Dieu prend sur lui la conséquence de notre péché et de notre idolâtrie. Désormais, ce n’est plus contre des hommes que nous avons à lutter. Le combat est à l’intérieur de nous-mêmes, de nature spirituelle. Nos armes : l’amour, le pardon. Notre victoire : la paix et la réconciliation.

Mon entreprise travaille en partie dans un secteur immoral (commerce des armes- contrats militaires). En tant que chrétien- devrais-je démissionner et travailler ailleurs ? [Stephane]

Je ne suis pas très à l’aise avec l’idée de vous dire ce que vous devez faire, Stéphane. Que vous dit votre conscience, quand vous priez et que vous soumettez votre situation professionnelle au Seigneur ? Le texte biblique me semble clair quant au fait qu’il faut refuser la violence sous tous ces aspects. Maintenant, je ne peux pas prendre la place de Dieu dans ce qu’il convient de vous faire choisir. Si, au fur et à mesure que vous poursuivez votre chemin dans cette entreprise, vous sentez le malaise grandir (car je pense qu’il est déjà un peu là, sinon vous ne poseriez pas la question), je crois qu’il vous faudra vraiment vous poser la question dans la prière et sous le seul regard du Seigneur.

Un gnostique est-il un chrétien ? [NewDeli]

Un gnostique est une personne qui pense qu’elle peut avoir accès à Dieu par sa connaissance, sa propre initiation.
Mais la révélation chrétienne n’est pas due à une quelconque connaissance, si ce n’est celle de Jésus. Et le Christ ne se donne pas d’abord à connaître mais à recevoir, à croire comme le dit par exemple l’évangile selon Jean (3,16 ou 11,25).
La question pour un chrétien est d’avoir une relation de foi avec le Christ. Cette relation mène à Dieu. Dans ce même évangile Jésus dit : « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (14,6).
En ce sens un gnostique n’est pas chrétien.

Dieu est amour (1 Jean 4: 8). Est-ce un attribut de Dieu ou son essence ? Comment pouvons-nous concilier cela avec l’ordre violent de Dieu dans l’Ancien Testament ? [Jacques]

Je ne pense pas que l’on puisse qualifier uniquement de violent l’ordre de Dieu dans l’Ancien Testament, même si indéniablement il peut l’être et sur ce sujet qui à lui seul mérite un développement je vous invite à lire un article très éclairant d’une de mes consœurs ici : https://regardsprotestants.com/bible-theologie/le-dieu-de-lancien-testament-est-il-violent/

Pour répondre  votre question, elle note que la violence de Dieu peut aussi être comprise comme une pédagogie vis à vis de son peuple à un moment de l’histoire biblique, et dans les catégories de l’histoire qui a porté la rédaction de ces textes. Mais est-ce qu’un parent qui se précipiterait pour gronder son enfant qui approche sa main de la flamme ne l’aimerait pas ? En tout cas le Nouveau Testament dans son ensemble affirme que Dieu est amour, et qu’il s’agit bien là de son essence. Je vous invite en particulier à aller (re)lire la 1ere épître de Jean (en entier, et par exemple 1 Jean 4, 8).

La souveraineté de Dieu signifie-t-il qu’il contrôle toute chose ? Rien ne se passe contre sa volonté ? [Jacques

Et bien oui… et non ! Oui, je crois que Dieu PEUT contrôler toute chose, mais la Bible nous montre aussi un Dieu qui ne VEUT pas tout contrôler car par amour il a décidé de laisse l’humain libre de ses choix (cf. le récit du tout début du livre de la Genèse, chap 2-3). Si Dieu contrôle tout et que rien ne se passe contre sa volonté, cela signifierait alors que nous ne serions que des marionnettes.

Au lieu de cela, on découvre dans les évangiles qu’en Jésus-Christ a choisi de subir et de traverser l’injustice, la violence, le mal, la mort, pour manifester que pour Lui ils n’ont pas le dernier mot et que pour nous une autre voie est possible que celle de la condamnation.