Pour les protestants réformés, est-ce que Jésus offre son corps et son sang dans la Sainte Cène sous les signes du pain et du vin ? [Kanye]

La réponse est oui ! Mais il convient de l’expliciter. Pour les réformés, le pain et le vin restent d’un bout à l’autre pain et vin, à la différence de nos frères et soeurs catholiques qui confessent que les « espèces » (du latin species, apparence) que sont le pain et le vin deviennent réellement le corps et le sang du Christ. Donc peu importe pour les réformés ce que deviennent le pain et le vin après la communion, alors que dans l’Eglise catholique, une fois consacrés, ils doivent être soit consommés soit pieusement conservés.

Mais par la foi, et parce que le Christ est présent comme il l’a promis dans le don du Saint-Esprit, nous croyons que nous avons réellement part à ce que le pain et le vin nous représentent lorsque nous participons à la Sainte-Cène. Nous sommes unis à Jésus, à sa mort et à sa vie, aussi vrai que nous mangeons de ce pain, et que nous buvons de cette coupe. Et donc unis les uns aux autres qui mangeons de ce même pain et buvons à cette même coupe (ce qui reste vrai même si nous buvons dans des gobelets individuels pour éviter toute contagion).

Une remarque au sujet des récits bibliques d’institution de la Cène par Jésus. Quand il déclare « ceci est mon corps, faites ceci en mémoire de moi », le « ceci » ne renvoie pas au pain lui-même, mais au geste de la fraction du pain qui représente le don par le Christ de sa vie pour nous tous. Il faudrait traduire : « mon corps, c’est ceci » pour éviter l’ambigüité.

Quelle est la différence entre la vision de Calvin et Zwingli sur la Sainte Cène ? Sur cette question les attestants sont de quel bord ? [Kny]

Merci Kny de nous inviter à revoir nos classiques ! En effet, la question de la Cène a été centrale au 16e siècle, non seulement entre catholiques et protestants, mais au sein même de la Réforme. Luther confessait la présence réelle du Christ au moment où les paroles de Jésus sont rappelées (lors d’un débat avec Zwingli, il aurait commencé par écrire sur la table, dans la version latine : « ceci est mon corps ». Bonjour l’ambiance !). Pour Zwingli, Christ est au ciel depuis son ascension, il n’est plus sur la terre, donc le pain et la coupe sont des symboles, un mémorial. Il faut donc comprendre: « ceci représente mon corps ». Calvin, auteur d’un Petit Traité sur la Sainte-Cène, aurait peut-être pu réconcilier les deux positions. Pour résumer la sienne : « ceci présente mon corps ». Ce n’est que du pain, ce n’est que du vin, mais avec ces signes, et par l’Esprit Saint, le Seigneur nous atteste que nous avons réellement communication à son corps, son sang, en un mot à sa vie.
Jésus lui-même n’aurait -peut-être- pas compris grand chose aux débats philosophiques concernant la « substance » véritable des éléments de la Cène. Quand Jésus déclare « ceci est mon corps », ceci renvoie d’abord à la fraction du pain, plus qu’au pain lui-même (c’est à ce geste de la fraction du pain que les disciples d’Emmaüs l’ont reconnu, Luc 24,35). Puisqu’il ajoute « faites ceci en mémoire de moi. Il nous dit : mon corps, ma vie, c’est cela : un don partagé, offert pour vous, pour la multitude.
Quant à vous dire de quel bord sont les Attestants sur cette question… je n’en sais rien ! Peut-être de bords divers. L’essentiel est que nous discernions que le Seigneur est présent lorsqu’il nous invite à sa table, et qu’il a donné son corps et son sang pour nous.

La Sainte Cène doit-elle être donnée strictement par un leader ordonné (pasteur- diacre- évangeliste ou autre) ? [JBapt]

Rien dans le Nouveau Testament, et notamment dans les récits d’institution de ce repas, lorsque Jésus a célébré la Pâque avec ses disciples, ne permet de poser une telle condition. Dans l’Eglise protestante unie, par exemple en l’absence d’un pasteur ou autre ministre ordonné, un membre de l’Eglise locale peut être délégué pour présider le service de Sainte-Cène, pourvu qu’il le fasse correctement, en rappelant les paroles par lesquelles Jésus nous a ordonné de célébrer ainsi sa mort jusqu’à son retour. Sans oublier de demander l’aide du Saint-Esprit pour que nous discernions bien le sens de la Cène. On peut aussi imaginer que dans des situations particulières (de confinement par exemple !) la Cène soit célébrée en famille…

Ce n’est pas en vertu du ministère de celui ou celle qui nous les donne que le pain et le vin de la Cène nous attestent véritablement notre union au Christ. C’est par notre foi. Cette question fait débat avec nos frères et soeurs de l’Eglise catholique (pour laquelle il ne peut y avoir communion au corps du Christ si les éléments n’ont pas été consacrés par le prêtre). En tapant dans la case « search » le mot clef « Eglise », vous trouverez une réponse déjà donnée à cette question le 14 mars 2018, avec des pistes pour prolonger la réflexion.