Peut-on « faire du business » dans l’Eglise ? (monnayer ses dons et talents pour en tirer un profit personnel) [Nico]

Non. L’épisode dit de la purification du temple nous donne à voir ce que pense Jésus de pratiques visant à profiter d’une situation offerte par les lois du temple pour en tirer un avantage financier. Cela est d’autant plus clair que ce passage se trouve dans les quatre évangiles (Matthieu 21 ; Marc 11 ; Luc 19 ; Jean 2). En réalité, à travers toute la bible la course au profit est dénoncée, en particulier quand elle touche à l’exploitation de l’humain (Actes 16), où quand elle éloigne les cœurs de Dieu (Ps 48 ; Mt 6,24) 

Maintenant, certaines personnes sont amenées à mettre leurs dons au service de L’Église contre une rémunération, à commencer par les pasteurs. Qu’une Église embauche une personne qu’elle a sollicitée pour assurer le bon déroulement de tel ou telle activité qui demande du temps et de l’investissement, ça a du sens. Ce procédé est alors publiquement reconnu et béni par les autorités de l’Église. Dans ce cas, l’argent reste un moyen par lequel des activités sont réalisables. Et non une fin, que des activités permettraient d’atteindre. 

La bonne nouvelle, c’est que Christ donne fidèlement les moyens de réaliser ses projets.

Jean-Baptiste était-il précurseur de la culture d’austérité protestante- lorsque parallèlement la Bible condamne l’ascèse (Colossiens 2,16-20; 1 Timothée 4-3)? [Dan]

Attention, Dan, à ne pas mélanger des notions différentes. L’ascèse est une discipline personnelle visant à maîtriser et conduire au mieux sa vie, et l’apôtre Paul la pratique d’une certaine manière en écrivant en 1 Corinthiens 9,27 : « je traite durement mon corps » (comme l’athlète qui suit un régime, un entraînement, dans le but d’améliorer ses performances). Mais ce n’est pas par mépris du corps, comme chez certains philosophes grecs (notamment stoïciens) qui n’y voyaient que l’enveloppe, voire la prison de l’âme). Paul veut plutôt mettre son corps (sa vie, ses forces) au service du Seigneur et de la mission qu’il lui a confiée. C’est peut-être là une des sources de la fameuse « austérité protestante » : l’amour de Dieu et son Salut gratuit me rendent responsable de le glorifier par toute ma vie, notamment par mon travail. Plutôt que le régime frugal de Jean-Baptiste (év. de Marc 1,6) imposé par le fait qu’il vivait au désert, mais qui était surtout un signe donné à ses contemporains pour qu’ils changent de vie, et se préparent à accueillir le Sauveur.

Ce que Paul vise dans les passages que vous citez, ce n’est pas cette discipline, mais un certain légalisme religieux qui impose des privations, des règles alimentaires, (voire le renoncement au mariage !), et prétend qu’en leur obéissant on se rapproche de Dieu. Tout ce que Dieu a créé est bon ! Rappelle Paul à Timothée (1 Tim 4,4). Et l’important, c’est la foi en Christ (Col 2,19).

J’aimerais en savoir plus sur l’héritage que Dieu me donne. Comment faire ? Qu’est ce que l’héritage dont parle la Bible ? [Eva]

Le mot « héritage » évoque l’idée d’un leg qu’un parent transmet à ses enfants. Ils reçoivent ses biens de plein droit, de par leur lien filial, même s’ils ne les ont pas acquis eux-mêmes par leur travail ou leurs ressources propres. Dans le premier Testament, ce terme d’héritage évoque pour les hébreux la terre que Dieu a promise à leur ancêtre Abraham, et où ils sont entrés au terme du séjour au désert qui suivit l’Exode. Notre terre promise, dont ce pays de Canaan est la préfiguration, c’est le Royaume de Dieu, et la vie nouvelle et éternelle dans laquelle nous entrons dès aujourd’hui par la foi, et qui sera pleinement nôtre par la Résurrection. Ce bien le plus précieux nous est donné par la Parole d’adoption que Dieu a prononcée sur nous, par Jésus-Christ : « tu es mon enfant » (et donc rien ne pourra te séparer de moi, le Dieu vivant). L’apôtre Pierre évoque ce cadeau inaliénable et indestructible au chapitre 1er de sa première Epitre (voir aussi Romains 8,17). Promesse à relire fréquemment ! Elle nous rappelle que nous sommes quand même de gros veinards…

Certaines recherches indiquent que les films/jeux violents peuvent désensibiliser les gens. Les chrétiens devraient-ils éviter ou même préconiser la censure ? [Maurice]

Voilà ce que dit Jésus demande au Père en ce qui concerne leur relation à la société qui les environne. Ainsi : « Je ne fais pas la demande que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du mal. Ils ne sont pas du monde, comme moi, je ne suis pas du monde. Sanctifie-les par la vérité ! ta Parole est [la] vérité. » Jean 17/15-17.
Ainsi, le chrétien ne doit pas fuir le monde, les jeux et films qui s’y trouvent, mais y vivre selon Dieu qui renouvelle l’intelligence (Romains 12/2). A nous, donc de demander à Dieu de nous éclairer sur l’attitude que nous devons avoir face aux différents supports qui nous sont donnés. Je crois que nous pouvons commencer par nous interroger sur nos motivations. Si je joue à un jeu violent pour le sentiment de puissance que cela me donne, je peux probablement en conclure que cette activité n’est pas à la gloire de Dieu. Si je regarde un film violent pour comprendre la société dans laquelle je vis et la souffrance de mes contemporains afin de pouvoir leur annoncer l’Évangile, les choses se posent en des termes différents. Notre sensibilité particulière est aussi à prendre en compte : suis-je un nouveau chrétien, capable de me laisser entraîner par les valeurs que les supports transmettent ? Ou suis-je un chrétien affermi capable du recul nécessaire ?

La musique peut-elle parfois être diabolique ? Les beats lourds- les guitares électriques déformées et les paroles négatives de musique rock et pop me font me sentir déprimé- lourd et anxieux. [Harris]

La musique, mais finalement les autres domaines artistiques également, est habitée par ce qu’on y met. L’auteur ou l’interprète a un message et/ou une émotion à transmettre. Nous chrétiens avons une série d’exemple très concrets à travers le livre des psaumes dans lequel les auteurs font monter vers Dieu leur joie, leur émerveillement, mais aussi leur tristesse, leur souffrance, leur colère. C’est pourquoi ce livre nous montre que l’homme et la femme peuvent se tourner vers Dieu en toute circonstance, et par des formes variées. 

Maintenant il est vrai que certains artistes clament haut et fort des louanges à l’ennemi du Christ. Ou encore font l’apologie de la mort, de la rébellion, de la violence etc.. ce qui, loin d’être un simple exutoire, vient nourrir les passions totalement décalées de leurs auditeurs.

Les instruments utilisés ont une importance secondaire, on peut trouver des chants de louange adressés à Christ qui sont à l’orgue comme à la guitare électrique, la diversité esthétique peut être une belle richesse. Mais encore une fois, c’est ce qui est déposé dans l’œuvre qui importe.

C’est quoi le Royaume de Dieu ? Un état spirituel ? L’Evangile ? L’Eglise ? Le paradis/vie après le mort ? [Agathe]

Le Royaume de Dieu (ou Royaume des cieux, expression que l’on retrouve dans les Evangiles et qui a le même sens) désigne l’état des choses qui advient, lorsque c’est Dieu qui règne (et non pas le mal, et non pas les puissances de destruction, de division, de haine, de mort, etc). Le Royaume est là, ou proche, lorsque tout est conforme à la volonté, au projet du Seigneur. Jésus peut ainsi parler du Royaume de Dieu comme une réalité présente, « en nous », ou qui s’approche, lorsque des êtres humains laissent entrer Dieu dans leur vie, se laissent changer par son Esprit. Par l’obéissance et la communion totale de Jésus-Christ avec le Père, le Royaume a fait irruption en notre monde. Il n’est pas totalement instauré, il le sera lorsque le dernier ennemi -la mort- sera vaincu, à la résurrection. Mais dès à présent, nous pouvons en discerner et en poser des signes.

Pourquoi Dieu préférait Jacob à Esaü ? Je comprends que Dieu pardonne à Jacob tous ses terribles péchés- mais pourquoi haïr Esaü ? En échangeant son héritage contre de la soupe ? [Aurélie]

Certaines expressions propres à l’hébreu (les « sémitismes ») ne doivent pas nous tromper. Il faut traduire Malachie 1,3, « j’ai aimé Jacob et j’ai haï Esaü », texte auquel vous faites allusion, par : j’ai préféré Jacob à Esaü. Dieu choisit ainsi qui il veut, et Paul prend cet exemple dans l’épître aux Romains (ch.9) pour illustrer sa totale liberté, son absolue souveraineté. Le message est : Dieu ne nous doit rien, tout nous est donné par grâce. Ses critères ne sont pas les nôtres. Jacob n’était certainement pas « meilleur » que son aîné, comme vous le relevez vous-même ; constatons simplement qu’il tenait particulièrement à recevoir la bénédiction qui selon l’ordre « normal » des choses, était réservée à Esaü. Il s’est même « battu » avec Dieu pour la lui arracher, comme le montre l’extraordinaire récit de son combat nocturne en Genèse 32. C’est le combat de la confiance, de la foi.