Je suis un pacifiste chrétien. Est-ce que ma position est biblique ? Je comprends que l’Église primitive était strictement pacifiste. [An]

Il me semble important de rester précis sur les termes que vous employez. Vous vous dites pacifiste, c’est-à-dire partisan de la paix. Si ce positionnement concerne les relations humaines ou la politique entre les États du monde, je crois que l’on peut difficilement contester qu’il soit biblique (Romains 12. 18, 14.19, Marc 9. 50…). Maintenant, la vie spirituelle du chrétien est une vie de combat, mais pas contre les êtres humains (Éphésiens 6.12). En tant que chrétiens, ce qui je crois nous caractérise, plus que le pacifisme, c’est la non-violence et la non-puissance. Les premiers chrétiens, comme vous le rappelez, refusaient le service militaire. Reste que la non-violence n’a rien à voir avec la lâcheté ou la passivité. En cas de risque de non assistance à personne en danger, par exemple, il me semble que si la violence est le seul recours, il faut être prêt à en faire usage, quitte à ensuite s’humilier devant le Seigneur.

Les derniers événements de l’actualité en France ont amener la Fédération Protestante de France à faire une déclaration. Je vous invite à la consulter, pour voir si vous vous sentez en accord avec : http://www.protestants.org/index.php?id=23&tx_ttnews[tt_news]=4320&tx_ttnews[year]=2018&tx_ttnews[month]=12&cHash=5c90555e92

Certains chrétiens trouvent que le port de vêtements un peu chic, de greffes chez les femmes et de quelques bijoux ou bracelets sont interdits par la Bible. Est-ce vrai ? [Dimitri]

Beaucoup de chrétiens confondent Evangile et moralisme.
En cela ils se comportent en nouveaux pharisiens bien plus qu’en chrétiens, finalement.

Sur ce sujet, la question c’est celle de la séduction. Le Seigneur nous a fait beaux (cf. le Psaume 139). Il n’y a pas de problème à vouloir être beaux, plaisants, etc. Mais après, si cette beauté devient une obsession et si tout ce qui est de l’ordre de l’apparence devient comme un esclavage, cela fera que nous aurons perdu notre liberté. L’embellissement ne sera pas pour glorifier Dieu mais pour nous valoriser nous-mêmes.

Ce qui importe ce sont nos intentions. Si je me fais beau pour séduire, pour détourner, pour multiplier les conquêtes… là ça questionne. Non ?

Les protestants français trouvent-ils l’Halloween à l’américaine acceptable ou ont-ils des préoccupations à ce sujet ? [Hank]

Je pense que du point de vue biblique, Halloween n’est tout simplement pas acceptable. La mort est la dernier ennemi. Tout ce qui peut de façon même soit disant « légère » jouer avec l’imaginaire de la mort et des forces du mal ne peut pas être valider bibliquement. Ensuite, la dimension purement mercantile de l’importation de la fête d’Halloween dans notre pays n’aura échappé à personne. Mamon (divinisation de l’argent) doit être démasqué par les chrétiens autant qu’il est possible. Là encore en tant que chrétien, je pense qu’il nous faut toujours avoir du recul par rapport à des « fêtes » dont le moteur principal est le maintien de l’activité consumériste (Halloween, Saint-Valentin, etc.)

Comment lutter contre l’esprit d’hérésie et l’apostasie ? [Lambert]

Il apparaît dans les lettres du Nouveau Testament qu’il existe trois manières de lutter contre les hérésies et l’apostasie.
*La première concerne les églises. Elles doivent s’assurer que les prédicateurs qu’elle reconnait prêchent une juste doctrine qu’elles ont la responsabilité de dire au monde. Cf : 1 Timothée 1/3, Tite 1/1-9, Ephésiens 4/9-14.
*Le seconde concerne les prédicateurs. Ils doivent prêcher la vérité même si cette vérité heurte les gens et les conduit à devoir souffrir. Cf, 2 Timothée 4/3, 1 Timothée 4/1s.
*Enfin, la Bible donne un rôle aux membres de l’église, à ceux qui écoutent les discours des prédicateurs. Il s’agit, tout d’abord, de se méfier de ce qui, dans les fausses doctrine est séduisant, plaisant, flatteur, « moderne ». Cf 2 Jean 9, Hébreux 13/9, 1 Timothée 6/3-4, Galates 1/6-8. Enfin, la Bible dit que les croyants doivent refuser d’entendre le prédicateur qui répand de fausses doctrines Cf : 2 Jean 10.

Pourquoi Pierre n’a-t-il pas pardonné à Ananias et à Saphira (Actes 5 vs. Matt 18/22) ? [Thomas]

Le texte d’Actes 5 ne nous dit pas que Pierre a refusé de pardonner à Ananias et Saphira. Il nous montre plutôt la première étape de ce que nous devons faire lorsque notre frère ou notre soeur a péché : le lui dire (Matthieu 18/15-17). Suit à cela, Ananias et Saphira auraient pu demander pardon à Dieu et à l’Eglise ou refuser de demander pardon. Pierre aurait dû alors lui pardonner comme l’indique Matthieu 18/22 et laisser ainsi le jugement de son comportement à Dieu. Le processus s’est arrêté avant, puisque le couple est décédé. J’espère que Pierre leur a pardonné !

Que dit l’Ecriture sur le culte des morts ? Aller fleurir une tombe est-il rendre un culte ? Quid d’Halloween ou de la fête des morts mexicaine ? [Molière]

Le texte du Premier Testament qui se trouve en Deutéronome 18:10-14 est clair : qu’on ne trouve chez toi personne qui parle avec les morts. C’est l’interdiction de l’occulte et du spiritisme, l’interdiction du chamanisme. Le monde des morts est bien séparé du monde des vivants car Jésus a insisté sur le fait qu’il faut « laisser les morts s’occuper des morts » (Luc 9,60). Cela s’applique donc au fait de s’adresser à une personne morte, fût-elle considérée comme sainte selon la compréhension catholique (ce qui inclue donc aussi Marie, mais pas Jésus puisque lui est le seul ressuscité à ce jour d’après Jean 11 et Colossiens 1,11). Cela s’applique aussi à toutes les fêtes spirites de type Halloween et Santa Muerte.

Pour ces deux dernières, il y a surtout une célébration de mort comme étant une puissance avec laquelle on peut jouer, parfois pour conjurer le sort. C’est un jeu dangereux, car Paul nous dit bien que « la mort est le dernier ennemi » (1Corinthiens 15,26).

Maintenant, ce qu’on appelle culte des morts, c’est parfois tout simplement le fait de prier pour ceux qui sont morts. Et là, ça ne sert juste… à rien. Puisque c’est Dieu qui s’en occupe, et qu’il le fait mieux que nous. Surtout, il n’a pas besoin de nos recommandations pour savoir que faire des morts. Donc, détendons-nous : Dieu gère. Prier pour les morts est parfaitement inutile, sauf à nous renforcer dans le déni de la réalité de la mort, une tentation d’être en contact avec eux. Lisez à cet effet ce texte qui conteste la légitimité d’une des poésies les plus lues durant les funérailles…

Pour ce qui est des fleurs enfin, c’est bien d’aider le secteur de l’industrie florale à l’approche de l’hiver. Et ça fait joli dans les cimetières. Ca peut être l’occasion d’aller nettoyer la tombe de nos aïeux ou proches. Pourquoi pas. Du moment qu’on n’y investit rien de morbide.

Si l’immortalité de l’âme n’est pas biblique, expliquez-moi Luc 12,4-5 et Matt 10,28. [Aimé]

Nous avons mentionné plus bas les deux versets que vous évoquez*.
Il faut bien comprendre que le vocabulaire biblique n’est pas homogène pour parler de l’âme et de l’esprit, déjà suivant qu’un texte est dans le premier ou le nouveau testament. A l’intérieur de la bible hébraïque il y a plusieurs mots pour évoquer notre vitalité, notre vie, notre âme, etc.

Ceux qui affirment que l’immortalité de l’âme n’est pas biblique se basent sur la conception tripartite de l’humain, telle qu’évoquée dans la finale de la première épître aux Thessaloniciens : corps, âme et esprit. Jésus rend l’esprit quand il meurt. Etienne aussi. C’est cette part du souffle de Dieu qui est en nous et qui n’appartient qu’à Dieu. Ce n’est pas la même chose que notre âme, notre psyché en grec, qui est liée à notre vitalité, nos pensées, nos désirs, etc. Refuser la mortalité de l’âme, c’est une façon de réduire la résurrection des morts, qui sera, selon les principes de la théologie chrétienne, une résurrection de la chair, c’est-à-dire de l’âme et du corps, et pas seulement une résurrection de l’esprit. C’est bien parce que le corps et l’âme meurent qu’il faut qu’ils ressuscitent.

La réintégration de l’immortalité de l’âme dans la théologie chrétienne est une tentation d’intégrer la philosophie grecque dans la conception biblique. C’est quelque chose que les protestants et les évangéliques refusent. On lira volontiers cette recension de l’excellent livre du pasteur Oscar Cullmann : Immortalité de l’âme ou résurrection des morts.

* « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus. Je vous montrerai qui vous devez craindre. Craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne ; oui, je vous le dis, c’est lui que vous devez craindre. » (Luc 12,4-5)

« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne. » (Matt 10,28)

Pourquoi avant le triomphe de Jésus-Christ à la croix- celle-ci était symbole de honte- de destruction et de mort ? Quelle place avait-elle dans la société romaine ? [Eva]

La croix est encore un symbole de honte, de destruction et de mort ! C’est un instrument de torture en plus d’être un moyen d’exécution capitale. Il demeure l’un des plus cruels que l’esprit humain ait inventé. Il était le moyen par lequel, dans la société romaine, on mettait à mort les esclaves. Ce n’est que par la foi, quand je reconnais que Dieu, en Jésus-Christ, est venu clouer mon péché sur cette croix odieuse et qu’il a ressuscité Jésus pour signifier mon pardon, que je peux considérer cette croix avec reconnaissance pour l’œuvre de mon Seigneur et Sauveur. Mais une croix, en tant que telle, reste d’abord un objet dont l’usage est abominable.

Que penser du passage d’1 Corinthiens 7:9 lorsqu’on ne peut envisager le couple homme/femme et que l’on est continent ? [AnneOnym

Il me semble que le passage auquel vous faites référence appelle les personnes qui, étant célibataires, ont peur de ne pas pouvoir s’empêcher de vivre des relations sexuelles hors mariage et vie de couple fidèle. Paul conseille à ces personnes de se marier.

Mais je ne suis pas sûr de comprendre la situation que vous évoquez. Si vous n’êtes pas en couple et que la question de la continence ne se pose pas pour vous, c’est peut-être que vous vivez alors une situation de célibat qui peut tout à fait être bénie par Dieu si elle vous invite à le servir avec joie. Vous êtes donc de ceux qui parviennent à vivre comme Paul. Mais qu’est-ce qui fait que vous ne pouvez envisager de former un couple homme-femme ? Si la personne à laquelle vous pensez est mariée, mais pas avec vous, je ne peux que vous encourager à une extrême prudence dans cette relation, quand bien même vous êtes continent, car l’adultère peut surgir sans crier gare.

Comment dois-prendre le Ps 39 en ce qui concerne mes relations et rapports pour mener une vie en Christ ? [James]

Le psaume 39 est un des plus terribles de tout le psautier. Le cri de douleur qu’il exprime est un des plus sombres de toute la Bible. La question que vous posez me semble donc tout à fait légitime : Comment recevoir en tant que chrétien un texte où, à première vue, seul le désespoir semble affirmé ? Une première remarque tient tout simplement au fait que ce texte se trouve dans la Bible… Cela à l’air bête, mais notre conviction est donc qu’il est aussi inspiré par Dieu que tout les autres. En fait, je trouve cela très consolant : Dieu est avec nous jusque dans la vallée de l’ombre de la mort, qui peut parfois prendre l’allure du désespoir. Cela ne veut pas dire qu’il approuve ou encourage ces pensées, mais que nous n’y sommes pas seuls quand nous les éprouvons. Ensuite, je crois que notre foi en Jésus-Christ constitue d’ailleurs une confirmation de cela : le psaume 39 peut-être entendu comme le psaume du samedi saint, Jésus, par sa mort, ayant pris sur lui le poids de toute cette désespérance. Enfin, je crois aussi que ce psaume vient nous encourager à parler à Dieu, à lui dire tout ce que nous avons dans le cœur, dans notre prière. C’est souvent que je me suis ouvert pleinement au Seigneur que j’aie pu me rendre compte qu’il était bien là, qu’il m’écoutait et portait ma souffrance au fond de son cœur de père aimant.