Que dire que faire au sein d’une église locale- quand un frère accuse un autre frère et entre en procès avec lui. [Peps]

La Bible prend en compte le caractère tortueux du cœur humain et le risque que de fausses accusations soient portées (Actes 25/7) et ce même dans l’Eglise, entre chrétiens (1 Corinthiens 6/7-8). Elle invite l’église à trancher la question de manière objective : par l’appel à plusieurs témoins (Matthieu 18, 15-18, 1 Timothée 5/19) ou par un chrétien sage étant entendu que la sagesse biblique trouve sa source dans la Parole de Dieu (1 Corinthiens 6/5).

Les procès entre frères sont nombreux dans l’Eglise. Ils s’expliquent par toutes sortes de problématiques psychologiques et spirituelles. Comme pasteur, je ne saurais compter de combien de mensonges sans fondement j’ai été accusée en seulement quelques années de ministère ! Nous avons tendance, par volonté de « paix », à faire comme si de rien n’était et à laisser les fausses accusations se répandre. Nous n’aidons pas ainsi les menteurs à prendre conscience de leurs problématiques dans la repentance, nous décourageons ceux qui sont accusés à tord et nous laissons des mensonges destructeurs circuler dans la communauté. Je crois pourtant que la Bible  invite les communautés à regarder la vérité en face et à trancher dans la vérité et l’amour (Romains 12/17-27).

A titre personnel, donc, que faire ? Signaler le problème au conseil de l’Eglise, afin qu’il s’en saisisse et puisse trancher. Eviter d’entrer dans les polémiques et de se laisser personnellement entraîner par l’un ou l’autre camp. Prier pour les frères en procès.

 

Comment parler de Dieu le Père à ceux qui ont une relation conflictuelle (conflit- absence- traumatisme-…) avec leur père terrestre ? [Philippe]

D’abord en les écoutant, pour entendre où se situe chez eux le problème dans leur relation avec leur père terrestre, et en quoi cela peut affecter pour eux la notion de Dieu comme Père.

Ensuite, je crois qu’il ne faut pas forcer le dialogue dans le sens de : « Si tu ne crois pas à Dieu le Père, ou si tu ne pries pas Dieu le Père, tu n’es pas un bon chrétien… » Après tout, si Dieu est venu jusqu’à nous en Jésus-Christ, le Fils, c’est aussi pour inviter les humains à une rencontre à un autre niveau que seulement la relation Père-enfants.

Dieu n’est pas que Père. Il est aussi Fils, (et donc, pour nous chrétiens, en quelque sorte, frère en Jésus) et Esprit (en hébreu, le mot traduit par Esprit, rouah, est féminin) ; Dieu peut être ému aux entrailles quand il voit ses enfants souffrir. Or cette manière de parler de lui relève de la féminité plus que de la masculinité. La tendresse de Dieu est infinie, comme sa patience. Si quelqu’un a du mal avec la notion de Père, pas de souci, donc.

Que signifie en Matthieu cette histoire de 7 démons qui reviennent quand un a été chassé ? [Kris]

Jésus, en Matthieu 12,45 nous avertit en effet, que si un démon est chassé, ça ne suffit pas à libérer la personne. La liberté ce n’est pas le vide intérieur. La nature a horreur du vide ; bien que ce proverbe ne soit pas biblique, c’est un peu ce que Jésus essaye d’expliquer. Si ce n’est pas un autre esprit — je devrais écrire un autre Esprit — à savoir l’Esprit du Christ, qui vient régner à la place de l’esprit mauvais, le Malin enverra sept autre démons, pour se venger, par colère, et comme ils trouveront la place vide, ils s’installeront.

Bref, il ne suffit pas de vider, il faut remplir.
Sinon d’autres le feront à notre place.

Je suis chrétienne et j’aimerais me marier avec un judeo-chrétien- est-ce que notre mariage sera reconnu par Dieu si je ne me marie pas à l’Eglise ? Peut-on se marier « deux fois » ? [Lib]

Votre question semble interroger la possibilité de se marier avec quelqu’un d’une confession chrétienne différent ou d’une religion différente. La Bible ne parle pas d’institution du mariage. Elle parle, en revanche, de l’unité du coup, de l’appel à vivre cette unité dans l’engagement à la fidélité pour toute la vie (Genèse 3/23-24). Ainsi le protestantisme reconnait le mariage civil, comme le « vrai mariage ». La mairie est en effet le lieu qui rend possible la prise d’engagement de chacun des membres du couple. Dieu entend ces engagements (Matthieu 5/37).

La bénédiction au temple protestant vient après ce mariage. Il permet au couple de remercier publiquement Dieu, de lui demander son aide et de recevoir la prière de la communauté. Une telle cérémonie est pertinente si elle correspond au désir des deux membres du couple. L’accumulation de deux cérémonies religieuses ne m’apparaît donc pas porteuse de sens.

Pourquoi certaines femmes disent « mon corps- mon choix » ? Pour être comme les hommes ? [Jean-Yves]

Certaines femmes utilisent cette phrase pour signifier qu’il leur revient de choisir d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants en employant les moyens qui rendent cela possible. Les hommes ont, en effet, plus facilement ce choix, puisqu’ils ont de tout temps pu fuir leurs responsabilités en abandonnant mère et enfant. Nous pouvons, en effet, ainsi, interpréter cette phrase comme l’expression de la volonté des femmes de pouvoir faire « comme les hommes ».

Si on interroge cette position des femmes, tout autant que celle des hommes fuyants, à la lumière de la Bible, nous remarquons que c’est un tout autre modèle qui nous est proposé, quant à la manière de vivre la sexualité et la fertilité qui l’accompagne. La Bible répète un certain nombre de fois, de l’Ancien au Nouveau Testament que l’homme et la femme sont créés pour devenir « un » (Genèse 2/24). C’est ainsi dans l’engagement qui rend stable cette unité que la sexualité est appelée à se vivre, dans la responsabilité réciproque, en assumant ensemble ce qui pourrait advenir (1 Corinthiens 7/3-4). Cela implique le respect du choix et du corps de l’un et de l’autre, comme de celui de l’enfant qui, s’il est conçu, est déjà quelqu’un pour Dieu (Psaume 139).

Le Christ est mort sur un poteau de supplice. Pourquoi parle-t-on alors d’une croix ? [Carole]

Le mot en grec qui désigne l’instrument de torture sur lequel Jésus est mort, peut se traduite en français par ‘poteau’ (ou pieu) mais aussi par ‘croix’, cf. les dictionnaires de grec classique.
Le Christ est mort supplicié sur un objet que les Romains utilisaient régulièrement. Or ces mêmes Romains avaient un mot pour parler de la partie transversale de la croix.
Donc je conclue, naturellement, que le Christ est mort sur une croix.
Mais au fond, l’important n’est pas d’abord de savoir sur quel objet d’infamie le Christ est mort ! L’important c’est le sens que tout cela prend. « Le Christ est mort, bien plus il est ressuscité » (Romains 8, 34). Et l’apôtre Paul écrira quelques versets avant que le Christ a été livré pour nous tous et qu’avec son Fils, Dieu nous donnera tout gratuitement (Romains 8, 32).

Quelle différence entre repentance et confession ? La repentance doit-elle toujours précédée de la confession ou vice versa ? [Jin]

Trois mots sont assez souvent employés dans le Nouveau Testament pour parler de la réaction de l’homme fasse à son péché.

Le premier mot employé désigne le regret, le remord, face à une action que l’on considère comme inadaptée. Ce regret, tout humain, peut avoir une conséquence positive ou négative (Matthieu 21/29 et Matthieu 27/3).

L’autre mot employé signifie aussi « conversion ». Il désigne un changement de mentalité et de comportement (Matthieu 3/1-8). Jésus, dit que ce changement est rendu possible par sa venue. En Jésus, le Royaume de Dieu s’approche (Matthieu 4/17). En effet, par sa mort sur la croix, le pardon et la guérison du péché (Ephésiens 1/7 par exemple) nous sont accordées.

La confession des péchés est à la fois la reconnaissance du péché qu’on regrette et l’affirmation de notre confiance dans le fait qu’en Jésus ce péché est pardonné et notre changement possible.

Ainsi, nous regrettons notre péché, puis nous nous tournons vers Dieu pour le confesser. Enfin, par sa grâce et selon sa promesse, nous sommes libérés de ce péchés, changés, « convertis ». Cf 2 Corinthiens 7/8-10. Dans le protestantisme, nous croyons qu’ il n’est pas indispensable de confesser notre péché devant un autre humain pour que le pardon nous soit donné. Cela reste possible et parfois utile. Une autre question traite de ce sujet sur ce site.

Comment considérer le Bouddhisme à la lumière de l’enseignement chrétien ? Quels sont ses vérités- quelles sont ses erreurs ? [Nicolas]

Le Bouddhisme est issu de l’Hindouisme et s’inscrit donc dans un cadre culturel assez précis. Je vais faire de très gros raccourcis, car cet article ne peut pas aborder tous les aspects de votre question de manière approfondie. Je vais donc être très long, et en même temps trop court… Désolé !

Le Bouddhisme repose sur l’affirmation, par Siddhartha Gautama (surnommé le Bouddha, l’éveillé), de quatre « vérités » fondamentales :

1- Toute vie implique la souffrance. Cela est appelé à se reproduire indéfiniment par le cycle des réincarnations (samsara) qui, pour les bouddhistes et les hindouistes, est une malédiction ! En effet, plus on souffre, plus on aura tendance à faire souffrir, à faire du mal, et cela aura une incidence sur les vies que l’on mènera plus tard.

2- La souffrance naît du désir que l’on a des choses.

3- Il est possible d’arrêter de souffrir. Cet arrêt total de la souffrance est appelé Nirvana. Cela n’a donc rien à voir avec un summum de plaisir, mais avec l’arrêt de la douleur.

4- Pour y arriver, il faut suivre les enseignements du Bouddha appelé « noble chemin », un ensemble de 8 grandes prescriptions éthiques, de pratique de la méditation et de sagesse.

Les points communs entre Christianisme et Bouddhisme vont se situer au niveau pratique (ne pas faire aux autres ce que l’ion ne voudrait pas qu’ils nous fassent, avoir un comportement mesuré dans la vie, ne pas mentir…).

Mais sur le fond, je ne vois en fait que des différences, par exemple :

-Hindouisme et Bouddhisme remettent fortement en cause la notion de personne, qui est centrale dans le Judéo-christianisme. Pour le Bouddhisme, le nirvana est une extinction, entre autre, de la notion même de personne, qui se « dilue » dans le Tout. Pour le chrétien que je suis, l’idée que ma personne finisse diluée est plutôt une mauvaise nouvelle. J’espère être, dans ma personne, en relation avec mon créateur.

-Dans sa trajectoire personnelle, le Bouddha a vaincu les tentations, puis est parvenu à l’éveil, le but ultime de la vie. Jésus a d’abord reçu la justification de toute existence humaine lors de son baptême (Il a reçu du Père la parole : « tu es mon fils bien aimé.. ») puis il a été tenté ! Nous, chrétiens, ne croyons pas que le sens profond de notre existence ne puisse être obtenu qu’à la fin d’un chemin de vie. Il nous est donné dès le départ !

-Ce n’est pas par des efforts personnels (comme, dans le Bouddhisme, la pratique des enseignements du Bouddha) que je réaliserai le but de mon existence, mais en acceptant que ce but m’est donné, par Dieu, en Jésus-Christ.

Dans les textes bibliques- quelle est la différence entre péché et iniquité ? Le lien entre iniquité et injustice? [Joz]

L’iniquité et l’injustice traduisent deux mots grecs (anomia et adikia) qui ont des sens assez similaires. Par rapport au péché, il me semble que l’iniquité et l’injustice sont des types d’actes que nous commettons en tant que pécheurs, c’est-à-dire en tant que créatures qui ne restent pas en relation avec leur créateur. Nous voulons agir tout seuls, sans tenir compte des conseils des appels que Dieu nous adresse. Et alors, nous pouvons commettre l’iniquité ou l’injustice, entre autres. En quelque sorte, l’iniquité et l’injustice sont des conséquences du péché. Cela n’a rien à voir avec la morale, ni même le comportement religieux. Je peux être très « pieu », bien droit dans mes bottes théologiques, et pourtant ne pas être considéré comme juste par Dieu. C’est ainsi que je reçois les paroles terribles de Jésus en Matthieu 7. 21-23, qui se terminent par : « ‘Je ne vous ai jamais connus. Éloignez-vous de moi, vous qui commettez le mal! » (cette dernière expression traduit le mot grec anomia, alors que Luc 13. 27 a retranscrit cette même parole de Jésus en utilisant adikia).

Devenir chrétien ! pour quoi faire ??? [Daniel]

Et bien… Pour rien. Non, objectivement, je n’ai pas de bonne raison à vous soumettre pour vous convaincre de de venir chrétien. J’en aurais plutôt plein de mauvaises… Mais que vous connaissez sans doute déjà si j’en juge par la ponctuation de votre question.

En fait on ne devient pas chrétien « pour faire quelque chose »; on devient chrétien parce qu’à un moment on ne peut pas faire autrement. C’est un peu comme si je vous demandais : « Tomber amoureux ! Pour quoi faire ??? » Là aussi nous sommes tous capables de lister les conséquences désastreuses de ce genre de chute, tout en connaissance la puissance de ce sentiment… Mais sérieusement, qui décide qu’il(elle) va tomber amoureux ??? Ce genre de choses vous arrive, et puis après on voit ce que l’on fait avec. Dans le cas de la relation amoureuse, cela peut devenir une belle histoire ou faire souffrir. dans tous les cas, il y a un « avant » et un « après ».

En général, on devient chrétien le jour où on réalise que Dieu est tellement amoureux de nous qu’il nous a fait, à chacun, le formidable cadeau de ce qu’il avait de plus précieux : son fils. Ce jour-là ne se décrète pas, il se vit. Littéralement, il ne « sert » à rien. Cela n’a aucune fonction utilitaire, et pourtant cela change la vie. Souvent, on éprouve le besoin de répondre à cet amour en s’engageant (c’est le baptême), de le partager (c’est l’Église), de le nourrir et de lui permettre de s’épanouir (en lisant la Bible, en priant…). Et voilà : on est devenu chrétien, mais c’est surtout Dieu qui a « fait » des choses pour nous…