Est-il vrai que Sinter Klaas (Père Noel) a été inventé par des Huguenots réfugiés aux Pays-Bas pour séculariser le catholique Saint-Nicolas ? [Jean]

Une brève recherche sur internet vous fera reconstituer facilement l’évolution historique qui a mené à la figure du Père Noël telle qu’elle envahit aujourd’hui notre mois de décembre, dans un sens bien éloigné du vrai sens de la fête ! Elle remonte à la vénération populaire de Nicolas de Myre, un évêque Turc qui vécut aux 3e et 4e siècle de notre ère, grand adversaire d’Arius au concile de Nicée, confondu à partir du 10e siècle avec une autre figure vénérée, Nicola de Sion. Les légendes abondent sur ses miracles et hauts-faits. Trois innocents défendus par le Saint auraient été par la suite confondus avec des enfants, et c’est de là que se serait développée la coutume d’une fête pour les enfants sages le 6 décembre, jour de la Saint-Nicolas, notamment en Europe du Nord et dans l’Est de la France.

La Réforme en Europe (pas seulement les Huguenots) voulut mettre fin au culte des Saints au 16e siècle, mais celui-ci perdura en se « laïcisant ». Saint-Nicolas, fêté le 6 décembre, devint en Hollande Sinter Klaas (équivalent de St-Nicolas), puis Santa Klaus chez les émigrés néerlandais aux Etats-Unis au 19e siècle. En 1821, un conte écrit par le Pasteur Clement Clarke Moore, et qui connut une énorme diffusion, en fit un petit bonhomme sympathique et rondouillard qui distribuait des cadeaux la veille de Noël, sur un traineau emmené par des rennes. Il fut domicilié au pôle nord par le dessinateur Nast en 1885. Il ne restait plus au dessinateur Sundblom qu’à habiller le personnage aux couleurs rouge et blanc de la firme coca-cola, à des fins publicitaires, en 1931.

Moralité : ce n’est pas une bonne idée de canoniser des disciples de Jésus-Christ dont la foi et à la vie furent remarquables, même si leur exemple peut nous inspirer ! Pas seulement pour ces dérives que la piété populaire, sa soif de merveilleux (et de figures médiatrices entre Dieu et nous) peut entraîner, mais parce que tout croyant justifié par grâce reste pécheur, et appelé à la sanctification. Nous n’avons qu’un seul médiateur : Jésus-Christ.

Comment expliquer et interpréter la transfiguration ? [Simon]

Jésus, pendant son ministère, est apparu momentanément à trois de ses disciples comme métamorphosé dans sa gloire de Fils de Dieu. Matthieu, Marc et Luc se font l’écho de cet épisode. Comment cela s’est-il passé exactement ? Pierre, Jacques et Jean auraient-ils reçu une vision au sujet de leur maître ? Nous ne le savons pas. Ce qu’il faut retenir est que Pierre, Jacques et Jean ont vu par anticipation le Christ dans sa condition de ressuscité (exprimée par un visage, des vêtements resplendissants). Et c’est bien ce même Jésus qui venait de leur annoncer sa mort sur la croix, annonce que Pierre avait refusée (voir le ch.9 de l’évangile selon Marc par exemple) car une telle fin lui paraissait impossible pour un Sauveur, un Messie !

La transfiguration de Jésus confirme que la croix est le lieu d’une victoire, d’une gloire invisible mais réelle. Celle d’une mort librement consentie par le Christ pour que nous soyons sauvés. Il est à noter que la Parole entendue lors de la transfiguration de Jésus est la même qu’à son baptême, où il a endossé notre humanité et pris sur lui notre condition de pécheurs : « celui-ci (dit Dieu) est mon Fils bien-aimé ». Jésus est vraiment homme, vraiment Dieu.

Que dit la Bible sur la bataille d’Armageddon ? [Jess]

Ce nom de lieu hébreu, que l’on peut aussi transcrire Harmaguédon, désigne la « montagne de Méguiddo ». Dans la plaine de Méguiddo, Israël mené par le juge Barak a vaincu des rois cananéens (Voir Juges 5,15,19). Le roi Josias y a trouvé la mort en affrontant le pharaon Neko (2 Rois 23,29). C’est donc un lieu de bataille, et c’est sans doute pourquoi l’Apocalypse l’utilise pour évoquer l’affrontement ultime qui voit la victoire de Dieu sur les rois de la terre rassemblés contre Lui, en Ap. 16,19. Jean fait ici allusion, comme au ch.20 de son livre (v.8) à des prophéties d’Ezéchiel, aux chs. 38 et 39. Elles parlent d’un peuple, Gog, venant attaquer à la fin des temps les « montagnes d’Israël » (Ez 38,8), d’où l’expression « montagne de Méguiddo » alors qu’il s’agit d’une plaine…

Il serait vain de vouloir identifier tous ces noms à des lieux et des circonstances historiques précises, car ils ont un sens avant tout symbolique. Ils désignent l’hostilité du monde envers le Seigneur et son peuple, et annoncent que Dieu aura le dernier mot sur le mal, sur la mort, sur toute puissance qui s’oppose à son règne. La bataille décisive a déjà eu lieu, et elle a été remportée: à la croix de Jésus-Christ.

Un chrétien doit-il se couvrir du sang de Jésus en toutes occasions et dans les prières ? [Katia]

Je comprends l’expression que vous employez, « Se couvrir du sang de Jésus », comme suit : se replacer devant Dieu comme un être réconcilié avec lui, pardonné malgré sa condition de pécheur, grâce au don que le Christ a fait de sa vie, selon cette parole des Ecritures : « le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché » (1 Jean ch.1, v.7).

C’est effectivement par l’oeuvre du Christ à la croix que nous avons la liberté de nous approcher de Dieu en toute confiance, comme des enfants viennent à leur Père. Et nous avons à en reprendre souvent conscience, à redécouvrir l’amour infini de Dieu, cette « folie de la croix » dont parle l’apôtre Paul. Tant la logique de la grâce nous est étrangère.

Ceci étant, c’est une fois pour toutes que nous sommes sauvés et réintégrés dans notre identité d’enfants de Dieu, et notre Salut ne dépend pas de la répétition correcte et régulière d’une formule de prière (Jésus est clair à ce sujet, lisez Matthieu ch.6 v.7 !).

Nous n’avons donc pas à invoquer la grâce de Dieu en Christ comme un mantra ou en n’importe quelle occasion, mais peut-être dans les moments de doute, d’errance, où des tentations diverses peuvent nous assaillir. Par exemple, quand nous sommes poussés à penser que nous ne la méritons pas.

La volonté de légaliser l’euthanasie ne révèle-t-elle pas l’échec de l’Eglise à montrer au monde la vie éternelle que donne Jésus ? [Edouard]

Vous rapprochez, Edouard, deux sujets qui à première vue sont sans rapport entre eux : d’une part, le désir manifesté par de plus en plus de personnes (du fait, notamment, du vieillissement de la population et des problèmes qu’il engendre) de pouvoir mettre activement un terme à une vie jugée trop difficile à supporter, et d’autre part l’espérance qui nous est donnée en Jésus-Christ : sa résurrection et sa victoire sur la mort, gage de la nôtre.

A y regarder de près, ce rapprochement est stimulant. Si une personne est sans espérance, et estime que la mort a le dernier mot sur toute vie, que toute existence n’aboutit qu’au néant, alors on peut comprendre qu’elle veuille disposer du droit à ne garder de son passage sur terre que ce qu’elle juge en être le meilleur (jeunesse, autonomie, plénitude des moyens physiques et intellectuels…).

Mais si, dans la foi, je discerne que dès aujourd’hui Dieu m’appelle dans son éternité, par son amour dont même la mort ne peut me séparer, alors chaque instant de ma vie présente prend, précisément, une dimension d’éternité. Et elle apparaît donc comme infiniment précieuse et digne d’être vécue jusqu’au grand passage, même au plus profond des épreuves qu’elle peut traverser.

La question du droit à mourir ne regarde pas que les individus. C’est un problème social, juridique, collectif que pose la pratique de l’euthanasie avec toutes ses dérives possibles. Si la pression se fait forte en sa faveur, c’est aussi de par le règne de l’individualisme dans nos sociétés occidentales. Et s’il y a « échec » de l’Eglise à faire valoir que la vie doit être respectée jusqu’à son terme, c’est peut-être parce que nous ne prêtons pas assez attention aux souffrances physiques et morales que beaucoup de personnes autour de nous affrontent dans la solitude. Beaucoup de médecins et autres soignants des services de soins palliatifs peuvent attester que la demande de « suicide assisté » disparaît souvent chez la personne malade dès lors qu’elle est écoutée, accompagnée, et sa douleur physique ou morale prise en charge.

Est-ce que se forger une carapace est compatible avec la foi chrétienne ? [Margot]

La carapace sert de protection aux invertébrés comme le homard ou certains insectes, ou à des vertébrés, par exemple la tortue ou le pangolin. Sans carapace, ces animaux seraient vulnérables aux attaques de leurs prédateurs. L’expression que vous employez désigne donc le fait de se créer une défense mentale pour ne pas être trop exposé aux moqueries, aux critiques, ou autres marques d’hostilité de l’entourage. Avec pour risque, si cette carapace s’épaissit trop, de s’isoler « dans sa coquille », de ne plus écouter, de s’endurcir et finalement de devenir insensible et indifférent aux autres !

Au ch. 6 de la lettre aux Ephésiens, l’apôtre Paul nous encourage à revêtir « l’armure de Dieu », mais pas pour nous protéger des attaques des humains que nous cotoyons ! Plutôt, de celles du Diable (qui nous attaque et nous tente de l’intérieur). Cette panoplie n’est pas constituée de fermeture, de repli sur soi, mais de vérité, de foi, de justice, et même d’un élan pour annoncer l’Evangile, donc pour s’ouvrir aux autres et leur témoigner de l’espérance que nous avons en Jésus-Christ. Jésus nous envoie dans le monde comme… des brebis au milieu des loups ! Et nous encourage, certes, à la prudence des serpents, mais aussi à la simplicité des colombes. Dans ce bestiaire, je ne vois pas de crustacé ni de tortue !

La foi, c’est fondamentalement un acte de confiance. C’est une denrée rare à notre époque, on préfère s’armer contre l’autre ou ériger des barrières plutôt que d’aller vers lui ou de l’accueillir. Parfois même entre chrétiens de différentes dénominations, les frontières se ferment, les identités et particularités sont quasi-sacralisées, on privilégie l’entre-soi. Autant de carapaces souvent engendrées par la peur. Mais Jésus nous dit : « n’ayez pas peur ».

Si Dieu sait ceux qui iront au ciel et ceux qui iront en enfer- pourquoi évangéliser ? Après tout… [Hénoc]

Cher Hénoc, votre question est très proche, par le problème qu’elle soulève, de celle posée par Ebz et à laquelle il est répondu dans ce site juste avant la vôtre !

Dieu connaît effectivement ceux qui lui appartiennent, qui sont « citoyens des cieux ». Mais nous, nous ne les connaissons pas ! Ce qui nous garde d’ailleurs de juger qui que ce soit, puisque nos jugements ne sont qu’avant-derniers, et que le jugement dernier revient au Seigneur.

Evangéliser, c’est annoncer à ceux et celles que nous cotoyons que nous allons vers la mort mais que Dieu, en Jésus-Christ, veut nous mener de la mort à la vie, et qu’il nous faut donc « mourir à nous-mêmes » pour entrer dans cette vie nouvelle. Bien entendu, il y a bien des manières d’apporter ce message, en paroles comme en actes, je ne fais que tenter de le résumer. Toujours est-il que la foi, ce qui nous unit à Dieu, vient d’une parole entendue, reçue de la part de Dieu.

C’est ainsi que Dieu choisit de se faire connaître et de sauver. Par une proclamation de l’Evangile. Il peut tomber dans le vide, il peut au contraire être entendu, et germer dans le coeur de l’auditeur comme le grain dans la bonne terre. Nous ne sommes pas maîtres de son efficience. Dieu choisit néanmoins de se servir de nous, les disciples du Christ, son Eglise, pour le semer à travers le monde.

Si vous souhaitez aller plus loin sur ce sujet, je vous recommande la lecture de L’Evangélisation et la souveraineté de Dieu, un petit livre, déjà ancien mais réédité, de James Packer. Il y démontre que la souveraineté divine ne nous dépouille pas de nos responsabilités de témoins !

Quel est le sort de celui qui n’a jamais entendu parler de Jésus mais a vécu une vie incorruptible ? [Ebz]

La formulation de votre question sous-entend que pour être sauvé, il faut en principe avoir entendu parler de Jésus et -je complète !- avoir cru en lui, accepté sa mort expiatoire, ce qui n’est évidemment pas possible si l’Evangile nous reste inconnu. Vous vous demandez, en somme, si quelqu’un qui aurait vécu de façon parfaite pourrait ainsi se passer du pardon de Dieu en Christ et échapperait au jugement et à la condamnation..

Il me faut le dire en tout premier lieu : je ne pense pas qu’aucun être humain ait jamais vécu une vie « incorruptible », c’est à dire susceptible de n’être atteinte par aucune corruption de quelque nature qu’elle soit (spirituelle, morale…). La réalité du péché est universelle, relisez les deux premiers chapitres de l’épitre de Paul aux Romains à ce sujet. Et c’est bien pourquoi seule l’oeuvre du Christ, l’homme sans péché, premier-né d’une humanité nouvelle (c’est pourquoi Paul l’appelle le « nouvel Adam ») est décisive pour ce qui concerne notre salut éternel.

Je vais sans doute vous décevoir : le sort des personnes décédées sans avoir entendu parler de Jésus est l’affaire de Dieu seul. Certains estiment que ce sort est décrit par Jésus dans le jugement dernier décrit au ch.25 de l’Evangile selon Matthieu, en fonction de ce que chacun aura fait ou pas aux « plus petits d’entre ses frères ». Mais le contexte de l’Evangile de Matthieu ne permet guère d’exempter les disciples de Jésus de recevoir pour eux-mêmes aussi cette mise en garde ! Dans le cas contraire, nous rétablirions alors un nouveau régime du salut par les oeuvres. Or, insistons-y, cette voie est fermée à tout être humain, croyant ou pas : « il n’y a pas de juste, pas même un seul »… déplorait le prophète.

Il est des questions pour notre foi auxquelles nous ne pouvons pas répondre de façon théorique. De même que je ne peux pas expliquer la présence du mal dans la Création, injustifiable réalité, et que la seule réponse au mystère du mal est de lutter contre lui de toutes nos forces, de même la seule réponse à la question de la destinée de ceux qui ne connaissent pas la Bonne nouvelle de l’amour de Dieu, c’est de la leur faire connaître !

Les baptêmes des mormons et des témoins de Jehovah sont-ils reconnus comme valides ? Ils utilisent la formule au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. [Kanyr]

Pour répondre correctement à votre question, Kanyr, il me faudrait savoir ce que vous entendez par la « validité » d’un baptême, et qui est censé, selon vous, avoir autorité pour la reconnaître. Voulez-vous dire : un baptême qui fait de nous un authentique membre de l’Eglise, corps du Christ ? Qui nous unit à Jésus-Christ et nous assure du Salut ? (ce qui pousse par exemple les parents d’un nouveau-né non viable à le faire « ondoyer » in extremis). Dans tous les cas, je dois insister sur le fait que ce n’est pas le baptême en lui-même, quelle que soit sa forme, qui nous sauve et fait de nous un enfant de Dieu, mais la grâce de Dieu en Jésus-Christ reçue par la foi, grâce que le baptême nous atteste.

Dès lors, si c’est bien au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit qu’il nous est administré, comme Jésus l’a ordonné à ses disciples en Matthieu ch.28 v.20, nous n’avons pas, en principe, à juger de la qualité de celui ou celle qui l’administre. Et ce, même si les deux mouvements que vous citez se séparent de l’ensemble des Eglises par leur prétention à détenir seuls la vérité, ou en refusant le dogme de la Trinité comme c’est le cas des Témoins de Jéhovah.

Il me faut nuancer cependant ma réponse; à la personne qui se fait baptiser chez les Témoins de Jéhovah, les questions prévues par leur liturgie , dans la version la plus récente, sont :

  • T’es-​tu repenti de tes péchés et voué à Jéhovah, et as-​tu accepté le salut que Jéhovah offre par le moyen de Jésus Christ ?
  • Comprends-​tu qu’en te faisant baptiser, tu montres que tu deviens Témoin de Jéhovah et que tu fais maintenant partie de l’organisation de Jéhovah ?

La première question est légitime (ne chipotons pas sur le fait que le Seigneur soit appelé Jéhovah !), la deuxième beaucoup moins : le baptême scelle notre union et notre appartenance à Jésus-Christ, Fils de Dieu, et pas à une organisation humaine, même si elle se réclame de lui. Je comprendrais donc, personnellement, qu’une personne qui a été baptisée dans le cadre d’une assemblée des Témoins de Jéhovah et a quitté ce mouvement depuis pour rejoindre une Eglise chrétienne demande à recevoir le baptême dans son Eglise d’accueil. Sans en faire une obligation pour les raisons exprimées plus haut. A peu de choses près, le même raisonnement peut s’appliquer dans le cas d’un départ de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des derniers Jours.

Pourquoi Calvin a-t-il commenté tous les livres de la Bible- sauf l’Apocalypse ? [Pierre-Henry]

Calvin a renoncé à commenter ce livre du fait des difficultés particulières que pose son genre littéraire (regorgeant d’images, de symboles et autres codes), et plus généralement son interprétation. Ce serait de sa part une attitude de prudence, d’honnêteté intellectuelle, un refus de prendre le risque de trahir le message de l’Apocalypse en voulant le restituer. Martin Luther de son côté se méfiait carrément de ce livre (comme de l’épître de Jacques) et contestait sa place dans le canon des Ecritures, position radicale qui n’est pas celle du Réformateur français.

Une autre explication avancée à ce silence de Jean Calvin sur l’Apocalypse est qu’il a surtout appréhendé l’espérance chrétienne dans la perspective du Salut individuel et moins dans sa dimension cosmique, universelle.

Nous n’avons pas à avoir les scrupules de Jean Calvin ; si l’Apocalypse figure dans le Nouveau Testament, c’est que ce livre nous apporte un message décisif d’espérance centré sur Jésus-Christ ! Et non pas la simple annonce d’horreurs et de catastrophes historiques, voire cosmiques auquel une lecture superficielle -et l’opinion commune- tendent à le réduire.