Comment les protestants comprennent-ils la crucifixion ? S’agit-il d’une expiation substitutive pénale ou d’un autre modèle théorique comme celui d’Abélard ? [René]

La grande majorité des protestants, à la suite de Martin Luther et Jean Calvin, comprennent la crucifixion de la même manière que l’ensemble des chrétiens : selon l’enseignement des écritures bibliques.

La mort de Jésus est la volonté de Dieu : « Cet homme [Jésus] vous a été livré conformément à la décision que Dieu avait prise et au plan qu’il avait formé d’avance ». (Ac 2.23). Et Jésus a obéi à la volonté du Père : « [Jésus] s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à la mort » Phi 2.8.

En effet, le sens de la crucifixion de Jésus s’exprime dans la Bible avec un langage judiciaire et sacrificiel (les deux vont de pair) : « Le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mt 20.28), « Jésus a été livré pour nos fautes » (Rom 4.25), « vous avez été rachetés à grand prix » (1 Co 6.20), « Il a subi notre punition, et nous sommes acquittés […] le Seigneur lui a fait subir les conséquences de nos fautes à tous » (53.5-6)

En résumé, la punition que nous méritons pour nos péchés a été prise par Jésus. Ainsi nous sommes réconciliés avec Dieu (Rom 5.10). C’est par amour pour nous que le Père a donné son fils, c’est ainsi que le mot « grâce » prend tout son sens ! Par la croix, Dieu nous offre le pardon gratuitement. Quel amour merveilleux ! « L’amour consiste en ceci : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés ; il a envoyé son Fils qui s’est offert en sacrifice pour le pardon de nos péchés. » (1 Jn 4.1)

Il y a dans le protestantisme, une minorité de personnes qui, comme Abélard au XIIe siècle, n’acceptent pas cet enseignement pour des raisons morales. Même pour les disciples de Jésus, l’idée n’était pas facile à accepter, Pierre a refusé l’idée que Jésus aille jusqu’à la croix, et Jésus lui a répondu par cette mise en garde : « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ». (Mt 16.23)

Comme l’enseigne Paul, l’idée la croix est pour beaucoup une folie (1 Co 1.17-25), mais pour ceux qui l’acceptent, la croix se révèle être « sagesse et puissance de Dieu ».

Les catholiques et les évangéliques adorent-ils le même Dieu ? [Roland]

Oui ! Catholiques et évangéliques sont chrétiens, ils confessent le même Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.

Ces deux traditions chrétiennes perçoivent Dieu de la même manière. Ce qui les distingue, c’est une façon différente de vivre la foi, de comprendre ce qu’est l’Eglise et d’apréhender la bible.

Comme le reste des protestants, les évangéliques ont les écritures bibliques pour seule autorité en matière de foi et de vie, croient au salut par la grâce au moyen de la foi et à une relation sans intermédiaires entre le croyant et Dieu.

La spécificité des évangéliques concerne principalement le baptême. Les catholiques et les protestants luthéros-réformés baptisent les bébés, tandis que les évangéliques ne baptisent que les personnes en mesure de confesser leur foi publiquement.




Dans 1 Tim 4.16- Paul exhorte Timothée à veiller sur lui-même pour son salut. Quelle part avons-nous pour sécuriser notre salut ? Est-ce contradictoire avec le salut par la foi- pure grâce de Dieu ? [Christophe]

Comme vous le mentionnez dans la question, il s’agit d’une exhortation de Paul, et qui dit exhortation dit conseils, recommandations, ou encore incitations, ce qui dans le contexte d’un débat théologique sur la question de la foi et des œuvres, pourrait être interprété comme allant dans le sens qu’il faille effectivement œuvrer pour notre salut. Hors Paul ne semble pas dans ce chapitre débattre de cette question, mais il semble plutôt mettre en garde Timothée contre des doctrines qui circulent et leurs possibles influences sur la foi des personnes voir de Timothée lui même. Ainsi je ne pense pas que Paul fasse directement référence au salut de Timothée dans cette exhortation, mais qu’il cherche avant tout à préserver sa foi et sa piété. Le verbe sozo en grec souvent traduit par sauver (comme ici), est aussi régulièrement traduit par le verbe « guérir », ou encore le verbe « préserver ». c’est également le mot qui en français a donné « sûr »

Pour répondre à votre question, Il n’y a pour être sauvé, qu’à prendre conscience que l’on a besoin d’être sauvé, et ainsi répondre « oui » à l’appel de Dieu sur nos vies. 

J’ai vu « Silence » de Scorsese. Que penser du dilemme « Soit je renie ma foi- soit des gens meurent » ? [Marie-Gabrielle]

Le film que vous évoquez, Marie Gabrielle, présente entre autre la situation de missionnaires jésuites au Japon, saisis par des membres de « l’inquisition » bouddhiste japonaise, et sommés de renier leur foi pour sauver des vies de nouveaux convertis japonais. Dans ce cadre précis, il s’agit donc d’une campagne missionnaire, confrontée à un appareil d’état oppressif. La torture psychologique autant que physique fait partie des tribulations que les témoins de Jésus-Christ peuvent avoir à subir (Marc 13. 9-10 par exemple). Il est bien sûr facile de pérorer sur ce genre de problème, assis dans son fauteuil devant son ordinateur. Il s’agit de situations épouvantables, dans lesquelles émettre un jugement abstrait me paraît dangereux. Dieu connaît les cœurs de chacun et je ne me sens pas en mesure de dire a priori quelle attitude (renier ou refuser de le faire) est la « meilleure » quand les vies d’autres personnes sont en jeu. Cela vient surtout montrer combien des êtres humains pris dans des structures de pouvoir peuvent alors se détourner du Dieu vivant et devenir des monstres. Je ne peux aussi que me souvenir que le mot grec traduit par « témoin » veut aussi signifier « martyr ».

Entre notre grand-mère Lucie et les dinosaures- qui le premier a commencé à croire en Dieu ? [Nathan]

La Bible nous dit que Dieu est visible  à travers sa création. Ainsi, Romains 1:20 « En effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’oeil, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. » Nous pouvons donc croire que les humains ont, de tous temps, pu croire en l’existence de Dieu, Lucy et dinosaures compris.

Malheureusement, cette connaissance est obscurcie par notre péché. L’humain, bien qu’il se doute de l’existence de Dieu, ne peut parvenir à le connaitre et à l’aime vraimemebt. Il se fourvoie dans des raisonnements qui ne lui permettent pas de connaître Dieu ou d’entrer en relation avec lui Romains 1/22. Dieu ne l’a pourtant pas abandonné. Il a appelé un peuple à le suivre, il lui a donné la loi, il lui a parlé pas les prophètes de l’Ancien Testament. Les personnes qui ont reçu ces choses sont les croyants (Hébreux 11). Aujourd’hui, il nous donne Jésus-Christ, qui nous dit qui est vraiment Dieu (Jean 1/18). Il nous donne son Esprit pour pouvoir mettre notre confiance en lui et le suivre (Romains 8/15). Tout cela s’est passé, probablement un peu après Lucy et ses gros amis…

Que dois-je faire pour être sauvé ? [Dennis]

Cette question a été posée en Actes 16/30. La réponse est donnée par Paul et Silas au verset 31 « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé ». Voir aussi Marc 6/16. Reste à savoir de quoi nous devons être sauvé et ce que signifie vraiment « croire ».
-Nous avons besoin d’être sauvés du péché qui nous conduit à la mort en nous séparant de Dieu (Romains 3/23, Romains 6/23).
-Dieu, en Jésus, nous libère de notre péché pour nous réconcilier avec Dieu. Croire, c’est accueillir cela. C’est accepter d’accueillir ce que Dieu nous donne en Jésus, parce que nous avons confiance en lui. (Jean 3/16, 2 Corinthiens 5/17-21.
-Cette confiance ne nous est pas accessible humainement. Nous ne pouvons pas décider d’avoir confiance en Dieu (Exemple du jeune homme riche, Marc 10/17-27), la foi est un don que Dieu nous fait (Ephésiens 2/8-10). Nous pouvons la demander dans la prière. Qui cherche Dieu, le trouve ! (Luc 11/9-13.)

Jésus est-il allé jusqu’en Inde ? Si oui y a-t-il rencontré un prophète ? et lequel ? [Annie]

Bien qu’il existe des histoires qui racontent que Jésus soit allé dans de multiples endroits, dont l’Inde, soit avant son ministère public débuté à 30 ans, soit après sa crucifixion qui aurait donc été fictive, cela n’a pas de pertinence du point de vie chrétien. En effet, être chrétien implique que nous croyions que Dieu a inspiré la Bible. Cette dernière ne mentionne pas un tel voyage, Jésus ayant évolué en Palestine, après un court passage en Egypte. (Voir les évangiles, Matthieu, par exemple). Je ne connais pas non plus d’historien laïc scientifique qui admette cela aujourd’hui, étant donné qu’aucune source (document de l’époque) sérieuse ne mentionne un tel voyage.

La question que pose la vie de Jésus, la question que Jésus nous pose lui-même n’est pas « Comment Jésus a-t-il appris toute la sagesse que sa vie a montrée ? » ou « A qui l’a-t-il transmise ? » mais « Est-il le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde pour nous tirer du péché, du mal, de la mort et des illusions dans lesquelles nous sommes embourbées ? ». C’est Dieu lui-même, qui par son Esprit, peut nous révéler la vérité, à ce sujet. Il le fera, si nous le lui demandons. Qu’il bénisse vos recherches ! Voir Matthieu 16/13-16

Ma foi est récente (3 mois) mais très profonde. Plus j’avance- plus Satan me tente violemment. Je résiste. Avez-vous des paroles de réconfort ? (je prie tous les jours) [Michel]

Avant tout je souhaite vous féliciter et vous encourager. Vous avez, avec l’aide du Saint-Esprit, franchi le pas de la foi et ce pas est décisif. Soyez béni ! Ensuite, je crois pouvoir vous dire que ce que vous vivez n’est pas du tout le signe que vous faites fausse route, bien au contraire. L’adversaire ne veut pas que nous soyons en relation avec notre Créateur, Père et Sauveur, aussi utilisera-t-il tous les moyens en sa possession pour nous séparer de Dieu. Voici ce que Paul peut vous dire, comme il l’a dit aux Philippiens : « Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la poursuivra jusqu’à son terme, jusqu’au jour de Jésus-Christ. » (Philippiens 1.6). Je vous invite aussi à lire et à faire vôtres les paroles du psaume 27, particulièrement ses premiers versets ainsi que le chapitre 8 de la lettre de Paul aux Romains.

Entrez par la porte étroite. Car large est la porte- spacieux est le chemin qui mènent à la perdition- et il y en a beaucoup… (Matt 7-13) Comment trouver cette porte étroite ? [Mark]

En acceptant avant tout d’être vous-même trouvé par celui qui vous guidera jusqu’à cette porte, vous donnera la force de la traverser, et continuera de vous conduire à chaque fois qu’il vous faudra la franchir à nouveau. Car on ne la passe pas qu’une fois dans sa vie ! Chaque jour, l’existence nous met au défi de la franchir encore : ne pas juger (Matthieu 7.1) pardonner, faire confiance à Dieu (Matthieu 7. 11) sans faire confiance aveuglément à tous ceux qui prétendent parler en son nom (Matthieu 7. 15-21) faire le bien sans se rendre forcément compte qu’on le fait, ou s’assurer que ce n’est pas parce que l’on fait quelque chose de bien que l’on est automatiquement en Jésus-Christ (Matthieu 7. 21-23) voilà quelques exemples de l’étroitesse de cette porte. Elle est infranchissable, tant que nous n’avons pas accepté que Jésus seul soit notre guide.

Matt 8:5-13 est difficile pour moi. Un chef de la force d’occupation brutale (tueries- atrocités) qui aurait juré allégeance au culte impérial (idolâtre). [Jean]

Si je comprends bien ce que vous dites, ce qui vous est difficile dans ce passage de Matthieu c’est le fait que Jésus ait accepté de guérir un centenier romain. Il est clair que ce que vous dites pour le décrire est vrai. Il avait beaucoup de choses contre lui… Mais n’en est-il pas de même pour chacun de nous ? Dans sa lettre aux Romains (3. 9-24), Paul écrit : « En effet, nous avons déjà prouvé que Juifs et non-Juifs sont tous sous la domination du péché, comme cela est écrit: Il n’y a pas de juste, pas même un seul; aucun n’est intelligent, aucun ne cherche Dieu; tous se sont détournés, ensemble ils se sont pervertis; il n’y en a aucun qui fasse le bien, pas même un seul; (…) En effet, personne ne sera considéré comme juste devant lui sur la base des œuvres de la loi, puisque c’est par l’intermédiaire de la loi que vient la connaissance du péché. Mais maintenant, la justice de Dieu dont témoignent la loi et les prophètes a été manifestée indépendamment de la loi: c’est la justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ pour tous ceux qui croient. Il n’y a pas de différence: tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, et ils sont gratuitement déclarés justes par sa grâce, par le moyen de la libération qui se trouve en Jésus-Christ. » La fin de ce passage est déterminante : La justice de Dieu par la foi… Ce que dit le centenier à Jésus est l’expression par excellence de sa foi, sa confiance dans l’autorité que Jésus a sur la maladie. Cette foi est sans rapport avec ce que nous avons fait ou pas. Nous ne savons pas ce que cet homme est devenu ensuite. Mais il me paraît difficile de l’imaginer continuant sa vie absolument comme si de rien était. Une foi comme celle qu’il a exprimé ne peut que renouveler celui en qui elle habite.