Que signifie en Matthieu cette histoire de 7 démons qui reviennent quand un a été chassé ? [Kris]

Jésus, en Matthieu 12,45 nous avertit en effet, que si un démon est chassé, ça ne suffit pas à libérer la personne. La liberté ce n’est pas le vide intérieur. La nature a horreur du vide ; bien que ce proverbe ne soit pas biblique, c’est un peu ce que Jésus essaye d’expliquer. Si ce n’est pas un autre esprit — je devrais écrire un autre Esprit — à savoir l’Esprit du Christ, qui vient régner à la place de l’esprit mauvais, le Malin enverra sept autre démons, pour se venger, par colère, et comme ils trouveront la place vide, ils s’installeront.

Bref, il ne suffit pas de vider, il faut remplir.
Sinon d’autres le feront à notre place.

Le Christ est mort sur un poteau de supplice. Pourquoi parle-t-on alors d’une croix ? [Carole]

Le mot en grec qui désigne l’instrument de torture sur lequel Jésus est mort, peut se traduite en français par ‘poteau’ (ou pieu) mais aussi par ‘croix’, cf. les dictionnaires de grec classique.
Le Christ est mort supplicié sur un objet que les Romains utilisaient régulièrement. Or ces mêmes Romains avaient un mot pour parler de la partie transversale de la croix.
Donc je conclue, naturellement, que le Christ est mort sur une croix.
Mais au fond, l’important n’est pas d’abord de savoir sur quel objet d’infamie le Christ est mort ! L’important c’est le sens que tout cela prend. « Le Christ est mort, bien plus il est ressuscité » (Romains 8, 34). Et l’apôtre Paul écrira quelques versets avant que le Christ a été livré pour nous tous et qu’avec son Fils, Dieu nous donnera tout gratuitement (Romains 8, 32).

Quelle différence entre repentance et confession ? La repentance doit-elle toujours précédée de la confession ou vice versa ? [Jin]

Trois mots sont assez souvent employés dans le Nouveau Testament pour parler de la réaction de l’homme fasse à son péché.

Le premier mot employé désigne le regret, le remord, face à une action que l’on considère comme inadaptée. Ce regret, tout humain, peut avoir une conséquence positive ou négative (Matthieu 21/29 et Matthieu 27/3).

L’autre mot employé signifie aussi « conversion ». Il désigne un changement de mentalité et de comportement (Matthieu 3/1-8). Jésus, dit que ce changement est rendu possible par sa venue. En Jésus, le Royaume de Dieu s’approche (Matthieu 4/17). En effet, par sa mort sur la croix, le pardon et la guérison du péché (Ephésiens 1/7 par exemple) nous sont accordées.

La confession des péchés est à la fois la reconnaissance du péché qu’on regrette et l’affirmation de notre confiance dans le fait qu’en Jésus ce péché est pardonné et notre changement possible.

Ainsi, nous regrettons notre péché, puis nous nous tournons vers Dieu pour le confesser. Enfin, par sa grâce et selon sa promesse, nous sommes libérés de ce péchés, changés, « convertis ». Cf 2 Corinthiens 7/8-10. Dans le protestantisme, nous croyons qu’ il n’est pas indispensable de confesser notre péché devant un autre humain pour que le pardon nous soit donné. Cela reste possible et parfois utile. Une autre question traite de ce sujet sur ce site.

  Quelle organisation correspond le mieux pour que l’Eglise soit sur le modèle biblique ? [Gérard]

C’est en soi un enseignement très important que le Nouveau Testament ne contienne pas plus de descriptions détaillées de l’organisation religieuse (contrairement à l’Ancien Testament qui décrit longuement le déroulement du culte ou l’organisation du service des lévites). Paul a décrit l’organisation idéale de l’Église avec la métaphore du corps humain et des membres (1 Corinthiens 12). Pierre évoque lui l’image de la construction avec la métaphore des pierres vivantes posées sur la pierre d’angle (1 Pierre 2)… Où est le manuel de l’Église chrétienne selon la Bible ? L’organisation de l’Église qui correspond le mieux à la bible, c’est une organisation qui sert la communion des chrétiens unis à leur chef céleste, une organisation qui ne se prend pas pour « le bon modèle », qui ne se sert pas elle-même, et qui rend à Dieu toute gloire et toute autorité.

Dans le judaïsme du temps de Jésus, il y avait, comme maintenant pour l’Eglise, des questions sur l’organisation religieuse idéale. C’est pour cette raison qu’on trouve  l’existence de différents courants juifs dans le Nouveau Testament (pharisiens, sadducéens, zélotes…).

Jésus, accompagné par son équipe de militants et suivi par des foules entières en Israël n’a pas remis en cause l’existence des mouvements de son époque, mais il a usé de paroles très sévères pour ceux qui se cachaient derrière ces organisations humaines au lieu de chercher la face de Dieu. Alors que les gens se posaient des questions religieuses, il parlait de la relation au Père, de la venue du Royaume, de la purification intérieure… Il y a bien sûr des instructions pour l’Église dans les paroles de Jésus, mais il s’agit avant tout de dispositions de cœurs !

 

Quel est ce Royaume de Dieu cité en Matt 24:14 ; pourquoi Jésus insiste sur cette « bonne nouvelle » dit-on ? [Jules]

La Bonne Nouvelle, dans ce discours de Jésus de Matthieu 24,14, c’est ce qui précède au verset 13 : « Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. »

Tout le passage insiste sur les occasions de chute, la dégradation des mœurs et de la foi des croyants. Il y a donc une bonne nouvelle à être des marathoniens de la foi, qui s’engagent sur la durée et pas seulement sur des coups de tête ou durant des temps forts.

Le Royaume de Dieu s’est approché de nous.

A partir de quel moment diriez vous que les 12 apôtres furent nés de nouveau et baptisés ? Ce qui est explicitement dit par Paul semble plus flou pour ceux qui étaient au contact de Jésus au début. [Joël]

A aucun moment les évangiles ne nous disent que les 12 disciples appelés par le Christ ont été baptisés, pas plus qu’ils interdisent de le penser ; nous savons seulement que Jésus a été baptisé et que l’Esprit s’est manifesté à ce moment-là.

Par contre, dans le livre des Actes, au chapitre 2, le récit de la Pentecôte met en scène le don de l’Esprit qui avait été clairement annoncé au chapitre 1 comme un baptême ; et vraisemblablement ils étaient plus que 12 !!! Le texte précise même (Actes 1,14) qu’il y avait en plus des 11 restants, des femmes et des frères de Jésus.

Il semble donc que c’est au moment de Pentecôte que les disciples (littéralement « ceux qui suivent ») deviennent sous l’action de l’Esprit les apôtres (littéralement « ceux qui sont envoyés »). Ce qui explique aussi que l’on puisse être disciple sans devenir apôtre, ou apôtre sans avoir été disciple avant : sur ce sujet le cas de Paul est particulièrement intéressant, lui qui était un farouche opposant avant sa conversion/baptême et devient pourtant un des héros de la suite du livre des Actes ! Et qui nous fait remarquer du même coup que le disciple Matthias qui a été élu en Actes 1 pour remplacer Judas est par contre remarquablement absent de la suite du récit….

Un héritage m’est proposé ; ma situation étant déjà bonne. Je veux obéir à Jésus sur tout cet argent- or ; j’entends «prends- conserve». Comment savoir si j’ai l’intelligence obscurcie- si je pèche ? [Christophe]

Je ne peux pas entendre à votre place ce que le Seigneur a comme projet pour vous, et pour vous avec cet argent ; s’il vous demande de le prendre et de le conserver c’est peut-être qu’il veut vous amener à en faire quelque chose que vous ne savez pas encore ?

Ce qui est sûr par contre dans la Bible c’est que l’argent doit rester un moyen, et pas un but en soi, au risque de devenir une idole qui prend le pouvoir sur nos vies. Je ne vous cite que la parole la plus évidente (Luc 16,13) : « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent. » Dans cet Évangile en particulier, Jésus nous met en garde contre ce pouvoir de l’argent que nous voyons aujourd’hui tous les jours à l’œuvre autour de nous.

Concernant cet héritage que vous mentionnez, la bonne question à se poser pour rester fidèle à l’Evangile est donc peut-être : en l’acceptant, de quoi vais-je hériter dans ma vie (qui peut être attaché à ceux qui vous lèguent cet argent par exemple), et est-ce que cela ne m’empêchera pas de témoigner de Christ ? Ou encore : vais-je rester libre vis à vis de cet argent, ou vais-je me mettre à prendre des décisions en fonction de lui ? Et pour savoir si on est libre ou pas vis à vis de l’argent, la Bible nous donne un tuyau : être capable de donner de son argent est plutôt bon signe !

Pourquoi Jean prêchait-il dans le désert ? Pourtant les gens venaient se faire baptiser (eau=désert ?). D’où vient l’institution du baptême d’eau ? [Marie]

Jean prêchait dans la région proche du Jourdain qui est assez désertique. Il baptisait, comme ce fut le cas pour Jésus, dans le Jourdain.

Le baptême d’eau était une pratique rituelle, toujours pratiquée en judaïsme, liée à la purification, dans des bains qu’on appelle mikveh. Ce baptême était lié à la repentance et accompagnait une décision de changer de vie radicalement, quand il n’était pas pratiqué pour la pure forme par ceux qui le vivaient.

A part ça Jean prêchait dans le désert parce qu’il préparait les chemins du Seigneur (lire Esaïe 40,3, Marc 1,3). Il y annonçait l’advenue du règne de Dieu. Parce que contrairement à ce qu’on croit souvent les déserts ne sont pas déserts du tout. Dans la représentation de l’époque le désert est le lieu d’habitation des démons notamment. Bref, avant que Jésus ne vienne prêcher aux puissances et aux humains, Jean-Baptiste commençait à annoncer aux créatures spirituelles ce qui était en train d’advenir avec l’arrivée du Messie, du Christ, l’Oint de Dieu.

Pourquoi Jésus dit-il que ce sont les violents qui s’emparent du Royaume de Dieu ? [Daniel]

L’affirmation à laquelle vous faites référence se trouve dans l’évangile de Matthieu, chapitre 11, verset 12 : « Depuis l’époque de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux est assailli avec force, et des violents s’en emparent. » Elle a un parallèle en Luc 16.16 : «  La loi et les prophètes ont subsisté jusqu’à Jean; depuis lors, la bonne nouvelle du royaume de Dieu est annoncée et chacun cherche avec force à y entrer. » Le verset de Matthieu pose un gros problème de traduction, car le mot traduit en français par « violent » (en grec, « biastès ») ne se trouve que là… dans toute la littérature grecque classique ! C’est dire que nous n’avons que ce passage pour comprendre ce qu’il peut vouloir dire. Le verbe auquel il se rattache, et qui est traduit dans Matthieu 11 par « est assailli avec force » (en grec « biazomai ») peut vouloir dire « user de violence », « violenter », mais aussi « entrer/sortir de force » « écarter par la force » ou encore « contraindre », ce qui n’est pas la même chose… Je pense que le mot de Matthieu renvoie à la même idée que ce qui est dit dans Luc. Plutôt que des violents, je crois qu’il désigne ceux qui sont conscients que le Royaume n’est pas une réalité toute simple et « naturelle », dont l’entrée serait dans l’ordre des choses. Si c’était le cas, Jésus-Christ n’aurait pas dû aller jusqu’à la Croix pour le manifester. Ils savent que le Royaume ne procède pas de nos logiques, de nos raisonnements, qu’il faut « se faire violence » comme on dit, pour entrer dans le pardon, la miséricorde, la gratuité qui sont les marques de l’Évangile. L’action du Saint-Esprit, qui nous permet de nous ouvrir au royaume, est souvent quelque chose qui « secoue », même intérieurement.

En Matthieu 12-32 Jésus dit que celui qui pèche contre l’Esprit-Saint- le pardon ne lui sera accordé ni dans ce monde ni dans l’autre. Comment interpréter ce passage ? [Samdinho]

Pour comprendre ce que peut signifier « parler contre le Saint-Esprit », il est nécessaire d’être attentif au passage qui précède ce verset. Ainsi, les versets 14 à 21 du chapitre 12 de Matthieu nous montrent Dieu à l’oeuvre en Jésus, par des guérisons et des délivrances. Le texte nous dit que ces miracles correspondent à l’oeuvre de Dieu, par l’Esprit, l’accomplissement de ce qui a été annoncé dans l’Ancien Testament, selon les versets 18 à 20. Verset 24, on voit les pharisiens refuser cette oeuvre de l’Esprit en Jésus en l’attribuant au diable, ce que Jésus dément ensuite. Nous pouvons déduire que cette parole de Jésus s’adresse aux pharisiens de notre histoire et qu’elle désigne donc ceux qui rejettent l’oeuvre de l’Esprit.

Bien que la sanction de « non pardon » puisse nous sembler effrayante, elle est logique. En effet, c’est l’Esprit qui nous convainc de péché, nous conduit dans la repentance, nous pardonne et change nos cœurs. Ainsi, celui qui parle contre l’Esprit ne fait rien d’autre que de refuser son oeuvre de pardon : il n’est pas étonnant qu’elle ne puisse alors pas s’accomplir ! Tâchons donc de nous attendre à l’oeuvre de l’Esprit, tâchons de le laisser faire de nous de bons arbres, qui donnent de bons fruits ! (Matthieu 12,33-34s).