Vous faites sans doute référence, Robert, à la demande de Pierre à Jésus de marcher lui aussi sur l’eau, lorsque les disciples ont vu le Christ rejoindre leur barque battue par les flots. Seul Matthieu l’évoque. Marc et Jean ne mentionnent pas cet élément dans leur récit de l’épisode. Il me semble important de voir que les disciples étaient alors effrayés et ont cru voir un fantôme. Or, il ne faut pas faire confiance à un fantôme, ni à qui que ce soit qui prétend être Jésus (voyez Matthieu 24. 5) ! La demande de Pierre me semble aller dans le même sens que celle de Gédéon lorsque l’ange est venu le rencontrer (Juges 6. 17-18). Il ne s’agit pas d’incrédulité, mais de s’assurer que l’on n’est pas sujet à une illusion.
Catégorie : Bible
Puis-je faire partie des franc-maçons ? [Julia]
Chère Julia, je crois que je ne serais pas à ma place si je me mettais à dire aux gens ce qu’ils ont à faire ou pas. Je vous livre simplement cette réflexion: L’accès à la franc-maçonnerie et la progression dans cet ordre, quelles que soient les intentions de ce mouvement, procède de ce que l’on appelle une initiation : il y a des choses que les gens « extérieurs » à la franc-maçonnerie ne doivent pas savoir et qui sont réservées à ceux qui y entrent ou en font partie. C’est précisément le mouvement contraire qui caractérise le christianisme : il faut faire sa voir ce que Dieu a révélé à tous les humains en Jésus-Christ. Les chrétiens bénéficient d’une révélation qui ne leur est pas réservée mais qui est une vérité à partager. Il n’est jamais fait d’enquête à votre sujet quand vous faites votre catéchisme chrétien. C’est vous qui découvrez si le message et la personne de Jésus font écho dans votre vie (c’est le sens étymologique du mot catéchisme).
Que penser de la profusion des témoignages- depuis des siècles- sur l’apparition de la vierge Marie ? Que doit-on penser des faits historiques sur lesquels reposent ces témoignages ? [Benn]
Dieu est souverain. Il lui est possible de se révéler à des êtres humains de toutes cultures, de toutes traditions, et donc même à des personnes pétries de culture catholique, pour qui la vierge est une figure centrale. Cela ne me semble pas vouloir dire que Marie soit toujours vivante, car je ne lis nulle part dans la Bible qu’elle soit ressuscitée. Lorsque l’officier romain Corneille a eu la vision d’un ange de Dieu, il ne s’est pas mis a adorer cet ange ou à lui rendre un culte. Il a obéit à ce qu’il entendait car il a compris que cette vision venait de Dieu. On ne nous dit rien de la forme que cet ange avait pour Corneille. Dans le même ordre d’idée, à la Pentecôte, l’Esprit de Dieu a permis aux apôtres de parler dans des langues qu’ils ne connaissaient pas, car Dieu est souverain sur toutes les langues humaines, il n’y en a pas une qui soit plus divine qu’une autre.
Dans Jean 3:16 est-ce que « le monde » veut dire tout le monde ou juste les élus / prédestinés ? [Claude]
Je crois bien que cela veut dire tout le monde. Si je reprends tout le verset : « En effet, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle », je comprends que l’amour de Dieu concerne tout le monde, mais que tout le monde ne le reçoit pas. Pour ne pas périr et avoir la vie éternelle, il faut croire dans le Fils unique, Jésus-Christ. Dire que Dieu aime le monde, tout le monde, ne veut pas dire que tout le monde est sauvé, juste comme ça. La foi, réponse au don gratuit de réconciliation que Dieu nous fait en Jésus-Christ, ouvre au salut.
J’ai entendu cela récemment. Est-ce un bon résumé de l’Evangile ? « Il a fallu la crèche pour amener Dieu à l’homme mais la croix pour élever l’homme à Dieu. » [Anonyme]
Je ne pense pas, même si le mouvement de ce texte est assez beau, à mon point de vue. Mais le résumé de l’Évangile, c’est que c’est Dieu (et lui seul) qui est venu jusqu’à nous, comme un homme, en Jésus-Christ (donc depuis sa naissance jusqu’à sa mort et sa résurrection, en passant par son ministère) pour rétablir, entre Lui et nous, la relation brisée par le péché. Je ne veux pas oublier la résurrection du Christ, car c’est elle qui valide le pardon de Dieu (I Corinthiens 15. 17). En fait, pour essayer de reprendre les termes de la phrase que vous citez, je dirais plutôt : « Il a fallu Jésus-Christ pour amener Dieu à l’homme et pour élever l’homme à Dieu. »
1 Chroniques 22: 8 est-il la plus ancienne déclaration pacifiste de l’histoire ? [DLS]
Le livre des Chroniques daterait de la fin du IVe siècle avant Jésus-Christ. Certains passages de la Genèse, comme le récit de Caïn et Abel (dans lequel Dieu s’oppose clairement au meurtre d’Abel par son frère) ou les motifs du Déluge (la violence) sont certainement plus anciens. L’Exode, avec les dix commandements (« tu ne tueras point ») daterait du VIIe siècle avant Jésus-Christ. Je ne pense donc pas qu’on puisse dire que 1 Chroniques 22: 8 est la plus ancienne déclaration pacifiste de l’histoire, même si ça n’enlève rien à la valeur de ce texte.
Comment les magiciens du Pharaon ont-ils dupliqué les miracles que Dieu a permis à Moïse et à Aaron d’accomplir (Exode 7-8) ? [Julie]
Ce n’est pas parce qu’une chose est extraordinaire qu’elle vient de Dieu. Le diable est aussi capable de choses extraordinaires pour perdre l’homme, le séparer de Dieu. Ce faisant, il entretien son premier mensonge : faire croire à l’humain qu’il peut être comme Dieu (Genèse 3/4).
Regardons au texte de l’Exode. Les chapitres que vous désignez se présentent comme un affrontement entre le seul vrai Dieu et un humain, pharaon, qui se prend pour un dieu. Certes, par ses magiciens, il parvient à donner l’illusion qu’il peut rivaliser avec Dieu. Les magiciens changent en sang l’eau du pays puis font sortir des grenouilles du Nil. Reste que la puissance de Dieu est plus grande. Ainsi, dés le troisième fléau, la Bible nous dit que les magiciens sont incapables de créé des moustiques. Ils ont pu transformer ce qui était déjà, mais ils sont incapables de tirer quelque chose de rien, ils ne peuvent par agir comme le Dieu créateur. Ils reconnaissent là, d’ailleurs, leur limite, que le pharaon s’obstine à refuser (Exode 8/14-15). Leur impuissance face à Dieu est enfin clairement manifesté quand ils en viennent à subir, comme les autres, les ulcères (Exode 9/11).
C’est en raison de l’activité démoniaque qui sous tend ces pratiques en entretenant l’illusion qui se cache derrière le péché que l’Ancien Testament interdit la magie (Deutéronome 18/10-12, 2 Chroniques 5/19-21). Dans le Nouveau Testament, cette activité est présentée comme contraire à la confiance que nous devons mettre en Christ seul ( Galates 5/19-21, Actes 19/18-20).
Ainsi, nous ne devons ni pratiquer ce genre d’activité, ni nous laisser impressionner par ce qui peut nous sembler extraordinaire (Matthieu 24/23-24). N’oublions pas, en effet, que le diable est le « père du mensonge » (Jean 8/44) et rejetons son oeuvre afin de nous attacher entièrement à cette Bonne Nouvelle : Christ, chemin, vérité, vie (Jean 14/6), Dieu avec nous ! (Matthieu 1/23).
Comment comprendre Genèse 1-2? Si la Terre a 6000 ans alors la science fait elle erreur dans les datations? Si nous sommes le fruit de l’évolution, la mort existait avant la chute de l’homme ? [Nicolas]
Deux questions en une, Nicolas ! Pour répondre à la première, effectivement la chronologie biblique prise à la lettre tomberait en flagrante contradiction avec ce que nous savons de l’âge de la Terre et de l’humanité. Le rédacteur du premier chapitre de la Bible n’avait pas nos connaissances scientifiques, mais son message est vrai, inspiré, pertinent : le monde n’est pas éternel, tout a un commencement (contre la vision païenne, antique, d’un univers statique, d’un temps circulaire…). Rien n’y est donc divin ou sacré, ni lune ni soleil ni étoiles. Ce sont des créatures, comme nous le sommes aussi. Genèse ch.2 compare le monde à un jardin à cultiver et à garder. C’est une image, mais qui n’est pas sans résonance dans nos préoccupations écologiques d’aujourd’hui. Adam et Eve ne sont pas, pour leur part, à identifier à Lucy, à l’australopithèque ou autres hominidés, mais aux humains à qui Dieu s’est révélé, ce qui justement a fondé leur statut d’êtres créés à son image.
Bref, il ne faut pas confondre (ni opposer d’ailleurs) le récit biblique avec un exposé scientifique des débuts de l’univers ou de l’histoire de l’Homme. Ce sont des genres différents, écrits l’un pour décrire, dire le « comment », l’autre expliquer, donner une réponse au « pourquoi la vie ? pourquoi le monde ? » etc.
Il faut garder en tête cette distinction en abordant la question de la mort, et cette mise en garde de Dieu à l’homme en Genèse 2,17 : « le jour où tu mangeras de ce fruit que je t’interdis, tu mourras ». Voici comment nous pouvons la comprendre. L’homme n’a pas été créé comme possédant l’immortalité, dans la mesure où, simple créature, nue et fragile, il ne vit que du souffle de Dieu. Il n’a pas davantage été « programmé » par Dieu pour mourir et retourner au néant. Mais en se séparant de son Créateur, il se sépare de ce qui le fait vivre un peu comme un scaphandrier couperait son tuyau d’alimentation en oxygène. Notez que sitôt mangé le fruit, l’homme et la femme éprouvent la honte de leur nudité, c’est à dire de leur statut de créature limitée, faible. Ils ont voulu se prendre pour des dieux, ils découvrent qu’ils sont poussière. « j’ai eu peur (de toi, dit Adam à Dieu qui le cherche), parce que j’étais nu, et je me suis caché » Genèse 3,10. Il y a mort et mort ! La mort, dans la Bible, ce n’est pas seulement l’arrêt des fonctions biologiques, c’est être privé de la présence de Dieu.
Existe t-il différents types d’offrandes ? [May]
Bonjour May, je ne sais pas trop à quelles offrandes vous pensez : aux offrandes prescrites au peuple d’Israël dans la loi de l’Ancien Testament ? Certainement, il en était de diverses sortes. Il faut d’abord distinguer celles qui avaient pour but d’obtenir quelque chose de la part de Dieu : son pardon, l’effacement des fautes (notamment le sacrifice du Yom Kippour décrit en Lévitique ch.16), la réintégration dans la communauté de l’Alliance. Je n’entre pas dans le détail des divers types de sacrifices, un bon dictionnaire biblique devrait pouvoir vous éclairer à ce sujet.
Ces offrandes là, pour les chrétiens, n’ont plus lieu d’être puisque Christ s’est offert en sacrifice parfait et définitif pour nous réconcilier avec Dieu. Mais les hébreux offraient aussi en diverses circonstances un animal (sacrifié) ou les prémices d’une récolte (don de blé, libations de vin ou d’huile) en signe de reconnaissance au Seigneur. Bref, pas pour exprimer une demande, mais simplement pour dire merci ! L’apôtre Paul nous invite à donner dans ce sens, non pas seulement notre argent, notre temps, nos compétences, nos forces… mais nos corps, c’est à dire nous-mêmes, en reconnaissance à Dieu pour sa miséricorde envers nous (Lire Romains 12,1ss).
Mais si votre question, May, se rapporte aux offrandes que l’on peut faire à l’Eglise, nous passons à des distinctions plus « techniques » : cotisation en tant que membre d’Eglise, don ponctuel ou exceptionnel à une mission, une oeuvre, bénévolat pour soutenir un projet ou une construction, offrande à l’occasion d’un événement familial… Les occasions et moyens de dire merci ne manquent pas ! Mais finalement le don fait au Seigneur, quel que soit sa forme, est toujours quelque chose de gratuit, désintéressé puisqu’il ne s’agit plus d’obtenir quoi que ce soit en retour. Un geste d’amour, un peu fou, quoi. Parce qu’au fond, il s’agit toujours de se donner soi-même à Dieu.
Pourquoi Jésus devait-il être crucifié ? Pourquoi Dieu ne pourrait-il pas simplement nous pardonner sans ce sacrifice terrible de son fils ? [Eric]
Le sens de la mort de Jésus, sa portée et sa cause font l’objet de beaucoup de remises en question depuis des décennies. Certains ne veulent y voir qu’un acte héroïque du témoin de la vérité et de la justice, une dénonciation de la violence des hommes (Matthieu 23,31). Ou une victoire sur les puissances de mort (Apocalypse 12,10ss) qui oppriment les humains. Ou encore, une preuve d’amour total de Jésus envers nous (év. Jean 15,13) ou d’obéissance/confiance absolue envers le Père (voir Jean 14,31, ou l’attitude de Jésus crucifié face aux moqueries et aux défis qui lui sont lancés). Liste non exhaustive.
Ces sens sont bien présents dans le Nouveau Testament, mais vous avez employé, Eric, le terme le plus important parmi les interprétations que donne l’Ecriture de la mort de Jésus : « sacrifice ». Le fait que son sang a été répandu pour effacer nos fautes (idée de substitution), comme, symboliquement, le sang de l’animal répandu sur l’autel, effaçait les souillures (Lév 17,11). Jésus est bien le serviteur fidèle annoncé par Esaïe : « la sanction, gage de paix pour nous, était sur lui, et dans ses plaies se trouvait notre guérison… Le Seigneur a fait retomber sur lui la perversité de nous tous » (53,5 et suivants, version TOB). L’épitre aux Hébreux, dans le Nouveau Testament, montre que le sacrifice de Jésus, victime parfaite offerte une fois pour toutes, met fin à tous les sacrifices et à toutes les tentatives humaines pour s’auto-purifier devant Dieu, puisque c’est Dieu qui y pourvoit lui-même en Christ (thème central chez l’apôtre Paul, voir entre autres Romains 3,21-25). Dieu se réconcilie avec nous à la croix, et la Résurrection de Jésus nous l’atteste.
Donc la mort de Jésus « pour nos péchés » a bien à voir avec notre péché ! Et le pardon a toujours un prix. Ce sens expiatoire, pénal, est difficile, voire scandaleux à accepter. Mais « sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon » (Hebreux 9,22). Loin d’évoquer ici un Dieu cruel, vengeur et assoiffé de sang, dont la vue « apaiserait le courroux » (caricature dont témoigne une certaine spiritualité chrétienne, hélas), la mort de Jésus atteste ce que nous révèle la Loi de Dieu : le poids insurmontable de notre péché, qui nous prive de la gloire (de la présence) du Dieu vivant, et dont le salaire (= la conséquence) est la mort. La mort de Jésus est notre jugement. Dieu dit « non » à ce que nous sommes ou tentons d’être sans lui. « Christ a payé pour nous libérer de la malédiction de la croix, en devenant lui-même malédiction pour nous, puisqu’il est écrit : Maudit quiconque est pendu au bois » (Galates 3,13).
Et la croix nous appelle donc à « mourir à nous-mêmes », elle condamne sans appel tous les marchandages religieux que l’homme tente avec Dieu (c’est-à-dire ses vaines tentatives pour e rendre juste) pour qu’il ne vive que de la Grâce, du don gratuit que Dieu nous fait en Jésus-Christ (Romains 5,20 ; 6,14,23).
Bref, pour reprendre une image à la mode, il faut préserver, dans la « biodiversité » des explications de la mort de Jésus dans la Bible, cette « espèce menacée » qu’est le sens sacrificiel ! Jésus est bien « l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde », comme le disait Jean-Baptiste.