Existe-t-il en France un centre de délivrance reconnu par l’Église. [Léa]

Chaque dénomination chrétienne gère (ou pas) la question de la délivrance.

Pour l’Eglise catholique, chaque diocèse dispose d’un prêtre exorciste, et de plus en plus de communautés gèrent la question de la délivrance (comme le Chemin Neuf par exemple).

Pour les Eglises de type évangéliques charismatiques, la plupart vont être disposées pour la prière de délivrance pour les personnes qui le demandent.

A notre connaissance les Eglises évangéliques non charismatiques ne traitent pas cette question, pas plus que la plupart des communautés protestantes classiques (dont les luthéro-réformés). Quelques lieux spécifiques sont ouverts à cette pratique, voire forment des personnes sur le sujet en France, autour du ministère www.liberer.fr porté par les paroisses de l’Eglise Protestante Unie au Marais et à Belleville (Paris) ainsi que quelques autres.

Si Jésus a autant parlé de l’enfer comme d’un lieu de souffrance, n’est-il pas ignorant ou simpliste d’affirmer que l’enfer est simplement une inexistence ou un non lieu ? [Joseph]

Si certains chrétiens imaginent que l’enfer n’est qu’une image, plutôt qu’un lieu réel, c’est notamment parce que le récit principal quant à l’enfer dans la bouche de Jésus lui-même est une forme de parabole ou de saynète : Luc 16,19-31, l’histoire du riche et du pauvre Lazare.

Le refus de l’enfer dans la théologie de certains parlent d’eux et de leurs désirs plutôt que de la réalité de l’enfer. Il peut arriver de refuser l’idée d’un enfer réel :
– par peur de la réalité d’une souffrance infinie,
– par sentimentalisme quant à la bonne nouvelle qui serait menacée dans son annonce par la « mauvaise nouvelle » qui va avec, et qui ne passerait pas bien en termes de marketing théologique,
– par simple apostasie car l’Ecriture est claire sur le sujet (Apoc 2,10, Apoc 21,8).

Jésus parle de la géhenne à sept reprises dans l’évangile de Matthieu ! (voir 2Rois 2,10 pour la première évocation de ce terme)

Paul parle de régions inférieures selon la terminologie grecque et le décrit comme un lieu de feu (Eph 4,9 – 2Thess 1,7-8).

Le Premier testament l’évoquait explicitement (Deut 32,22 – Esa 30,33 – Esa 33,14)

L’Apocalypse utilisera la terminologie de la seconde mort (Apoc 20,14 – 21,8 – 14,10-11 – 2,11).

Une femme divorcée peut-elle se remarier ? [Cathy]

Oui. En vous répondant de façon aussi lapidaire, je ne veux pas dire que le mariage est sans importance et que le divorce est une formalité, bien au contraire ! Le mariage est un signe de l’amour que Dieu porte à un homme et une femme, en les donnant l’un à l’autre comme le plus beau des cadeaux d’amour qu’Il pourrait leur faire. Dans un quotidien fait d’écoute, de respect, de pardon donné et reçu, de prière commune et chacun l’un pour l’autre, dans une sexualité épanouie où cette écoute et ce respects mutuels expriment leur quintessence, le mariage est vraiment un cadeau de Dieu. Mais il arrive qu’à cause de notre nature pécheresse, ce cadeau ne soit plus vécu dans un couple. Alors, même au sein du mariage, s’il y a du mensonge, de la violence, du mépris, le couple vit dans le péché. Il faut tout faire pour essayer de rétablir la situation dans et par l’amour, mais il peut arriver que ce ne soit pas possible. Vivre sa vie en chrétien, ce n’est pas habiter au pays des Bisounours ! Il vaut parfois mieux alors un divorce. C’est bien sûr toujours une épreuve, et cela peut être vécu comme un échec. Mais je crois en un Dieu qui fait miséricorde et qui cherchera toujours les pistes de vie dans nos existences. Interdire a priori à une femme (ou à un homme d’ailleurs) de se remarier après un divorce serait, me semble-t-il l’enfermer dans son passé douloureux. Ce n’est pas le projet de Dieu pour nous.

Que penser du panenthéisme ? [Pierre]

Oh là là ! Il faudrait écrire un livre pour vous répondre, et je ne peux qu’être très schématique ici. Car il est question de Dieu, et quand nous parlons de lui, nous arrivons très vite aux limites de ce que le langage humain peut exprimer, et au-delà de ce que notre pensée peut saisir.

Commençons par distinguer panenthéisme et panthéisme, lequel identifie le monde et Dieu : le tout, l’univers entier, est Dieu lui-même. Le panthéisme, présent notamment dans les religions de l’Inde, s’oppose clairement à la doctrine biblique de Dieu. En effet, par son acte créateur, Dieu se révèle comme un vis-à-vis du monde, distinct de lui, un Etre personnel (ainsi que les hommes créés à son image), qui entre en relation avec le monde, y intervient (contre le déisme, selon lequel Dieu laisse le monde fonctionner seul, un peu comme une horloge une fois remontée..).

Le panenthéisme, pour sa part, peut être en un sens davantage compatible avec ce que Dieu nous révèle de lui-même dans la Bible : panenthéisme signifie littéralement que Dieu est en toute chose, omniprésent dans le monde (c’est l’immanence de Dieu, son Esprit qui remplit toute la Création). Sans toutefois se confondre avec lui (on parle de sa transcendance, car Dieu est aussi « Père », c’est-à-dire origine, source de tout).

Est-il juste et biblique de faire la distinction suivante : A l’Etat la mission d’assurer la stabilité et la prospérité de la nation ; à l’Eglise celle de s’occuper seule des migrants ? [Philippe]

Dans la perspective biblique, l’autorité de l’Etat lui est déléguée par Dieu pour assurer le bien-être de tous, la justice, bref garantir à chacun liberté et protection éventuelle des plus faibles contre les plus forts, violents, exploiteurs, et autres oppresseurs. Lire par exemple Romains ch.13… Parmi les faibles et les opprimés aujourd’hui, il y a aussi ceux et celles qui, obligés de fuir dictatures, persécutions ou misères se voient déboutés du droit d’asile pour des raisons souvent électoralistes, notamment dans notre pays qui vient de durcir ses conditions d’accueil. Il est clair que les chrétiens (Eglises, associations) ne suffiront pas à la tâche pour suppléer à cette défaillance de l’Etat à assurer la justice, et heureusement que bien des non-croyants viennent en aide à ces gens en détresse sur la simple base d’un devoir d’humanité !

Nous devons donc respecter les personnes investies d’autorité (gouvernement, élus, magistrats, forces de l’ordre, etc), prier pour elles, mais aussi ne pas hésiter à les interpeller, voire à leur résister (pacifiquement bien sûr) quant elles dérogent au mandat qui est le leur. D’autre part, je voudrais lever une ambiguïté dans la formulation de votre question : en quoi la stabilité et la prospérité d’une nation seraient-elles menacées par une politique généreuse d’accueil et d’intégration ? Ceux qui bravent mille dangers et endurent mille épreuves pour parvenir en Europe constituent une élite profitable aux pays d’accueil. C’est ce que Louis XIV a oublié en révoquant l’Edit de Nantes, en 1685 : des centaines de milliers de protestants sont allés enrichir la Suisse, l’Allemagne, les Pays-Bas, etc. de leur savoir-faire et de leur dynamisme.

Je viens de lire dans la Bible que Jésus, ayant rendu l’âme, est allé trois jours en… enfer ! avant de ressusciter. Mais pourquoi donc ? Pourquoi Lui ? [Michel]

Ce dont témoignent les Ecritures c’est que Christ est réellement mort et ressuscité au bout de trois jours. Où était-il ? Vraisemblablement dans l’hadès en grec (Actes 2,27), c’est-à-dire au séjour des morts, dans les profondeurs de la terre (Matthieu 12,40, Ephésiens 4,9). Le credo (symbole des apôtres) affirme qu’il est « descendu aux enfers », c’est-à-dire effectivement au séjour des morts, à ne pas confondre avec ce que l’on entend habituellement par « enfer » au singulier, qui est la destination des Hommes après le jugement (le « lac de feu » en Apocalypse de 20,14, «  la géhenne » en Matthieu 25, 41). Malheureusement, les traductions de Bible ne rendent pas toujours compte des différences entre « les enfers » et « l’enfer ». Christ serait donc descendu jusqu’à ce lieu où les morts sont en attente de ce jugement qui déterminera leur destination éternelle. Pourquoi cela ? 1Pierre est à ce sujet assez énigmatique… on trouve l’idée selon laquelle Jésus après sa mort aurait prêché  « à des esprits en prison » (3,19), « aux morts » (4,6). Mais le sens de ce passage est très controversé (prédication à des anges déchus ? Aux Hommes qui ont été condamnés au moment du déluge ?…). Mais ce qui est me semble-t-il important c’est que, là où il est placé dans le credo, l’affirmation selon laquelle Jésus est descendu aux enfers rappelle la réalité de sa souffrance et de sa mort. Si Christ a subi de telles souffrances, de telles épreuves, une mort si réelle jusqu’à faire l’expérience du séjour des morts, et qu’il en a été libéré par la résurrection, alors ceux qui sont en union avec Lui peuvent être assurés de pouvoir expérimenter la même libération des souffrances, des épreuves et de la mort. Mort qui, dans la Bible, désigne bien plus que la mort physique, mais tout ce qui au fond nous sépare de notre Créateur et de la vie à laquelle Il nous appelle. Christ a accompli cette œuvre salvatrice, acte d’amour (Romains 8, 39) car tel était le plan de Dieu (Galates 4, 4-7).

y a-t-il une différence entre les justes dont Jésus-Christ parle en Mathieu et ceux qui ont cru en Lui (chrétiens- élus) ? [Jean-Claude]

Je crois qu’il s’agit des mêmes ! Jésus,dans l’Evangile selon Matthieu, attend de ses disciples qu’ils pratiquent la justice, c’est à dire vivent en conformité avec la volonté de Dieu. C’est exigeant. Parfois on a essayé de contourner cette exigence en expliquant,par exemple, que ceux qui seront reconnus justes à la fin des temps, qui auront visité, nourri  ou habillé les « plus petits des frères » de Jésus (voir Matthieu 25,31-46) seront les non-chrétiens qui auront fait bon accueil aux envoyés du Christ, donc aux croyants. Mais ces interprétations sont fragiles, et se heurtent à la mise en garde du Seigneur : « si votre justice ne surpasse pas celle des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume » (Mt 5,20) et à bien d’autres paroles semblables. Croire en Jésus, se convertir, c’est changer de vie ! C’est impossible à vues humaines, il est vrai. Mais le Seigneur nous promet son aide. Il ne s’agit pas de mériter, d’acheter notre Salut, bien entendu. Mais il s’agit de manifester que nous appartenons désormais au Seigneur.

Je suis chrétien et j’aime Dieu. Dois-je arrêter d’écouter les musiques du monde ou je dois écouter avec modération ? [Mike]

Certains tirent de la description du culte de l’Ancien Testament que la musique a été créée par Dieu pour l’adoration du vrai Dieu. Les musiques du monde seraient donc forcément attachées à des idoles. Personnellement, et parce qu’aucun commandement ni aucun passage ne traite directement du sujet, je considère que la musique est un moyen d’expression. Elle peut être employée pour louer Dieu , pour promouvoir des idoles, pour faire du bien, pour faire du mal ou encore pour exprimer, simplement, ce qui est en l’humain qui en joue. C’est ainsi à nous d’exercer notre discernement, et d’écouter la musique que nous rencontrons avec des oreilles chrétiennes. Nous pouvons discerner et repousser ce qui nous invite à mal croire ou à mal agir. Nous pouvons être édifiés par des auteurs non chrétiens qui expriment les difficultés d’une humanité qui a besoin de Dieu. Nous pouvons, enfin, user de la musique contemporaine pour comprendre nos contemporains, et rendre ainsi plus pertinent notre témoignage. Il reste important de connaître nos limites et de ne pas écouter ce qui pourrait nous entraîner ou entraîner d’autres loin de Dieu. Ainsi, si avant d’être chrétien, j’avais des comportements violents liés à quelques chansons de rap, il vaudrait peut-être mieux éviter ce genre de musique. De la même manière, si je suis dans un milieu chrétien qui a une conception étroite de la musique, il vaut mieux pour moi m’abstenir de choquer mes frères et soeurs. Le chapitre 14 de l’épître aux Romains éclaire probablement la question de la musique, quand elle parle de la viande, qui était alors sacrifiée aux idoles. Rien n’est impur en soi, les chrétiens peuvent donc en consommer, si cela ne les entraîne pas loin de Dieu.

Pourquoi Jésus dit-il à la femme adultère : « Je ne te condamne pas- va- ne pèche plus » alors que notre condition fait que nous sommes toujours pécheurs ? Ça peut être angoissant… [Manu]

Cela serait angoissant si Jésus avait dit à la femme adultère : ne sois plus pécheur, parce qu’alors, cela n’aurait pas été possible avant la fin des temps.Jésus dit plutôt à cette femme « ne pèche plus ». Il désigne ainsi le péché qui vient d’être dévoilé et pardonné : son adultère. En dévoilant le péché, en donnant le pardon, Jésus donne à la femme la liberté de ne pas commettre de nouvel adultère. Cette femme continuera certainement, comme nous tous de commettre des péchés mais si elle laisse Dieu agir elle pourra vivre le pardon en Christ et voir son comportement changé par le Saint-Esprit. Ainsi, Luther disait que nous étions à la fois pécheurs et saints. Pécheurs parce que notre humanité nous contraint à commettre des péchés. Saints parce que notre relation à Jésus nous ouvre au pardon qui nous libère et nous permet d’être changés.
2 Corinthiens 3 « Or, le Seigneur c’est l’Esprit; et là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. Nous tous qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit. »

D’où vient le baptême par aspersion ? Pourquoi certaines Eglises le refusent ? Que dit l’Ecriture sainte là-dessus ? [Kym]

Le verbe « baptiser » signifie « plonger ». Jésus et les premiers chrétiens ont indéniablement été baptisés par immersion. C’est ce geste d’être plongé puis ressorti de l’eau qui donne tout son sens au baptême. Ainsi, le moment où le baptisé est sous l’eau dit la mort au péché. Le moment où il en est sorti dit la vie nouvelle donnée en Christ et alors reçue par le candidat. Ainsi, Colossiens 2/12 : « ayant été ensevelis avec lui par le baptême, vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu, qui l’a ressuscité des morts. » Romains 6/3-4 « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. »

C’est parce que la Bible parle uniquement d’un baptême d’immersion que certaines Eglises considèrent que le baptême par aspersion n’est pas valable. Les Eglises qui le pratiquent, en revanche, considèrent que ce type de baptême est une forme valable de baptême. Cette reconnaissance  est ancienne puisqu’il en est question dans la Didachè, texte d’instruction rédigé pour les chrétiens de la fin du premier siècle qui parle d’aspersion possible en cas de problème « technique » concernant la possibilité d’immerger le baptisé : VI/1-2 « 1. Quant au baptême, baptisez ainsi : après avoir proclamé tout ce qui précède, baptisez au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit dans de l’eau vive (courante). 2. – Mais, si tu n’as pas d’eau vive, baptise dans une autre eau; si tu ne peux pas (baptiser) dans l’eau froide, que ce soit dans l’eau chaude. Si tu n’as ni l’une ni l’autre (en quantité suffisante), verse trois fois de l’eau sur la tête au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. »