Est-ce vrai que d’après les Juifs d’aujourd’hui le nom de Jéhovah est erroné car l’alphabet Juif ne contient pas aucun lettre J ? [Mark]

Dans nos Bibles, le nom de Dieu est traduit le plus souvent par « Seigneur » ou « Eternel ». Ce nom présente la racine du verbe « être » en hébreu (voir Exode 3/14). Le problème se situe moins au niveau des consonnes de ce nom que de ses voyelles. En hébreux, à l’origine, les consonnes seules étaient écrites. YHWH ou JHVH sont des transcriptions possibles des quatre consonnes de ce nom. En revanche, lorsque les voyelles ont été ajoutées au texte biblique, au Moyen-âge, les juifs qui ont entrepris ce travail n’ont pas mis à ce nom ses « vraies » voyelles. En effet, afin de ne pas prononcer le nom de Dieu en vain, il était alors d’usage de ne pas dire ou écrire le nom de Dieu. Ils ont donc ajouté aux consonnes YHWH les voyelles du mot « Adonai » qui signifie « Seigneur ».  C’est par ce nom-ci : « Seigneur » que les juifs et la plupart des chrétiens s’adressent encore à Dieu aujourd’hui.

Comment suivre la Parole sans ce couper du monde ? Y a-t-il des versets dans la Bible là-dessus ? [Marianne]

Qu’est-ce que « suivre la Parole » ? Et même, avant, dirais-je: qu’est-ce que la « Parole » ?

Le quatrième évangile –celui selon saint Jean– offre -en écho avec les premières pages de la Bible qu’est le livre de la Genèse- une réponse à cette dernière question: la Parole est ce qui a amené à l’existence toutes choses. La Parole est donc connu pour l’action qu’elle produit: donner la vie.
Puis l’évangile rajoute : la Parole a pris corps (chair) afin de donner, selon la volonté de Dieu, le pouvoir de devenir son enfant (à Dieu).

Comme nous sommes des individus « incarnés », Dieu a choisi d’incarner sa Parole. Cela, pour nous permettre d’en être mieux saisi, de mieux voir ses bienfaits.

Dieu réalise des actions accessibles pour nous, afin de nous permettre d’être épanouis avec nous-mêmes, avec notre environnement (toute la création) et avec lui. Ces actions sont donc « dans le monde créé ». Dieu ne veut pas nous sortir du monde.

Suivre la Parole, c’est suivre Christ, c’est recevoir un épanouissement de sa vie, dans ce monde.
Pourtant, l’esprit du monde ne souhaite pas nous voir épanouis. Cela explique que nous sommes méprisés, rejetés, écrasés.
Le chrétien est donc appelé, par la seule puissance de la Parole de Dieu (Christ), à combattre l’esprit méprisant du monde et à annoncer la vie véritable, à vivre une vie dans et par la vérité.

Comment parler de Dieu le Père à ceux qui ont une relation conflictuelle (conflit, absence, traumatisme…) avec leur père terrestre ? [Philippe]

Si Dieu s’est présenté à nous comme un père, c’est bien parce que la paternité était supposée être une valeur positive, faite de réassurance et de tendresse, de sécurité et de douceur, de normativité et d’amour.
Si Dieu s’est présenté à nous comme un père, il est logique que l’ennemi du Christ ait envie de nous démontrer que la paternité ne tient pas la route, qu’elle n’est que lâcheté ou violence.

Alors plutôt que de regarder la paternité de Dieu à partir de nos expériences toujours imparfaites de la paternité terrestre, la Bible ne nous appelle-t-elle pas à regarder plutôt dans l’autre sens : jeter un regard de bonté et de miséricorde sur les pères terrestres, peu capables d’incarner ici-bas cette superbe paternité d’en-haut, celle de Dieu le Père. Nous n’avons pas à juger la paternité de Dieu sur la base des paternités abîmées de ce monde, mais plutôt à regarder les pères terrestres comme étant appelés à s’inspirer de la Paternité de Dieu pour vivre leur autorité et leur amour d’une façon différente ici-bas. S’ils sont lâche, qu’ils soient inspirés à être courageux. S’ils sont absents qu’ils apprennent à se rendre présents. S’ils sont violents, qu’ils se convertissent à la tendresse.

Renversons les représentations.

Le peuple juif n’a-t-il pas fait retomber la malédiction sur lui- avec la condamnation de Jésus par le Sanhédrin et la réponse à Pilate : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ! »? Mt 27, 25 [Aglaë]

La responsabilité du peuple d’Israël (il s’agit de la descendance génétique de Jacob) dans la mort de Jésus est claire : ce peuple a été particulièrement béni par Dieu (Rm 9,4-6), mais par sa révolte contre Dieu malgré toutes les bénédictions reçues, il a manifesté, en crucifiant son Messie, qu’il était sous l’emprise de la puissance du péché comme les autres peuples (Rm 3, 9-18) et qu’il avait besoin de la médiation de Jésus-Christ et du Saint-Esprit pour obéir fidèlement à Dieu.
Dans la Bible, la bénédiction de Dieu traverse les générations, et il en est de même pour une malédiction (Ex 34,7) : les enfants pâtissent des conséquences des péchés de leurs parents.
Mais pour un juif comme pour un non-juif, le pardon et une vie nouvelle, prometteuse de bénédiction, est possible : « il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » (Rm 8,1 ; voir Jr 31,29).
De plus, concernant le peuple juif, l’infidélité de certains membres du peuple (« ceux qui sont issus d’Israël ne sont pas tous Israël », Rm 9,6) n’annule pas la fidélité de Dieu à Ses promesses pour le peuple d’Israël : Dieu, dans le cadre de son plan mystérieux, pardonnera les fautes d’Israël, quand Il mettra fin à sa période d’endurcissement (Rm 11, 25-26).

Que signifie la parabole de Luc 5:36‭-‬39 sur l’habit neuf et le vieil habit- le vin nouveau et les vieilles outres- et le vin vieux vs. le vin nouveau ? [Kristina]

Ces deux images sont racontées par Luc au début de son évangile, au moment où il est en train d’appeler ceux qui seront ses disciples, et témoigne des questions que posait l’attitude de ce tout nouveau groupe qui se rassemblait autour de Jésus. Lui-même assume pleinement avant et après ce passage de remettre en question certaines habitudes religieuses de l’époque, comme le fait de ramasser du blé un jour de sabbat (donc travailler) ou de manger avec des personnes réputées impures (collecteurs d’impôts et autres). Sans réduire à cette seule interprétation, je crois que ces deux images illustrent le « changement radical » dont Jésus parle au v.32. Comme pour nous dire : il y a un moment où il faut faire un choix, et suivre le Christ en est un. Si on emprunte ce chemin, alors certaines pratiques anciennes deviennent inadaptées, ni bonnes ni mauvaises, mais inadaptées, et elles ne peuvent pas cohabiter avec un nouvel « art de vivre » conduit par l’Évangile. Ces deux images convoquent chacun de nous au carrefour de cette conversion permanente appelée par Christ : qu’estc-e que je dois laisser derrière moi de mon ancienne vie, qui ne peut que déchirer ou faire exploser ma nouvelle existence si je m’y accroche ?

Pourquoi- selon Jésus- Jean-Baptiste est-il à la fois le « nouvel Elie et « le plus petit du Royaume » ? [K]

Elie a exercé son ministère prophétique sous le règne du roi Achab, dans un temps où tout le peuple semblait prêt à tomber dans l’idolâtrie. Il est une grande figure des prophètes de l’Ancien Testament, présent avec Moise et Jésus dans l’épisode de la transfiguration (Matt 17,3). Comme Enoch, Elie ne passe pas par la mort mais est enlevé par Dieu (2Rois 2). Malachie prophétise le retour d’Elie pour prévenir son peuple du jugement de Dieu à venir (Mal 3,23), afin qu’il se repente et revienne à la Loi du Seigneur.

Dans un temps de grande infidélité au Seigneur, sous le règne du très paganisé Hérode Antipas, Dieu envoie en la personne de Jean-Baptiste un nouvel Elie (Matt 11,14), qui doit conduire le peuple d’Israël à revenir à son Dieu. Préparant les « chemins du Seigneur » (Matt 3,3), c’est Jean-Baptiste qui, par son appel à la repentance, prépare la réception de l’Esprit amené par Jésus (Matt 3,11).

C’est le Saint-Esprit qui devait opérer ce grand changement du cœur, ce rétablissement de la connexion avec Dieu tant attendu (Joël 2,28) permettant ainsi à Israël de jouer son rôle de lumière des nations.

Le ministère de Jean-Baptiste intervenant avant cette venue de l’Esprit, c’est logiquement que pour Jésus n’importe quel Homme ayant reçu l’Esprit-Saint est plus grand par la foi que lui.

Dans Luc 16,9 Jésus a dit : « Faites-vous des amis avec les richesses injustes ». Quel rapport entre richesse et les tabernacles éternels ? [Unkn]

Les richesses sont de ce monde. Les tabernacles éternels évoquent la Vie éternelle.
Toute richesse dans ce monde livré à Mammon est en quelque sorte injuste. Si nous comptions sur l’Esprit de Dieu conformément aux béatitudes, nous ne manquerions de rien, nous n’aurions pas peur de manquer et donc pas besoin d’épargner. L’argent, à part comme moyen de faire circuler la richesse, ne sert à rien. Et nous n’emporterons rien dans la tombe.

S’opposent ici la logique du monde et celle du Royaume.
Si je cherche à capitaliser l’argent de ce monde j’investis dans les espoirs vains du monde.
Si je cherche à investir sur le Royaume, je suis prêt à tout utiliser de ce monde dans le seul but de gagner les uns et les autres pour le Royaume, de les gagner pour le Salut et la vie éternelle. Il n’y a plus que ça qui compte.

En français on dit que l’argent n’a pas d’odeur, ce qui signifie, paradoxalement, par antinomie, qu’il est toujours sale.
L’argent sale ce sont les ressources utilisées pour moi de façon narcissiques.
L’argent nettoyé c’est celui qui est, même d’origine injuste, investi dans le Royaume de Dieu et sa justice.

Comment utilisons-nous nos bien ?

Le plan du Salut (Romains 8 : 28-30) : cette réflexion me porte directement vers la prédestination. Qu’en est-il alors de ceux qui ne sont ni prédestinés- ni appelés ? [Carole]

Ce passage de l’épître aux Romains souligne que  Dieu nous sauve en Jésus-Christ, quand bien même nous ne pouvons rien faire de nous-mêmes pour nous sauver.  Ainsi apprenons-nous que c’est Dieu qui « gère » notre salut, et que nous pouvons donc lui abandonner nos vies, dans la confiance.

Nombreux sont ceux que l’idée de prédestination angoisse. Ils pensent à ceux qui ne sont pas prédestinés au salut et semblent donc injustement exclus. Ils ont peur d’être de ces derniers et se demandent comment vérifier qu’il n’en sont pas.  Ce mode de pensée est étranger voir opposé à la manière confiante de penser à laquelle Paul nous convie. En effet, si Dieu est Dieu et s’il gère le salut, ne le gérera-t-il pas correctement ? Et quand bien même je ne serais pas prédestiné au salut, cela pourrait-il être pour mon mal si telle était la juste volonté de Dieu ?

Dieu gère le salut et il  le fait bien. Il a aimé le monde et il l’a sauvé en Jésus-Christ. La Bible nous dit que certains seront sauvés quand d’autres ne le seront pas. Notre affaire n’est ni de le comprendre ni de le savoir. Notre affaire est de croire.

« Tu ne tueras point » ; ce commandement ne s’applique pas seulement aux autres humains. Les autres créations de Dieu ne doivent pas être tuées non plus. Place du végétarisme dans la chrétienté ? [Carole]

Ce n’est pas tant « tu ne tueras point » que « tu ne commettras pas de meurtre ».
Donc cela concerne les humains. C’est le verbe « assassiner ».
Le chrétien peut vouloir être végétarien, c’est son droit, conformément à Romains 14 notamment. Mais ce n’est assurément pas sur ce commandement qu’il doit se fonder. Le végétarisme est un choix personnel et pas une prescription biblique.
Manger de la viande est possible depuis Caïn et Abel et/ou le déluge en Genèse.
Manger toutes les viandes est possible depuis la vision de Pierre dans les Actes.

L’enjeu de la casheroute (manger casher) dans le judaïsme est de continuer à manger de la viande en prenant en compte la bientraitance des animaux.

Comment parler de Dieu le Père à ceux qui ont une relation conflictuelle (conflit- absence- traumatisme-…) avec leur père terrestre ? [Philippe]

D’abord en les écoutant, pour entendre où se situe chez eux le problème dans leur relation avec leur père terrestre, et en quoi cela peut affecter pour eux la notion de Dieu comme Père.

Ensuite, je crois qu’il ne faut pas forcer le dialogue dans le sens de : « Si tu ne crois pas à Dieu le Père, ou si tu ne pries pas Dieu le Père, tu n’es pas un bon chrétien… » Après tout, si Dieu est venu jusqu’à nous en Jésus-Christ, le Fils, c’est aussi pour inviter les humains à une rencontre à un autre niveau que seulement la relation Père-enfants.

Dieu n’est pas que Père. Il est aussi Fils, (et donc, pour nous chrétiens, en quelque sorte, frère en Jésus) et Esprit (en hébreu, le mot traduit par Esprit, rouah, est féminin) ; Dieu peut être ému aux entrailles quand il voit ses enfants souffrir. Or cette manière de parler de lui relève de la féminité plus que de la masculinité. La tendresse de Dieu est infinie, comme sa patience. Si quelqu’un a du mal avec la notion de Père, pas de souci, donc.