Certaines recherches indiquent que les films/jeux violents peuvent désensibiliser les gens. Les chrétiens devraient-ils éviter ou même préconiser la censure ? [Maurice]

Voilà ce que dit Jésus demande au Père en ce qui concerne leur relation à la société qui les environne. Ainsi : « Je ne fais pas la demande que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du mal. Ils ne sont pas du monde, comme moi, je ne suis pas du monde. Sanctifie-les par la vérité ! ta Parole est [la] vérité. » Jean 17/15-17.
Ainsi, le chrétien ne doit pas fuir le monde, les jeux et films qui s’y trouvent, mais y vivre selon Dieu qui renouvelle l’intelligence (Romains 12/2). A nous, donc de demander à Dieu de nous éclairer sur l’attitude que nous devons avoir face aux différents supports qui nous sont donnés. Je crois que nous pouvons commencer par nous interroger sur nos motivations. Si je joue à un jeu violent pour le sentiment de puissance que cela me donne, je peux probablement en conclure que cette activité n’est pas à la gloire de Dieu. Si je regarde un film violent pour comprendre la société dans laquelle je vis et la souffrance de mes contemporains afin de pouvoir leur annoncer l’Évangile, les choses se posent en des termes différents. Notre sensibilité particulière est aussi à prendre en compte : suis-je un nouveau chrétien, capable de me laisser entraîner par les valeurs que les supports transmettent ? Ou suis-je un chrétien affermi capable du recul nécessaire ?

Comment savoir que Dieu a répondu à votre prière pour accepter une demande de copinage ? Je ne le faisais pas- je l’ai fait cette fois et je crois que ça s’est retourné contre moi. [11eEtoile]

Je ne comprends  la difficulté précise que vous rencontrez. Cependant, je suis certaine que lorsqu’on confie, dans la prière, quelque chose à Dieu en Christ, il s’en occupe. Parfois, il refuse de nous donner ce que nous lui demandons, parfois, il nous demande d’attendre, parfois il nous donne ce que nous lui avions demandé selon sa volonté, parfois surprenante. Il répond à nos prière tel le bon Père qu’il est, par amour, pour notre bien. Ainsi, je suis certaine que Dieu vous a répondu. Il est possible que sa réponse ne vous convienne pas ou qu’il vous ait refusé ce que vous lui aviez demandé. Votre problème est en tous cas à la bonne place, entre les mains du Père. Il ne laissera jamais ce que vous lui aviez confié se retourner contre vous. Peut-être avez-vous simplement besoin de lui demander le discernement nécessaire pour reconnaître ce qui vient de lui ?
« Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées en Jésus-Christ ». Philippiens 4/6-7.
 » Demandez, et l’on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l’on vous ouvrira.Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe. Lequel de vous donnera une pierre à son fils, s’il lui demande du pain? Ou, s’il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent? Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent. » Matthieu 7/7-11

Qu’est-ce que le Royaume de Dieu, un état spirituel ? L’Evangile ? L’Eglise ? Le paradis/vie après le mort ? [Agathe]

Votre question Agathe aborde un sujet très important. L’expression traduite dans le Nouveau Testament par « Royaume de Dieu » pourrait être également traduite par « Règne de Dieu ». Cette autre traduction possible de la même expression est moins abstraite que « Royaume ». Le règne de Dieu, c’est quand l’autorité de Dieu s’exerce sur notre vie, quand sa Parole nous guide et nous conduit à la place d’autres souverainetés mauvaises et destructrices. Le plus important dans un royaume ou un règne, c’est le roi. Les Evangiles que tu mentionnes nous montre par la vie de Jésus, quel genre de roi est Dieu. Ni un tyran, Ni un roi qui fait payer des impôts comme les rois humains, mais au contraire un roi qui libère qui donne et se donne. Le royaume de Dieu ou son règne, c’est le règne du pardon, de l’amour, de la justice et de la paix. Sur la croix, Jésus porte une couronne d’épines et l’écriteau annonce le motif de sa condamnation : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs ». En Hébreu le mot « roi » et le mot « berger » sont un seul et même mot. Le règne de Dieu, c’est chaque fois que nous nous laissons, comme des brebis, conduire, nourrir, défendre par notre berger. Je vous suggère de lire attentivement le Psaume 23 puis la parabole de Jean 10. Le Royaume de Dieu, pour reprendre Agathe vos expressions, est donc une réalité spirituelle et très concrète en même temps. L’église n’est pas le Royaume de Dieu, mais elle existe pour l’annoncer et en témoigner. C’est pendant notre vie sur terre que le règne de Dieu doit être recherché, car c’est sur cette terre que ce règne est contesté et caché par toutes sortes de mensonges et de convoitises qui veulent nous gouverner. Au delà de cette vie, ce Royaume sera incontesté. Je vous rappelle que Jésus nous a demandé de prier : « que ton règne vienne sur la terre comme au ciel »

Lors du retour du Seigneur- la terre sera-t-elle régénérée ou bien complètement détruite- puis remplacée par la Jérusalem céleste ? [Joël]

Certains passages de l’Ecriture abordant la fin des temps décrivent une sorte de destruction totale, effectivement, comme dans la 2e lettre de Pierre, au chapitre 3, qui rappelle le précédent du déluge. Mais ce qui disparaîtra, est-il précisé au v.10, ce sont les éléments célestes (les astres etc), qui désignent, dans ce langage codé qu’est le style dit « apocalyptique », l’ordre actuel du monde. Les astres y figurent les puissances spirituelles qui prétendent le régenter à la place de Dieu (comparer Marc 13,24-25). La terre et ce qu’elle contient sera, pour sa part, jugée, toujours selon le même verset. Ce passage de l’épître se termine par le célèbre « nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habitera », au v.13. L’adjectif utilisé dans le texte grec original pour « nouveau » est kainos, ce qui est « renouvelé », et non neos, ce qui est neuf, au sens d’inédit. Autrement dit, ce n’est pas un autre monde que le Seigneur prépare par son règne à venir, c’est ce monde abîmé, blessé, en souffrance, marqué par le mal et la mort, mais qu’il vient totalement relever, purifier, transformer, délivrer… Le jugement du monde ancien est intervenu à Golgotha, à la mort de Jésus (ce que signifient les ténèbres qui ont régné à ce moment-là, voir Matthieu 27,45) et la nouvelle création a commencé le 3e jour après, au matin de sa Résurrection.

Votre question en tout cas est très pertinente, et sa réponse a des conséquences pratiques très importantes. Car si ce monde où nous vivons était déclaré irrémédiablement perdu, la tentation des croyants pourrait être grande de s’en désintéresser, de se désinvestir de la préparation du règne de Dieu dans tous les domaines : social, économique, politique, écologique, etc…. et de se replier dans une « bulle spirituelle », un peu comme Jonas, à l’abri de son arbuste, attendant la destruction de Ninive !

Je suis victime d’un amour non partagé. La douleur du rejet est accablante. Que fais-je ? Puis-je prier pour que la personne m’aime ? Jésus n’a jamais aimé une femme- alors peut-il comprendre le rejet ? [Louis]

Je veux avant tout, Louis, vous témoigner ma compassion devant votre souffrance. Un amour non partagé est une grande source de douleur et d’incompréhension. Je ne crois cependant pas que ce serait un bon conseil de vous encourager à prier Dieu pour qu’il change le cœur de la personne que vous aimez. Peut-être vaut-il mieux que cette question ne soit plus, entre vous et cette personne, seul sujet qui habite votre relation. Enfin, je crois vraiment qu’en Jésus-Christ, Dieu peut vous comprendre. En effet, qu’est-ce donc que la venue de Jésus Christ parmi nous sinon l’expression de son amour pour nous ? Qu’est-ce que la condamnation, la mise à mort de Jésus, sinon le rejet de cet amour donné par Dieu ? Qu’est-ce que la résurrection du Christ sinon l’expression que Dieu est capable de passer par dessus tous les rejets ?

Est-t-il possible de pardonner quelqu’un sans pourvoir oublier ce qui m’a fait de mal ? [Pacôme]

Je ne crois pas que pardonner signifie oublier ce que quelqu’un m’a fait. Pardonner c’est ne plus laisser les sentiments de rancœurs, de colère, de révolte voire de haine, agir dans ma relation avec la personne. C’est même en ayant clairement conscience du mal qu’elle m’a fait, et si possible en lui en faisant prendre conscience à elle aussi, que je pourrai témoigner à cette personne mon pardon en ne cherchant pas à lui rendre le mal pour le mal.

Pourquoi certains athées semblent-ils attentionnés (du moins superficiellement- même s’ils manquent d’une compassion sincère et désintéressée) lorsqu’ils n’ont pas d’amour pour Dieu ? [Olivier]

L’attention, la bonne volonté, même le désintérêt et la sincérité ne sont pas l’apanage des chrétiens ! Ce n’est pas à la manière d’agir que l’on reconnaît que quelqu’un appartient à Christ mais aux raisons qui le poussent à la faire, et aux situations dans lesquelles il est amené à agir ainsi. Si nous essayons de ne pas rendre le mal pour le mal, ce n’est pas parce que « c’est bien », mais parce qu’ainsi nous témoignons de notre appartenance à celui-là seul qui peut en fait nous donner la force de le faire. Et si des non chrétiens y arrivent, je crois que c’est parce que Dieu les y aide, sans qu’ils en aient conscience pour l’instant.

Pourquoi l’aile droite / ultra-conservateurs comme Le Pen détestent-ils le protestantisme ? [Tasmanian]

L’extrême droite en France est une nébuleuse qu’il est difficile de définir de façon unilatérale. Il y a des protestants dont les idées politiques les classent à l’extrême droite. Une frange de l’extrême droite française, catholique traditionaliste, n’a jamais accepté l’idée de Réforme du catholicisme. Dès lors, dans certains milieux, les Juifs, les Francs-Maçons et les Protestants (entre autres) sont à l’origine de tous les maux. Mais il y a aussi des militants d’extrême droite, sensibles à une idéologie païenne proche de celle de certains nazis, qui rejettent le christianisme dans son ensemble, comme étant une émanation du judaïsme et du monothéisme qui, selon eux, serait contraire aux racines de la France… Sans commentaire.

Je suis chrétien catholique, mais je fréquente une demoiselle Témoin de Jéhovah, tout en sachant que les Témoins de Jéhovah ne se marient qu’entre les personnes de même religion qu’eux, que dois-je faire ? [Emmanuel]

Ce que vous devez faire, c’est vous préparer à ce que les choses ne soient pas simples.

Mais l’amour est puissant, surtout quand le sentiment amoureux est porté par l’Amour plus grand encore qui est celui de Dieu le Père pour ce monde, manifesté en Jésus-Christ (relire Jean 3:16 et 1 Corinthiens 13).

Alors si le Seigneur vous donne le top départ, aimez celle qui deviendra votre épouse, en sachant que ça ne sera pas facile, que vous aurez beaucoup de choses à lâcher, à perdre, mais que c’est la condition du serviteur après Christ. Cela n’ira pas de soi vis-à-vis des familles, vis-à-vis des amis.
Mais ça, vous le savez.

L’Amour ne périt jamais

Si la Bible traite d’absolus moraux- cela signifie-t-il que l’idée d’une éthique situationnelle est non chrétienne? L’impératif catégorique de Kant est-il plus chrétien ? [Raphaël]

Pour ma part, je ne reçois pas les enseignements bibliques comme des absolus moraux du type « impératif catégorique ». Les enseignements bibliques relèvent de l’appartenance de l’être humain à Dieu et du témoignage rendu à cette appartenance. Dès lors, quand, par exemple, Jésus rencontre le jeune homme riche et lui dit de vendre tous ses biens, de les donner aux pauvres et de le suivre, il le fait bien plus parce qu’il sait que c’est ce qu’il faut à cet homme-là pour le libérer du poids que la richesse prend dans sa vie et qui l’empêche de s’ouvrir vraiment à Dieu, plus que parce que « être pauvre, c’est bien ». Au nom de notre foi en l’Incarnation de Dieu en Jésus-Christ, nous ne pouvons, comme chrétien que développer une éthique en situation, orientée par la volonté de Dieu qui elle est absolue (son amour est absolu, sa haine de tout ce qui nous sépare de lui est absolue, etc.)