Quelles différences théologiques / culturelles existe-t-il entre les Eglises réformées française et anglo-presbytériennes ? [David]

Il faut d’abord dire qu’il y a des ressemblances : toutes ces unions d’Églises s’inscrivent dans la tradition réformée ou presbytérienne, datant de la Réforme protestante du XVIème siècle, à la suite des écrits de Calvin, Zwingli, Bucer ou Knox notamment. Et elles sont organisées sur le même principe presbytérien synodal.

Mais il y a des différences, comme vous le mentionnez, d’ordre théologique et culturel.
Théologiquement certaines Églises sont plus conservatrices (évangéliques) et d’autres plus libérales. Même s’il faut se méfier des étiquettes trop rapidement apposées. Dans les Églises anglo-presbytériennes, la référence à la Confession de foi de Westminster (1647) est une élément important, ce qui est rarement le cas en France.

Au delà de sa théologie, une Église est influencée par la culture dans laquelle elle sert. Par exemple :
– En France le temps du désert et des persécutions ont très fortement influencé les Églises réformées. Ce qui fait que l’adage pour vivre heureux vivons caché est souvent un réflexe premier dans ces Églises. Même si cela change.
– Les pays anglo-saxons ont un fonctionnement plus décentralisé, moins jacobin que la France. De ce fait on retrouve cela dans l’organisation de leurs unions d’Églises. Au niveau de l’Assemblée Générale (équivalent d’un Synode national ou général), il est laissé plus de place à l’initiative des Églises locales et des Consistoires pour la détermination des sujets qui seront abordés. 

Il faut noter que culturellement et théologiquement il y a aussi des différences entres les Églises réformées en France et en francophonie. 

Mais au delà de ces différences et ressemblances, la vraie question à se poser est de savoir si l’union d’Églises à laquelle j’appartiens est fidèle ou non à sa mission donnée par Jésus-Christ ; si oui alors comment continuer ? et si non, que faut-il réformer ?

Une interprétation intéressante : Moïse ne peut pas entrer dans la terre promise (Deut 32) car il incarne la loi et la loi ne peut pas nous sauver ? [Caen]

Je ne connaissais pas cette interprétation ,qui a le mérite de l’originalité, je trouve. Je reste un peu mal à l’aise avec l’expression «  Moïse incarne la loi ». Je ne pense pas trouver cela dans la Bible. Si la loi, en tant qu’expression de la parole de Dieu, a été incarnée par quelqu’un c’est par Jésus-Christ, qui l’a même accomplie. En cela il nous a délivrés de la malédiction que la loi représentait comme faux moyen d’être sauvé. Dieu seul nous sauve en effet. Pour ma part, ce que nous dit la Bible au sujet de la raison pour laquelle Moïse n’a pas pu entrer en terre promise (Nombre 20. 1-13 ; 27.14) me suffit comme explication.

Croyez-vous en la « révélation progressive » ? Par exemple- une progression de la violence de l’Ancien Testament en 1 Chron 22-9 jusqu’à la déclaration de Jésus dans Matt 5-9 [Luc]

Parler de révélation progressive de Dieu, notamment à travers l’histoire du peuple d’Israël, semble juste, si on considère le simple fait que la rédaction des écrits bibliques s’étale sur plus d’un millénaire !

Vous évoquez à ce sujet la question délicate de la violence dans le Premier Testament. En effet, on peut s’étonner, voire être choqué, entre autres, par certains ordres donnés par Dieu ou en son nom : dans les récits de la conquête de la terre Promise (voir le ch. 6 de Josué par exemple, et l’anéantissement des populations de Canaan) ou encore de l’idolâtrie d’Israël au désert (Exode 35,25-29). Il s’agit pour les auteurs d’insister sur le rejet absolu du mal, que Dieu a en horreur. Israël, peuple mis à part pour manifester la sainteté de Dieu, ne doit rien laisser subsister en son sein, et autour de lui, qui pourrait y porter atteinte. On peut évoquer aussi certaines imprécations dans les psaumes, mais là, elles expriment souvent la souffrance et la colère du croyant opprimé, persécuté, qui appelle au secours, demande justice et délivrance (voir par exemple le dernier verset du Psaume 137).

Il faut y insister cependant : dès les origines, Dieu se manifeste comme celui qui ultimement fait grâce. Comme le dit un autre  Psaume (117), la bonté du Seigneur pour nous est la plus forte (et sa « colère », ajouterais-je, n’est que l’expression de son amour blessé). Moïse, en intercédant pour Israël, a pu « fléchir » le Seigneur et l’amener à renoncer à anéantir le peuple rebelle. La violence n’est pas le dernier mot de Dieu. A la croix de Jésus-Christ, Dieu prend sur lui la conséquence de notre péché et de notre idolâtrie. Désormais, ce n’est plus contre des hommes que nous avons à lutter. Le combat est à l’intérieur de nous-mêmes, de nature spirituelle. Nos armes : l’amour, le pardon. Notre victoire : la paix et la réconciliation.

Mon entreprise travaille en partie dans un secteur immoral (commerce des armes- contrats militaires). En tant que chrétien- devrais-je démissionner et travailler ailleurs ? [Stephane]

Je ne suis pas très à l’aise avec l’idée de vous dire ce que vous devez faire, Stéphane. Que vous dit votre conscience, quand vous priez et que vous soumettez votre situation professionnelle au Seigneur ? Le texte biblique me semble clair quant au fait qu’il faut refuser la violence sous tous ces aspects. Maintenant, je ne peux pas prendre la place de Dieu dans ce qu’il convient de vous faire choisir. Si, au fur et à mesure que vous poursuivez votre chemin dans cette entreprise, vous sentez le malaise grandir (car je pense qu’il est déjà un peu là, sinon vous ne poseriez pas la question), je crois qu’il vous faudra vraiment vous poser la question dans la prière et sous le seul regard du Seigneur.

Un gnostique est-il un chrétien ? [NewDeli]

Un gnostique est une personne qui pense qu’elle peut avoir accès à Dieu par sa connaissance, sa propre initiation.
Mais la révélation chrétienne n’est pas due à une quelconque connaissance, si ce n’est celle de Jésus. Et le Christ ne se donne pas d’abord à connaître mais à recevoir, à croire comme le dit par exemple l’évangile selon Jean (3,16 ou 11,25).
La question pour un chrétien est d’avoir une relation de foi avec le Christ. Cette relation mène à Dieu. Dans ce même évangile Jésus dit : « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (14,6).
En ce sens un gnostique n’est pas chrétien.

Pourquoi Dieu permet-il à certains chrétiens de mourir jeunes ? [Madeleine]

Hélas, nous n’avons pas de réponse à cette question, et c’est ce qui est le plus insupportable. Je ne sais pas quoi vous dire, si ce n’est vous poser une autre question : est-ce parce qu’une vie a été courte qu’elle a été vaine ? Je ne le pense pas, y compris pour ceux qui ont côtoyé cette personne, malgré leur peine de l’avoir perdu. Toute vie a de la valeur aux yeux de Dieu et en Christ il s’est engagé pour que la mort n’ait pas le dernier mot. Et dans la foi, nous croyons que la Vie en Dieu ne s’arrête pas avec notre mort, quelle que soit l’âge auquel celle-ci survient.

Je vous invite à lire aussi sur un sujet très proche la réponse de l’un de mes collègues sur ce même site ici : http://1001questions.fr/pourquoi-la-maladie-frappe-t-elle-certaines-personnes-anais/

Certains disent que le pentecôtisme est une secte. Qu’en dites-vous ? [Valentina]

Le pentecôtisme n’est ni plus ni moins une secte que d’autres courants du christianisme, ou plus largement religieux ou politiques ! Le Christianisme lui-même a été compris à l’origine comme étant une secte du judaïsme, et les protestants au moment de la Réforme comme une secte du catholicisme.

Le mot secte a une origine latine qui signifie « se couper de » (la même que le mot sécateur). Le sectaire est donc souvent celui qui se sépare de moi… Et c’est un qualificatif facile à utiliser pour décrédibiliser l’autre plutôt que d’admettre sa différence. Si un groupe se sépare de la communauté humaine au milieu de laquelle il vit, on le qualifie de secte, et un critère important est de savoir si un tel groupe laisse ceux qui en font partie libres de le quitter ou pas. Mais malheureusement des groupes sectaires on en trouve dans toutes les communautés humaines, je le redis…

Dieu est amour (1 Jean 4: 8). Est-ce un attribut de Dieu ou son essence ? Comment pouvons-nous concilier cela avec l’ordre violent de Dieu dans l’Ancien Testament ? [Jacques]

Je ne pense pas que l’on puisse qualifier uniquement de violent l’ordre de Dieu dans l’Ancien Testament, même si indéniablement il peut l’être et sur ce sujet qui à lui seul mérite un développement je vous invite à lire un article très éclairant d’une de mes consœurs ici : https://regardsprotestants.com/bible-theologie/le-dieu-de-lancien-testament-est-il-violent/

Pour répondre  votre question, elle note que la violence de Dieu peut aussi être comprise comme une pédagogie vis à vis de son peuple à un moment de l’histoire biblique, et dans les catégories de l’histoire qui a porté la rédaction de ces textes. Mais est-ce qu’un parent qui se précipiterait pour gronder son enfant qui approche sa main de la flamme ne l’aimerait pas ? En tout cas le Nouveau Testament dans son ensemble affirme que Dieu est amour, et qu’il s’agit bien là de son essence. Je vous invite en particulier à aller (re)lire la 1ere épître de Jean (en entier, et par exemple 1 Jean 4, 8).

La souveraineté de Dieu signifie-t-il qu’il contrôle toute chose ? Rien ne se passe contre sa volonté ? [Jacques

Et bien oui… et non ! Oui, je crois que Dieu PEUT contrôler toute chose, mais la Bible nous montre aussi un Dieu qui ne VEUT pas tout contrôler car par amour il a décidé de laisse l’humain libre de ses choix (cf. le récit du tout début du livre de la Genèse, chap 2-3). Si Dieu contrôle tout et que rien ne se passe contre sa volonté, cela signifierait alors que nous ne serions que des marionnettes.

Au lieu de cela, on découvre dans les évangiles qu’en Jésus-Christ a choisi de subir et de traverser l’injustice, la violence, le mal, la mort, pour manifester que pour Lui ils n’ont pas le dernier mot et que pour nous une autre voie est possible que celle de la condamnation.

Aucune femme n’a jamais voulu être ma compagne. Est-ce que Dieu peut m’appeler à une vie de célibat ? (Matt 19:12- 1 Cor 7:8) [Jacky]

J’entends deux choses dans ce que vous me dites. D’abord le constat que vous n’avez pas de compagne et à côté une interrogation quant au projet de Dieu sur votre vie.

Comment vivez-vous votre célibat ? Le constat que vous faites est-il douloureux pour vous ? Si tel est le cas, je ne sais pas si il est prudent de conclure tout de suite que Dieu veut que vous meniez une vie de célibat. Les textes auxquels vous faites référence parlent de personnes qui ont choisi la voie du célibat pour Dieu. Paul particulièrement, considérait son célibat comme le meilleur moyen d’être entièrement consacré à sa tâche d’apôtre. Mais je ne saurai tirer de cette situation particulière une généralité. Vous sentez-vous appelé par Dieu à un ministère et, pour ce faire, à renoncer à une vie de couple et de famille ? Posez cela dans la prière, parles-en avec un pasteur ou une personne croyante en qui vous avez confiance, pour regarder paisiblement ce qui apparaît pour vous.