Comment expliquer la réussite des méchants dont on se plaint dans les psaumes ? [Daniel]

Un certain nombre de psaumes déplorent effectivement la réussite des méchants (le 73 par exemple), mais aussi le malheur des justes (le 69). D’autres toutefois soulignent le malheur des méchants (le 91), et la réussite de justes (le 112).

Dans leur logique, les Ecritures affirment que Dieu est au commencement et à la fin du monde, qu’Il gouverne le monde (Psaume 9). Mais tout n’est pas encore soumis à Dieu et son Messie (1Corinthiens 15, 20-28). Dans l’attente du temps où Dieu sera tout en tous, l’injustice continue de sévir sous l’influence du « dieu de ce monde » (2Corinthiens 4,2),… Mais même l’injustice, qui est, mystérieusement, sous le contrôle de Dieu (Psaume 2), est appelée à servir et révéler, finalement, le plan de Dieu et Sa gloire, sachant que Dieu rendra la justice (Psaume 75, voir aussi Psaume 62, 13). Comme le dit Paul « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (Romains 8, 28).

Pourquoi certaines personnes ne disent pas Ancien Testament mais Premier Testament ? [Céline]

Certaines personnes, ayant le souci de (re)valoriser l’Ancien Testament, considèrent l’adjectif « ancien » comme péjoratif. Leur souci peut être lié aux relents marcionites dans l’Eglise (Marcion était un homme influent de l’Eglise ancienne considéré comme hérétique pour son mépris de l’Ancien Testament : selon lui, le dieu dont il est question dans l’Ancien Testament serait un dieu mauvais, tandis que le dieu du Nouveau Testament, dieu d’amour, serait le bon), et surtout à un sentiment de responsabilité ou de culpabilité vis-à-vis de l’antisémitisme dans l’histoire de l’Eglise et des pays de culture chrétiernne.

Quelle que soit la raison invoquée pour cette appellation, sa légitimité est discutable : Jésus est bien venu faire une « nouvelle alliance » (« alliance » et « testament » sont synonymes) d’après Luc 22, 20 par exemple, et ce selon l’attente prophétique que l’on trouve dans l’Ancien Testament (Jérémie 31, 33)…. Cela suppose qu’il y a bien une ancienne alliance. La lettre aux Hébreux parle certes de « première alliance », mais la caractérise comme « ancienne » (Hébreux 8,13).

La loi de Dieu doit-elle devenir loi des nations ? Ou est-ce que la loi des nations doit tout permettre à l’image de la liberté que Dieu nous donne (libre arbitre) ? Que nous enseigne la Bible ? [Simon]

La loi de Dieu est bonne (Romains 7), elle est juste, confiée par Dieu à Israël pour que toutes les nations reconnaissent sa particularité (Deutéronome 4,8).

Les tables de la Loi sont directement adressées au peuple par Dieu (Deutéronome 5,22), et ont donc une autorité toute particulière. Les autres lois n’ont pas tout-à- fait le même statut (et elles me semblent difficilement séparables d’un certain contexte), mais elles n’en demeurent pas moins un déploiement des grands principes de la Loi divine.

Selon l’espérance prophétique (Esaïe 2,2-4 ; 51, 4) , la Loi de Dieu confiée à Israël doit effectivement devenir la Loi de nations puisqu’elle est bonne et juste. Mais pour que la Loi divine soit accomplie, il fallait qu’elle soit inscrite dans le cœur des croyants (Jérémie 31,33), ce qu’effectue le Saint-Esprit. C’est le Saint-Esprit qui procure la liberté (2 Corinthiens 3,17), mais la liberté au sens biblique n’est pas le libre-arbitre (qui apparait me semble-t-il, bibliquement, comme une illusion : l’Homme est face à des puissances et des autorités, il n’a pas naturellement la faculté de discernement) : elle est la liberté vis-à-vis de la puissance du péché, qui permet de marcher dans les voies de Dieu, et d’accomplir sa Loi (Romains 8,1-4).

Pour résumé, OUI la Loi de Dieu est appelée à devenir la Loi des nations. Mais qu’est-ce qui est universel et intemporel dans la Loi de Dieu? Quelle est la continuité entre la Loi littérale de l’Ancien Testament et la « Loi du Christ » (Galates 6,2) qui lui-même est venu accomplir la Loi (Matthieu 5,17-19)? De telles questions demandent un gros travail d’interprétation….

Je vous voudrais avoir des renseignements sur le don d’ovocytes- qu’en penser au niveau éthique ? [Priscille]

La science offre des possibilités toujours nouvelles aux Hommes et aux sociétés, qui se trouvent dès lors confrontés à la question de la limite : dans quelle mesure est-il légitime, bon pour l’humanité et la création, d’user des possibilités scientifiques ?

La question que vous posez est très complexe, et je ne parlerai pas des dérives possibles des dons d’ovocytes (marchandisation du vivant par exemple). Les Ecritures posent l’importance d’une sexualité vécue dans le cadre du mariage (1Corinthiens 7,2) qui implique la (quasi) indissolubilité du lien (Marc 10,7-9). Les parents légaux de l’enfant ne peuvent alors qu’être ses géniteurs. Il y a en effet dans le christianisme, dès le départ, vigilance sur le lien entre sexualité et procréation d’une part, et d’autre part entre géniteurs et parents légaux (au contraire de certaines pratiques « normales » de la société environnante).

Pour un couple, la procréation par la sexualité peut se révéler difficile. Il existe des techniques médicales pour assister la procréation (« Assistance Médicale à la Procréation », à ne pas confondre avec la « Procréation Médicalement Assistée »). Personnellement, je ne vois pas de problème éthique à un tel recours.

Le fait que des parents futurs aient recours à des ovocytes ou des spermatozoïdes de personnes extérieures me semble plus problématique, en tout cas posant la question de la limite du recours à la technique : est-ce légitime d’introduire, dans l’identité de l’enfant, une confusion quant à sa filiation et l’identité de ses parents ? Lui donne-t-on ainsi les meilleures possibilités pour « affronter » la vie ? Pour des parents, c’est une question du discernement : jusqu’où vont le « droit à l’enfant » et le devoir d’offrir à l’enfant les meilleures possibilités d’épanouissement, qui me semblent se trouver dans une identification, si possible, à ses parents biologiques ?

Sur le plan dogmatique- quelles sont les différences entre Calvinistes et Luthériens pour la Sainte Cène ? [Yves]

Pour Luther, le pain et le vin sont réellement corps et sang du Christ (voir Jean 6, 53-55) pour celui qui reçoit le sacrement au moment de l’office (il considère qu’il y a consubstantiation, c’est-à-dire qu’au moment où le sacrement est donné, il est en même temps pain et vin et réellement corps et sang du Christ.. cette conception diffère de l’idée de transsubstantiation propre à l’Eglise romaine, selon laquelle le pain et le vin, après leur consécration, changent de substance et deviennent vraiment corps et sang du Christ). Calvin, qui est de la deuxième génération des réformateurs suisses, a une conception très proche de Luther sur ce point. C’est avec la première génération des réformés suisses, notamment Zwingli dont l’influence restera importante sur cette question dans le monde réformé, que la différence est plus marquée avec les Luthériens. Zwingli ne considérait pas la présence du Christ à la Sainte Cène comme réelle, plutôt comme spirituelle. Mais je crois qu’il ne faut pas exagérer ces différences, qui étaient très importantesau XVIe siècle pour des raisons largement philosophiques. Par rapport au monde luthérien, disons que la portée du sacrement est un peu relativisé dans le monde réformé, où la Sainte-Cène sera globalement moins régulièrement célébrée (c’est tous les dimanches chez les Luthériens, pas toujours chez les Réformés).

Que dit la Bible de l’enfer?

Cela dépend si on entend par « enfer » (qui n’est pas un mot d’origine hébraïque ou grecque, donc il n’est pas étymologiquement biblique) un temps ou un lieu de tourments, sanction de l’injustice, ou bien le « séjour des morts » (Sheol en hébreu, Hades en grec) là où les morts attendent la résurrection (l’ « enfer » en ce sens, comme en français, pouvant dans la Bible avoir un sens métaphorique pour désigner les souffrances de la vie présente, voir par exemple Job 38,14).

Quand il s’agit d’un temps ou un lieu de tourments, après la première mort, lié à l’injustice de chacun, l’ « enfer » (nommé « géhenne » en Matthieu 5, 22.29.30 ; 10,28 ; 18,9; 23, 15.33 ; Marc 9,43.45.47 ; Luc 12, 5 ; Jacques 3, 6) est associé à des souffrances causées par le feu (au « séjours des morts » d’après Luc 16, 23-24). Mais s’agit-il de souffrances éternelles qui suivront le jugement du Christ (voir Matthieu 25,46 où il semble y avoir éternité de la vie pour certains comme du châtiment pour d’autres, ce qui n’est pas le cas en Romains 2, 7-8), temporaires en vue d’une purification (1Corinthiens 3,13) ou d’une destruction (c’est la position dite annihilationiste, justifiable en particulier par Apocalypse 20, 13-21, 8) ?

Pour résumer, l’ « enfer » est décrit ou bien comme un temps d’attente pour les morts, ou bien comme un temps et un lieu de souffrance (« pleurs et grincement de dents » en Matthieu 13,42) par le feu. Il sanctionne l’injustice, et est la conséquence logique d’une vie loin de Dieu qui nous appelle à la vie en plénitude.

Je ne me permettrais pas de trancher si les souffrances en question sont éternelles ou passagères.

Qu’est-ce que la sanctification ? [Magloire]

La Bible dit que Dieu est saint. Cette caractéristique dit la grandeur de Dieu, Sa puissance ou en encore Sa pureté. Dans la prière « Notre Père », la sanctification (le retour à son caractère « saint ») du nom de Dieu (Matthieu 6,9) est demandée parce que la chose la plus importante pour le bien du monde, c’est que Dieu y retrouve la place qui est la sienne : la première.

Mais ce qui nous concerne, c’est cet appel que Dieu adresse à Israël « Soyez saints, car je suis saint, moi, le Seigneur, votre Dieu » (Lévitique 19,2, voir 1Pierre 1,16). Dieu a le projet, par la descendance d’Abraham, de bénir toutes les familles de la terre (Genèse 12,3). Il va donc former un peuple en charge de refléter qui Il est, et ainsi permettre à toutes les familles de la terre de comprendre qu’Il est le seul vrai Dieu (Deutéronome 4,7-8).

Avec la résurrection de Jésus, le Saint-Esprit, une partie de Dieu lui-même, se communique à l’Homme qui croit en Jésus, lui permettant ainsi de retrouver son lien, sa communion avec le Père. La sanctification est alors le processus permettant à l’Homme d’être saint (1Thessaloniciens 5,23) comme Dieu est saint, de refléter qui est Dieu et ainsi de témoigner de Lui.

Pourquoi Pâques a-t-il pris un S en passant de juif à chrétien ? [Suzy]

Il n’y a pas d’explication certaine. La Pâques chrétienne, la mort et la résurrection du Christ, a bien lieu à l’occasion de la Pâque (d’un mot hébreu signifiant « passage ») juive, et en accomplit pleinement le sens et la portée pour les chrétiens (1Corinthiens 5,7) en libérant l’Homme de la puissance du péché (voir par exemple Romains 6). Il n’y a donc pas de raison de les orthographier différemment. Mais, au Moyen-Age, on constate que le terme est utilisé, en latin, indifféremment au singulier et au pluriel pour désigner les deux fêtes. On rencontre aussi au XVe siècle l’expression « faire ses pâques » pour désigner des pratiques ayant cours à l’occasion de la fête chrétienne. Sans doute que, progressivement, la différence d’usage et d’orthographe a permis de distinguer, en latin puis en Français, les deux fêtes.

Il me semble qu’il y a autant de religions que d’hommes ! J’espère que ce n’est pas de l’orgueil de penser ainsi ? [Colette]

Je ne crois pas que ce soit de l’orgueil, mais peut-être un ressenti ou un constat ! Une conception très individualiste de l’Homme et une exaltation de la subjectivité font que, en contexte occidental, on peut avoir l’impression que chacun se fait son dieu, donc sa religion personnelle,  selon ses besoins, ses impressions, ses ressentis. On se fabrique son dieu, on se fabrique parfois même une image (fausse) du Dieu que l’on prétend adorer, un peu comme les Hébreux au désert (Exode 34,1-4).

Mais la Bible nous dit que Dieu s’est révélé aux Hommes, Il leur a parlé, leur a transmis des enseignements, a manifesté Sa présence fidèle qui fait que de génération en génération des croyants ont transmis leur foi. Et si on considère la religion comme ce qui relie l’Homme à Dieu, alors la Bible nous dit que la seule religion, c’est Jésus (Jean 14,6).

Bien sûr, être de « religion » chrétienne nécessite l’action du Saint-Esprit dans le croyant, et tient donc d’une expérience subjective. D’où l’importance d’une vie d’Église pour ne pas s’enfermer dans sa subjectivité.