Une amie m’a dit : « Je suis protestante mais je ne crois pas en Dieu ». Peut-on se revendiquer protestant sans croire en Dieu ? [Alex]

Certaines personnes qui sont issues d’une famille protestante en ont été marquées par l’éducation qu’elles ont reçue, en ont gardé un certain héritage culturel et moral. Sur le plan culturel, une connaissance de la Bible, un esprit volontiers critique, notamment vis à vis de toute autorité humaine prétendant posséder la vérité. Sur le plan moral, la mise en avant et la défense de certaines valeurs dont les protestants n’ont pas forcément l’exclusivité, mais auxquelles il tiennent pour des raisons historiques et théologiques: la liberté de conscience, la tolérance et le respect des minorités, le sens de la responsabilité personnelle et donc une certaine rigueur, etc.

Mais tout cela n’est pas l’essentiel. Le protestantisme affirme avant tout qu’en dehors de Dieu rien n’est sacré, et qu’à lui seul revient toute la Gloire. Seule sa Parole, dont la Bible est le dépôt, fait ultimement autorité ; seule sa Grâce manifestée en Christ nous donne notre dignité et notre valeur ; en lui seul est notre confiance. Reprendre à son compte ces grands principes chrétiens remis en avant par la Réforme protestante, c’est donc d’abord se tenir devant Dieu, vivre en sa présence et dans son amour. Tout le reste, culture, valeurs et engagements, en découle. Si s’affirmer protestant c’était simplement brandir fièrement un étendard, affirmer une appartenance identitaire, ce serait aussi vain que de bâtir une maison sans poser de fondations. Je me sentirais beaucoup plus proche d’un catholique qui confesse Jésus-Christ (même s’il est vrai que nous avons des désaccords et une manière différente de vivre notre foi), que d’un protestant indifférent, agnostique ou athée.

Comment expliquer la Trinité à un enfant- un ado… ? [KFé]

Votre question sous-entend que même pour un adulte, la Trinité est aussi un mystère ! Quel que soit notre âge en effet, c’est une énorme difficulté de concevoir 1+1+1=1 ! Et que Dieu se révèle à la fois comme un seul être et trois « personnes » ! Père (Créateur, Dieu radicalement différent de nous), Fils (Sauveur, Dieu venant vers nous), Esprit (Seigneur, Dieu en nous). Donc, il ne s’agit en fait pas d’expliquer qui est Dieu, mais de saisir que Dieu est connu comme incompréhensible, hors d’atteinte.

Nous ne pouvons donc utiliser, pour parler de Dieu avec nos mots humains bien imparfaits, que raisonner par analogie, par images et comparaisons, sans prétendre y réduire l’Etre de Dieu qui nous est connu comme le Tout-Autre.

La meilleure analogie que je connaisse (parce qu’elle reprend des analogies biblique) est la suivante : Si je parle à quelqu’un, les mots naissent dans mon esprit, ma pensée. Je les transmets dans une parole. Et cette parole, articulée par ma bouche, devient une onde sonore, qui atteint les oreilles de mon auditeur en faisant vibrer l’air autour de nous. Donc : pensée, parole, souffle sont à la fois bien distincts et constituent pourtant un même acte de communication. De même, Dieu est la source, l’origine (Père) que nous révèle le Fils (la Parole faite chair, logos, voir év. de Jean ch.1) qui vient à nous par l’Esprit (le souffle, pneuma en grec, ruah en hébreu). Essayez cette « explication ». Si votre enfant ne comprend toujours pas… Dites-le, on essaiera autre chose !

Comment les magiciens du Pharaon ont-ils dupliqué les miracles que Dieu a permis à Moïse et à Aaron d’accomplir (Exode 7-8) ? [Julie]

Ce n’est pas parce qu’une chose est extraordinaire qu’elle vient de Dieu. Le diable est aussi capable de choses extraordinaires pour perdre l’homme, le séparer de Dieu. Ce faisant, il entretien son premier mensonge : faire croire à l’humain  qu’il peut être comme Dieu (Genèse 3/4).

Regardons au texte de l’Exode. Les chapitres que vous désignez se présentent comme un affrontement entre le seul vrai Dieu et un humain, pharaon, qui se prend pour un dieu. Certes, par ses magiciens, il parvient à donner l’illusion qu’il peut rivaliser avec Dieu. Les magiciens changent en sang l’eau du pays puis font sortir des grenouilles du Nil. Reste que la puissance de Dieu est plus grande. Ainsi, dés le troisième fléau, la Bible nous dit que les magiciens sont incapables de créé des moustiques. Ils ont pu transformer ce qui était déjà, mais ils sont incapables de tirer quelque chose de rien, ils ne peuvent par agir comme le Dieu créateur. Ils reconnaissent là, d’ailleurs, leur limite, que le pharaon s’obstine à refuser (Exode 8/14-15). Leur impuissance face à Dieu est enfin clairement manifesté quand ils en viennent à subir, comme les autres, les ulcères (Exode 9/11).

C’est en raison de l’activité démoniaque qui sous tend ces pratiques en entretenant l’illusion qui se cache derrière le péché que l’Ancien Testament interdit la magie (Deutéronome 18/10-12, 2 Chroniques 5/19-21). Dans le Nouveau Testament, cette activité est présentée comme contraire à la confiance que nous devons mettre en Christ seul ( Galates 5/19-21, Actes 19/18-20).

Ainsi, nous ne devons ni pratiquer ce genre d’activité, ni  nous laisser impressionner par ce qui peut nous sembler extraordinaire (Matthieu 24/23-24). N’oublions pas, en effet, que le diable est le « père du mensonge » (Jean 8/44) et rejetons son oeuvre afin de nous attacher entièrement à cette Bonne Nouvelle : Christ, chemin, vérité, vie (Jean 14/6), Dieu avec nous ! (Matthieu 1/23).

Existe t-il différents types d’offrandes ? [May]

Bonjour May, je ne sais pas trop à quelles offrandes vous pensez : aux offrandes prescrites au peuple d’Israël dans la loi de l’Ancien Testament ? Certainement, il en était de diverses sortes. Il faut d’abord distinguer celles qui avaient pour but d’obtenir quelque chose de la part de Dieu : son pardon, l’effacement des fautes (notamment le sacrifice du Yom Kippour décrit en Lévitique ch.16), la réintégration dans la communauté de l’Alliance. Je n’entre pas dans le détail des divers types de sacrifices, un bon dictionnaire biblique devrait pouvoir vous éclairer à ce sujet.

Ces offrandes là, pour les chrétiens, n’ont plus lieu d’être puisque Christ s’est offert en sacrifice parfait et définitif pour nous réconcilier avec Dieu. Mais les hébreux offraient aussi en diverses circonstances un animal (sacrifié) ou les prémices d’une récolte (don de blé, libations de vin ou d’huile) en signe de reconnaissance au Seigneur. Bref, pas pour exprimer une demande, mais simplement pour dire merci ! L’apôtre Paul nous invite à donner dans ce sens, non pas seulement notre argent, notre temps, nos compétences, nos forces… mais nos corps, c’est à dire nous-mêmes, en reconnaissance à Dieu pour sa miséricorde envers nous (Lire Romains 12,1ss).

Mais si votre question, May, se rapporte aux offrandes que l’on peut faire à l’Eglise, nous passons à des distinctions plus « techniques » : cotisation en tant que membre d’Eglise, don ponctuel ou exceptionnel à une mission, une oeuvre, bénévolat pour soutenir un projet ou une construction, offrande à l’occasion d’un événement familial… Les occasions et moyens de dire merci ne manquent pas ! Mais finalement le don fait au Seigneur, quel que soit sa forme, est toujours quelque chose de gratuit, désintéressé puisqu’il ne s’agit plus d’obtenir quoi que ce soit en retour. Un geste d’amour, un peu fou, quoi. Parce qu’au fond, il s’agit toujours de se donner soi-même à Dieu.

Aimer Jésus et la nation- est-ce « christiano-compatible » ? [Nico]

Le verbe « aimer » a plusieurs sens. Par exemple, je n’aime pas mon conjoint de la même façon que j’aime mes enfants, même si mon amour est aussi profond pour l’un que pour les autres ! De même, aimer notre nation (sa langue, ses valeurs, sa culture) n’est pas incompatible avec l’amour que le Seigneur attend de nous, même si celui-ci est de nature différente. L’obéissance des disciples, l’attachement à notre Sauveur, le désir de vivre à sa suite, etc, sont d’une autre nature que le civisme ou l’attachement à la Patrie, que l’Ecriture nous recommande d’ailleurs (qu’il s’agisse de payer ses impôts ou respecter les autorités, tout ce qui concerne le « vivre ensemble », comme on dit). On peut donc être chrétien et patriote ! Ce qui ne nous empêche pas de garder, à la lumière de l’Evangile, un sens critique vis à vis de notre société, de notre pays, de ses responsables et de ses relations avec les autres Etats.

En effet, la nation peut devenir une sorte de valeur absolue, adorée comme une idole. Cela s’appelle le nationalisme, qui se traduit par la haine des autres peuples. L’amour du prochain étant indissociable de l’amour de Dieu, tout ce qui prétend prendre la place qui revient à Dieu seul conduit au rejet de l’autre. Cette dérive reprend des couleurs de nos jours, et même sur notre continent, hélas, comme si les horreurs de la dernière guerre n’avait pas suffi à en dégoûter l’humanité à tout jamais…

Pourquoi Jésus devait-il être crucifié ? Pourquoi Dieu ne pourrait-il pas simplement nous pardonner sans ce sacrifice terrible de son fils ? [Eric]

Le sens de la mort de Jésus, sa portée et sa cause font l’objet de beaucoup de remises en question depuis des décennies. Certains ne veulent y voir qu’un acte héroïque du témoin de la vérité et de la justice, une dénonciation de la violence des hommes (Matthieu 23,31). Ou une victoire sur les puissances de mort (Apocalypse 12,10ss) qui oppriment les humains. Ou encore, une preuve d’amour total de Jésus envers nous (év. Jean 15,13)  ou d’obéissance/confiance absolue envers le Père (voir Jean 14,31, ou l’attitude de Jésus crucifié face aux moqueries et aux défis qui lui sont lancés). Liste non exhaustive.

Ces sens sont bien présents dans le Nouveau Testament, mais vous avez employé, Eric, le terme le plus important parmi les interprétations que donne l’Ecriture de la mort de Jésus : « sacrifice ». Le fait que son sang a été répandu pour effacer nos fautes (idée de substitution), comme, symboliquement, le sang de l’animal répandu sur l’autel, effaçait les souillures (Lév 17,11).  Jésus est bien le serviteur fidèle annoncé par Esaïe : « la sanction, gage de paix pour nous, était sur lui, et dans ses plaies se trouvait notre guérison… Le Seigneur a fait retomber sur lui la perversité de nous tous » (53,5 et suivants, version TOB). L’épitre aux Hébreux, dans le Nouveau Testament, montre que le sacrifice de Jésus, victime parfaite offerte une fois pour toutes, met fin à tous les sacrifices et à toutes les tentatives humaines pour s’auto-purifier devant Dieu, puisque c’est Dieu qui y pourvoit lui-même en Christ (thème central chez l’apôtre Paul, voir entre autres Romains 3,21-25). Dieu se réconcilie avec nous à la croix, et la Résurrection de Jésus nous l’atteste.

Donc la mort de Jésus « pour nos péchés » a bien à voir avec notre péché ! Et le pardon a toujours un prix. Ce sens expiatoire, pénal, est difficile, voire scandaleux à accepter. Mais « sans effusion de sang,  il n’y a pas de pardon » (Hebreux 9,22). Loin d’évoquer ici un Dieu cruel, vengeur et assoiffé de sang, dont la vue « apaiserait le courroux » (caricature dont témoigne une certaine spiritualité chrétienne, hélas), la mort de Jésus atteste ce que nous révèle la Loi de Dieu : le poids insurmontable de notre péché, qui nous prive de la gloire (de la présence) du Dieu vivant, et dont le salaire (= la conséquence) est la mort. La mort de Jésus est notre jugement. Dieu dit « non » à ce que nous sommes ou tentons d’être sans lui. « Christ a payé pour nous libérer de la malédiction de la croix, en devenant lui-même malédiction pour nous, puisqu’il est écrit : Maudit quiconque est pendu au bois » (Galates 3,13).

Et la croix nous appelle donc à « mourir à nous-mêmes », elle condamne sans appel tous les marchandages religieux que l’homme tente avec Dieu (c’est-à-dire ses vaines tentatives pour e rendre juste) pour qu’il ne vive que de la Grâce, du don gratuit que Dieu nous fait en Jésus-Christ (Romains 5,20 ; 6,14,23).

Bref, pour reprendre une image à la mode, il faut préserver, dans la « biodiversité » des explications de la mort de Jésus dans la Bible, cette « espèce menacée » qu’est le sens sacrificiel ! Jésus est bien « l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde », comme le disait Jean-Baptiste.

Que penser à propos de prière du « Notre Père » ? Je n’aime pas la réciter. C’est obligatoire pour bien prier ? [Val]

« Réciter » le Notre Père n’est non seulement pas obligatoire, mais aussi pas du tout recommandé ! Je vous recommande de chercher en ligne, si vous ne le connaissez pas déjà, le savoureux sketche que la compagnie théâtrale sketch-up propose sur ce sujet : quelqu’un dit mécaniquement le Notre Père avant de s’endormir et surprise ! Voilà que Dieu lui répond. Le dialogue qui va s’ensuivre montre combien chaque demande de cette prière engage celui qui la formule, et va marquer le commencement d’un changement radical dans sa vie et ses relations.

Cette prière enseignée par Jésus à ses disciples a ceci d’extraordinaire qu’elle rassemble, résume tout ce que nous pouvons demander au Seigneur, et qu’elle nous unit à la grande famille des enfants de Dieu (nous disons bien « Notre » Père). Alors bien sûr, rien d’obligatoire à la dire. Mais tous ceux et celles qui la pratiquent en prenant le temps d’habiter chacune de ses demandes diront combien elle nous aide à approfondir notre dialogue avec Dieu, avec les autres… et notre vie de disciples qui préparent ce Règne tant attendu.

Peut-on voir dans la Bible un texte qui parle de la vie de Jésus entre ses 20 et 30ans ? [Ghislain]

Les quatre évangiles que nous avons conservé pour former le canon du Nouveau Testament (et qui font donc autorité pour nos vies) n’évoquent pas cette période de la vie du Christ.

Le but des évangiles étant clairement de susciter la foi dans le Messie et ainsi recevoir la vie, les évangélistes se sont concentrés sur des moments-clés de la vie et de l’enseignement du Seigneur : sa présentation au Temple quelques jours après sa naissance et sa venue au même lieu à 12 ans affirment ainsi que Jésus est bien né et a grandit… comme nous (il n’est donc pas apparu par miracle directement adulte); son baptême à environ 30 ans sur les bords du Jourdain vient inaugurer le début de son ministère qui se poursuivra jusqu’à sa mort, sa résurrection et son ascension.

Le mot Schekinah est souvent prononcé par des pasteurs. Je voudrais savoir s’il s’agit d’un des noms de Dieu. [Brice]

Shekinah est le mot hébreu pour dire que D.ieu vient véritablement demeurer auprès de son peuple, dans le tabernacle. On le comprend généralement par « présence » ou « gloire ».

Il ne s’agit donc pas d’un nom de D.ieu (le judaïsme ne voulant pas nommer D.ieu pour éviter de le prononcer en vain) mais d’une action de D.ieu pour se faire connaitre/voir/sentir.

Les pasteurs qui prononcent le mot Shekinah supplient donc D.ieu de descendre dans le temple, auprès de la communauté rassemblée à ce moment-là. Cette invocation se fait par le Saint-Esprit.

Les unitariens sont-ils chrétiens puisqu’ils rejettent la doctrine de la Trinité ? [Aurélie]

Je crois que c’est une question dont les unitariens ont seuls la réponse. De mon point de vue, comme je ne suis pas unitarien, je ne peux que répondre « non » à votre question. Mais j’imagine que ma réponse pourrait les choquer. C’est eux qui peuvent dire en quoi, tout en rejetant le lien mystérieux entre le Père, le Fils et l’Esprit que pour ma part, je découvre tout au long du Nouveau Testament, ils peuvent déclarer que Jésus est le Seigneur (ce dernier mot renvoyant au nom de Dieu, le Tétragramme imprononçable, YHWH).