Je ne comprends pas bien la rencontre de Jésus avec Nicodème en Jean 3 -notamment quand Jésus dit « Si un homme ne naît d’eau et d’esprit- il ne peut entrer dans le royaume de Dieu ». [Laurent]

Plusieurs explications ont été données à cette parole de Jésus, notamment qu’il s’agirait d’une référence au baptême. Mais s’il s’agit du baptême chrétien, nous serions en plein anachronisme ! Si nous replaçons ce verset 5 du ch.3 de l’év. selon Jean dans son contexte, nous constatons que Jésus vient de parler de « naître d’en-haut », c’est à dire le fait que Dieu nous fait naître, nous ouvre à une vie nouvelle. Naître d’eau et d’esprit en serait donc un synonyme. L’eau et l’esprit sont associés dans l’Ancien Testament, en Ezéchiel 36,25-27 ; le prophète annonce la purification par le Seigneur des péchés du peuple d’Israël (« je répandrai sur vous une eau pure ») et le don d’un esprit neuf (c’est à dire une mentalité, une intelligence complètement renouvelées et décidées à suivre la Parole de Dieu). Donc ce que Jésus dit à ce pharisien, religieux strict, venu le voir, c’est : tu as besoin d’être régénéré, transformé par Dieu, tu ne peux toi-même entrer dans la vie nouvelle qu’il t’offre par tes propres forces. Jésus s’étonne au v.10 que Nicodème l’ignore. En tant que docteur en Israël, il est censé connaître les paroles des prophètes !

Luc 14,26 dit-il que c’est lorsqu’on est dans un état de désarroi profond- de souffrance- qu’on se tourne vers Dieu ? [Clément]

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, …..et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple », voilà la parole de Jésus que vous citez, Clément, et qui a effectivement quelque chose de déconcertant ! D’autant plus que Jésus emploie un « sémitisme », une expression idiomatique de l’araméen pour revendiquer cette préférence : « si quelqu’un vient à moi sans haïr son père, sa mère, etc ». Dans sa langue comme en hébreu, en effet, l’opposition des verbes aimer/haïr remplace le verbe « préférer à ». (voir par exemple Malachie 1,2-3).

Il ne s’agit pas pour Jésus de dire : « vous ne pouvez croire en moi et me suivre sans être complètement dégoûté de tout, même de ce qu’il y a de plus important, les relations affectives, voire la vie tout court ». Mais bien plutôt : « me suivre passe avant tout, c’est une priorité, qui peut amener des choix parfois difficiles ». L’apôtre Pierre en a fait l’amère expérience en reniant Jésus au moment décisif. Pensons par exemple à certains musulmans qui découvrent le Salut en Jésus-Christ et sont alors brutalement rejetés par leur famille, ou à ceux et celles qui affrontent la prison ou des menaces dans des pays totalitaires parce qu’ils lisent la Bible ou réunissent des Eglises dans leur maison. Cette parole de Jésus interroge même ceux qui ont comme nous la chance de vivre librement leur foi. Qu’est-ce qui dans ma vie peut contester à ma foi en Jésus-Christ la première place, gêne mon témoignage, parasite mon service du Seigneur et du prochain ?

Je croyais en l’immortalité de l’âme. Est ce que dans la tombe, on reste corps et esprit ou est ce que notre esprit est appelé à Dieu ? [Valérie]

Le débat sur « l’immortalité de l’âme » est très ancien. Pour certains, quand on est mort, on l’est totalement, en attendant la Résurrection. Toutefois, il me semble que l’enseignement de l’Ancien et du Nouveau Testament concordent sur ce qu’il advient de nous dans la mort. « Le corps de l’homme s’en retourne à la terre d’où il a été tiré et le souffle de vie (l’esprit) retourne à Dieu qui l’a donné », Ecclésiaste 12,7. Jésus sur la croix déclare remettre son esprit entre les mains du Père (Luc 23,46), juste avant d’expirer.

L’espérance chrétienne sur notre avenir en Dieu s’articule en deux « temps », si l’on peut dire. Tout d’abord, notre esprit demeure auprès du Seigneur dès notre mort. Comme l’atteste par exemple la promesse de Jésus au malfaiteur sur la croix : « aujourd’hui tu seras avec moi au paradis »-Luc 23,43. On peut citer aussi Paul désirant s’en aller et être avec le Christ, en Philippiens 1,21-23. Enfin, Jésus évoque à ses disciples la « demeure » qu’il va leur préparer auprès du Père (Jean 14,2). Mais le mot employé en grec, monè, désigne un séjour provisoire, une halte. Car notre espérance ultime, c’est la Résurrection des morts, et une existence nouvelle dans une Création renouvelée, où le mal et la mort ne seront plus (Voir Apocalypse 21,4).

La plupart des protestants ont-ils soutenu la révolution de 1789? Qu’en est-il des excès du régicide et du règne de la terreur ? [An]

Bonjour An, votre question est restée un certain temps en souffrance car il ne se compte guère d’historiens qualifiés parmi notre équipe de pasteurs ! Je vous réponds après avoir consulté notamment l’Histoire Générale du Protestantisme d’E.G. Léonard (vol 3 p.143ss). Dans leur ensemble, les protestants en France ont accueilli favorablement la Révolution car elle devenait pour eux, après la période de clandestinité et de persécution ouverte par la Révocation de l’Edit de Nantes, synonyme de liberté de conscience, et d’égalité retrouvée pour les droits civiques. C’est cette liberté que réclama notamment Rabaut-St-Etienne, pasteur Nîmois député à la convention, et pas seulement la « tolérance » du culte non-catholique décrétée par Louis XVI en 1787. La déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen l’accorda. Mais la Terreur, instaurée en 1793 par les révolutionnaires les plus radicaux fut aussi une offensive contre le Christianisme en général, et pas seulement le catholicisme. L’instauration du calendrier républicain amena la suppression du dimanche, des fêtes chrétiennes et l’interdiction des services religieux au profit du culte (athée) de la Raison. Alors beaucoup de protestants ont retrouvé le culte clandestin, en famille… D’autres, et quelques pasteurs, ont abjuré leur foi et adopté la nouvelle « religion ». Par ailleurs, 16 députés protestants membres de la Convention avaient voté la mort du Roi Louis XVI en 1791.

Une amie m’a dit : « Je suis protestante mais je ne crois pas en Dieu ». Peut-on se revendiquer protestant sans croire en Dieu ? [Alex]

Certaines personnes qui sont issues d’une famille protestante en ont été marquées par l’éducation qu’elles ont reçue, en ont gardé un certain héritage culturel et moral. Sur le plan culturel, une connaissance de la Bible, un esprit volontiers critique, notamment vis à vis de toute autorité humaine prétendant posséder la vérité. Sur le plan moral, la mise en avant et la défense de certaines valeurs dont les protestants n’ont pas forcément l’exclusivité, mais auxquelles il tiennent pour des raisons historiques et théologiques: la liberté de conscience, la tolérance et le respect des minorités, le sens de la responsabilité personnelle et donc une certaine rigueur, etc.

Mais tout cela n’est pas l’essentiel. Le protestantisme affirme avant tout qu’en dehors de Dieu rien n’est sacré, et qu’à lui seul revient toute la Gloire. Seule sa Parole, dont la Bible est le dépôt, fait ultimement autorité ; seule sa Grâce manifestée en Christ nous donne notre dignité et notre valeur ; en lui seul est notre confiance. Reprendre à son compte ces grands principes chrétiens remis en avant par la Réforme protestante, c’est donc d’abord se tenir devant Dieu, vivre en sa présence et dans son amour. Tout le reste, culture, valeurs et engagements, en découle. Si s’affirmer protestant c’était simplement brandir fièrement un étendard, affirmer une appartenance identitaire, ce serait aussi vain que de bâtir une maison sans poser de fondations. Je me sentirais beaucoup plus proche d’un catholique qui confesse Jésus-Christ (même s’il est vrai que nous avons des désaccords et une manière différente de vivre notre foi), que d’un protestant indifférent, agnostique ou athée.

Comment expliquer la Trinité à un enfant- un ado… ? [KFé]

Votre question sous-entend que même pour un adulte, la Trinité est aussi un mystère ! Quel que soit notre âge en effet, c’est une énorme difficulté de concevoir 1+1+1=1 ! Et que Dieu se révèle à la fois comme un seul être et trois « personnes » ! Père (Créateur, Dieu radicalement différent de nous), Fils (Sauveur, Dieu venant vers nous), Esprit (Seigneur, Dieu en nous). Donc, il ne s’agit en fait pas d’expliquer qui est Dieu, mais de saisir que Dieu est connu comme incompréhensible, hors d’atteinte.

Nous ne pouvons donc utiliser, pour parler de Dieu avec nos mots humains bien imparfaits, que raisonner par analogie, par images et comparaisons, sans prétendre y réduire l’Etre de Dieu qui nous est connu comme le Tout-Autre.

La meilleure analogie que je connaisse (parce qu’elle reprend des analogies biblique) est la suivante : Si je parle à quelqu’un, les mots naissent dans mon esprit, ma pensée. Je les transmets dans une parole. Et cette parole, articulée par ma bouche, devient une onde sonore, qui atteint les oreilles de mon auditeur en faisant vibrer l’air autour de nous. Donc : pensée, parole, souffle sont à la fois bien distincts et constituent pourtant un même acte de communication. De même, Dieu est la source, l’origine (Père) que nous révèle le Fils (la Parole faite chair, logos, voir év. de Jean ch.1) qui vient à nous par l’Esprit (le souffle, pneuma en grec, ruah en hébreu). Essayez cette « explication ». Si votre enfant ne comprend toujours pas… Dites-le, on essaiera autre chose !

Comment comprendre Genèse 1-2? Si la Terre a 6000 ans alors la science fait elle erreur dans les datations? Si nous sommes le fruit de l’évolution, la mort existait avant la chute de l’homme ? [Nicolas]

Deux questions en une, Nicolas ! Pour répondre à la première, effectivement la chronologie biblique prise à la lettre tomberait en flagrante contradiction avec ce que nous savons de l’âge de la Terre et de l’humanité. Le rédacteur du premier chapitre de la Bible n’avait pas nos connaissances scientifiques, mais son message est vrai, inspiré, pertinent : le monde n’est pas éternel, tout a un commencement (contre la vision païenne, antique, d’un univers statique, d’un temps circulaire…). Rien n’y est donc divin ou sacré, ni lune ni soleil ni étoiles. Ce sont des créatures, comme nous le sommes aussi. Genèse ch.2 compare le monde à un jardin à cultiver et à garder. C’est une image, mais qui n’est pas sans résonance dans nos préoccupations écologiques d’aujourd’hui. Adam et Eve ne sont pas, pour leur part, à identifier à Lucy, à l’australopithèque ou autres hominidés, mais aux humains à qui Dieu s’est révélé, ce qui justement a fondé leur statut d’êtres créés à son image.

Bref, il ne faut pas confondre (ni opposer d’ailleurs) le récit biblique avec un exposé scientifique des débuts de l’univers ou de l’histoire de l’Homme. Ce sont des genres différents, écrits l’un pour décrire, dire le « comment », l’autre expliquer, donner une réponse au « pourquoi la vie ? pourquoi le monde ? » etc.

Il faut garder en tête cette distinction en abordant la question de la mort, et cette mise en garde de Dieu à l’homme en Genèse 2,17 : « le jour où tu mangeras de ce fruit que je t’interdis, tu mourras ». Voici comment nous pouvons la comprendre. L’homme n’a pas été créé comme possédant l’immortalité, dans la mesure où, simple créature, nue et fragile, il ne vit que du souffle de Dieu. Il n’a pas davantage été « programmé » par Dieu pour mourir et retourner au néant. Mais en se séparant de son Créateur, il se sépare de ce qui le fait vivre un peu comme un scaphandrier couperait son tuyau d’alimentation en oxygène. Notez que sitôt mangé le fruit, l’homme et la femme éprouvent la honte de leur nudité, c’est à dire de leur statut de créature limitée, faible. Ils ont voulu se prendre pour des dieux, ils découvrent qu’ils sont poussière. « j’ai eu peur (de toi, dit Adam à Dieu qui le cherche), parce que j’étais nu, et je me suis caché » Genèse 3,10. Il y a mort et mort ! La mort, dans la Bible, ce n’est pas seulement l’arrêt des fonctions biologiques, c’est être privé de la présence de Dieu.

Existe t-il différents types d’offrandes ? [May]

Bonjour May, je ne sais pas trop à quelles offrandes vous pensez : aux offrandes prescrites au peuple d’Israël dans la loi de l’Ancien Testament ? Certainement, il en était de diverses sortes. Il faut d’abord distinguer celles qui avaient pour but d’obtenir quelque chose de la part de Dieu : son pardon, l’effacement des fautes (notamment le sacrifice du Yom Kippour décrit en Lévitique ch.16), la réintégration dans la communauté de l’Alliance. Je n’entre pas dans le détail des divers types de sacrifices, un bon dictionnaire biblique devrait pouvoir vous éclairer à ce sujet.

Ces offrandes là, pour les chrétiens, n’ont plus lieu d’être puisque Christ s’est offert en sacrifice parfait et définitif pour nous réconcilier avec Dieu. Mais les hébreux offraient aussi en diverses circonstances un animal (sacrifié) ou les prémices d’une récolte (don de blé, libations de vin ou d’huile) en signe de reconnaissance au Seigneur. Bref, pas pour exprimer une demande, mais simplement pour dire merci ! L’apôtre Paul nous invite à donner dans ce sens, non pas seulement notre argent, notre temps, nos compétences, nos forces… mais nos corps, c’est à dire nous-mêmes, en reconnaissance à Dieu pour sa miséricorde envers nous (Lire Romains 12,1ss).

Mais si votre question, May, se rapporte aux offrandes que l’on peut faire à l’Eglise, nous passons à des distinctions plus « techniques » : cotisation en tant que membre d’Eglise, don ponctuel ou exceptionnel à une mission, une oeuvre, bénévolat pour soutenir un projet ou une construction, offrande à l’occasion d’un événement familial… Les occasions et moyens de dire merci ne manquent pas ! Mais finalement le don fait au Seigneur, quel que soit sa forme, est toujours quelque chose de gratuit, désintéressé puisqu’il ne s’agit plus d’obtenir quoi que ce soit en retour. Un geste d’amour, un peu fou, quoi. Parce qu’au fond, il s’agit toujours de se donner soi-même à Dieu.

Aimer Jésus et la nation- est-ce « christiano-compatible » ? [Nico]

Le verbe « aimer » a plusieurs sens. Par exemple, je n’aime pas mon conjoint de la même façon que j’aime mes enfants, même si mon amour est aussi profond pour l’un que pour les autres ! De même, aimer notre nation (sa langue, ses valeurs, sa culture) n’est pas incompatible avec l’amour que le Seigneur attend de nous, même si celui-ci est de nature différente. L’obéissance des disciples, l’attachement à notre Sauveur, le désir de vivre à sa suite, etc, sont d’une autre nature que le civisme ou l’attachement à la Patrie, que l’Ecriture nous recommande d’ailleurs (qu’il s’agisse de payer ses impôts ou respecter les autorités, tout ce qui concerne le « vivre ensemble », comme on dit). On peut donc être chrétien et patriote ! Ce qui ne nous empêche pas de garder, à la lumière de l’Evangile, un sens critique vis à vis de notre société, de notre pays, de ses responsables et de ses relations avec les autres Etats.

En effet, la nation peut devenir une sorte de valeur absolue, adorée comme une idole. Cela s’appelle le nationalisme, qui se traduit par la haine des autres peuples. L’amour du prochain étant indissociable de l’amour de Dieu, tout ce qui prétend prendre la place qui revient à Dieu seul conduit au rejet de l’autre. Cette dérive reprend des couleurs de nos jours, et même sur notre continent, hélas, comme si les horreurs de la dernière guerre n’avait pas suffi à en dégoûter l’humanité à tout jamais…

Se soigner avec de l’homéopathie est-il possible quand on est chrétien ? L’homéopathie est-elle une médecine occulte ou non ? [Annette]

Les médecines « douces » ou « alternatives » sont reçues avec méfiance dans certains milieux chrétiens. Entre autres, quand leur origine s’enracine dans des cultures non-chrétiennes, notamment orientales, ou quand leur inventeur s’opposait à la foi chrétienne ou s’adonnait au spiritisme. On les soupçonne de fournir à l’Adversaire une porte d’entrée dans nos âmes. Des chrétiens s’interrogent ainsi sur l’homéopathie. Pour ce qui concerne cette thérapie, parce que son principe de base dit de « similitude » (le semblable, homéo, guérit le semblable) serait contraire à l’enseignement de la Bible : Il faut combattre le mal par son contraire (allopathie). Et parce que son inventeur, Hahnemann spéculait sur l’énergie « spirituelle » à l’œuvre dans la matière.  

Le simple bon sens peut faire douter de l’efficacité grandissante d’un principe actif au fur et à mesure de ses dilutions, parfois tellement dilué qu’il ne se trouve dans la teinture qu’à une dose infinitésimale, voire nulle… Mais je ne suis pas médecin et n’ai donc pas la compétence requise pour dire si les granules homéopathiques sont efficaces ou pas, et à ce titre méritent ou pas d’être remboursées par la sécurité sociale !

Je remarquerai simplement que l’argument « biblique » que j’évoquais ci-dessus nous interdirait de nous faire vacciner… puisque le principe du vaccin est de nous inoculer une souche microbienne affaiblie afin de réveiller nos défenses immunitaires contre la même souche, à l’état virulent. Jugeons plutôt l’arbre à ses fruits (Matthieu 12,33), comme nous le recommande Jésus (même si c’est dans un autre contexte).

Du reste, quelle que soit la thérapie à laquelle nous aurons recours, n’oublions jamais qu’elle est là pour soigner, mais que c’est Dieu qui guérit. Et c’est pourquoi, tout en ayant recours à la sagesse et à la technique médicale, nous devons lui confier notre santé et tous nos combats contre la maladie.