Depuis quelques semaines- un phénomène d’heures doubles se présente à moi de manière répétée sans recherche ni consentement. Est-il raisonnable de m’en préoccuper ? [Anna]

Nous héritons largement d’une culture très rationaliste, qui a marginalisé la vie spirituelle… mais chassez le surnaturel, il revient au galop… Nous ne sommes pas des êtres rationnels, nous sentons que des forces nous dominent, nous déterminent, et nous cherchons plus ou moins légitimement de l’aide, des signes pour nous guider. Face à ce besoin, beaucoup de gens prétendent avoir des connaissances surnaturelles, parfois par expérience de l’occultisme, parfois par charlatanisme (1Timothée 6,3-5).

A mon humble avis, si vous remarquez souvent des heures doubles (quand l’heure correspond à un nombre en double, par exemple 11H11), c’est parce que vous y portez attention…. Cela frappe votre regard, et vous aimeriez peut-être y voir des signes. Quoi qu’il en soit, les heures doubles n’indiquent rien de clair, et je ne crois pas qu’il faille se fier aux diverses interprétations existantes. Quelles que soient vos préoccupations, vous trouverez ce que vous avez vraiment besoin de savoir dans les Ecritures et dans une relation fidèle et confiante avec le Seigneur.

Se remarier après un divorce est-il accepté par la foi chrétienne ? [Takpa]

La foi chrétienne n’est pas une instance qui autoriserait ou défendrait telle ou telle pratique, elle est d’abord confiance en Dieu et en sa Parole. Il est vrai que notre maître, Jésus, s’exprime sur le divorce sans complaisance, qualifiant même d’adultère celui / celle qui renvoie son conjoint pour contracter une nouvelle union. A son époque, la loi de Dieu, telle que l’interprétaient ses spécialistes, autorisait en effet un mari à renvoyer son épouse pour des motifs parfois très futiles. Jésus rappelle alors (voir notamment Marc 10,2-12, et Matthieu 19,1-12) que l’union du couple est un don de Dieu, et il ajoute que si la loi de Moïse envisage le divorce, c’est à cause de la dureté du coeur humain. Il conclut : « que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni ».

Certains ont tiré de cette parole de Jésus que l’union conjugale était indissoluble. Mais Jésus dit bien que le mariage ne doit pas être rompu, et non pas qu’il ne peut pas l’être. Le péché de l’homme, c’est justement ce qui détruit l’oeuvre du Créateur, peut briser même les liens d’amour qu’il a tissés, voulus, bénis entre un homme et une femme ! Notre dureté, notre manque d’amour et de foi a -hélas- ce pouvoir de contrecarrer, torpiller le projet de Dieu. Dans ces conditions, quand la vie à deux est devenue source de trop grande souffrance (violence sous diverses formes, égoïsme, infidélité, mépris…), la séparation peut constituer un moindre mal. Et si le constat est évident que le couple est vraiment mort, malgré tous les efforts pour se pardonner, apprendre à mieux se comprendre et s’aimer, il faut rappeler que le Seigneur n’enferme personne dans un échec passé, le condamnant en quelque sorte à un perpétuel célibat dans le cas d’un divorce. Pour quiconque se repent et croit, une vie nouvelle est possible, et cela est vrai aussi de la vie conjugale.

Que penser de la prière ou de l’adoration du Saint Esprit ? Qu’en dit la Bible ? [Maryline]

Je commencerai par la question sur l’adoration du Saint-Esprit : le Saint-Esprit est une des trois « personnes » du Dieu unique trinitaire (Matthieu 28,19). Le chrétien, qui adore le Dieu trinitaire, adore donc le Saint-Esprit comme les autres « personnes » de la trinité : faisant partie de Dieu, qui est un être et non une simple force ou énergie, il est dit du Saint-Esprit qu’il déploie une volonté (Ac16,6) et des sentiments (Ephésiens 4,30), qu’Il parle (1Timothée 4,1) aime (Romains 15,30), enseigne (Jean 14,26), intercède (Romains 8,26), et qu’Il partage les attributs de Dieu : omniscience (1Corinthiens 2,10), éternité (Hébreux 9,14) omniprésence (Psaume 139,7).

Mais le mot français « personne » est trompeur : il peut laisser penser qu’il y aurait trois êtres divins. Dans le christianisme oriental, on parle plutôt des trois « hypostases » (substances) de la trinité. C’est Tertullien qui le premier, en latin, aurait utilisé le terme « persona » (traduit « personne » en français). Tertullien, Père de l’Eglise ancienne, luttait contre une tendance qui consistait à confondre totalement le Père et le Fils, jusqu’à dire que le Père aurait souffert sur la croix. Pour lutter contre cette dérive théologique (appelée « modalisme »), il aurait utilisé le terme « persona » pour les éléments de la trinité, qui n’a pas le même sens qu’en français aujourd’hui mais qui permettait de tenir la distinction entre les trois aspects de Dieu.

Or, s’il y a un seul Dieu, il n’y a pas lieu de prier les différentes substances/personnes de Dieu. Jésus dit que le Père donne l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent (Luc 11,1).

Le fait de parler au Saint-Esprit est une pratique relativement nouvelle, et ne me semble pas biblique puisqu’on ne la trouve nulle part… Une exception peut-être, en Ezéchiel 37:

Suite à une vision de Dieu et à un appel à un moment précis, le prophète Ézéchiel appele « l’Esprit » et lui donne un ordre. Mais, dans ce geste prophétique annonciateur effectivement de la venue de l’Esprit de Dieu (le Saint-Esprit) sur son peuple, Ezéchiel donne-t-il un ordre au Saint-Esprit ou à l’esprit qui rend l’Homme vivant ? De toute façon, il est difficile de généraliser une pratique à partir de ce texte très particulier.

Traditionnellement, quand on prie Dieu, on prie en même temps ses trois « personnes », et on s’adresse au Père comme l’a fait Jésus (Matthieu 6,9), au nom de Jésus (qui est le chemin vers le Père, Jean 14,6), par le moyen du Saint-Esprit (qui est « Dieu en nous » Romains 8,26). Cela me semble conforme à l’enseignement biblique.

Je me demande si cette tendance à la prière au Saint-Esprit, à cette place parfois excessive donnée au Saint-Esprit et à Son rôle, n’est pas parfois liée à cette tentation humaine d’instrumentaliser Dieu : le Saint-Esprit, à qui on s’adresse, avec qui on échange directement comme s’il était séparé du Père, serait alors une sorte d’outil au service de nos rêves de contrôle et d’autonomie.

Que pensez-vous de la préconisation de la « méditation en pleine conscience » par les psychothérapeutes d’aujourd’hui- notamment Christophe André et d’autres ? [Martial]

Il me semble que l’un des premiers objectifs des techniques de la méditation de pleine conscience est de « reconnecter » l’être humain à lui-même, en cela cela me semble plutôt une bonne chose dans un monde ! Nous avons si souvent du mal à nous recentrer sur l’essentiel, à faire silence en nous-mêmes et à ne pas fuir dans les multiples sollicitations du quotidien qui si souvent font de nous des êtres morcelés et tiraillés, qui ont déserté leur intériorité. En cela la méditation rejoint de très anciennes traditions de prière, y compris chrétienne, car Dieu ne saurait nous rencontrer si nous ne nous rendons pas présents déjà à nous-mêmes. Les psychothérapeutes qui la recommandent redécouvrent peut-être que la dimension verticale de l’humain, sa profondeur spirituelle, fait partie de son équilibre ?!

Mais le piège de ce genre de technique, comme toute technique, peut être de faire croire que l’humain possède en lui-même toutes les ressources nécessaires pour faire face aux grandes questions de l’existence. Or la Bible attire notre attention sur le fait que d’une part l’humanité est limitée et que d’autre part elle se trouve dans la relation avec Dieu et avec les autres; « moi je tout seul » qui prend toute la place est souvent un vrai obstacle à la foi, relation de confiance dans un Autre, radicalement différent et extérieur, qui me parle, m’interpelle, me rejoint…

Entrez par la porte étroite. Car large est la porte- spacieux est le chemin qui mènent à la perdition- et il y en a beaucoup… (Matt 7-13) Comment trouver cette porte étroite ? [Mark]

En acceptant avant tout d’être vous-même trouvé par celui qui vous guidera jusqu’à cette porte, vous donnera la force de la traverser, et continuera de vous conduire à chaque fois qu’il vous faudra la franchir à nouveau. Car on ne la passe pas qu’une fois dans sa vie ! Chaque jour, l’existence nous met au défi de la franchir encore : ne pas juger (Matthieu 7.1) pardonner, faire confiance à Dieu (Matthieu 7. 11) sans faire confiance aveuglément à tous ceux qui prétendent parler en son nom (Matthieu 7. 15-21) faire le bien sans se rendre forcément compte qu’on le fait, ou s’assurer que ce n’est pas parce que l’on fait quelque chose de bien que l’on est automatiquement en Jésus-Christ (Matthieu 7. 21-23) voilà quelques exemples de l’étroitesse de cette porte. Elle est infranchissable, tant que nous n’avons pas accepté que Jésus seul soit notre guide.

Je n’ai jamais eu d’amis. J’ai été victime d’intimidation à l’école parce que je suis extrêmement timide- introverti- peu charismatique et sans personnalité. Que dit la Bible aux gens comme moi ? [Céli]

Ce que j’entends à travers votre question est une immense souffrance, liée au regard que les autres ont porté sur vous et que vous portez sur vous-mêmes. Ce qui me vient le plus spontanément, est cette parole de Jésus, dans l’évangile de Matthieu : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et courbés sous un fardeau, et je vous donnerai du repos. » (Matthieu 11. 28). Ce fardeau de la mauvaise image de vous-même que vous portez depuis si longtemps, Jésus vous invite à venir le déposer à ses pieds. Je ne suis vraiment, mais vraiment, pas sûr que vous soyez véritablement sans personnalité. Il me semble plutôt que l’on ne vous a jamais permis de découvrir ou d’exprimer votre personnalité. Dieu, en Jésus-Christ le peut, et n’attend que cela. En m’ouvrant à lui, j’ai découvert qui j’étais, et avant tout qu’il m’aimait. Cela est vrai pour vous aussi, je le crois sincèrement.

Le mal n’existait pas avant Satan puisque le mal n’est pas en Dieu : comment donc Lucifer (créature de Dieu) a t-il pu avoir l’idée du mal ? [Samuel]

Il ne me semble pas que le mal soit une idée. Le mal est un acte, ou l’absence d’acte bon. En lisant la Bible, je ne reçois pas de réponse théorique sur l’existence du mal. Les premiers chapitres de la Genèse ne sont pas une réflexion abstraite sur le problème du mal, mais expliquent de façon imagée la situation de l’être humain devant Dieu. Ainsi, le mot mal n’apparaît que pour parler du fruit de « l’arbre de la connaissance du bien et du mal ». Un fruit, ça se mange, on n’en n’a pas l’idée. De même, Lucifer n’est pas un nom biblique (dans les langues d’origine de la Bible, l’hébreu et le grec). Il n’apparaît que dans la traduction latine de Jérôme. Les premiers chapitres de la genèse parlent plutôt du serpent. Pourquoi le serpent ? Pourquoi a-t-il parlé à Ève de la façon dont il lui parle ? Nous n’avons pas la réponse à ces questions, sans doute parce qu’elle ne nous aideraient pas à comprendre comment nous comporter devant Dieu et face au mystère du mal, comme celui du bien d’ailleurs.

Pourquoi la maladie frappe-t-elle certaines personnes ? [Anaïs]

Il n’y a pas de réponse à cette question. Nous ne savons pas pourquoi la maladie frappe certaines personnes et en épargne d’autres, ce qui nous parait toujours injuste. Et le plus terrible c’est justement l’absence de réponse : si encore nous pouvions trouver une explication, une justification… Nous avons l’impression que cela aiderait à traverser l’épreuve. Mais non, nous ne savons pas.

En lisant la Bible, la seule chose que nous pouvons dire, c’est que Dieu prononce en Christ sur nos existences une parole de vie et d’espérance qui ne laisse jamais le dernier mot à ce que le mal-a-dit (maladie). Il relève, guérit, accompagne, libère. Dans la souffrance, il se situe à nos côtés, en Christ.

Et sur ce sujet je ne peux que vous conseiller la lecture de cet autre article sur 1001questions.fr

Que penser de l’ennéagramme? [Jean-François]

L’ennéagramme se veut être un modèle de description des différents types de personnalités humaines, et en cela il fait partie des outils de ce que l’on appelle le développement personnel. Mais comme son nom l’indique, le développement personnel n’inclut pas la dimension spirituelle de l’individu, il s’intéresse uniquement à sa dimension psychologique. Or la Bible nous dit que l’humain existe et trouve le sens de sa vie aussi par la relation qu’il entretient (ou pas) avec son père qui est dans les cieux (Dieu), et pas seulement au travers de la relation qu’il entretient avec lui-même ou avec les autres. L’ennéagramme n’aborde pas cette question, ce n’est pas son problème. Mais si sa pratique revient à faire penser à l’individu qu’il peut tout résoudre seul, sans avoir besoin de Dieu, alors en tant que croyants c’est là qu’il peut y avoir un soucis pour nous… D’autant plus que les origines assez obscures de ce modèle peuvent nous faire craindre qu’il y ait des liens avec des courants ésotériques voire complètement occultes, c’est à dire faisant entrer en jeu des forces spirituelles obscures. Et sur ce point la Bible est extrêmement claire : si on fait confiance à Dieu, on ne peut pas en même temps se soumettre à d’autres puissances. La foi est un choix !

 

Peut on être Franc-Maçon (d’obédience déiste- qui admettent le Grand Architecte de l’Univers) et croire au Dieu de l’évangile- sans confusion des genres ? [Didier]

Il est difficile, de l’extérieur, d’avoir une vision claire de la nature de la franc-maçonnerie. Son caractère initiatique rend forcément opaque l’appréhension de sa nature réelle.

Toutefois, l’adhésion à la franc-maçonnerie et la foi au Dieu de l’Evangile semblent incompatibles, que la loge soit déiste ou pas.

D’abord, la spiritualité maçonnique est ésotérique.
Le Dieu de l’Evangile s’est révélé aux Hommes, par la Torah, les prophètes, Jésus Christ, et continue d’éclairer l’Eglise par l’Esprit Saint. En revanche, la spiritualité maçonnique appelle à puiser à l’intérieur de soi une connaissance secrète transmise par initiation. L’autorité du franc-maçon n’est pas la Bible comme ensemble de textes révélés par Dieu, mais un savoir à découvrir par l’appropriation de rituels et de symboles, qui peuvent être tirés de la Bible, mais comme simple outil.

Ensuite, être franc-maçon situe dans une fraternité qui peut entrer en contradiction avec l’obéissance chrétienne. Si on entre en franc-maçonnerie par cooptation, l’Evangile s’adresse à tous ; s’il y a des étapes dans le développement de la foi chrétienne, l’Evangile est disponible pour tous les Hommes (Romains 1,16). Comment un chrétien pourrait-il conserver jalousement un savoir ?
De plus, le franc-maçon est lié par un serment à ses frères de loge. Que faire si l’Esprit Saint appelle à agir à l’encontre d’engagements maçonniques ?
Enfin, il y a en franc-maçonnerie une hiérarchie spirituelle en fonction du degré d’élévation. On est loin de l’égalité du corps de Christ (1Corinthiens 12, 4-26) et de l’amour chrétien (Philippiens 2,3).

Enfin, la franc-maçonnerie se présente elle-même comme une association philosophique et philanthropique. Elle a ainsi, en quelque sorte, vocation à être « sel de la terre et lumière du monde » (Matthieu 5, 13-14)… mais la base philosophique qui détermine la philanthropie n’est pas le respect des révélations de Dieu, mais des valeurs de l’humanisme… Croire au Dieu de l’Evangile implique d’obéir aux commandements de Dieu (1Jean 5,3), tandis que la franc-maçonnerie prétend à l’autonomie de l’Homme selon la philosophie humaniste, qui est, à plus d’un titre, en tension voire en contradiction avec la foi chrétienne.