Qu’est ce que le blasphème contre l’Esprit saint dont parle Jésus ? Pourquoi est-il impardonnable ? [Tototte]

Blasphémer, cela veut dire parler en mal de quelqu’un ou de quelque chose.

Le Nouveau testament dans les évangiles selon Matthieu (12, 31-32), Marc (3, 28-30) et Luc (12, 8) parle du blasphème contre l’Esprit.

Blasphémer contre l’Esprit cela revient à dire qu’il n’est pas de Dieu, qu’il n’est pas saint. Qu’il n’est pas Esprit de vie, mais esprit de mort.

Or le Nouveau testament présente l’Esprit comme venant de Dieu et de Jésus, comme Esprit de vie. Il nous permet même de dire que nous sommes enfants de Dieu. C’est-à-dire en relation proche, personnelle avec Lui. « L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. » Romains 8, 16.

Donc blasphémer contre l’Esprit c’est dire qu’on n’est pas fils ou fille de Dieu. Ne pas être enfant de Dieu, être hors de sa face, de son alliance, de son amour, c’est être mort.

Blasphémer contre l’Esprit ce serait comme se tirer une balle dans le pied. Et comment être pardonné par le Dieu dans lequel on ne croît pas ?

Pourquoi Dieu aurait-il besoin de sacrifices pour pardonner les péchés ? Ne peut-il pardonner sans compensation alors que tout lui appartient ? Que peut donc y perdre un Dieu tout puissant ? [PS]

Qui a dit que Dieu avait besoin de sacrifices ? Le Dieu biblique n’en a que faire. C’est une initiative humaine, qui dès le départ (Caïn et Abel) est ambigüe, susceptible d’interprétations erronées quant à son sens, à son acceptation ou pas par Dieu à qui il est censé être offert… et dans quel but ? S’auto-justifier en achetant quoi à Dieu ? Lorsqu’il y a rivalité entre deux sacrifices (celui offert à Baal et celui offert au Seigneur en 1 Rois 18), c’est (bien sûr…) le vrai Dieu qui « gagne », mais qui doit ensuite rétablir qui il est (au chapitre suivant) : non pas un Dieu qui aime les sacrifices et le bruit et la puissance, mais un Dieu qui a un projet pour les humains.

Ainsi, la Bible le montrera à l’envi : la gloire de Dieu ne se manifeste pas à travers les sacrifices humains (sanglants ou moraux : ceux aussi que nous croyons, nous, lui offrir dans notre vie) mais à travers le don de son Fils, qui a pris notre péché (le détruisant ainsi) pour nous offrir sa vie à lui. Nous ne sommes pas à l’initiative du pardon de notre état de pécheur, c’est Dieu qui est à l’initiative et qui « offre le sacrifice unique et parfait » (manière humaine de parler). Car c’est nous qui avons besoin de compensations, que nous ne sommes pas capables d’acquérir ! La « toute-puissance » de Dieu (encore une manière humaine de parler) s’exerce pour nous, pas contre nous : c’est Jésus-Christ.

 

Qu’est-ce que la prédestination ? Comment articuler la prédestination et la liberté de l’homme face à l’appel de Dieu ? [Valérie]

La prédestination (lire p. ex. Romains 8 / 28-32), c’est la certitude d’avoir été aimé et choisi gratuitement par Dieu dans sa liberté. Il n’est pas lié par nos origines, notre vie, notre passé, notre présent, notre avenir, ni par rien d’autre. Dieu est libre et dans son amour il choisit librement, et son amour transforme la personne aimée, quelle qu’elle soit ou qu’elle ait été.

L’être humain séparé de Dieu n’est pas libre, mais esclave (c’est le « péché originel »), contrairement à ce que proclame l’humanisme occidental. Esclave de toutes sortes de choses, d’instances, de puissances, intérieures ou extérieures, choisies ou subies (cf. la suite du même texte : Romains 8 /33-39). C’est Jésus qui libère de tout ça, c’est l’amour de Dieu reçu dans la foi qui fait de nous, à l’image de Jésus, des hommes et des femmes libres (ou en train d’être libérés).

La liberté du choix de l’être humain par rapport à la grâce souveraine et inexplicable de Dieu ? Celui qui croit sait que ce n’est pas son choix, mais il connaît son bonheur d’avoir été choisi. Et celui qui ne croit pas, quel choix a-t-il ? Quant au choix par Dieu, il peut parfaitement se manifester par un appel humain à répondre à son amour : l’évangélisation n’est pas de proposer le choix, mais de permettre aux aimés d’entendre la parole de l’Amant et de lui répondre… de ne pas pouvoir faire autrement que de lui répondre !

Comment se fait-il que l’Islam parle positivement de Jésus (Issa) alors que trop de ses adeptes ne rêvent que d’éradiquer les chrétiens et les juifs de la planète ? [Philippe]

Je ne suis pas sûre que « l’Islam » parle… C’est qui « l’Islam » ? En fait, soit on s’appuie sur ce que dit le Coran, soit sur ce que les musulmans disent de ce que dit le Coran. Et dans les deux cas les choses sont complexes car :

  • Si le Coran reconnaît effectivement Jésus comme étant un prophète, il aborde aussi dans d’autres versets la relation que les musulmans doivent avoir avec les autres croyants, et il l’aborde je crois sous plusieurs angles… Pas toujours concordants entre eux. (Bon honnêtement je suis pasteur et pas spécialiste du Coran… C’est à un imam qu’il vaudrait mieux s’adresser pour les détails…)
  • « Ce que dit le Coran » est donc toujours le fruit d’une interprétation de celui (ou celle) qui dit « ce que dit le Coran », et qui pour dire cela s’appuie sur sa propre lecture, fait des choix de priorités entre les versets, décide de suivre telle ou telle tradition, etc… Et surtout sur l’image de Dieu qui est la sienne. Par exemple, si je crois que Dieu est avant tout un juge sévère, je vais avoir tendance à privilégier les versets qui vont dans ce sens et à négliger ceux qui pourraient contredire ce que je crois. Les musulmans appartiennent à des courants ayant des compréhensions de Dieu parfois très différentes les unes des autres et on ne peut donc pas dire « l’Islam dit que… »
  • On trouve aussi une telle diversité dans le christianisme, qui alimente de nombreux débats depuis 2000 ans. Les chrétiens se sont beaucoup entre-tués au long des siècles parce que certains considéraient ce que pensaient les autres comme dangereux pour leur propre foi. Les uns et les autres ont souvent cherché dans la Bible des versets qui justifiaient leur violence… Et ils ont trouvé ! Mais ça ce n’est pas lire un texte, c’est l’instrumentaliser… Ce qui nous arrange souvent, pare que c’est plus facile que d’être remis en question. D’ailleurs beaucoup de ceux qui disent s’appuyer sur le Coran ne l’ont en fait jamais lu !
  • Pour les chrétiens en tout cas, Jésus n’est pas seulement prophète mais fils de Dieu venant nous ouvrir au mystère de l’amour de Dieu. En ce qui me concerne, je crois que la haine de l’autre est fondamentalement incompatible avec ce Dieu-là. Mais c’est une affaire d’interprétation… Et de foi.

Est-ce que François Fillon est vraiment chrétien ? [123Belfort]

Il est toujours très difficile et délicat de se prononcer sur la foi de quelqu’un. Cependant les écritures nous donnent certains critères de jugement;  j’en retiens deux: la confession de la bouche: »C’est pourquoi, quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 10: 32). Mais ce critère n’est pas suffisant, s’il ne s’accompagne pas des actes: « Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 7: 21).

Appliquons ces critères à  François Fillon, qu’est ce que cela donne ? Il me semble que le premier critère est satisfait puisqu’il s’est publiquement déclaré chrétien. Par contre pour le second, c’est plus difficile, le temps nous le dira. Mais par prudence et humilité, laissons à Dieu le dernier mot sur ce genre de question, lui seul sonde les cœurs et pourra dire en fin de compte qui lui appartient ou pas.

 

 

 

Les paroles de Jésus en Mt 10:34-36 ne sont-elles pas contradictoires à son message d’amour réciproque ? Pourquoi tant de violence de la part de Jésus dans ce passage ? [Alex]

Matthieu 10:34-36 dit ceci : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère ; et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison. »

Je crois que c’est un principe de lucidité de la part de Jésus. Son message est scandaleux, et fou. Qui peut accepter qu’il sauve des pécheurs sur la seule base de leur acceptation de la grâce de Dieu et leur repentance. C’est choquant pour ceux qui essayent d’avoir une vie juste.
Le fait que son message fasse scandale va créer de l’opposition, comme dans la parabole du fils prodigue où l’aîné est vraiment dans l’incompréhension par rapport au cadet dont il trouve que le retour est un peu « facile ».

De toute façon, la paix que Jésus nous donne, il ne nous la donne pas comme le monde nous la donne (Jean 14:27). Et donc, étonnamment, c’est à cause de cet amour immense qu’il donne et qui est inacceptable qu’il y aura du rejet, jusqu’à… le faire crucifier comme s’il était un criminel !

D’où vient le mot Parabole, puisqu’on dit que Jésus parlait tout le temps en paraboles ? [Seb]

C’est un mot qui vient du grec signifiant comparaison. Une parabole est une courte histoire qui s’appuie sur des éléments de la vie courante pour parler et présenter quelque chose de plus essentiel, de plus profond.

Et effectivement Jésus a souvent parlé en paraboles. Il a même répondu à ses disciples qui lui ont demandé pourquoi il parlait aux gens en paraboles (Matthieu ch. 13, verset 12 et suivant). Dans ce texte il a dit à ses disciples que Dieu leur donnait à eux de connaître les vérités cachées venant de Dieu. Eux qu’il a appelé.

Alors Jésus parlait en parabole pour aider chacun à comprendre qui est Dieu. Et soit nous nous situons comme un de ses amis, soit comme un de ses détracteurs. Il y a là un vrai choix et la réponse que nous y apporterons nous permettra ou pas de comprendre.

C’est à travers la proximité avec Jésus que nous pouvons appréhender ce qu’il dit et recevoir ce qui vient de Dieu.

L’expression « judéo-chrétien » n’est-elle pas un pléonasme ? Quand on est chrétien, on est forcément « judéo-chrétien », n’est-ce pas ? [Antoine]

A mon sens, cette expression n’est en rien un pléonasme. On appelait « judéo-chrétien » le juif devenu chrétien par sa conversion au message de Jésus-Christ, et « pagano-chrétien » le non juif devenu chrétien également par la conversion. On peut penser que cette distinction était faite au début du christianisme pour signifier que toutes celles et tous ceux qui croyaient à l’Evangile n’étaient pas tous (toutes) d’origine juive. Bien entendu, cela n’enlève rien au fait indéniable que le christianisme a ses origines dans le judaïsme.

Mais dans l’imaginaire journalistique, judéo-chrétien est presque toujours associé au concept de « Morale judéo-chrétienne » qui est une aberration, confondant la morale puritaine de la seconde moitié du XIXème siècle avec les préceptes de l’Evangile. Quand on voit Jésus, on se demande s’il était très préoccupé par la morale de son époque, passant son temps à la transgresser…

Je n’ai jamais très bien compris pourquoi Dieu avait agréé l’offrande d’Abel mais pas celle de Caïn. [Nivernaise]

Dans ce passage (Genèse, ch. 4), le personnage principal est Caïn, c’est avec lui que le lecteur est censé s’identifier. Donc, la question devient : « pourquoi Dieu n’a-t-il pas agréé mon offrande ? », et en plus « comment est-ce que je réagis à ça ? »… C’est ainsi la suite de l’histoire qui est importante ! Dieu veut me voir grandir dans une confiance (en lui et en moi) qui, en tant que telle, se passe de preuves ; dans une religion qui se passe de sacrifices.

Si l’on veut faire de la lecture « psychologique », on remarquera bien sûr l’importance de la naissance des deux personnages pour leur identité. Caïn est aimé et même plus : approprié par sa mère ! Abel n’est pas même nommé par elle ni par qui que ce soit d’autre que le narrateur, et son nom évoque la buée, l’inconsistance. On peut alors penser que Dieu a voulu rétablir un équilibre qui en avait besoin, faire un clin d’œil d’amitié à celui qui n’était pas considéré, l’autre n’en ayant pas besoin.

On peut aussi remarquer qu’Abel est berger, que cette image royale dans l’Ancien Testament s’applique au Christ. Le sacrifice d’Abel est alors une figure de celui du Christ, agréé par le Père, et qui consiste en la mort de Jésus « Agneau de Dieu ». Cette histoire (tout comme celle de la « ligature d’Isaac », Genèse, ch. 22) est ainsi une prophétie de la mort de Jésus qui correspond à la volonté bonne de Dieu.

L’exégèse libérale fera par ailleurs remarquer qu’on a là la trace de la difficile coexistence entre agriculteurs et éleveurs dans une société semi-nomade… sauf que d’habitude ce sont les agriculteurs sédentaires qui en souffrent, pas les éleveurs ! Lecture non pertinente, semble-t-il donc.

Comment se fait-il que la notion d’amour de Dieu ne soit même pas présente dans le Symbole des apôtres, première confession de foi des chrétiens ? [Frédérique]

L’amour de Dieu est effectivement une notion centrale puisque la Bible dit que « Dieu est amour » (1Jean 4,8). Mais c’est une notion difficile qui prête lieu à des malentendus. Sans doute les premiers chrétiens ont-ils considéré que l’amour de Dieu était induit par la nature de Dieu confessée dans le symbole des apôtres :

-Dieu  est un Père qui nous a créé, prend soin de nous, dirige, gouverne et agit
-Il s’est fait proche de nous en Jésus Christ, a connu la souffrance et la mort, et les a vaincu
-Dieu, par Jésus, jugera le monde… le monde n’est pas abandonné au mal, mais la justice triomphera
-Dieu est Esprit que se communique à nous, Dieu nous partage donc Sa puissance.
-Dieu se forme un peuple pour que nous puissions déjà vivre collectivement son Royaume, pour Le servir et pour témoigner de Lui
-Dieu pardonne et promet la vie éternelle à ceux qui lui font confiance

Il me semble que le symbole des apôtres définit justement l’amour de Dieu, l’amour étant un mot très galvaudé dans bien des discours…