Les huguenots étaient-ils les mêmes que les puritains anglais ? Y avait-il des différences ? [Frédéric]

Oui et non. Oui, parce que les idées qui portent les deux groupes sont les mêmes, ce sont celles des réformateurs ayant initié tous les courants du protestantisme au XVI° siècle. Les deux courants sont contemporains, à la fin du XVI° / début du XVII° et se sont tous deux développés dans un contexte conflictuel. Et non, parce que l’incarnation d’idées semblables a été différente car il s’agit de deux contextes fondamentalement différents : les puritains anglais sont nés d’une réaction à l’organisation de l’Église anglicane mise en place par Elizabeth 1ere et jugée par eux trop proche d’une conception catholique de l’Église, ce qui les pousse à s’y opposer et à développer une pensée théologique propre qui aboutira à la création de des Eglises presbytériennes. Le mot huguenot désigne les protestants français et le contexte des guerres de religion, en particulier en France; avant d’être un courant théologique ce mot désigne une histoire faite de persécutions, de résistances et d’exils.

Apres lecture de vos réponses je vois les enjeux du mariage mixte chrétien-musulman- mais rompre ne serait il pas cruel après 2 ans de vie de couple ? Nous comptons nous marier bientôt. [Ana]

Si cela fait deux ans que vous vivez en couple et que vous pensez vous marier bientôt, j’imagine que c’est parce que votre vie de couple vous rend heureuse; ou en tout cas je l’espère pour vous ! Dans ce cas, je pense que votre expérience de couple plus encore que les quelques lignes publiées sur ce site vous permettent de mesurer les enjeux d’un couple dont les deux ne sont pas de la même religion… Cette différence vous paraît-elle féconde pour approfondir votre propre foi ? Echangez-vous souvent sur la question de la foi avec votre conjoint ? En quoi pensez-vous que le fait que votre compagnon n’ait pas la même foi que vous puisse être un obstacle à votre vie de couple ? Autant de questions dont les réponses doivent éclairer votre choix. Et si à la fin vous pensez que cela peut vous empêcher de construire cette vie de couple que vous espérez, ce sera un choix certes difficile mais que vous pourrez expliquer et qui en sera d’autant moins cruel. Mais il se peut aussi que votre réflexion commune vous conforte dans votre amour…

Comment se libérer bibliquement de l’impudicité ? Comment prier pour que Dieu nous exauce ? [Yehoudi]

L’impudicité (impureté sexuelle) est quelque chose qui se situe dans la chair, c’est-à-dire à la croisée du physique et du psychique. Et dans le psychique, c’est le champ de bataille entre les pensées et les émotions, les désirs et les pulsions, la volonté et le découragement. Pourquoi dire cela ? Parce que la lutte contre l’impudicité est bien une lutte contre la chair, notre propre chair. Les désirs de la chair doivent être soumis à la loi de l’Esprit. C’est donc une bataille que NOUS avons à mener. Ce n’est pas à Dieu de la mener à notre place. Nous pouvons, comme le psalmiste (psaumes 42, 43, 103), donner l’ordre à notre âme (notre psychisme), de se soumettre. C’est un combat à mener dans la consécration à Dieu, certes, mais c’est nous qui le menons et pas lui.

Il peut y avoir deux exceptions. Si notre désir sexuel est démesuré, il peut s’agir :
– d’une problématique hormonale qu’un médecin (généraliste, psychiatre, urologue, sexologue…) peut accompagner afin qu’elle soit régulée chimiquement,
– d’un enjeu spirituel si c’est lié à une pratique occulte ou sorcière. Alors il faudra mener un combat spirituel avec l’aide de frères et sœurs. Mais attention à ne pas mettre trop vite sur le dos des sorciers ou des démons des responsabilités qui sont d’abord les nôtres : se repentir pour la consultation de la pornographie, demander pardon pour l’infidélité et la luxure, ne pas se laisser dominer par le péché, etc.

Pourquoi certains subissent des agressions sexuelles et pas d’autres ? Est-ce « Dieu » qui choisit l’un par rapport à l’autre ? Pourquoi ? L’un est plus méritant que l’autre ? Plus aimé ? [Anicet]

La façon dont les questions que vous posez sont formulées me semble très dangereuse. Elles me font penser à la question que les disciples adressèrent à Jésus au sujet d’un homme aveugle de naissance : « Maître, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Ce à quoi Jésus répond en quelque sorte : « Ni l’un ni l’autre » et il réoriente le problème non pas en direction du passé de la personne mais de l’avenir. Il en va de même ici. Une victime d’agression sexuelle a besoin de soutien, de compassion et d’ouverture à l’action de l’Esprit de Dieu pour l’aider à se reconstruire sur tous les plans (même et surtout spirituels). Je ne crois pas que lui donner des explications, des « bonnes raisons » de ce qui lui est arrivé soit de nature à lui apporter cette aide. Je crois que Dieu intervient comme reconstructeur, refondateur, et pas auteur de tels drames. Je ne sais pas pour quelle raison telle ou telle épreuve survient dans la vie de quelqu’un mais je crois que Dieu peut intervenir pour faire que cette épreuve soit constructrice et pas destructrice.

Un chef d’état prétend avoir « le droit absolu » de « se gracier lui-même » ? Un éclairage biblique ? Quelles conséquences spirituelles ? [PCaf]

Ce chef d’Etat a aussi prétendu être chrétien mais n’avoir jamais eu besoin de se repentir de quoi que ce soit…
Un droit absolu serait un droit divin, obtenu de Dieu au-delà de la constitution. La constitution américaine ne permet pas à un président de se gracier lui-même. Il s’agit donc d’un fantasme de toute-puissance.

Ultimement, c’est bien Dieu qui pardonne et qui gracie.

Nous pouvons être amenés à nous pardonner nous-mêmes pour des choses dont nous nous accuserions sans cesse, mais se gracier de ce que la justice des hommes aurait condamné en nous, quand on sait que toute autorité vient de Dieu, c’est une façon de… se mettre à la place de Dieu.

Conséquence spirituelle : quand on craint si peu Dieu qu’on se met à sa place, on risque de le rencontrer. A savoir comment. Dans la conversion ? Alleluia. Dans le jugement ? Ca peut être plus chaud…

Est ce qu’être Rotarien ou Lion’s est compatible avec la foi chrétienne? [Koko]

Le Rotary ou le Lion’s sont des « clubs service » qui ont pour vocation d’associer leurs membres pour des buts éducatifs ou humanitaires (par exemple octroyer des bourses d’études à des jeunes défavorisés), en fonction de valeurs communes. Les chrétiens y ont leur place, tout comme dans les partis politiques, les syndicats, et autres associations véhiculant une certaine vision de l’homme et de la société. Ils peuvent y rendre témoignage en actes de leur amour du prochain, de leur foi et de l’espérance qui leur est donnée en Jésus-Christ. Bien sûr, on pourra soupçonner parfois tel ou tel membre d’un club de ce genre de se servir du réseau de relations auquel il a ainsi accès à des fins personnelles, mais c’est à chacun d’être au clair sur ses intentions !

«Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants» (Matthieu 27-25). Comment interpréter cette sentence ? Cette condamnation criée par la foule juive est-elle malédiction définitive ? [Ernest]

Cette formule (littéralement dans le texte grec : « son sang, sur nous et sur nos enfants ») se retrouve par ailleurs dans l’Ancien Testament, elle signifie : « nous assumons la responsabilité de cette condamnation à mort », pour nous et nos descendants. Il n’est pas exclu, comme c’est parfois le cas dans les récits de la passion de Jésus, que l’Evangéliste prête un double-sens à cette déclaration (comparer avec Jean 11,50-51; 18,37; 19,21-22) : elle pourrait être aussi une prophétie involontaire, attestant que le sang versé par Jésus, comme celui de l’animal sacrifié lors de la fête du Yom Kippour, est offert en rémission des péchés du peuple.

Quoi qu’il en soit, cette sentence marque le refus par le peuple et ses chefs religieux de reconnaître que Jésus est le Messie, et leur volonté de voir mis à mort celui qu’ils considèrent comme un blasphémateur. Elle ne peut servir à justifier l’antisémitisme et la persécution des juifs, comme ce fut, hélas, si souvent le cas au cours des siècles.

La Bible nous dit que Jésus-Christ n’a jamais commis de péché ; le fait de jeter les marchandises exposées dans le temple n’est il pas un péché ? [Tchilang]

La réponse à votre question tient dans la définition même du mot péché : dans la Bible celui-ci désigne d’abord et surtout la propension de l’humain à vivre séparé de Dieu, à refuser de se tourner vers Lui. C’est ce que l’on appelle LE péché. En ce sens, Jésus-Christ est effectivement sans péché puisque étant lui-même Dieu incarné, c’est à dire à la fois pleinement Dieu et pleinement humain.

Mais il se trouve que LE péché produit en nous des comportements qui sont contraires aux projets de Dieu pour nous, c’est ce que l’Église (en particulier catholique) a appelé LES péchés. Sans doute que pour les prêtres et les juifs de Jérusalem au temps de Jésus le fait de renverser les tables dans l’enceinte du temple était sacrilège, mais Jésus montre justement dans ce récit (Jean 2) que le vrai péché est bien plus de transformer la maison de Dieu en lieu de commerce !

Quelle était la marque que Dieu mit sur le front de Caïn ? [Joves]

Le récit auquel vous faites référence se trouve dans le chapitre 4 du livre de la Genèse et le mot hébreu employé qui est traduit par « marque » ou « signe » est un mot couramment employé et qui ne ne permet pas d’être plus précis.

La Bible ne permet donc pas de répondre à votre question.

Le plus important dans le texte n’est pas la nature de cette marque mais son sens : elle protège Caïn afin que personne ne l’assassine. Ce n’est pas aux hommes de rendre la justice de Dieu…

La piété fait-elle vraiment partie des sept dons de l’Esprit ? Cf. Esaie 11 duquel la piété est exclue alors qu’elle est comprise par l’Eglise dans la liste des dons. [Manu]

Je n’ai jamais lu Ésaïe 11 comme l’établissement de la liste exhaustive des dons de l’Esprit. D’autant que ce passage ne correspond pas exactement à des versets comme Galates 5,22, Éphésiens 5,9, 1Corinthiens 12, etc. Les dons de l’Esprit sont très divers, et le but de notre vie chrétienne n’est d’abord, me semble-t-il d’établir une liste de 7, 12 ou 40 dons. La piété, la ferveur, la foi, il me semble difficile de ne pas voir l’Esprit de Dieu derrière.