La Bible semble dire que les fantômes pourraient être réels (1 Sam 28, Matt 14:26 et Luc 24:39). Jésus ne réprimande pas les disciples pour une croyance superstitieuse. Comment comprenons-nous cela ? [Lucie]

En réalité, le mot « fantôme » est un choix de certains traducteurs de Bible pour faciliter notre compréhension du texte. Le mot « fantôme » n’existe pas en tant que tel dans les textes originaux en grec et en hébreu.

Dans le Nouveau Testament, le terme original grec est le mot « esprit » (pneuma). Certaines éditions de la Bible choisissent de traduire ce mot tantôt par « fantôme », tantôt par « esprit » en fonction du contexte.

Lorsque la Bible parle des esprits, rien à voir avec l’idée qu’on se fait des fantômes aujourd’hui (des personnes décédées qui viennent hanter les vivants). Il ne s’agit pas d’une superstition pour autant. Dans le Nouveau Testament, Jésus et ses disciples sont régulièrement confrontés à des « esprits » qualifiés de « mauvais » ou « impurs ».

Jésus a autorité sur les esprits mauvais. Par la foi et par la prière nous pouvons user de son autorité pour chasser ces esprits qui asservissent les humains. (Voir par exemple Marc 9.14-29)

Certains disent que le nom de L’ETERNEL ne doit pas être traduit car il s’agit d’un nom propre. Qu’en pensez-vous ? [M]

Le nom de Dieu, dévoilé en Exode 3/14 à Moïse est composé de 4 consonnes (YHWH) qui évoquent le verbe « être » et semble signifier « je suis qui je suis » ou « je suis qui je serai ». Il n’est composé, à l’origine, comme tout texte hébraïque ancien, que de consonnes seulement, les voyelles devant être « devinées » en fonction du contexte. Plusieurs solutions ont été utilisées à travers les siècles pour « dire » ce nom :

  • Au moyen âge, les juifs ont ajouté des consonnes pour faciliter la lecture du texte biblique. Ils ont ajouté au nom de Dieu les voyelles du mot qui signifie « Seigneur ». En effet, ne souhaitant pas prononcer le nom de Dieu en vain, ce mot était systématiquement replacé par le mot « Seigneur ». Le nom ainsi lu ne correspond à aucune réalité et n’a aucun sens (Jehovah, en français). Si certains Bible ont pu utiliser le mot « Jehovah », les Bibles récentes préfèrent, en fidélité avec cette tradition, le vocable ‘Seigneur » quand le nom de Dieu doit être traduit.
  • Certains Bibles protestantes ont tâché de traduire le mot à partir de son sens supposé. Le mot « Eternel » est apparu comme à même d’exprimer « je suis qui je suis/serai », en manifestant la plénitude de l’être dans le passé, le présent et le futur. Il s’agit d’un mot qui insiste sur la temporalité et ne permet probablement pas de donner toute la signification originelle de l’être de Dieu.
  • Des Bibles catholiques ont tenté de déduire quelles auraient pu être les voyelles originelles du mot, en fonction du sens que le nom de Dieu pouvait avoir. Cela donne la traduction « Yahwe ».

 

Pour ma part, je considère que Dieu se laisse connaître à nous en Jésus, Emmanuel, Dieu (qui est) avec nous.  Je n’ai donc pas l’habitude de me tracasser pour savoir comment m’adresser à Dieu, même si je préfère, par respect pour ce qui est vécu dans le judaïsme mais aussi par aveu de notre ignorance, traduire le nom de Dieu par « Seigneur ».

On me dit qu’on ne peut rien ajouter ni retrancher à la Bible. Pourquoi alors existe-il différentes bibles (catholique- protestante…)? L’une des deux serait-elle non valide/incomplète ? [Simon]

On ne peut effectivement rien retrancher ni ajouter au message de la Bible. Mais il nous est parvenu dans des langues inconnues du plus grand nombre, et il faut le traduire du grec, de l’hébreu… Ce travail n’est pas prêt d’être achevé puisque non seulement il existe encore beaucoup de peuples qui ne disposent pas de la Bible -en tout cas entière- dans leur langue, mais en plus toutes les langues évoluent, et il faut réviser les traductions existantes. Or aucune traduction n’est parfaite ! Traduire c’est toujours faire un choix, un compromis : doit-on rendre l’idée d’abord (le principe de l’équivalence dynamique, retenu pour la BIble en Français Courant), ou s’efforcer de respecter plus littéralement le texte original ? Parfois, des passages de la Bible nous paraissent obscurs. Il est bon alors de comparer les traductions pour se faire une idée plus précise de ce qu’a voulu dire l’auteur. Enfin, si nous avons du mal à comprendre ce que dit un auteur biblique, d’autres passages de la Bible sur le même sujet  pourront nous éclairer.

Mais vous évoquez sans doute le fait que les versions catholiques contiennent, pour l’Ancien Testament, des livres qui ne figurent pas dans les versions protestantes (Siracide, 1 et 2 Macchabées, Judith, Tobit, etc). Ces livres du Judaïsme, rédigés assez tardivement, se trouvaient dans le canon (c’est à dire la liste officielle) de la traduction de l’Ancien Testament dite des Septante, réalisée à Alexandrie au 3e siècle avant J.C. à l’usage des juifs de langue grecque. Mais ils n’ont pas été retenus dans le canon de la Bible hébraïque, qui, lui, a servi de référence aux Réformateurs. Les catholiques considèrent ces écrits comme « deutéro-canoniques », c’est à dire qu’ils ne sont pas reconnus d’importance aussi grande que les autres, que nous estimons -avec eux- pleinement inspirés. Les Réformateurs pour leur part les considéraient utiles pour la foi, bien qu’apocryphes (littéralement : « laissés de côté », c’est à dire pas considérés comme vraiment inspirés par l’Esprit Saint). D’ailleurs les anciennes éditions protestantes les incluaient, ils en ont été enlevés au XIXe siècle lors de la diffusion en masse de la Bible par les sociétés bibliques… par souci d’économie car à l’époque les livres coûtaient encore très cher ! Ils n’ajoutent ni n’enlèvent rien de décisif à la révélation du dessein de Dieu révélé à Israël et en Jésus-Christ.

 

 

 

 

En Mt 5-1-10 la plupart des traductions commencent chaque verset par : ‘Heureux’ ou ‘Bienheureux’ sauf une- celle de Chouraqui- qui dit ‘en marche’. Comment expliquer cette importante différence ? [Jean]

La « faute » à la traduction grecque de la Bible ! Au troisième siècle avant Jésus-Christ, des rabbins réunis à Alexandrie ont réalisé une traduction de la Bible hébraïque (notre Ancien Testament) en grec, qui était à l’époque la langue la plus parlée dans le bassin méditerranéen. Cela a donné la traduction de la Bible des Septantes (ou 70) car selon la tradition, il y aurait eu environ 70 rabbins pour faire ce travail. C’est sur cette traduction que les auteurs du Nouveau Testament se sont souvent appuyés, même si Jésus parlait certainement plutôt l’araméen (hébreu populaire) que le grec. De nombreux traducteurs de la Bible en langue française ont ensuite fait de même.

Ceci fait que, par exemple, le psaume 1 commence en hébreu par le mot « ashrei » que Chouraqui traduit donc par « en marche », alors que la traduction grecque utilise le mot « makarios » qui se traduit par « heureux ». Même si Jésus a sans doute employé le mot proche de l’hébreu (donc « en marche »), quand les évangélistes ont mis le texte par écrit en grec, ils ont tout de suite le mot « heureux » comme dans la Bible grecque, car c’est comme cela qu’on le traduisait à l’époque.

C’est vrai que « en marche » a une connotation très dynamique et active (un certain président de la république l’a bien compris…) qui traduit la démarche pour être heureux, alors que « Heureux » ou « Bienheureux » semble davantage décrire un état de fait déjà obtenu. On peut trouver quand même un point commun entre ces deux expressions en les considérant avant tout comme des bénédictions, des encouragements (c’est comme ça que les bibles anglaises disent : « Blessed » « bénis »).