Quel est ce Royaume de Dieu cité en Matt 24:14 ; pourquoi Jésus insiste sur cette « bonne nouvelle » dit-on ? [Jules]

La Bonne Nouvelle, dans ce discours de Jésus de Matthieu 24,14, c’est ce qui précède au verset 13 : « Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. »

Tout le passage insiste sur les occasions de chute, la dégradation des mœurs et de la foi des croyants. Il y a donc une bonne nouvelle à être des marathoniens de la foi, qui s’engagent sur la durée et pas seulement sur des coups de tête ou durant des temps forts.

Le Royaume de Dieu s’est approché de nous.

Faire l’amour avant le mariage est-ce que c’est un péché ? [Jehiela]

« Il ne faut pas coucher avant le mariage ; on risque d’être en retard à la cérémonie ». C’est ce que j’aime bien dire à ceux qui me posent cette question pour déplacer les enjeux et faire sourire.

Derrière cette question il y a une attente de validation ou de refus. Si on répond qu’il ne faut pas on devient un docteur de la loi qui parle sur la base de je ne sais quelle règle (c’est écrit où dans la Bible ?). Et si on répond positivement, on donne une caution à ceux qui veulent coucher n’importe comment.

Donc…
La question à se poser est autre : coucher ensemble, c’est faire un, c’est être couple. Mariage civil ou pas. Mariage religieux ou pas. Coucher c’est être mariés parce que l’union sexuelle pour Dieu est l’apanage du couple clairement uni. Et ce « clairement uni », dans notre cadre culturel et règlementaire c’est… le mariage entre un homme et une femme.

Le problème est donc que si on couche avec quelqu’un qui ne sera pas à terme notre conjoint, on sape cette relation durable en créant un adultère avant l’heure, que l’Ecriture appelle généralement fornication. C’est pour ça que la société a posé des marqueurs simples, pour une trajectoire lisible :
– on s’apprécie
– on se fiance (publication dans les familles et dans la famille de l’Eglise)
– on se marie (à la mairie en France, pour être vraiment considérés comme mariés par tous, dont l’Etat)
– on se marie (ou chez nous luthéro-réformés, on est bénis) à l’Eglise, pour mettre ça vraiment devant Dieu explicitement.

Pourquoi Jean prêchait-il dans le désert ? Pourtant les gens venaient se faire baptiser (eau=désert ?). D’où vient l’institution du baptême d’eau ? [Marie]

Jean prêchait dans la région proche du Jourdain qui est assez désertique. Il baptisait, comme ce fut le cas pour Jésus, dans le Jourdain.

Le baptême d’eau était une pratique rituelle, toujours pratiquée en judaïsme, liée à la purification, dans des bains qu’on appelle mikveh. Ce baptême était lié à la repentance et accompagnait une décision de changer de vie radicalement, quand il n’était pas pratiqué pour la pure forme par ceux qui le vivaient.

A part ça Jean prêchait dans le désert parce qu’il préparait les chemins du Seigneur (lire Esaïe 40,3, Marc 1,3). Il y annonçait l’advenue du règne de Dieu. Parce que contrairement à ce qu’on croit souvent les déserts ne sont pas déserts du tout. Dans la représentation de l’époque le désert est le lieu d’habitation des démons notamment. Bref, avant que Jésus ne vienne prêcher aux puissances et aux humains, Jean-Baptiste commençait à annoncer aux créatures spirituelles ce qui était en train d’advenir avec l’arrivée du Messie, du Christ, l’Oint de Dieu.

A la fin de sa vie terrestre Jésus dit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Quel connexion avec le psaume 22 ? [Nathan]

Il semble qu’alors qu’il expirait Jésus a effectivement récité le psaume 22, comme le ferait tout bon Juif reprenant des paroles bibliques pour rythmer les étapes majeures de son existence.

Relisez tout le psaume en imaginant Jésus sur la croix prononçant non seulement cette parole mais l’ensemble du psaume. C’est étonnant !

Un chrétien peut-il chanter la Marseillaise ? [Olivier]

A l’approche du 14 juillet… que vous dire ?
D’abord que chanter n’est pas un acte anodin. Nous chantons beaucoup de choses qui nous édifient (Ephésiens 5,19 – Colossiens 3,16) et pas mal d’autres choses qui ne nous édifient pas. Méditez les paroles des comptines pour enfants « A la pêche aux moules » ou « Une souris verte », et vous réfléchirez peut-être à les faire chanter à vos bambins.

Chanter n’est pas un acte anodin parce que ce qui passe par notre bouche et en particulier ce qui en sort peut nous souiller, d’après Jésus (Matthieu 15,11). Il s’agit de proclamations, et si Dieu aime les proclamations bénissantes, l’ennemi du Christ adore les proclamations maudissantes.

Les questions que je me poserais donc avant de chanter la Marseillaise seraient les suivantes :
– L’étendard sanglant levé contre la tyrannie… quel est ce sang ? Contre quelle tyrannie ? Celle de l’Ancien Régime avec sa monarchie de droit divin ? Ou, a posteriori, celle de la Terreur, pur produit de la Révolution ?
– Le sang impur qui abreuve nos sillons. On lit tout et n’importe quoi pour justifier cela. Il y a simplement en finale de cet hymne national une jubilation à voir un sang couler dans la terre. Relisez ce que dit Dieu à Caïn en Genèse 4. Ne pas faire couler le sang est un impératif non négociable des Ecritures. L’idée d’un sang impur en saurait en tout cas s’appliquer à du sang humain, dans la Bible. Parce que le sang, c’est la vie et que cette vie est donnée par le Seigneur.

Personnellement, vous l’aurez compris, je ne chante pas ce chant. Je pense que le nationalisme est un fléau de l’humanité, car il est une haine non jugulée, ajoutée à un patriotisme, qui lui peut être paisible.
Il y a des hymnes nationaux qui sont plus sobres, d’autres qui sont franchement à la gloire de Dieu. Si vous avez des idées pour une réforme de la Marseillaise, écrivez au Président de la République !

Il paraît que les noms hébreux ont toujours un sens. Que veut dire « Jésus » ? [Soso]

Les noms hébraïques sont effectivement souvent « théophores » (de theos : Dieu, et phoros : porteur). Ils portent quelque chose de Dieu, qui a rapport à Dieu.

Le nom de Jésus est Yéshouah en hébreu ; de Yah qui est le nom « propre » de Dieu comme dans le nom YHWH révélé à Moïse au Sinaï, et yasha qui veut dire sauver. Mais ce verbe-racine peut aussi se traduire par les verbes défendre, délivrer, secourir, venir à l’aide, retenir la main, protéger, élargir.

Jésus signifie donc « Dieu sauve ».
Et c’est ce bien ce que Dieu a fait en Jésus : sauver l’humanité.

Quel est l’âge règlementaire pour avoir un premier rapport sexuel (pour ma fille) ? Qu’a-t-on le droit de faire ou non (sexuellement), en tant que chrétien ? [K]

Définir un âge idéal pour un rapport sexuel, c’est se poser une bonne question, mais je dirais c’est se la poser dans le mauvais sens.
Il faut que votre fille comprenne plutôt deux choses :
– d’abord que la sexualité n’est pas une affaire d’âge, mais plutôt de relation entre un homme et une femme. C’est pour cela que le Seigneur bénit la stabilité du couple homme-femme, en particulier dans le cadre du mariage. Parce que cela sécurise la relation. Donc ce n’est pas une affaire d’âge mais de contexte bon ou mauvais.
– ensuite parce qu’il vous faut expliquer précisément à votre fille l’enjeu, non pas moral, mais spirituel de s’unir à quelqu’un voire à plusieurs personnes successivement. Se crée un lien très fort au niveau de l’âme et de l’esprit, quand on fait « une seule chair » avec quelqu’un. Et donc elle va se retrouvée « liée » à cette personne (à ces personnes si elle essaye avec plusieurs), et ça va l’attacher spirituellement aussi à ces personnes qui ne seront pas son mari. Ce sera tout un travail de défaire ce type de liens.
– enfin, l’enjeu n’est pas « d’avoir un rapport sexuel », car si elle ou vous, vous posez la question de cette façon, ça signifie que vous ouvrez la possibilité juste de l’acte sexuel pour lui-même, avec un garçon qui lui plairait, mais qui ne sera pas nécessairement son mari à terme. On n’a pas « un rapport sexuel », on vit une sexualité dans un projet d’amour et de fidélité au long cours.

S’il vous plaît, aidez votre fille à comprendre ça pour qu’elle ne fasse pas comme bon nombre d’entre nous, plus âgés, qui regrettons que personne ne nous ait expliqué ces choses, et qui avons à les régler dans la douleur, a posteriori ; et parfois n’y arrivons même pas, nous traînant cette histoire comme un boulet.

Comment dépasser cette image de « ringardise » que nous colle le monde et faire de l’Evangile un sujet contemporain, audible, surtout pour les jeunes ? [Pierre]

L’expérience nous a appris que les athées, incroyants, agnostiques ont souvent raison. S’ils nous disent que l’Eglise est ringarde, c’est souvent parce que c’est… vrai.

En même temps la préoccupation pour l’apparence n’est pas le cœur, loin s’en faut, du message de l’Evangile. « Être dans le vent est une ambition de feuille morte » disait G. Thibon.

La difficulté de la réponse chrétienne actuelle est dans le fait de ne pas se fourvoyer dans plusieurs mauvaises réponses :
– soigner la forme attirerait durablement des personnes voulant suivre le Christ,
– éviter des sujets qui fâchent (sexe, argent, pouvoir) ferait de l’Evangile un message accessible,
– croire que dire la vérité blesse nécessairement les gens,
– produire un message de rébellion par rapport au système serait la quintessence du message de Jésus.

La solution qu’a choisie Jésus à son époque :
– aimer,
– parler vrai,
– marcher,
– compter d’abord sur Dieu
– prendre des risques,
– mourir pour nous.

Un chrétien peut-il perdre son salut ? [Phil]

Une certitude : c’est par la grâce que nous sommes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de nous, c’est le don de Dieu. (Ephésiens 2,8). Le salut est donc souverainement l’œuvre de Dieu et il s’étend de façon opérationnelle dans notre vie dans l’expérience de la foi.
Donc si Dieu nous sauve, qui pourrait détruire ce que Dieu fait ?
Y a-t-il quelqu’un de plus puissant que Dieu, ou qui pourrait détruire l’œuvre de Dieu ?
La seule destruction possible, c’est celle que nous faisons nous-mêmes quand nous refusons le salut.

Un péché (celui contre le Saint-Esprit) est dit impardonnable en Matthieu 12,32, Marc 9,29 et Luc 12,10. Mais il n’est pas dit qu’il vaudrait un refus du salut pour autant !
Reste donc un verset, Hébreux 6,4-6 : « Il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir, et qui sont tombés, soient encore renouvelés et amenés à la repentance, puisqu’ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie. » Il s’agit bien d’une démarche de la personne chrétienne qui volontairement refuse son salut.

On ne peut donc pas « perdre son salut », sinon en choisissant de le renier.

Jésus a dit : « J’ai gardé ceux que tu m’as donnés, et aucun d’eux ne s’est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l’Ecriture soit accomplie. » Jean 17,12 – et vous n’êtes pas le diable, semble-t-il !

C’est quoi la sagesse du serpent ? En effet quand Jésus envoye ses disciples (Matt 10,16), il leur recommande d’être « sage comme le serpent et doux comme la colombe ». [Mark]

Quand Jésus nous demande d’être sages comme les serpents, il faut bien comprendre à quoi il fait référence. Il ne nous demande évidemment pas d’imiter les serpents. Le mot grec, traduisant celui que Jésus emploie vraisemblablement en araméen, veut dire : intelligent, sage, plein de bon sens, sensé, prudent, avisé.

Depuis Genèse 3,1 on sait que « le serpent est le plus rusé de tous les animaux des champs ». Il y a un jeu de mot dans l’hébreu original (proche de l’araméen que parlait Jésus). Car ce mot veut dire deux choses très différentes : rusé, et…nu ! Le serpent était le plus nu de tous les animaux des champs et le plus rusé. Et l’humain qui va vouloir imiter le serpent se retrouve très… nu, et très rusé, puisqu’il a goûté à l’arbre de La-connaissance-de-ce-qui-est-bien-et-ce-qui-est-mal.

Donc on ne sait pas très bien quel mot Jésus a employé puisque seule la retranscription grecque de ses paroles nous est parvenue en Matthieu 10,16. Mais ce qui est clair, c’est que Jésus nous appelle certes à la simplicité et à la douceur, à tendre l’autre joue, à assumer que nous ne sommes pas forts par nous mêmes ; mais en même temps, il nous appelle à être intelligents, rusés mais pas pour faire chuter, sages mais pas pour être orgueilleux, intelligents mais pas pour nous croire tout-puissants, prudents mais pas craintifs.