Qui peut dire que nous ne sommes pas juste des animaux hautement évolués- « ordinateurs faits de viande » ? [Adam]

Euh… Dieu ?… ! Si nous ne sommes que des animaux hautement évolués, des ordinateurs faits de viande, pourquoi Dieu nous aurait-il envoyé son Fils (Jean 3.16) ? Pourquoi Jésus nous dit-il que nous valons mieux que les oiseaux (Matthieu 6. 26, Luc 12.24) ? Si nous sommes juste des animaux, qui nous permet de dire que nous sommes « hautement évolués » ? Et si cela devait nous suffire d’être des animaux, alors vivons selon les lois de la nature en les faisant « hautement » évoluer… Dans un sens c’est déjà ce que la société propose… L’ultra libéralisme économique n’est-il pas la loi du plus fort (loi mise en pratique dans le règne animal), dans le domaine « hautement évolué » de l’économie ?

Que penser aujourd’hui de 1 Corinthiens 11-1-16 ? Je croyais que mon Maître- mon chef- était Jésus… En tant que femme- je ne sais pas ce que je dois apprendre de ce texte. [Marie]

Vous faites bien, Marie, de croire que votre maître, votre chef est Jésus. C’est bien le cas ! Dans le passage que vous mentionnez, Paul parle de la façon dont les Corinthiens doivent organiser leurs célébrations. Il s’agit de donner un cap, une référence. Il y a pleins de détails, dans ce texte, qui méritent un travail approfondi sur le texte grec d’origine pour être saisis dans toute leur richesse, que la traduction française a du mal à rendre. C’est pourquoi je n’entends pas ce passage comme un exposé parlant de l’essence de ce qu’est un homme ou de ce qu’est une femme, mais comme une direction à suivre pour rendre un témoignage qui honore Dieu dans une assemblée de chrétiens d’un temps et d’un lieu particulier. Le fond du problème pour Paul est que les Corinthiens soient « convenables » aux yeux des autres et entre eux. Comment, à notre époque et dans le lieu où nous nous trouvons, rendre un témoignage comparable ? Voilà, je crois ce que ce passage nous pose comme question. À nous de nous mettre à l’écoute de l’Esprit pour trouver une mise en œuvre pour aujourd’hui.

L’édition du génome- qui pourrait « améliorer » l’homme en soignant définitivement sa colère par exemple- pourrait-elle permettre à l’humanité de vivre enfin conformément à ce que Dieu attend ? [Alexis]

NON. Je suis très catégorique, et espère ne blesser personne en l’étant, mais la seule façon, je crois de permettre à l’humanité de vivre conformément à ce que Dieu attend est de lui révéler sa situation de pécheresse, et de l’inciter à se repentir, pur découvrir l’amour, ma miséricorde et le pardon de Dieu. C’est ça, et rien d’autre, qui transformera l’humanité. Depuis Platon, il y a je ne sais combien de systèmes philosophiques qui ont été élaboré pour trouver une société sans problème. À ma connaissance, aucun n’est encore au point. À l’époque de la reine Victoria, on prétendait faire un homme très moral. Ça n’a pas vraiment marché. Hitler et le nazisme, Staline et le marxisme ont affirmé permettre l’émergence d’un homme nouveau… on a vu les résultats. Qu’aujourd’hui, après la philosophie, la morale et la politique, on prétende régler tous nos problèmes par la technique n’est à mes yeux qu’une nouvel illustration de notre péché fondamental qui consiste à prétendre se passer de Dieu pour vivre en vérité.

Tout l’Ancien Testament est-il une prophétie qui pointe vers Jésus ? [Armand]

Je ne pense pas pouvoir dire les choses comme ça, Armand. Quand le Christ, ressuscité, a accompagné deux de ses disciples vers le village d’Emmaüs, il leur a fait une étude biblique personnelle : « « … en commençant par les écrits de Moïse et continuant par ceux de tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait. » (Luc 24.27) Cela ne veut pas dire que tout, dans le Premier Testament, parle de Jésus ou est une prophétie qui pointe vers Jésus. Il y a, certes, bien des passages que nous recevons comme des annonces de la venue de Jésus, mais ce serait, je crois un immense contresens que de prétendre que tout le Premier Testament est une prophétie pointant vers Jésus. En tant que chrétien, j’essaie plutôt de lire la première partie de la Bible avec « les lunettes Jésus-Christ », c’est-à-dire en essayant de les comprendre sur la base de la vie, du message, de la mort et de la résurrection de Jésus, qui n’est pas venu abolir ces textes mais les accomplir, leur donner le sens que Dieu a toujours voulu qu’ils aient.

Les petits mensonges sont-ils bons- pour éviter d’insulter les gens- par exemple ? Je ne peux pas imaginer Jésus mentir en aucune circonstance. [Ulrich]

Je ne sais pas à quels « petits mensonges » vous faites allusion, Ulrich, mais je crois qu’il faut toujours mieux privilégier la vérité dans les relations. Il est tout à fait possible de dire la vérité en n’insultant pas les gens, en les respectant, voire en étant délicat avec eux parce que l’on sait que ce que l’on va dire pourrait être blessant. Cela s’appelle la communication non violente, qui, à mon avis, est une des outils pour témoigner de l’Évangile dans notre quotidien.

Le feu étrange de Lev 10: 1 signifie-t-il que nous devons adorer Dieu de manière très précise- selon ses règles- pour lui plaire ? [Guy]

Dans le passage que vous citez, ce qui me rejoint surtout est la mention que Nadab et Abihu, les fils d’Aaron, firent ce qu’il ne leur avait pas ordonné. Plus qu’une obéissance au doigt et à l’œil, c’est à une vigilance quant aux surinterprétations, ou à des manières de faire ou de vivre ce que Dieu nous commande dans lesquelles nous prenons nos idées pour celles de Dieu que nous sommes appelés. Il est très tentant d’imaginer que ce que moi j’ai envie de faire correspond à ce que Dieu veut, au prétexte que je suis à son service. Mais ce qui est demandé par Dieu n’a pas être ni modifié, ni étendu de façon téméraire.

Que faire si on se rend compte que son Église locale ne prêche pas la vérité de l’Évangile ? Fuir- rester- subir ? 1 Cor 15:33 dit que les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs… [Antoine]

Le passage que vous évoquez, Antoine, me semble être écrit par Paul pour « réveiller » les chrétiens de Corinthe qui se sont laissés influencer par des tenants de la négation de la résurrection. En est-il de même pour vous ? Craignez-vous de vous faire influencer par les personnes qui, dans l’Église que vous fréquentez, annoncent un message contraire à l’Évangile ? Il me semble important de pouvoir, dans une communauté qui se dit chrétienne, porter le message évangélique, même dans l’adversité, de façon souterraine si nécessaire.

Mon chien bien-aimé est très vieux et malade. Un vétérinaire devra l’euthanasier. Le protestantisme a-t-il des idées sur la moralité de l’euthanasie des animaux de compagnie malades et souffrants ? [Oliver]

Dans la triste situation que vous décrivez, Oliver, il me semble que l’euthanasie porte justement son nom, selon son étymologie de « bonne mort ». Il vaut sans doute mieux abréger les souffrances de cet animal. Je ne crois pas que le Seigneur nous appelle à nous crisper sur nos attachements pour nos animaux de compagnies, au point de le laisser endurer de trop longue période de douleur. Votre tristesse est bien compréhensible, mais je ne crois pas qu’il vous faille alourdir votre cœur avec de la culpabilité.

J’ai vu « Silence » de Scorsese. Que penser du dilemme « Soit je renie ma foi- soit des gens meurent » ? [Marie-Gabrielle]

Le film que vous évoquez, Marie Gabrielle, présente entre autre la situation de missionnaires jésuites au Japon, saisis par des membres de « l’inquisition » bouddhiste japonaise, et sommés de renier leur foi pour sauver des vies de nouveaux convertis japonais. Dans ce cadre précis, il s’agit donc d’une campagne missionnaire, confrontée à un appareil d’état oppressif. La torture psychologique autant que physique fait partie des tribulations que les témoins de Jésus-Christ peuvent avoir à subir (Marc 13. 9-10 par exemple). Il est bien sûr facile de pérorer sur ce genre de problème, assis dans son fauteuil devant son ordinateur. Il s’agit de situations épouvantables, dans lesquelles émettre un jugement abstrait me paraît dangereux. Dieu connaît les cœurs de chacun et je ne me sens pas en mesure de dire a priori quelle attitude (renier ou refuser de le faire) est la « meilleure » quand les vies d’autres personnes sont en jeu. Cela vient surtout montrer combien des êtres humains pris dans des structures de pouvoir peuvent alors se détourner du Dieu vivant et devenir des monstres. Je ne peux aussi que me souvenir que le mot grec traduit par « témoin » veut aussi signifier « martyr ».

Je suis victime d’un amour non partagé. La douleur du rejet est accablante. Que fais-je ? Puis-je prier pour que la personne m’aime ? Jésus n’a jamais aimé une femme- alors peut-il comprendre le rejet ? [Louis]

Je veux avant tout, Louis, vous témoigner ma compassion devant votre souffrance. Un amour non partagé est une grande source de douleur et d’incompréhension. Je ne crois cependant pas que ce serait un bon conseil de vous encourager à prier Dieu pour qu’il change le cœur de la personne que vous aimez. Peut-être vaut-il mieux que cette question ne soit plus, entre vous et cette personne, seul sujet qui habite votre relation. Enfin, je crois vraiment qu’en Jésus-Christ, Dieu peut vous comprendre. En effet, qu’est-ce donc que la venue de Jésus Christ parmi nous sinon l’expression de son amour pour nous ? Qu’est-ce que la condamnation, la mise à mort de Jésus, sinon le rejet de cet amour donné par Dieu ? Qu’est-ce que la résurrection du Christ sinon l’expression que Dieu est capable de passer par dessus tous les rejets ?