Les chrétiens devraient-ils être écologistes ? L’environnementalisme est-il idolâtre ou païen? [Frédéric]

Si la « nature » est considérée comme « Création » et donc l’œuvre du Créateur, la créature humaine doit exercer une sainte domination sur le monde créé, pour y figurer son statut d’image de Dieu. Le projet était quand même que l’humain s’occupe correctement du jardin.
Mais l’échec de ce projet ne date pas d’hier, et les pépins sont vite arrivés.

Le Nouveau Testament nous présente une création qui a besoin d’être sauvée. Et c’est la raison pour laquelle Jésus est envoyé. L’Apocalypse, le dernier livre de la Bible, nous dit aussi que ce qui adviendra, c’est une « Jérusalem céleste », qui descendra. Donc désormais le projet de l’humain, tout en respectant la création, ne doit pas devenir idolâtre effectivement, et vénérer la création plus que le créateur comme le dit Paul en Romains 1. Il ne s’agit pas de rebâtir et restaurer la Jérusalem terrestre. D’ailleurs ce n’est plus un jardin, c’est bien une ville. La Jérusalem ancienne sera détruite.

Donc, pour simplement ne pas s’empoisonner, il faut être écologistes.
Et pour laisser Dieu sauver le monde, il faut arrêter de vouloir le sauver nous-mêmes.

Que signifie réellement « lieras et délieras » (Matt. 16, v.19) ? La papauté a-t-elle cette autorité ? Est-ce que tous les pasteurs ont l’autorité? Et les laïcs chrétiens ? [Jean]

Traditionnellement, cette autorité est appelée « le pouvoir des clefs » donné par Jésus à l’apôtre Pierre, juste après qu’il lui a déclaré : « tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ». Nos frères et soeurs catholiques trouvent ici la justification du ministère du Pape, qu’ils estiment être le successeur de Pierre dans cette fonction d’autorité.

Deux remarques s’imposent à ce sujet.

1°Deux chapitres plus loin dans l’évangile selon Matthieu (18,18), Jésus attribue à tous ses disciples (et pas seulement à Pierre) ce pouvoir de « lier et délier » (c’est à dire, dans le contexte du chapitre, de se prononcer pour ou contre une mesure disciplinaire à l’égard d’un membre de l’assemblée qui refuse de se repentir). Il ne s’agit donc pas d’un pouvoir détenu exclusivement par des « clercs » (ou par le premier d’entre eux) et qui serait refusé aux « laïcs ». En Christ, nous sommes tous laïcs, c’est à dire tous membres du peuple (laos) de Dieu, et tous prêtres (c’est à dire à son service). Et tous appelés à pardonner et à attester à notre prochain, à nos frères et soeurs, le pardon du Père.

2° Si Jésus adresse spécifiquement à Pierre cette double promesse d’être le rocher sur lequel il bâtira son Eglise et de recevoir l’autorité que donne le pouvoir de pardonner (ou pas), c’est parce qu’il vient d’affirmer que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu. Pierre est donc en quelque sorte le premier des croyants de la nouvelle alliance, un nouvel Abraham. Le livre d’Esaïe, ch.51,1-2 comparaît justement le patriarche d’Israël, celui qui a cru aux promesses de Dieu, à un rocher. Chaque descendant d’Abraham est comme une pierre qui en a été extraite. Ce qui constitue le fondement de l’Eglise, ce n’est pas Pierre, c’est la foi en Jésus-Christ qu’il a confessée.

Comment lutter contre l’esprit d’hérésie et l’apostasie ? [Lambert]

Il apparaît dans les lettres du Nouveau Testament qu’il existe trois manières de lutter contre les hérésies et l’apostasie.
*La première concerne les églises. Elles doivent s’assurer que les prédicateurs qu’elle reconnait prêchent une juste doctrine qu’elles ont la responsabilité de dire au monde. Cf : 1 Timothée 1/3, Tite 1/1-9, Ephésiens 4/9-14.
*Le seconde concerne les prédicateurs. Ils doivent prêcher la vérité même si cette vérité heurte les gens et les conduit à devoir souffrir. Cf, 2 Timothée 4/3, 1 Timothée 4/1s.
*Enfin, la Bible donne un rôle aux membres de l’église, à ceux qui écoutent les discours des prédicateurs. Il s’agit, tout d’abord, de se méfier de ce qui, dans les fausses doctrine est séduisant, plaisant, flatteur, « moderne ». Cf 2 Jean 9, Hébreux 13/9, 1 Timothée 6/3-4, Galates 1/6-8. Enfin, la Bible dit que les croyants doivent refuser d’entendre le prédicateur qui répand de fausses doctrines Cf : 2 Jean 10.

Pourquoi Pierre n’a-t-il pas pardonné à Ananias et à Saphira (Actes 5 vs. Matt 18/22) ? [Thomas]

Le texte d’Actes 5 ne nous dit pas que Pierre a refusé de pardonner à Ananias et Saphira. Il nous montre plutôt la première étape de ce que nous devons faire lorsque notre frère ou notre soeur a péché : le lui dire (Matthieu 18/15-17). Suit à cela, Ananias et Saphira auraient pu demander pardon à Dieu et à l’Eglise ou refuser de demander pardon. Pierre aurait dû alors lui pardonner comme l’indique Matthieu 18/22 et laisser ainsi le jugement de son comportement à Dieu. Le processus s’est arrêté avant, puisque le couple est décédé. J’espère que Pierre leur a pardonné !

Les protestants célèbrent-ils la Toussaint ? [Laurent]

La Toussaint est une fête qui célèbre le souvenir de tous les saints. Lorsque cette fête a été instituée, au tout début de l’église, elle visait à commémorer les personnes qui étaient mortes en martyrs, persécutées du fait de leur foi. Aujourd’hui, la Toussaint est principalement célébrée dans l’église catholique. Elle met en avant l’appel à une vie fidèle au Christ, mise en avant par ces modèles que sont les personnes que l’Eglise a canonisées, décrétées saintes sur la base de la fidélité dont leur vie a témoignée. Elle est l’occasion de prier les saints, de demander leur intercession.Les protestants, par fidélité à la Bible, considèrent que les saints sont ceux qui croient en Jésus, tous les croyants . C’est en effet, ainsi que Paul appelle les chrétiens dans ses lettres (cf : Romains 15:25). La pratique de demander aux saints décédés d’intercéder pour les vivants n’étant pas préconisée dans la Bible, le protestantisme prie directement Dieu au Nom de Jésus-Christ. Cela ne nous empêcherait pas de fêter la sainteté que Dieu donne aux croyants et la communion qui en résulte ce que propose la liturgie luthérienne. Cela dit, dans la pratique, cette fête n’est que rarement célébrée dans le protestantisme.

Que signifie : « Tout ce que tu interdis sur la terre sera interdit aux yeux de Dieu et tout ce que tu autoriseras sur la terre sera autorisé aux yeux de Dieu » ? (Matt 16:19) Qui a cette autorité ? [Bernard]

Si vous relisez les versets qui précèdent, vous verrez que cette parole de Jésus est adressée à Pierre, à la suite de sa reconnaissance de Jésus comme le Messie. Jésus dit à Pierre : « Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car ce n’est pas de toi-même que tu as trouvé cela. C’est mon Père céleste qui te l’a révélé. » (Matthieu 16. 17, traduction Bible du Semeur, qui est celle que vous avez utilisée, je crois). Cet échange est donc placé sous l’inspiration de Dieu. Jésus confère cette autorité ici à Pierre (il redira une chose semblable à ses disciples au sujet du pardon des péchés en Matthieu 18. 18), mais il faut, je crois, garder clairement à l’esprit qu’il s’agit avant tout de l’autorité de Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Donc : il ne faut pas prétendre pouvoir s’approprier cette autorité juste au motif que l’on est un chrétien baptisé. L’Esprit Saint est acteur de cette transmission d’autorité. Et dans le passage que vous citez, la parole a été adressée à Pierre, qui immédiatement après chute, se croyant autorisé à rabrouer Jésus (donc à lui interdire de dire ce qu’il dit) et se fait vertement remettre à sa place par Jésus. Il ne s’agit donc en aucun cas d’un pouvoir dont on disposerait pour toujours.

Que dit l’Ecriture sur le culte des morts ? Aller fleurir une tombe est-il rendre un culte ? Quid d’Halloween ou de la fête des morts mexicaine ? [Molière]

Le texte du Premier Testament qui se trouve en Deutéronome 18:10-14 est clair : qu’on ne trouve chez toi personne qui parle avec les morts. C’est l’interdiction de l’occulte et du spiritisme, l’interdiction du chamanisme. Le monde des morts est bien séparé du monde des vivants car Jésus a insisté sur le fait qu’il faut « laisser les morts s’occuper des morts » (Luc 9,60). Cela s’applique donc au fait de s’adresser à une personne morte, fût-elle considérée comme sainte selon la compréhension catholique (ce qui inclue donc aussi Marie, mais pas Jésus puisque lui est le seul ressuscité à ce jour d’après Jean 11 et Colossiens 1,11). Cela s’applique aussi à toutes les fêtes spirites de type Halloween et Santa Muerte.

Pour ces deux dernières, il y a surtout une célébration de mort comme étant une puissance avec laquelle on peut jouer, parfois pour conjurer le sort. C’est un jeu dangereux, car Paul nous dit bien que « la mort est le dernier ennemi » (1Corinthiens 15,26).

Maintenant, ce qu’on appelle culte des morts, c’est parfois tout simplement le fait de prier pour ceux qui sont morts. Et là, ça ne sert juste… à rien. Puisque c’est Dieu qui s’en occupe, et qu’il le fait mieux que nous. Surtout, il n’a pas besoin de nos recommandations pour savoir que faire des morts. Donc, détendons-nous : Dieu gère. Prier pour les morts est parfaitement inutile, sauf à nous renforcer dans le déni de la réalité de la mort, une tentation d’être en contact avec eux. Lisez à cet effet ce texte qui conteste la légitimité d’une des poésies les plus lues durant les funérailles…

Pour ce qui est des fleurs enfin, c’est bien d’aider le secteur de l’industrie florale à l’approche de l’hiver. Et ça fait joli dans les cimetières. Ca peut être l’occasion d’aller nettoyer la tombe de nos aïeux ou proches. Pourquoi pas. Du moment qu’on n’y investit rien de morbide.

Que faut-il penser de l’accueil et de la participation des jeunes enfants à la Cène. [Abcd]

Paul, en 1 Corinthiens 11/27-34 recommande de prendre la Cène dignement, en discernant le corps du Christ. Il ajoute que celui qui boit et mange sans discerner ce qui est donné, est jugé par ce qu’il fait. Ainsi, la Cène n’est pas un petit goûter communautaire amusant. C’est le signe de ce que Christ a accompli pour nous. Recevoir la Cène, c’est accueillir le pardon et la grâce de Dieu, si bien que manger et boire sans comprendre et désirer ce qui est donné équivaut à un rejet du Christ lui-même.

C’est ainsi que je trouve relativement logique d’attendre que l’enfant-le jeune ou même l’adulte soit enseigné et ait eu l’occasion de confesser sa foi à l’occasion de son baptême pour lui proposer de prendre part au Repas du Seigneur, qui en est la suite logique. Il convient, en tous cas, de discuter avec le pasteur de l’église locale des choix qui ont été faits dans votre église.

Je suis catholique. Que pensez-vous de la présence des statues dans nos églises et aussi sur la vénération de la vierge Marie et des saints. J’ai quelques doutes. [Wilfried]

Le protestantisme a voulu, dés ses débuts, au XVIème siècle, fonder la foi et la pratique chrétienne sur la Bible. Les réformateurs se sont ainsi opposé à la vénération des saints, pour plusieurs raisons.
La raison principal de la non vénération des saints dans le protestantisme est l’absence, dans la Bible, d’appel à demander à des personnes spécialement saintes d’intercéder pour nous. Les saints, dans les lettres de Paul, sont ceux qui demeurent attachés à Christ, par la foi. Nous en sommes donc tous, en tant que croyants. Ainsi, réconciliés avec Dieu, nous pouvons nous adresser directement au Père au nom de Jésus-Christ, par le Saint-Esprit. Nous croyons que Dieu nous écoute et que nous n’avons pas à « passer » par des saints décédés. Voir Marc 11/24, Esaïe 8/19-20, par exemple. Cela nous permet d’être confiants : Dieu s’occupe lui-même de nous, nous n’avons pas à trouver le bon saint pour cela.

Concernant Marie, la Bible ne disant pas qu’elle a été élevée au ciel, les protestants la considèrent comme une sainte, une croyante fidèle. Alors que nous ne prions pas les saints, nous ne prions donc pas Marie.

De la même manière, puisque nous ne vénérons ni ne prions aucun humain en dehors de Christ, Fils de Dieu, il n’y a aucune raison que des statues humaines se trouvent dans nos églises. La réforme du XVIème siècle a accusé ces statues de conduire à l’idolâtrie, à l’adoration des créatures au lieu du créateur (Exode 20/1-6, Romains 1/25).  Il reste que ces statues et ces images peuvent avoir un rôle pédagogique, en présentant l’histoire de ceux qui ont cru. J’apprécie, pour ma part, de visiter les églises catholiques pour cette raison.

Existe-t-il en France un centre de délivrance reconnu par l’Église. [Léa]

Chaque dénomination chrétienne gère (ou pas) la question de la délivrance.

Pour l’Eglise catholique, chaque diocèse dispose d’un prêtre exorciste, et de plus en plus de communautés gèrent la question de la délivrance (comme le Chemin Neuf par exemple).

Pour les Eglises de type évangéliques charismatiques, la plupart vont être disposées pour la prière de délivrance pour les personnes qui le demandent.

A notre connaissance les Eglises évangéliques non charismatiques ne traitent pas cette question, pas plus que la plupart des communautés protestantes classiques (dont les luthéro-réformés). Quelques lieux spécifiques sont ouverts à cette pratique, voire forment des personnes sur le sujet en France, autour du ministère www.liberer.fr porté par les paroisses de l’Eglise Protestante Unie au Marais et à Belleville (Paris) ainsi que quelques autres.