Est-il vrai qu’une fois qu’une personne est sauvée, elle est sauvée pour toujours ? [Laurent]

Si nous sommes sérieux avec le fait que le salut est opéré par Dieu via Christ et par pure grâce, par le moyen de la foi, comme le dit Paul notamment en Ephésiens 2,8, alors je ne vois pas comment qui que ce soit pourrait détruire un salut acquis par celui dont le nom est au-dessus de tous les autres noms (Philippiens 2,9-10), c’est-à-dire qui est l’autorité ultime.

Ce qui signifie que quelqu’un qui croit ne peut pas perdre le salut.
C’est clair et net.

Les deux réserves à cette idée sont :
– le cas de quelqu’un qui blasphémerait contre le Saint-Esprit (Luc 12,10),
– la personne franchement rétrograde qui finit par refuser explicitement le salut que Dieu lui avait donné (Hébreux 6,1-8).

« Cette parole est certaine : si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui ; si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui ; si nous le renions, lui aussi nous reniera ; si nous sommes infidèles, lui reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même. » (2Timothée 2,11-13)

Un enfant d’une dizaine d’années peut-il demander le baptême ? La liturgie du baptême réformé se base sur la foi des parents et non celle de l’enfant (même si l’enfant est conscient de sa démarche). [Mimi]

Il y a deux liturgies dans l’Eglise protestante unie de France, une pour le baptême de bébés et une pour le baptême d’adultes. Si l’on part du principe qu’un enfant de dix ans est conscient de sa démarche, cela fait de lui, du point de vue cognitif un adulte (conscience de soi), et donc nous sommes supposés utiliser la liturgie de baptême d’adulte.

[Chaque Eglise ayant ses règles, nous ne présentons ici que la règle de l’EPUdF puisque 1001questions est animé par des théologiens, pasteurs et non-pasteurs, qui sont membres de l’EPUdF. Pour d’autres dénominations, merci de vous renseigner directement auprès des bureaux nationaux de ces Eglises.]

J’ai été baptisée catholique mais je me sens protestante, comment me convertir ? [Britt]

L’Eglise catholique est une Eglise chrétienne.
Les Eglises protestantes sont des Eglises chrétiennes.
On ne peut pas se convertir de chrétien à chrétien.

Après, on peut incarner sa foi dans telle ou telle communauté, parce que la théologie nous convient, la prédication nous parle, le style du service nous plaît. Ou tout simplement parce que c’est pas trop trop loin de chez soi.

Donc, vous ne pouvez pas vous « convertir » en la matière, mais juste voir si dans l’Eglise protestante où vous allez, il y a éventuellement, comme c’est le cas dans l’EPUdF, une forme de liturgie d’accueil pour les nouveaux membres. Cela vous permettra de signifier cet enracinement.

Un non-pasteur (laïc) peut-il présider le Cène- dans un contexte tel qu’un petit groupe tel qu’une Eglise de maison ? [Laureline]

Je vous répondrai brièvement :

  • Lorsque je lis la Bible (Matthieu 26, Marc 14, Luc 22, 1 Corinthiens 11), je ne trouve rien dans la bouche de Jésus ou de Paul, à propos de la Cène, qui indiquerait que seuls certains individus pourraient la présider. En fait je ne trouve même rien qui parle de présidence de la Cène (par contre je trouve chez Paul que la participation à la Cène demande au préalable un examen de conscience). Donc, pour moi, la réponse à votre question ne dépend pas de la Bible et sera donc éphémère.
  • La présidence de la Cène fait donc partie des règles propres à chacune des Eglises. Il se trouve que dans les églises catholiques, orthodoxes et la majorité des églises protestantes du monde, la présidence de la Cène est lié à un « ministère ordonné ». Le document de dialogue entre Eglises chrétiennes le plus célèbre à ce sujet est « Baptême, Eucharistie, Ministère » de Foi et Constitution et datant de 1982. Je vous encourage à lire les paragraphes 29, 30 et 31 de la partie sur l’Eucharistie pour approfondir votre réflexion.

Quel était le mouvement du christianisme social ? Cela existe-t-il encore ? [Cécile]

Le christianisme social est un mouvement qui date de la fin du XIXème siècle. En réaction contre le capitalisme qui générait alors beaucoup de misère et éloignait les plus démunis de Dieu, le christianisme social prônait une moralisation des individus et de la société afin qu’une vie selon Dieu et non selon l’argent, soit possible. Ainsi, le christianisme social s’est-il ingénié à annoncer l’Evangile dans les classes populaires, luttant contre l’athéisme marxiste, l’alcoolisme ou les moeurs dissolues sans ménager les critiques contre la société et des riches qui entretenaient la misère. Le christianisme social a pu conduire à la mise en place de propositions alternatives au capitalisme, tels les coopératives, ainsi qu’à des prises de positions politiques.

En 2010, un mouvement  « du christianisme social » s’est créé en association, se réclamant de ces idées. Ces dernières ont néanmoins visiblement beaucoup évoluées. Ainsi, le christianisme social tel qu’il est compris à la fin du XXIème siècle privilégie le politique et le social par rapport au travail d’évangélisation. Il se focalise ainsi sur les changements sociétaux plus que sur le changement des individus, appelés autrefois à croire et à faire selon Dieu.

Les protestants célèbrent-ils le mercredi des Cendres et la saison du Carême ? [Laurent]

Non, pas spécialement (cf l’article précédent traitant du Carême), sinon certains luthériens. Si le fait de se couvrir la tête de cendres est attesté dans la Bible comme signe d’humilité et de repentance (cf par exemple la conversion de Ninive dans le livre de Jonas), cela n’est pas plus associé à la période de Pâques qu’à une autre. Les protestants, réformés en particulier, sont en général très économes en rites quels qu’ils soient, qu’ils soupçonnent toujours de véhiculer l’idée que c’est ce que l’humain ferait qui lui permettrait d’obtenir la grâce de Dieu. Or ils contestent vigoureusement cette compréhension, prêchant le salut gratuit reçu en Jésus-Christ.

Est-ce que le Carême est décrit dans la Bible ? Est-ce une période de jeûne comme une autre ? Comment le vivre en tant que protestant ? [Perrine]

Le mot carême vient du latin « quadragesima » qui signifie quarantième et il désigne les 40 jours qui précèdent Pâques. En tant que tel, il n’est pas décrit dans la Bible, pas plus que des pratiques de jeûne ou de repentance particulière, et les protestants ne l’ont jamais particulièrement marqué. Néanmoins, cette période de 40 jours fait référence à la durée pendant laquelle Jésus s’est retiré au désert au début de son ministère et a été tenté par le diable (Matthieu 4, Luc 4, Marc 1), ou le prophète Elie (1 rois 19), et par extension aux 40 années pendant lesquelles les hébreux sont dans le désert après leur libération d’Egypte. Le jeûne, la conversion et la prière sont aussi recommandés comme des façons de se préparer pour laisser à Dieu toute la place dans sa vie. Il peut y avoir bien des façons de prendre du recul, se recentrer et désencombrer nos vies du superflu… Autant de façons de vivre un « carême protestant », avant Pâques ou à un autre moment !

L’EPUdf fait-elle du travail missionnaire à l’étranger ? Pour soutenir les descendants des huguenots dans la diaspora ? [Laureline]

Pour son travail missionnaire hors de France, l’Eglise protestante unie a fait le choix de participer à une structure commune à l’Eglise réformée évangélique (UNEPREF) et à l’Union d’Eglises d’Alsace-Lorraine (UEPAL) « le Défap – service protestant de mission ».

Ce service a fait le choix d’appeler et d’envoyer essentiellement des enseignants-formateurs et du personnel soignant. Cela signifie que le travail missionnaire de ce service consiste principalement à du soutien « diaconal ».

En ce qui concerne le lien avec les descendants des huguenots il existe une structure dont l’Eglise protestante unie est partenaire, qui se nomme « Communauté des Eglises protestantes francophones » (CEEEFE car avant c’était la Commission des Eglises Évangéliques d’Expression Française à l’Extérieur). Cette structure offre un cadre pour des relations fraternelles.

N’hésitez pas à consulter les sites web de ces deux structures pour plus de précision.

Comment devrions-nous comprendre Ananias et Saphira dans Actes 5 ? Frapper des personnes de mort ça ne ressemble pas au Dieu révélé en Jésus. On dirait une histoire de l’Ancien Testament. [Aaron]

Je ne comprends pas Ananias et Saphira. Je ne comprends pas que l’on s’engage dans un mouvement en pensant dissimuler des choses qui devraient être mises au clair. Mais aussi, dans ce passage, je ne lis pas que c’est Dieu qui les met à mort. Leur mort intervient comme une conséquence inévitable de leur mensonge, qui entraîne une blessure dans la communion de la première Église ; Je reçois ainsi ce que Pierre dit bien plus comme une plainte quant à ce qu’ils ont fait que comme l’énoncé d’une sentence. Cela fait en moi écho à I Corinthiens 11 (particulièrement les versets 27 à 30) qui explique qu’en raison de leur manque de communion, les Corinthiens ont parmi eux beaucoup de malades, et que certains même sont morts.

La fille de mon ami a développé une maladie incurable. Elle sera en douleur chronique en permanence. Mon ami demande comment quelqu’un peut visiter l’hôpital pour enfants et croire en Dieu. Que dire ? [Lily]

La question de votre ami est compréhensible, mais je crois liée à un malentendu…. Tant que Christ n’est pas revenu, la mort est toujours à l’œuvre (1Corinthiens 15, 23-26), que ce soit par les petites morts (différentes épreuves comme les maladies) ou la grande mort. Même le chrétien n’est pas à l’abri… Tous les apôtres sont morts, ont été malades, ont souffert… On pense à Paul qui a lutté avec son écharde que Dieu ne lui a pas ôté malgré ses prières (2Corinthiens 12,7-10)… La Bible est on ne peut plus clair sur le sujet : nous ne sommes pas encore dans un monde complètement juste et libéré de la mort et de la souffrance injuste (Romains 8, 20-25). Dieu a certes dans l’histoire du salut opéré des guérisons, et manifesté ainsi son amour pour nous… mais les guérisons avaient avant tout valeur de signes (Hébreux 2,3-4) de l’autorité de Dieu et de son Fils. Ces signes marquent que la vie véritable consiste à aimer Dieu, que Christ est le chemin vers le Père, dans l’attente d’un monde où la mort ne sera effectivement plus (Apocalypse 21,4).

L’œuvre du Christ a avant tout été de nous libérer de la puissance du péché, qui est à l’origine de la mort dans ce monde (Romains 5,12)… Il n’a pas promis la santé ici et maintenant, mais la vie éternelle… Il n’a pas d’abord dit « guérissez-vous les uns les autres » mais « repentez-vous » (Marc 1,15) et aimez-vous (Marc 12,31) ! Il nous faut donc nous concentrer d’abord sur cette puissance du péché qui nous éloigne de Dieu… Pas sur tout ce qu’on voudrait que Dieu fasse, parce que ce n’est pas comme cela que le monde marche. Bien sûr, on peut tout demander à Dieu… mais les réponses lui appartiennent. Dieu peut agir de multiples manières dans la vie des enfants hospitalisés et de leur famille autrement qu’en donnant la santé à tout le monde… Visiter les malades est un témoignage de l’espérance que la mort n’est pas plus forte que la vie, qui est éternellement promise à ceux qui espèrent en Dieu… et une simple (mais tellement importante) manifestation de l’amour du prochain… car c’est pour cela que Christ est venu (Jean 13,34) !