Qu’est-ce que le « baptême dans l’Esprit Saint et le feu » (Matt. 3-11) ? A quel moment et pourquoi reçoit-on l’un et l’autre ? [Caf]

Il y a un débat théologique, difficile à trancher bibliquement, entre la théologie évangélique classique et la théologie pentecôtiste classique : le baptême du Saint-Esprit est-il une action distincte dans le temps du moment de la conversion ?

Dans le Nouveau Testament, Jean-Baptiste emploie cette expression de baptême « dans le Saint-Esprit et le feu » pour prophétiser la venue et l’action de Jésus. Par la suite, Jésus lui-même emploie l’expression du baptême « dans le Saint-Esprit » pour évoquer le jour de la Pentecôte (Ac 1, 5). Ce jour là, les apôtres, qui étaient déjà des croyants et des disciples de Jésus ont vécu une expérience d’onction spirituelle fondatrice et reçurent des « dons » spirituels qu’ils n’avaient pas reçus avant (en particulier le don de parler des langues étrangères).

On trouve une septième occurrence d’un baptême dans/par/du Saint-Esprit dans le Nouveau Testament sous la plume de Paul quand il s’adresse aux corinthiens : « Car nous avons été baptisés dans un seul Esprit pour être un seul corps… » 1 Co 12, 13. Ici, Paul emploie cette expression pour évoquer l’appartenance à l’Église et cette expression évoque donc le moment de la conversion (ou nouvelle naissance) pour ces chrétiens d’origine païenne et non pas une expérience supplémentaire et postérieure.

Quoi qu’il en soit, tous les chrétiens sont appelés à « aspirer aux dons les meilleurs » 1 Co 12, 31. Il est donc certain qu’un chrétien ne peut se satisfaire d’être « juste converti » et doit continuellement rechercher à être rempli du Saint-Esprit. Dans une vie chrétienne, il y a des expériences spirituelles qui font date, une, deux, trois… les appeler baptême ou non ne change pas l’intention certaine de Dieu : nous équiper toujours d’avantage pour Le servir Lui.

Faut-il absolument vouloir réconcilier sciences et Bible – [Antoine]

Heureusement, beaucoup de grands scientifiques ne sont tout simplement pas en conflit avec la Bible ! Vouloir réconcilier sciences et bible suppose déjà d’avoir épousé la théorie de leur disjonction ce qui semble une pétition de principe pas très scientifique… Il est vrai que des théories semblent parfois décrire une réalité incompatible avec celle présentée dans la Bible, mais je vois au moins deux cas qui doivent nous garder d’opposer sciences et bible :

Dans le premier cas, il s’agit d’une compréhension superficielle du texte biblique lui-même. Personne ne pense que je mens si je parle de la France comme de l’hexagone. C’est assez parlant vu du ciel, mais vu des côtes, c’est juste archi-faux… De même, les auteurs bibliques emploient des modèles pour faire comprendre ce qu’ils ont à dire de la part de Dieu. C’est le cas avec les figures de style, mais aussi avec des modèles complexes qui relèvent d’une vision du monde. Par exemple, le texte de Genèse 1 gagne beaucoup à être compris comme une charge anti-idolâtrique à l’encontre des visions polythéistes des religions du Proche Orient Ancien en proclamant un Dieu Tout-Puissant, unique créateur, bon et ordonné ! Aujourd’hui, ce texte n’est pas à opposer aux descriptions d’un traité d’astronomie, mais éventuellement à l’idéologie de l’athéisme qui ambitionne de se passer de Dieu pour expliquer un monde pourtant si manifestement intelligemment créé…

Dans le deuxième cas, il s’agit de ce que la bible décrit comme relevant du miraculeux au sens le plus strict (pas simplement la providence divine qui s’expérimente dans une succession de circonstances par exemple). Dans ce cas là, ce sont les lois physiques ou biologiques qui permettent justement d’attester qu’il y a miracle. Si les disciples s’extasient devant Jésus qui marche sur l’eau, c’est bien parce qu’ils savent par expérience que le corps de Jésus étant plus lourd que l’eau, il devrait s’enfoncer et les rejoindre à la nage. Dans ce cas, la bible ne s’oppose pas à la science, mais présente tout simplement Dieu comme celui qui surpasse les lois qu’il a donné à ce monde. La science confirmera simplement que ce n’est pas conforme aux lois de la nature, ce qui est la définition biblique implicite du miracle.

Terminons avec une citation de Louis Pasteur : « Un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup y ramène ».
Je crois vraiment cela.

Pourquoi les luthériens ont des crucifix avec Jésus présent sur la croix ? [Laurent]

La théologie luthérienne accentue l’absolue séparation entre Dieu et les humains à cause du péché originel. Cette séparation ne peut être brisée que par la souffrance et la mort du Christ sur la croix. Cet objet n’est donc pas vu comme un lieu de victoire sur la mort (la croix « vide » présente dans nombre de temple réformé ou évangélique) mais comme le support sur lequel est attaché notre propre péché.

En entrant dans une église luthérienne, il est probable que je sois pris de dégoût, de honte ou de désarroi en voyant Jésus mort sur la croix. Ce sentiment est légitime car j‘y vois accroché à côté du Seigneur tout ce que j’ai commis contre Dieu par mes pensées, mes paroles et mes actes. Confondu devant Dieu par mes fautes, je fléchis les genoux et me repens « Simul justus, simiul peccator, semper penitents » (A la fois juste et pécheur, toujours pénitent).

L’EPUDF est-elle membre de la Fédération Luthérienne Mondiale ? Est-elle en tant qu’Eglise engagée par la déclaration conjointe catholiques-luthériens de Lund en 2016 ? Quelles conséquences ? [Antoine]

En s’unissant en 2013 les Eglises françaises réformée et évangélique luthérienne, ont choisi de conserver leurs affiliations à la Fédération luthérienne mondiale (FLM), à la Communion mondiale d’Eglises réformées et à d’autres regroupements d’Eglises (Conseil œcuménique des Eglises, Conférence des Eglises européennes, Communion d’Eglises protestantes en Europe notamment !) afin de vivre le plus formellement possible le sous-titre donnée à l’Eglise protestante unie de France: Communion luthérienne et réformée.

La FLM n’étant pas une Eglise mais une fédération d’Eglise elle n’a pas la possibilité d’obliger ses membres à adhérer à telle ou telle déclaration qu’elle signe. C’est à ces Eglises-ci de les approuver.

En ce qui concerne la Déclaration de Lund, il s’agit d’une exhortation aux Eglises luthériennes (donc à l’ensemble de l’Eglise protestante unie de France) et catholiques à poursuivre la recherche de la réconciliation par un regard éclairé sur les conflits anciens et ainsi leur dépassement.

Vous pouvez lire cette déclaration en ligne, par exemple sur Radio Vaticana.

La confession comme chez les catholiques existe-t-elle chez les protestants ? [Martine]

Dire sa faute, partager devant un autre, quelque chose qui nous pèse, un péché dont on aimerait être libéré par Dieu est tout à fait possible dans le protestantisme. Vous pourrez trouver cette invitation explicitement en Jacques 5/16.

Voilà pourquoi et comment cela se pratique : Dieu pardonne ceux qui se repentent. Il est donc, pour un protestant, parfaitement possible de demander pardon à Dieu, sans avoir à partager au sujet de sa faute, avec quelqu’un d’autre. Cependant, il peut arriver que nous ne parvenions pas à nous repentir vraiment ou encore, que nous ne parvenions pas à avoir la certitude du pardon de Dieu sur l’une ou l’autre faute qui nous pèserait. Nous pouvons alors, comme protestant, en parler avec un croyant, pasteur ou non, capable de nous aider dans notre démarche de repentance. Nous partagerons avec lui ce qui nous pèse, il nous éclairera peut-être sur ce pour quoi nous devons demander pardon si nous ne le percevons pas bien et nous dirons à Dieu, devant lui, notre faute en formulant notre demande de pardon, avec nos mots. Le frère ou la soeur qui entendra votre confession pourra alors vous dire le pardon de Dieu, puisque ce pardon est promis à qui se repend en Jésus-Christ. Vous vous sentirez alors probablement vraiment libérée et renouvelée par cette démarche, qui vous aura aidée à vous mettre en vérité devant Dieu, mais aussi à entendre sa vérité : Dieu pardonne et renouvelle ceux qui se repentent !

Que dit la Bible concernant la connaissance qu’a le diable de l’avenir ? [Sami]

À ma connaissance, pas grand chose ! Pour la Bible, le diable (c’est-à-dire celui qui se met en travers), le tentateur, le satan (c’est-à-dire l’accusateur), est une puissance spirituelle, mais ce n’est pas une puissance divine : il y a un seul Dieu, et l’avenir est dans ses seules mains à lui. Le diable est menteur, c’est là toute sa stratégie ; son seul but est d’éloigner les gens de Dieu : s’il savait l’avenir, s’il comprenait même le présent, c’est-à-dire sa défaite et sa disparition à cause de Christ, il s’en inquiéterait !!! D’ailleurs c’est ce que dit le seul verset qui semblerait répondre à votre question : « le diable est descendu vers vous, plein de fureur, sachant qu’il a peu de temps. » (Apocalypse 12 / 12)

Le croyant n’a vis-à-vis de l’Accusateur qu’une seule chose à faire : s’attacher au Christ et ne pas se laisser avoir ! En Christ, nous sommes libres du diable et libres aussi du souci de demain.

D’après l’aveu relaté en Ézéchiel 20v25- Dieu ait pu donner « des lois qui ne sont pas bonnes et des coutumes qui ne font pas vivre » ? Quelles sont ces lois ? [Pep’s]

Dans les versets 18-26, Dieu nous dit que ses commandements « font obtenir la vie à ceux qui les appliquent ». Il dit aussi que les israélites n’ont pas appliqué ces commandements, entre autres, en profanant le sabbat et se sont attachés à des idoles et à des pratiques idolâtriques tels le sacrifice des premiers nés, tout cela étant absolument interdit dans la loi que Dieu a donné à son peuple.
Nous comprenons que ces « lois qui ne font pas vivre », sont les lois que les israélites suivaient quand ils refusaient la loi de Dieu. Ici, ce sont les lois des peuples polythéistes environnants qui semblent désignés ou la loi économique qui veut qu’on préfère travailler le jour du Sabbat. Que Dieu leur ait « donné ces lois » signifierait que Dieu les a abandonnés à ces lois, dans sa souveraineté. Nous pouvons ainsi, peut-être rapprocher ce passage du mécanisme décrit en Romains 1/22-25
Le passage d’Ezéchiel nous indique que l’humain n’est pas autonome : il suit toujours une loi, il répond toujours à des principes, la loi bonne de Dieu ou la loi des cultes idolâtriques, la loi de la consommation, la loi de quelques principes humains, la loi des sentiments…cette loi mauvaise, qui agit en l’homme, Paul l’appelle la « loi du péché » en Romains 7/21-23, par exemple.
Le Nouveau Testament dira, que la Loi de Dieu, bonne ne peut pas faire vivre l’humain, parce l’homme ne peut pas la mettre  en pratique, à cause de la loi du péché qui oeuvre en lui. Les chrétiens croient et confessent que Jésus a vaincu le péché et qu’il peut aujourd’hui nous faire vivre pas son Esprit (Romains 8/1-2). Cela implique plus que la loi : le changement de coeur qu’annonce Ezéchiel et qui s’accomplit en Jésus, par l’Esprit-Saint, qui rend capable d’obéir à Dieu en avançant dans le beau projet de vie qu’il a pour nous et pour les autres.  Voir le beau passage d’ Ezéchiel 36/25-27

Que dit la Bible de l’enfer?

Cela dépend si on entend par « enfer » (qui n’est pas un mot d’origine hébraïque ou grecque, donc il n’est pas étymologiquement biblique) un temps ou un lieu de tourments, sanction de l’injustice, ou bien le « séjour des morts » (Sheol en hébreu, Hades en grec) là où les morts attendent la résurrection (l’ « enfer » en ce sens, comme en français, pouvant dans la Bible avoir un sens métaphorique pour désigner les souffrances de la vie présente, voir par exemple Job 38,14).

Quand il s’agit d’un temps ou un lieu de tourments, après la première mort, lié à l’injustice de chacun, l’ « enfer » (nommé « géhenne » en Matthieu 5, 22.29.30 ; 10,28 ; 18,9; 23, 15.33 ; Marc 9,43.45.47 ; Luc 12, 5 ; Jacques 3, 6) est associé à des souffrances causées par le feu (au « séjours des morts » d’après Luc 16, 23-24). Mais s’agit-il de souffrances éternelles qui suivront le jugement du Christ (voir Matthieu 25,46 où il semble y avoir éternité de la vie pour certains comme du châtiment pour d’autres, ce qui n’est pas le cas en Romains 2, 7-8), temporaires en vue d’une purification (1Corinthiens 3,13) ou d’une destruction (c’est la position dite annihilationiste, justifiable en particulier par Apocalypse 20, 13-21, 8) ?

Pour résumer, l’ « enfer » est décrit ou bien comme un temps d’attente pour les morts, ou bien comme un temps et un lieu de souffrance (« pleurs et grincement de dents » en Matthieu 13,42) par le feu. Il sanctionne l’injustice, et est la conséquence logique d’une vie loin de Dieu qui nous appelle à la vie en plénitude.

Je ne me permettrais pas de trancher si les souffrances en question sont éternelles ou passagères.

Quelle différence y a-t-il entre le baptême par immersion et le baptême  »sec » ? [Elisabeth]

[Note de l’éditeur : il semble que l’appellation « baptême sec » ne soit pas tout à fait claire pour nous. Notre répondant a écrit ici avec l’option que « baptême sec » puisse vouloir dire baptême par aspersion, le baptême effectivement sec (dans un désert par exemple), et la présentation d’enfants.]

Je n’ai pas connaissance d’un baptême « sec » ! À moins de se trouver dans un lieu manquant totalement d’eau, auquel cas le baptême peut être administré par un autre moyen (sable, etc.). Cas peu fréquent puisque le baptême n’est pas « magique », n’a donc pas besoin d’être administré dans l’urgence…

Il y a plusieurs manières d’administrer le baptême, sans que le sens en soit changé. Notamment par immersion totale du baptisé, ou bien par aspersion d’eau, ce mode-ci étant simplement plus commode que l’autre, et développé à partir du moment où l’on a commencé à baptiser les enfants en bas âge des fidèles. Il est important alors que le baptisé, en fonction de son âge, ait le sentiment d’une noyade, puisque c’est le sens du baptême en tant que geste : noyé dans la mort avec le Christ, et retiré de la noyade par sa résurrection. (Romains 6 / 4)

Dans certaines Églises (dont les Églises réformées dans l’EPUdF), une remise en cause du baptême des petits enfants dans les années 1950 a entraîné la remise à l’honneur d’une « présentation » à Dieu et à l’Église (à la fois bénédiction et prière) des petits enfants dont le baptême était reporté à l’âge adulte, les parents prenant l’engagement de témoigner de l’Évangile auprès de l’enfant. Ce n’est donc pas un « baptême sec », mais tout à fait autre chose. Le baptême reste le baptême, quel que soit l’âge du baptisé : c’est l’engagement de Dieu envers lui en Jésus-Christ, appelant une réponse de foi de la part du baptisé. Le « rôle » central n’y est pas tenu par le baptisé, même adulte, mais par le Saint-Esprit.

Dans mon souvenir d’enfance, mon grand-père nous faisait le culte du dimanche matin. La qualité de ce culte était-elle affectée du fait qu’il n’était titulaire d’aucune ordination ? [Laurent]

Bien sûr que non. C’est bien la grande tradition protestante que le premier lieu de la spiritualité chrétienne communautaire soit la famille. C’est là qu’on fait l’expérience de la lecture régulière de la Bible, qu’on apprend à la connaître et à l’aimer, à y entendre une parole de Dieu pour aujourd’hui.

Le culte « paroissial », c’est autre chose. De tout temps les protestants luthéro-réformés ont considéré qu’il fallait une formation universitaire à leurs pasteurs (d’où d’ailleurs la robe noire, robe d’universitaire et non habit liturgique). Cette formation, certes, ne suffit pas, mais est nécessaire ; aujourd’hui c’est en France un master pro (bac + 5). Il faut aussi que l’Église (pour nous, l’EPUdF) reconnaisse que la personne considérée sera humainement, psychologiquement, spirituellement, capable d’exercer le ministère pastoral dans une Église locale concrète.

« L’ordination – reconnaissance de ministère » signifie alors l’action de grâce et la prière pour le nouveau ministre. Elle permet sa reconnaissance non seulement dans l’Église locale où il exercera ce ministère, mais dans toute l’Union à laquelle celle-ci appartient, et dans toutes les autres Églises avec lesquelles elle est en relation. Ainsi, si un père de famille (pour parler comme autrefois) est pasteur de son foyer, si un prédicateur dit laïc peut exercer ce ministère occasionnellement et être reconnu localement, voire régionalement, un pasteur « ordonné – reconnu » l’est universellement.

On pourrait aussi, à propos de « qualité », s’interroger sur le sens de la prédication (c’est elle qui fait que c’est un culte) pour ceux qui l’entendent : actualisation, compréhension, témoignage personnel, etc. C’est une des fonctions de la formation universitaire comme des stages professionnels que de se poser la question, afin que ce soit bien la parole de Dieu qui retentisse, le Christ lui-même qui soit communiqué aux auditeurs.